Sujet : Selon le critique littéraire Hervé Tetiste : « Dans Madame Bovary, Flau
Sujet : Selon le critique littéraire Hervé Tetiste : « Dans Madame Bovary, Flaubert porte un regard pessimiste sur le futur de la société française. ». Qu’en pensez-vous ? Madame Bovary est un roman écrit par Gustave Flaubert en 1854. Comme l’indique son sous-titre « Mœurs de province », ce roman propose une satire de la société française au XIXe siècle au travers de la vie d’Emma. A ce propos, Hervé Tetiste écrit « Dans Madame Bovary, Flaubert porte un regard pessimiste sur le futur de la société française ». Il nous indique donc que Flaubert porte une vision négative sur la société et sur son évolution. Cette analyse est elle pertinente ? Pour le savoir, nous étudierons, tout d’abord, en quoi la société présentée est médiocre, ensuite, nous analyserons pourquoi la société française est en plein déclin puis nous démontrerons que c’est une société sans avenir. Au travers de Madame Bovary, Flaubert décrit une société française médiocre, dans laquelle personne ne présente de qualité positive. L’ensemble des classes sont visées. Nous découvrons des paysans sans raffinement qui font preuve de manières vulgaires lors des noces d’Emma comme l’indique le passage « la mariée avait supplié son père qu’on lui épargnât les plaisanteries d’usage » (I, 4). Les aristocrates sont présentés comme une classe dépassée et sans avenir, qui ne cherche que son plaisir. Ceci est particulièrement visible lors de la soirée de gala passée par les Bovary au château de la Vaubyessard (I,8). Ils jouent aux cartes, dansent, montent à cheval. Le monde bourgeois est, quant à lui, décrit comme un ensemble de gens méprisables. Les personnages d’Homais et de Lheureux montrent une classe sociale pleine de vices et de défauts. Ils sont égoïstes, cyniques, arrivistes. De plus, Flaubert expose une société basée sur l’argent, vénale et corrompue. Lheureux, le commerçant mais aussi usurier fait chanter Emma, l’accule face à ses dettes. Il la pousse dans ses retranchements en venant lui réclamer une partie de l’héritage paternel de Charles en contrepartie d’argent qu’elle lui doit. Il demande d’utiliser la procuration reçue de Charles, lui trouve un acquéreur et lui laisse miroiter la possibilité d’obtenir la moitié de la somme de la vente (III,5). Lheureux exploite la frénésie dépensière d’Emma à son avantage. De même, le percepteur Binet, au travers de sa réaction excessive à l’égard d’Emma lorsqu’elle lui demande une aide financière, montre sa passion pour l’argent (III,7). Cet excès d’intérêt pour l’argent renforce la médiocrité de la société qui entraîne Madame Bovary au suicide. Enfin, la médiocrité de la société apparaît dans sa capacité à promouvoir les incompétents : la plupart des professions à responsabilité sont exercées par des gens qui n’en ont pas les aptitudes. L’épisode de l’opération du pied bot d’Hippolyte, un palefrenier, en est un bon exemple. Homais fait la promotion d’une nouvelle méthode pour guérir les pieds bots en les enfermant dans une boîte après avoir coupé le tendon coupable. Il va convaincre Emma de le soutenir puis Charles de réaliser l’opération. Charles va, alors, se documenter sur la méthode pendant qu’Homais décide Hippolyte à se faire opérer. L’ensemble du village insiste auprès d’Hippolyte pour qu’il accepte. Hippolyte va donc céder et se faire opérer. Une fois, l’opération réalisée, le résultat escompté n’a pas lieu. Le pied d’Hippolyte se boursoufle, sa jambe tout entière se tuméfie. La gangrène le gagne. L’amputation de sa jambe est obligatoire. Une énorme erreur médicale vient d’être faite par Homais et Charles à cause de leur incompétence sur le sujet des pieds bots. Flaubert, dans Madame Bovary, présente donc une société médiocre, sans qualité, vénale, laissant augurer d’un futur peu brillant. De plus, la société présentée dans Madame Bovary est une société en déclin, principalement sur le plan culturel et intellectuel. En effet, nous observons que la bourgeoisie du XIXe siècle fait preuve d’un faible niveau intellectuel puisqu’elle n’arrive pas à utiliser correctement l’art oratoire. Dans le discours du conseiller « Lieuvain », lors des comices agricoles, on constate son incapacité à écrire un discours construit. Il utilise des métaphores aussi stéréotypées que maladroites, comme celle du roi “ qui dirige à la fois d'une main si ferme et si sage le char de l'État parmi les périls incessants d'une mer orageuse ". Le cliché du “char de l’état”, véhicule terrestre, s’avère peu compatible avec celui de la “mer orageuse”, preuve que le discours est mal travaillé et mal maîtrisé. Le rapprochement de ces deux métaphores n’a pas de sens. Dans ce même discours, il va associer les beaux-arts avec l’industrie et l’agriculture alors que ce sont des choses qui n’ont rien à voir (II,8). Tout cela montre la pauvreté intellectuelle du conseiller, et, au sens plus large, de la bourgeoisie qu’il représente. De plus, Flaubert décrit une société culturellement pauvre. Ainsi, Emma, qui se pense pourtant cultivée, mélange maladroitement les styles décoratifs, les périodes, les influences. En effet, sa chambre de jeune fille est une vraie cacophonie culturelle : on y trouve un lit à baldaquin du moyen âge, une tête de Minerve rappelant l’antiquité portée par un encadrement type renaissance et, en plus, des sacs de blé qui traînent (I,2). Flaubert porte ainsi un regard satirique sur les incohérences esthétiques de la chambre d’Emma, pour montrer le déclin culturel de la société et son mauvais goût. Flaubert insiste sur ce point avec la description de la pièce montée de ses noces qui est une cacophonie culturelle (I,4). Il parle de « colonnades » et de « donjon » qui évoquent des périodes historiques différentes. Pour finir, Flaubert nous dépeint le déclin de l’esprit religieux par l’entremise du déclin d’un clergé devenu terre à terre, matérialiste. Ainsi l’abbé Bournisien est décrit comme un petit homme trapu, très musclé. Cet homme bien en chair symbolise un homme très terre à terre (II,1), loin de la spiritualité qu’on attendrait d’un homme d’église. Ceci est appuyé par un objet symbolique dont l’abbé se sépare peu, un parapluie, qui symbolise la rupture avec le ciel (II,1). Bournisien est donc très matérialiste. A l’entendre, le bonheur consiste à « être bien chauffé, bien nourri » (II,6). Il bafoue même la religion quand il est incapable de comprendre le sens de la confession d’Emma qui vient lui parler de son « mal ». En effet, elle veut parler de sa souffrance morale, mais il n’y voit qu’un malaise physique et il lui propose « un peu de thé » (II,6). L’abbé n’envisage que le corps, et non plus l’âme, il est le symbole d’une religion qui a perdu sa spiritualité. Madame Bovary expose donc une société en plein déclin sur le plan intellectuel, culturel et religieux. Enfin, Madame Bovary présente une société sans avenir. Symboliquement, il n’y a tout d’abord pas d’avenir amoureux pour Emma, dont la vie sentimentale est une déception. Elle ne trouve l’amour auprès d’aucun homme alors que sa seule ambition est de rencontrer le grand amour. Elle entretient avec Léon une relation purement platonique. L’amour entre eux est fort mais non déclaré. Léon la quitte sans que rien ne se soit déroulé (II,4). Ensuite, avec Rodolphe, elle trouve l’amour. Cependant, cet amour va rapidement se transformer en plaisir charnel (II,9), et Rodolphe la quitte. Enfin, ses retrouvailles avec Léon débouchent sur une relation purement débauchée, sans sentiment. Sur le plan amoureux, le livre ne propose aucun futur. De plus, cette société sans avenir est clairement démontrée par la notion d’enfermement qui est présente tout au long du roman. Emma est une femme enfermée d’abord au couvent, puis à la ferme paternelle ensuite chez Charles, à Tostes puis à Yonville, et enfin à l’hôtel à Rouen. Aucune porte de sortie ne se dessine. Le symbole du cercle que l’on retrouve dans l’ensemble du schéma narratif renforce cette idée : Emma, tout comme la société, est prise dans une boucle qui la ramène perpétuellement à son point de départ. Pour symboliser cela, Flaubert insère en permanence des objets circulaires qui fascinent Emma, de la roue du tilbury de Charles à l’inquiétant tour d’ébéniste de Binet, en passant par le rouet de la mère Rolet. C’est l’éternel retour au point de départ sans aucune avancée. Au travers d’Emma, la société française tourne en rond, sans aucun avenir, engluée dans une société bourgeoise dominatrice et normée, qui refuse tout changement. Enfin, la mort tragique de Madame Bovary conclut le roman. Il n’y a plus d’avenir. Emma, marginalisée par ses adultères et ses dettes, se suicide (III,8). La société basée sur l’argent ne lui a laissé aucune chance. Harcelée par les huissiers des bourgeois, Emma se trouve dans une impasse. Sa seule échappatoire est la mort. La société médiocre représentée par le personnage d’Homais ne permet pas de la sauver. Sa marginalité disparaît et laisse la place à la norme bourgeoise. Homais est l’un des personnages fondamentaux qui démontre la vision pessimiste de Flaubert. Le roman s’achève sur sa victoire absolue : “Il fait une clientèle d’enfer ; l’autorité le ménage et l’opinion publique le protège. Il vient de recevoir la croix d’honneur.” On comprend uploads/Societe et culture/ exemple-de-dissertation-d-x27-eleve-sur-mme-bovary-flaubert.pdf
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- Publié le Apv 28, 2021
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