2020-2021 Clémence Lefèvre Anthropologie sociale et culturelle Professeure Mari

2020-2021 Clémence Lefèvre Anthropologie sociale et culturelle Professeure Marie Schnitzler : Marie.Schnitzler@ulb.be En code rouge (au moins jusqu’à mars), podcast et séance de questions/réponses le 26/02. En code orange, podcast le lundi et présentiel (avec enregistrement) le vendredi. Support de cours : syllabus + podcasts + lectures. Syllabus va être dispo sur l’UV, il sera chapitre par chapitre. Ces syllabus seront matière d’examen. La lecture obligatoire est En quête de respect, Le crack à New-York, de Philippe Bourgeois. En général, 1/3 des questions portent sur le livre. En lisant, faire un résumé des concepts, dynamiques, grandes idées, etc et faire le lien avec le cours (quels paradigmes par exemple). Plan du cours : Module 1 : Les fondements de l’anthropologie Module 2 : L’anthropologie et ses paradigmes (= manière d’appréhender le monde) Module 3 : L’anthropologie et ses champs de recherche L’examen est un QCM de 30 questions sur le cours et les lectures, avec points négatifs. Voir les objectifs du cours. Module 1 : Les fondements de l’anthropologie Chapitre 1 : L’objet de l’anthropologie 1.1. Etude comparative de la vie en société 1.1.1 Discours sur l’humain : l’anthropologie et ses sous-disciplines L’anthropologie s’est développée en tant que discipline à la période de la colonisation, pour essayer de comprendre les peuples soumis. Ici, on va essayer de comprendre à quoi s’attache cette science. L’objet de l’anthropologie consiste à opérer une traduction entre différents groupes, entre différentes langues. De manière générale, l’anthropologie est un discours sur l’être humain (étymologie grecque), et elle possède deux grandes sous-disciplines : l’anthropologie physique (caractéristiques morphologiques du corps humain, met en évidence la diversité de l’espèce) et l’anthropologie sociale et culturelle (s’intéresse à l’universalité de l’existence, aux phénomènes universaux peu importe d’où on vient et où on habite, concerne la diversité des pratiques humaines, appréhende l’humain en tant qu’être social). Ex : Claude Lévi-Strauss a étudié l’inceste qui est présent dans toutes les sociétés, et il montre que les parents proches sont définis de manière différente selon les sociétés. En Egypte, Toutankhamon a épousé sa demi-sœur, ce qui serait interdit chez nous. 1 2020-2021 Clémence Lefèvre 1.1.2 Anthropologie, ethnologie, ethnographie L’approche comparative que propose l’anthropologie permet de comprendre la singularité relative des phénomènes sociaux puisqu’il s’agit de se situer entre l’universalité et la diversité des phénomènes étudiés. D’autres sciences mobilisent la comparaison, comme l’histoire. En revanche, l’anthropologie élargit la perspective dans l’espace, elle compare les sociétés dans l’espace et dans le temps. Dans la tradition française, Lévi-Strauss propose une distinction entre les différents niveaux de généralités dans la comparaison faite par l’anthropologue. On a : - L’ethnographie : porte sur une ethnie particulière qu’on étudie dans toutes ses composantes (économie, champ religieux, politique…) - L’ethnologie : on propose une comparaison entre ethnies (= groupes humains) d’une même région - L’anthropologie : propose une réflexion sur les universaux de la vie sociale humaine, elle compare les différentes ethnies qui viennent d’une région différente. Tout le monde n’accepte pas ces différentes approches, notamment celle de l’anthropologie. Lévi-Strauss explique que : « l’anthropologie vise à une connaissance globale de l’homme, embrassant son sujet dans toute son extension historique et géographique ; aspirant à une connaissance applicable à l’ensemble du développement humain depuis, disons les hominidés jusqu’aux races modernes ; et tendant à des conclusions, positives ou négatives, mais valables pour toutes les sociétés humaines depuis la grande ville moderne jusqu’à la plus petite tribu mélanésienne ». Un débat se pose entre l’universalisme (Lévi-Strauss, concepts à portée universelle) et le relativisme culturel (disparité de l’être-au-monde, irréductibilité de l’expérience). Tous les anthropologues se retrouvent dans l’une de ces deux positions. Ces deux écoles de pensée composent l’anthropologie sociale et culturelle. 1.1.3 Anthropologie académique et anthropologie appliquée L’anthropologie académique est la recherche fondamentale, elle cherche à produire de la science et des savoirs. L’anthropologie appliquée étudie des problèmes sociaux données et essaie d’y apporter des réponses. Elle est plus proche des intérêts des acteurs car elle répond à des problèmes sociaux, elle vise à solutionner un problème qui a été définit. « Les anthropologues appliqués travaillent à la résolution de problèmes concrets en utilisant des méthodes et idées anthropologiques. Par exemple, ils peuvent travailler dans des communautés locales pour aider à résoudre des problèmes de santé, d’éducation ou d’environnement. Ils peuvent aussi travailler pour des musées ou des parcs nationaux ou régionaux, contribuant à interpréter l’histoire. Ils peuvent travailler pour des gouvernements locaux, régionaux ou fédéraux ou pour des associations sans but lucratif. D’autres peuvent travailler dans le commerce » (Site de l’American Anthropological Association). Cette anthropologie appliquée pose des problèmes heuristiques (= qui est utile à la découverte de faits et de théories, pose question sur la validité des écrits basés sur des études appliquées, quand on 2 2020-2021 Clémence Lefèvre travaille pour une organisation c’est difficile de la critiquer), éthiques et politiques (un anthropologue doit se poser des questions sur l’utilisation de ses connaissances). Deux approches existent : l’approche inductive et l’approche déductive (vois syllabus). 1.2. Anthropologie comme traduction interculturelle 1.2.1 Examiner les vocables articulés L’anthropologie est la traduction interculturelle, il s’agit de rendre compréhensible des éléments d’une culture vers une autre. Ces éléments portent d’abord sur les vocables articulés car il s’agit de traduction linguistique. On s’intéresse au sens des mots utilisés et à leur portée. On rend compte d’un point de vue local à travers la traduction d’une langue vers une autre. L’anthropologue va essayer de saisir le sens large des mots, qui diffère en fonction des peuples. 1.2.2 Traduction de carne au Guatemala (Emily Yates-Doerr) La chercheuse s’intéresse au sens du mot « carne » (= viande) au Guatemala. Elle examine la manière dont le mot est utilisé et pratiqué grâce à 16 mois passées sur le terrain. Ce mot est beaucoup plus multiforme que ce que sa traduction laisse penser. Il désigne non seulement la viande d’origine animale mais aussi la chair du soja, du maïs, des animaux. En réalité, ce mot fait référence à tout un ensemble de choses que l’on ne pourrait pas traduire par « viande » en français. Les catégories ne varient pas en fonction de l’essence des choses mais sont des catégories construites dans et par l’action. 1.2.3 Etablir des connections partielles Au-delà des systèmes linguistiques, ce sont bien des modèles d’actions et des systèmes de représentations qui sont comparés et discutés en anthropologie. Ce sont de ces façons de pensée et de vivre que s’attachent à décrire les anthropologues. Le caractère de la traduction est assez difficile et imparfait car il est toujours limité. Il faut traduire le langage culturel quand on est anthropologue. Marisa de la Cadena utilise le terme de « connexions partielles » pour expliquer ses incompréhensions, qui ponctuent son travail. Elle travaille avec des populations qui lui sont familières au Pérou et malgré ses connaissances linguistiques et cette familiarité, elle met en évidence la complexité de la traduction transculturelle qu’elle essaie d’opérer. Elle essaie alors de comprendre ce que le terme « suerte » (= chance) veut dire pour ce peuple. Après un certain temps et beaucoup de questions, son interlocuteur arrête la discussion en lui disant qu’elle n’a pas la capacité de comprendre la signification de ce mot. Elle admet alors dans son article qu’en effet, il a dit tout ce qu’il pouvait mais que leur monde ne sont pas commensurables et qu’elle ne peut pas comprendre l’entièreté du terme. La communication interculturelle a alors des écarts d’entendement. Un autre chercheur, La Cecla, souligne dans son ouvrage que toute rencontre interculturelle est basée sur un malentendu qui permet la rencontre, car sans lui on ne pourrait pas créer de lien. 3 2020-2021 Clémence Lefèvre 1.3. Possibilités constructives 1.3.1 Cultiver la curiosité, multiplier les versions Une auteure, Despret, parle dans son ouvrage de « version ». Elle considère que la tâche d’un ethnologue est de mettre en dialogue différentes versions d’un fait donné. Elle montre que les versions impliquent une multiplicité (il en existe plusieurs) et qu’elles se construisent grâce à une autre version. Ce n’est pas pour autant que toutes les versions sont équivalentes, elles sont en interaction constante. De plus, les versions sont toujours en construction, en devenir. Chaque version, pour elle, propose un mode d’émotion particulier. En anthropologie, il s’agit de proposer des versions sur l’existence, qui sont à la fois proches et lointaines. Etudier ces versions, c’est également créer un devenir possible. En effet, quand on s’intéresse à d’autres versions que notre version personnelle, cela permet de cultiver la curiosité et de s’interroger sur soi-même en miroir. 1.3.2 Construire un héritage et composer l’avenir L’histoire de l’homme qui partage son héritage, ses chameaux, entre ses trois fils, montre la richesse performative du dialogue interculturel. En effet, un élément extérieur (chameau du vieux sage) à aider à la résolution du problème sans toutefois être réellement utile (le chameau lui est rendu). 4 2020-2021 Clémence Lefèvre Chapitre 2 : Méthodologie de l’anthropologie : Le terrain ethnographique 2.1. L’observation participante : Le canon posé par Malinowski On parle d’un changement dans l’appréhension du savoir sur uploads/Societe et culture/ cours-anthropologie.pdf

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