j A° SOCIÉTÉ BELGE D'ÉTUDES ORIENTALES L'ABHIDHARMAKOI^A DE VASUBANDHU TRADUIT

j A° SOCIÉTÉ BELGE D'ÉTUDES ORIENTALES L'ABHIDHARMAKOI^A DE VASUBANDHU TRADUIT ET ANNOTÉ PAR Louis de la VALLÉE POUSSIN CINQUIÈME ET SIXIÈME CHAPITRES PARIS. PAUL GEUTHNER LOUVAIN, J.-B. ISTAS. Imprimeur 1925 V.4 AVANT-PROPOS 1. Je me félicite de la générosité de la Fondation Universitaire qui continue à Vasubandhu et à son indigne interprète une indispensable bienveillance. Mon ami J.-B. Istas a droit aussi à mes remercîments. C'est grâce à son attention asammusta que les méprises d'ortho- graphe sont, j'espère, peu nombreuses. 2. Avec ce volume, j'achève la traduction des deux tiers du Kosa. Restent les chapitres vii et viii (Les jnânas et les « qualités » qui consistent en jnâna, les recueillements et les « qualités » qui con- sistent en recueillement), et le petit « Traité de la réfutation du Pudgala » qu'on a habitué de regarder comme le neuvième chapitre : ce sera la matière d'un volume qui paraîtra en 1925. Ensuite il faudra reprendre le troisième chapitre dont la traduction dans « Cosmologie bouddhique » (Kegan Paul, Trench, etc., 1919) laisse beaucoup à désirer. Enfin j'aurai à munir ce long travail des intro- ductions, notices et indices qui en rendront l'usuge moins mal aisé. 3. En 1913-1914 j'avais traduit le cinquième chapitre sur le tibétain et J.-B. Istas avait partiellement imprimé ma traduction. Elle est ici reprise et améliorée. Le sixième chapitre a bénéficié de circonstances favorables. Je me suis servi du MS. de Cambridge — que nous copiâmes. Miss Ridding et moi, en 1915 — et du xylographe de l'India Office. D'une étroite collaboration avec Miss Ridding et avec E. J. Thomcus sortit une version anglaise, très soigneusement étudiée au point de vue des équivalents anglais. L'étude de Paramartha, de Hiuan-tsang, des notes de Kiokuga Saeki, si elle a enrichi le commentaire, n'a pas notablement redressé notre travail de Cambridge. J'ai pensé que, sans l'aide d'un fil qui en développât l'embarras incertain, le sixième chapitre serait d'une lecture vraiment mal commode. On trouvera donc ici une note sur le Chemin» iv avant-propos Note sommaire sur le Chemin. 1. Acquisition de « racines de bien produisant la délivrance » (moksdbhâglya kuéalamûla, iii. 44 c, iv. 124, vi. 24 c, vii. 30, 34) — qui sont des pensées ou des actes inspirés par le désir de la délivrance (Nirvana) — dans une existence antérieure aux préparatifs immédiats du Chemin (vi. 24 d). 2. Acquisition des âryavamsas, vi. 5-8, qualités morales qui font le moine parfait. En principe, on considère que l'accès du Chemin suppose la qualité de moine, à coup sûr le Pratimoksasamvara, la qualité d'Upasaka (iv. trad. p. 69, 204). 3. Pratique de la méditation de l'horrible (asiihhàhhâvanâ) et de l'application de la mémoire à la respiration (ânâpânasmrti) (vi. 9-13), par laquelle on triomphe du désir et de la distraction, par laquelle on devient capable d'entrer en hhâvanâ ou samâdhi, recueillement. 4. « Applications de la mémoire » ou « Applications de laprajnàf connaissance spéculative, grâce à la mémoire » (smrtyupasthàna, vi. 14-16). L'ascète comprend, d'une manière encore imparfaite, les caractères spéciaux et généraux du corps, de la sensation, de la pensée, des dharmas en général. 5. Alors a lieu l'acquisition des quatre « racines de bien » (kuéa- lamûla) qui sont nommées « conduisant à la pénétration », nirve- dhabhâgiya (vi. 17-25). — Ce sont des smrtyiipasthânas d'un caractère supérieur, dont le plus élevé, les laiikikâgradharmas, « la méditation d'ordre mondain la plus haute », mène directement à la vue pure des vérités, à Ydbhisamaya. Les nirvedhabhâgiyas sont, par excellence, le chemin préparatoire (prayogamârga) ; tous les exercices qui précèdent sont le chemin préparatoire éloigné. Vient maintenant le Chemin proprement dit, le chemin de l'abandon des kleéas (prahânamârga). 6. h'abhisamaya (vi. trad. 122, 185) ou satyâbhisatuaya, « com- préhension des vérités ». C'est une prajhâ pure, anâsrava^ c'est-à- dire exempte de toute méprise (viparyâsa, v. 9) et de toute passion (râga^ etc.), qui saisit les caractères généraux (sçLmânyalaksana^ AVANT-PROPOS V ii. trad. 225) des vérités. — Les vérités sont définies, vi. 2, 3 ; chacune comporte quatre « aspects » (àkâras), vii. 13 ; la « compréhension » est donc graduelle (anupûrva), vi. 27. Uabhisamaya comporte seize pensées. L'ascète voit d'abord la vérité de la douleur relativement au Kamadhatu. Cette vue comporte deux moments. Dans le premier, duhkhe dhannajnânaksânti (vi. 26 a), l'ascète détruit tout le doute qui pouvait rester relativement à la douleur du Kftmadhatu : ce premier moment est une « patience » (ksànti), qui expulse une certaine catégorie de klesa ; c'est un chemin d'abandon (prahdna- mârga) ou un chemin « irrésistible » (ânantaryamârga), v. 61, vi. 28. 65. Ce premier moment est la samyaktvaniyâniâvakrânti (vi. trad. 120) et fait de l'ascète un Àrya, un candidat au premier fruit. Le second moment, tout doute ayant disparu quant à la douleur du Kamadhatu, s'appelle duhkhe dharmajnâna : c'est un « savoir » parfait. La différence de la « patience », ksânti, et du « savoir », jhânaf est expliquée vii. 1. — Par le second moment, l'ascète qui, au moyen du premier, a coupé la « possession » (prâpti, ii. 36 c) d'une certaine catégorie ou groupe de klesa, prend possession de la « destruction » relativement à ces klesas (destruction = nirodha, pratisamkhyânirodha, nirvana, ii. trad. 180, 278). L'ascète est donc délivré de ces kleéas : le second moment est donc un chemin de délivrance (vitnuktimârga) (vi. 28, 61, 65). Dans les troisième et quatrième moments, l'ascète voit la vérité de la douleur relativement à la douleur des deux sphères supérieures. — De même quatre moments pour chaque vérité : en tout seize moments, huit moments de ksânti, huit moments de jhâna. Les quatre moments dejwâna relatifs au Kamadhatu sont dharmajfiâna; les quatre moments relatifs aux sphères supérieures sont anvaya- jhâna (vii. 3, 6, 8). 7. Les quinze premiers moments de Vahhisamaya constituent le « chemin de vue », satyadaréana^nârga ou daréanamârga, parce qu'ils sont la première vue (pure) des vérités (vi. 28 c). — C'est le tl AVANT-PROPOS dharmacakra (vi. 54), très rapide, de telle sorte qu'il est difficile à un saint capable de lire la pensée d'autrui de suivre le progrès de l'ascète entré dans le darsanamârga (vii. 6 b). Les huit ksântis ou « chemins d'abandon » (prahânamârga) qui s'y trouvent font abandonner (v. trad. 13-14, 103, 112), et d'une manière définitive, certaine catégorie de kleéa — le klesa qui est « mauvaise vue > (drsti) de sa nature (satkâyadrstiy etc., i. 40 c, iv. 11, V. 4, vi. 58, vii. 36), le kleéa à\i avastnka — ^\\xs certain attachement, râga, le râga qui est en relation immédiate avec la drdi (v. 33). Au seizième moment, qui est le premier moment du chemin de méditation (bhâvanâmârga), l'ascète prend possession du premier fruit, le fruit de Srotaâpanna (sur les fruits, v. 70, vi. 51), et de la sixième parijnâ (v. 64). Sa délivrance est certaine, est rapide : il obtiendra le Nirvana après sept (ou après quatorze^ renaissances au maximum, vi. 34 a. Cependant si Tascète, avant d'entrer dans le chemin de daréana, ne s'est pas débarrassé, par un chemin mondain de méditation (laukika hhâvanâmârga) (voir § 8), des klesas qui ne peuvent être abandonnés que par le chemin de méditation (bhâvanâmârgaheya), il reste, en sortant du chemin de vue, lié par d'innombrables klesas : le chemin de daréana, en somme, ne coupe que les drstis, idée de « je », etc. ; il ne coupe pas l'attachement râga qu'on éprouve pour les sensations agréables, lesquelles, à la différence du « je », sont réelles ; de même laisse-t-il intacte l'antipathie (dvesa), etc. (v. 5 a, i. 40), que le chemin de méditation seul peut couper. 8. Le chemin de méditation, hhâvanâ, est de sa na.iure punah punarâmukhîkarana, abhyâsa, considération répétée, en français « méditation » (Sur les multiples acceptions de bhâvanâ, bhâvayati, ii. 59, iv. 123 c, v. 29, 60 d, vi. 5 a, 70, vii. 11, 20, 27). Ce chemin est pur ou impur ; pur, il ne peut être pratiqué que par un ascète qui a parcouru le chemin de daréana. Considérons l'ascète qui, encore lié de tous les liens à abandonner par méditation (bhavanâheyakleéa), sort du chemin de vue, et qui çntre dans le chemin pur de méditation, AVANT-PROPOS Vît Ce chemin consiste dans la contemplation répétée des vérités. Par cette contemplation, l'ascète abandonnera, dans l'ordre, les neuf catégories (forte-forte, forte-moyenne, forte-faible, moyenne-forte .... vi. 33) des kleéas relatifs au Kamadhatu, relatifs à chacun des quatre dhydnas (étages et cieux du Rûpadhatu), relatifs à chacun des quatre états ou des quatre existences (upapatti) de recueillement dits « immatériels > qui constituent rÀrûpyadhatu (sur la distinction entre le samâpattidhydna et Vupapattidhydna, viii. l) ; par exemple, il abandonne tout rdga d'abord à l'endroit des plaisii*s sensibles, ensuite à l'endroit de la satisfaction qu'on éprouve dans le premier dhydna. L'abandon de chacune de ces catégories (neuf pour chacune des neuf terres) comporte un « moment » d'abandon ou d'expulsion (pra- hdna ou dnantaryamdrga) et un moment de délivrance (vimukti- mdrga) uploads/Societe et culture/ abhidharmakosa-vol-4-poussin.pdf

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