Ouvrages de Jean Ziegler La Contre-Révolution en Afrique Payot, 1963, épuisé So

Ouvrages de Jean Ziegler La Contre-Révolution en Afrique Payot, 1963, épuisé Sociologie de la nouvelle Afrique Gallimard, coll. « Idées », 1964, épuisé Sociologie et Contestation essai sur la société mythique Gallimard, coll. « Idées », 1969 Les Vivants et la Mort essai de sociologie Éd. du Seuil, coll. « Esprit », 1975 ; coll. « Points », 1978 Une Suisse au-dessus de tout soupçon Une Suisse au-dessus de tout soupçon en collaboration avec Délia Castelnuovo-Frigessi. Heinz Hollenstein, Rudolph H. Strahm Éd. du Seuil, coll. « Combats », 1976 ; coll. « Points », nouv. éd. 1979 Le Pouvoir africain Éd. du Seuil, coll. « Esprit », 1973, épuisé ; coll. « Points », 1979 Retournez les fusils ! Manuel de sociologie d’opposition Éd. du Seuil, 1980 COLLABORATION A DES OUVRAGES COLLECTIFS La Société émergente in Vocabulaire de la sociologie contemporaine Gonthier, 1971 Anthologie des sociologues de langue française PUF, 1972 La Mort dans la littérature sociologique française contemporaine in La Sociologie française contemporaine PUF, 1976 Le Nomadisme de l’au-delà : les morts-revenants d’Itaparica in Nomades et Vagabonds UGE, coll. « 10/18 », 1975 Ce livre est dédié à la mémoire de Mehdi Ben Barka, Pierre Bungener, Carlos Lamarca, Henri Curiel. En couverture : dessin de José Venturelli ISBN : 978-2-0211-9025-0 (ISBN 2-02-004881-7, 1re publication.) © ÉDITIONS DU SEUIL, 1980. Cet ouvrage a été numérisé en partenariat avec le Centre National du Livre. Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. Principale certitude : une société incrustée de tabous et fondée sur le profit appelle un refus total, et ceci d’autant plus qu’elle a su se faire accepter de ceux-là même qu’elle exploite. Jean-Paul Marat, L’Ami du peuple . Eux qui sont innombrables comme les fourmis dans la terre, les poissons dans l’eau, les oiseaux dans l’air, eux qui sont poltrons, courageux, ignorants, et sages, eux qui sont des enfants, eux qui font table rase, et eux qui créent, notre livre ne contera que leurs seules aventures. Eux qui se laissant prendre aux menées du traître, jettent leur drapeau, et abandonnant l’arène à l’ennemi, courent s’enfermer chez eux, et eux encore qui percent de leur poignard le traître, eux qui rient comme l’arbre vert, eux qui pleurent trop tôt, eux qui injurient père et mère, notre livre ne contera que leurs seules aventures. … Ce sont eux qui reflètent dans les miroirs les plus sages les images les plus colorées. En notre siècle, eux ont vaincu, eux ont été vaincus. On a dit d’eux bien des choses, et pour eux on a dit qu’ils n’avaient rien à perdre, rien que leurs chaînes. Nazim Hikmet, Eux . Les intérêts des peuples ne peuvent s’opposer. Elias Farah, La Patrie arabe . TABLE DES MATIÈRES Ouvrages de Jean Ziegler Dédicace Copyright Introduction PREMIÈRE PARTIE - LES ENNEMIS DE L’ESPOIR I - L’empire de la rareté II - Théorie de la nation I. La nation en Europe. II. La nation en Afrique noire. III. Lutte anti-impérialiste — Lutte de libération nationale. III - Conscience possible, conscience en soi, conscience pour soi DEUXIÈME PARTIE - LES ANCÊTRES DE L’AVENIR I - Les ancêtres de l’avenir II - N’Krumah : la prophétie panafricaine I. Les racines de l’idéologie panafricaine. II. Connaître l’ennemi. III. La déchéance du prophète. III - Patrice Lumumba, le rêve de l’État unitaire, transethnique I. Le règne du pillage. II. Naissance d’un prophète. III. L’État unitaire : vocation universelle de la nation. IV - Gamal Abdel Nasser : la résurrection de la communauté historique I. La conjuration des Officiers libres. II. La résurrection de la « communauté historique ». III. La chute du Messager. TROISIÈME PARTIE - L’ARMÉE DE LA FAIM I - La lutte de libération des peuples d’Afrique du Sud I. Théorie de la nation duelle. II. Genèse du mouvement de libération nationale. III. Un ennemi divisé. IV. Perspectives. II - Libération et culture : le cas de la Guinée-Bissau I. Les trois thèses d’Amilcar Cabral. II. Le mouvement de libération nationale PAIGC. III. La conversion des maîtres. III - L’Afrique trahie : les protonations I. Théorie de la protonation. II. Le cas du Katanga. III. L’État protonational. IV. Épilogue provisoire : la protonation dispersée. QUATRIÈME PARTIE - LE FRONT DU REFUS I - L’ombre II - L’espérance Bibliographie Introduction Dans les années soixante, Che Guevara plaçait en exergue de ses écrits militaires cet appel à l’espérance qu’il empruntait à José Marti : « C’est l’heure des brasiers et l’on ne doit regarder que vers la lumière 1. » L’Afrique est aujourd’hui partout en lutte. Du Sahara occidental au Cap, des prisons égyptiennes aux maquis du Kivu, du Tchad au Malawi, de la Namibie au Sahara occidental, des hommes et des femmes, par dizaines de milliers, luttent, meurent et renaissent pour arracher aux dominateurs les conditions indispensables à l’édification d’une société plus humaine. Quinze ans après la décolonisation des principaux États africains, où sont l’espoir, la lumière ? J’ai été façonné, porté, guidé par les promesses des luttes de libération anticoloniales. Je dois aujourd’hui procéder à un réexamen. Dans la plupart des États décolonisés règne la dictature de militaires ou des bourgeoisies compradores. L’indépendance de ces États est largement fictive. J’appelle protonation (du grec protos : « primitif », « rudimentaire ») la formation sociale qui gouverne aujourd’hui les trois quarts du continent. La protonation ne désigne ni une nation en formation — encore qu’elle produise pour ses membres les symboles élémentaires d’un sentiment « national » — ni une nation achevée qui se serait pervertie. Elle ne désigne pas non plus une pseudo-nation, mais une sociabilité rudimentaire, limitée dans sa construction, asservie aux seuls besoins de ceux qui l’organisent de l’extérieur. Elle, est avant tout une création de l’impérialisme. Elle n’exprime qu’une souveraineté fictive, la totale dépendance de l’économie du pays à l’égard du centre métropolitain. C’est la présence au pouvoir local de satrapes qui manient avec intelligence un discours « désorienteur nationaliste » (Fanon) qui assure la permanence de la protonation 2. Nombre de ces satrapes entretiennent des liens particuliers non seulement avec les sociétés multinationales et les groupes financiers mais également avec l’État français. Exemple : Dans la nuit du 20 au 21 septembre 1979 les parachutistes français débarquèrent à Bangui ; ils amenèrent avec eux un nommé David Dacko qu’ils installèrent au pouvoir. Son prédécesseur, l’empereur déchu Jean Bedel Bokassa, ancien sous-officier de l’infanterie coloniale, actuellement retraité en Côte-d’Ivoire, touche une pension de l’État français et est électeur en France. Les actuels chefs d’État de Haute-Volta (Lamizane), du Togo (Eyadema) sont d’anciens militaires français qui ont droit à une retraite du gouvernement de Paris. Quant au triumvirat politico-militaire qui a pris le pouvoir le 13 mai 1978 aux îles des Comores, l’un de ses membres, Robert Denard, ancien militaire de l’armée d’Indochine, est un citoyen français originaire de Bordeaux. Mais déjà certains peuples africains sont engagés dans une guerre nouvelle, celle que Salvador Allende nomma « la guerre pour la seconde indépendance », c’est-à-dire la guerre pour la construction nationale, la souveraineté économique, la liberté réelle du peuple. Cette lutte naît de l’effort catégorique — lui-même issu de l’instinct de justice — d’une avant-garde décidée à affronter le dominateur impérialiste de son peuple. Une dialectique ascendante, ouvrant sur des horizons inconnus, l’habite. La lutte de libération, la construction nationale sont achevées lorsque la nation est la seule source de ses décisions et lorsque les mécanismes, la violence matérielle, symbolique du capital financier multinational, n’ont plus prise sur elle. Cependant, la nation périphérique est une formation sociale ambiguë. Elle unit les hommes et, en même temps, elle les divise, les dresse les uns contre les autres. En un certain sens, Léopold Sédar Senghor a raison de dire : « L’homme enraciné, la patrie singulière sont les seuls véritables garants de la dignité 3. » A Soweto, dans les faubourgs de Johannesburg, au Cap, à Durban, à Port Elizabeth, des adolescents sont morts par centaines entre juin 1976 et octobre 1977 sous les balles de la police sud-africaine. Ils refusaient d’accepter comme langue obligatoire de l’enseignement secondaire la langue des dominateurs, l’afrikaans. Pour tout mouvement de libération, la construction d’une conscience nationale transethnique et transclassiciste est partout la condition première de la victoire militaire sur l’occupant. En résumé, l’idée nationale est porteuse de dignité, d’intelligence du monde, d’identité alternative : elle est force de résistance, instrument de libération. Mais, en même temps, elle est agent de solitude, moyen de séparation, cause de division entre les peuples. Sa conscience est apodictique et apologétique. Elle divise l’aire tricontinentale en une multitude d’États dont chacun ne se définit que par opposition à l’existence propre de l’État voisin. La nation libère le peuple dominé, mais elle affaiblit le combat mondial commun contre l’oppresseur transnational. Pourtant la révolution mondiale, la révolution de classe, née de la conscience de l’identité de tous les travailleurs, de tous les dominés, est un projet potentiellement réalisable, concret, réaliste 4. Celui-ci donne aujourd’hui naissance à une conscience pour soi (Lukacs) qui transcende les formations nationales. Cette conscience pour uploads/Societe et culture/ f038023.pdf

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