«L’HOMME ET LES ANIMAUX : vers un conflit de civilisations ?» Actes du colloque

«L’HOMME ET LES ANIMAUX : vers un conflit de civilisations ?» Actes du colloque organisé par l’ONCT avec le soutien de l’UVTF au Palais du Luxembourg le 4 octobre 2016 Sous le parrainage du sénateur des Landes Jean-Louis CARRÈRE «Et Dieu leur dit: remplissez la terre, et l'assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre». Genèse 1-28. «Il est moralement obligatoire de s'abstenir de manger la chair des animaux, voire tous les produits de leur exploitation». Peter Singer «La libe ́ ration animale» L’Arche de Noé « Monsieur le Président, chers amis bonjour et bienvenue à ce colloque intitulé « L’Homme et les animaux : vers un conflit de civilisations ? » avec un point d’interrogation qui a toute son importance, et j’espère qu’à la fin de cette journée d’étude et de ces travaux, nous lèverons le doute sur l’existence de ce point d’interrogation et remettrons toutes ces questions en perspective. Ce colloque est organisé par l’Observatoire National des Cultures Taurines (ONCT) qui est une association qui a vu le jour en 2008 et qui fédère l’intégralité des composantes du secteur taurin français avec l’appui de l’Union des Villes Taurines de France (UVTF), c’est à dire l’appui des 80 villes qui participent à cette association et qui représentent le poids politique des territoires dans lesquels existe une tradition taurine ininterrompue qui permet à chacun de vivre la passion commune qui nous habite. Rien de cette journée n’aurait été possible sans l’immense investissement et l’immense travail du sénateur Jean-Louis Carrère, que nous remercions, qui malheureusement, pour des raisons familiales que nous connaissons tous, n’a pas pu être présent aujourd’hui. Nos pensées les plus amicales, les plus sincères et les plus réconfortantes l’accompagnent dans les moments pénibles qu’il traverse. Il convient de remercier monsieur Gérard Larcher, président du Sénat, pour sa participation à notre réflexion, ainsi que l’équipe du Sénat qui a accompagné l’organisation de cette journée.Remercier bien évidemment l’ensemble des contri- buteurs qui prendront la parole tout au long de cette journée, ainsi que les représentants des secteurs de la biodiversité qui y participent à nos côtés. Faire ce colloque au sein du Sénat a un sens : le Sénat est la maison de la diversité, la maison des territoires et aussi, par excellence, la maison de la ruralité. Et notre culture, dite minoritaire, a toute sa place dans ce lieu prestigieux de la République. L’animal est aujourd’hui au cœur des préoccupations médiatiques. Il suffit d’ouvrir un journal ou de regarder la télévision pour s’en rendre compte chaque jour. Il y a des raisons et elles nous seront tout à l’heure expliquées et peut-être démontées. Car il existe aussi une perspective, une hiérarchisation des problématiques qui ne doit pas être galvaudée. A l’heure où nos sociétés modernes traversent une crise financière et morale importante, où les inégalités se creusent et où la paupérisations des classes dites défavorisées les poussent dans une désociabilisation dangereuse, la question animale, si elle est importante, ne doit pas devenir primordiale au détriment du statut de l’homme. Pour appréhender toutes les facettes de cette problématique, et pour comprendre les enjeux de la question du titre de ce colloque, il convient de revenir aux sources de notre rapport à l’animal dans sa globalité. Refuser de voir clair sur cette question nous exposerait à un véritable danger. Celui de l’effondrement du ciment de notre société qui place l’homme au centre du modèle social car il est doué de raison. C’est avec l’objectif d’apporter une pierre argu- mentée, intelligente, complète et objective à l’édifice intellectuel sur lequel se fondent les valeurs de l’humanité que ce colloque a été pensé. Merci à tous d’y participer. Je laisse maintenant la parole à la sénatrice des Landes, madame Dany Michel, pour l’introduction à ce colloque». AVERTISSEMENT «Un point d’interrogation qui a toute son importance» Guillaume FRANÇOIS représentant l’Union des Villes Taurines Françaises « Bonjour à tous. Quand Jean-Louis CARRÈRE m’a téléphoné dimanche pour me demander de lire en son nom les textes qu’il avait préparés pour ce colloque auquel il tenait tant et dont il parlait avec tant de passion, j’ai accepté sponta- nément avec respect pour sa douleur et amitié, mais aussi parce que nous partageons les mêmes racines, la même culture gasconne, la même aficion et le même combat pour que survivent nos traditions. Au nom de la préoccupation légitime pour le bien-être animal, une idéologie de tendance globalisante sinon totalitaire, ve ́gane et antispe ́ciste dans sa forme la plus radicale, vise a ̀ modifier la relation entre l’homme et les animaux, ainsi que la place que chacun d’eux occupe dans notre socie ́te ́, conforme ́ment aux valeurs que notre civilisation, fonde ́e sur l’humanisme, a he ́rite ́es de la pense ́e jude ́o- chre ́tienne et gre ́co-latine. Selon cette nouvelle ide ́ologie, il n’existe aucune hie ́rarchie ni distinction entre l’homme et les animaux : entre tous doit re ́gner une e ́quivalence de fait et de droit, ce qui exclut toute exploitation des animaux par l’homme, qu’il s’agisse de leur consommation, des traditions et des pratiques culturelles ou religieuses, et me ̂me de la recherche scientifique au be ́ne ́fice de l’humanite ́. Cette ide ́ologie, forge ́e dans les milieux urbains et ignorante des re ́alite ́s du monde rural, pre ́sente un danger e ́vident pour l’e ́levage, l’agriculture, l’industrie alimentaire et de l’habil- lement, les activite ́s de loisirs ou les traditions culturelles. Face aux re ̀glementations de plus en plus coercitives que cette ide ́ologie parvient a ̀ imposer dans de nombreux domaines en s’appuyant sur des campagnes agressives voire discriminatoires, il apparaît indispensable de mener une réflexion globale au travers d’une approche politique, juridique, philosophique et anthropologique. Il convient en particulier : - de définir les valeurs qui doivent régir les relations entre l’homme et les animaux, et d’établir des garde-fous afin que la préoccupation pour le bien-être animal ne puisse prendre le pas sur les libertés et les droits de l’homme; - d’analyser la richesse et la variété des relations avec les animaux sauvages, non apprivoisés ou domestiques, telles qu’elles sont à ̀ l’œuvre dans les différentes pratiques d’élevage, de chasse et de pêche, et dans les traditions culturelles; - d’identifier les raisons pour lesquelles la culture et l’e ́thique rendent acceptable la mort d’un animal dans le respect de sa nature. Tels sont les sujets qui seront abordés lors de ce colloque, dont l’intitulé « L’homme et les animaux : vers un conflit de civilisations ? », et je reprends l’expression de Guillaume FRANÇOIS, « avec un point d’interrogation », me semble bien situer l’enjeu du débat. Et en conclusion de mon propos, je voudrais profiter de cette tribune pour remercier l’ONCT, et singulièrement son président André VIARD, pour cette invitation au dialogue et à la réflexion ». INTRODUCTION AU COLLOQUE «Une invitation au dialogue et à la réflexion» Madame Dany MICHEL Sénatrice des Landes Lecture du texte du sénateur Jean-Louis CARRÈRE « Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je voulais venir vous saluer salle Monnerville à l’occasion de ce colloque « L’Homme et les animaux : vers un conflit de civilisations ? » placé sous la présidence de mon collègue Jean-Louis CARRERE, pour qui j’ai une pensée particulièrement amicale en ces temps douloureux pour lui. Les passions sont au rendez-vous, mais le Sénat doit permettre à chacun de s’exprimer, c’est en tous les cas ma conception des choses. Les civilisations s’intéressent depuis toujours à la relation entre l’homme et l’animal. Déjà dans l’Antiquité, les mythologies égyptiennes, grecques et romaines unissaient hommes et animaux. Dans les trois grandes religions monothéistes, l’animal tient une place sacrée, et du sacrifice d’Abraham est né celui des fêtes de Pâques ou de l’Aïd. L’animal a été créé pour l’homme. Thomas d’Aquin dans la « Somme théologique » écrit : «Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu, tu mets toutes choses à ses pieds, les troupeaux de bœufs et les brebis, de même les bêtes sauvages, les oiseaux du ciel et les poissons de la mer ». C’est le commentaire du psaume 8 par Thomas d’Aquin. François d’Assise se plaît à appeler les animaux ses frères et sœurs puisqu’ils ont pour origine le même créateur. Pour les chasseurs, comment ne pas évoquer Saint Hubert, ou Saint Eustache qui au travers de cette vision de la croix entre ces bois d’un cerf perçoit la présence sacrée. Les philosophes des Lumières insisteront sur la souffrance animale. Rousseau notamment reconnaîtra une capacité de souffrir commune aux hommes et aux animaux. Tout au long de notre histoire, l’homme a considéré l’animal comme un auxiliaire. Le chasseur, l’éleveur, le cueilleur, le pêcheur, dont les existences et les passions dépendent des dons de la nature, savent que c’est dans un rapport mesuré de communion avec la nature que se noue leur propre survie. Le laboureur, jusqu’il y a cinquante ans, savait lui ce qu’il devait au cheval et au bœuf. Le simple uploads/Societe et culture/ actes-du-colloque-l-x27-homme-et-les-animaux.pdf

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