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1 On accepte mieux aujourd'hui qu'une femme soit plus âgée que son conjoint Pour vous, c’est quoi un couple aujourd’hui ? La diversification des modes de fonctionnement conjugaux est si grande aujourd’hui, qu’il est pratiquement impossible de définir ce qu’est LE COUPLE de manière claire et concise. Une chose est certaine cependant, c’est que pour qu’il y ait couple, il est nécessaire que deux entités soient unies par un ou des liens qui peuvent être divers (des intérêts ou projets communs, des affinités intellectuelles, sociales, économiques, affectives, sexuelles, etc.). Et il est fréquent de préciser la nature du lien : couple d’amis, d‘amoureux, partenaires de jeux (sexuels ou non), de danse, de travail ... Sans cette précision, la société sous-entend alors dans le terme couple : deux personnes ayant une volonté de réaliser ensemble des projets à courts ou plus longs termes, ayant développé une relative intimité, s’affichant en tant que tel aux yeux du monde, parlant d’eux en "nous". Se dire en couple aujourd’hui suppose un engagement (de durée relative), un affichage et des projections dans un avenir proche ou lointain. Cependant, il n’est plus nécessaire d’avoir un projet de procréation pour se dire en couple ni d’être mariés ou pacsé, ni même habiter sous le même toit. La société et son besoin de contrôler et de cloisonner ses individus a toujours cherché à définir légalement, économiquement et sociologiquement ses membres (que ce soit isolément ou en groupe). Longtemps, la famille est restée par l’institution du mariage le noyau de notre société. Mais la banalisation des divorces, l’arrivée de la contraception, l'augmentation de la durée académique des femmes et leur accès plus généralisé à des carrières professionnelles ont créé un véritable bouleversement. C’est à partir de ce moment que l’entité couple a pris de l’importance. On ne se mariait plus parce qu’on était enceinte et qu’on craignait l’opprobre de la société, ni parce qu’il s’agissait de mariage de raison arrangé par les familles pour des intérêts socio-économiques par exemple. C’est alors que les notions de mariage d’amour, d’union romantique ont fait leur apparition. Ensuite une désacralisation de la société et une dédramatisation du divorce ont ajouté d’autres modalités à ces unions : on pouvait être unis religieusement ou civilement (mariés ou pacsés). Actuellement, l’union libre (que l’on vive ensemble ou séparément) prend de plus en plus d’ampleur. Les raisons ? Une génération marquée par le divorce de ses parents ?Des perspectives économiques insécurisantes (emplois précaires, logements coûteux et qui supposent un engagement à très long terme du couple, engagement auquel on ne croit plus vraiment (20-30 ans c’est beaucoup) ? Un état qui continue d’utiliser le cumuler des revenus pour le paiement d’impôts et pour le calcul du montant des RIS (avec la précarité de l’emploi, vivre ensemble prend des allures de risque) ? L’individualisme, l’autonomie, les libertés individuelles et la revendication au bonheur véhiculés dans notre société ? Finalement ce n’est donc plus tant un statut légal qui définit le couple, mais une envie commune et personnelle de se définir comme tel. Comment cette notion de "couple" a-t-elle évolué depuis l’an 2000 ? La progression du couple libre 1 Si les modalités d’être en couple ont fortement évolué (et l’union libre chez les moins de 30 ans devient pratiquement majoritaire), les configurations de couple se sont, quant à elles, énormément diversifiées. Des configurations de couple de plus en plus variées Même s’ils sont encore largement minoritaires, les couples non hétérosexuels sont plus présents aujourd’hui (ou osent plus s’afficher qu’auparavant). Il s’agit (et je le constate dans ma pratique de sexologue) davantage de couples d’hommes, jeunes, vivant en ville, diplômés. Il y a aussi de plus en plus de diversité dans l’identité et dans l’orientation sexuelle (hétérosexuel, homosexuel, pansexuel, bisexuel, etc.) des individus en couple, surtout chez les plus jeunes qui ont grandi avec des valeurs incluant la diversité, la tolérance, le respect des libertés et des revendications égalitaires. Dans mes consultations, je rencontre des couples d’origines diverses, de cultures et de convictions différentes, d’orientation sexuelle et/ou de genre diversifiés. Travaillant essentiellement avec des personnes transidentitaires je rencontre des couples de femmes ou d’hommes qui se disent hétérosexuels (celle où celui qui se revendique du sexe opposé va parfois jusqu’à la réassignation complète). Ils peuvent garder une vie de couple pendant et après la transition… ou pas. Certains binômes se forment pendant le parcours de transition de la personne ou après réassignation sexuelle complète. À l’inverse, un couple de personnes de sexe opposé peut se revendiquer d’orientation homosexuelle. Les variables sont grandes. J’ai aussi connu un couple de jeunes l’un né fille, l’autre garçon, ne sachant pas se prononcer sur leur orientation sexuelle, ni sur leur identité générale (enfin ne se retrouvant pas dans les codes sexistes et stéréotypés de la société qui pense malheureusement encore en bleu et en rose). Chacun surfant à sa guise sur un continuum de genre allant du masculin au féminin. Des femmes plus âgées que leur conjoint Bien que la différence d’âge n’ait pas beaucoup évolué (un peu moins de 3 ans entre les conjoints), on accepte mieux aujourd’hui qu’une femme soit plus âgée que son conjoint. La peur de l’engagement Le trauma du divorce laissé par les générations précédentes, l’athéisation progressive de notre société (il n’y a pas de seconde vie), la situation politique et économique alarmante et peu sécure amènent les jeunes à rester plus longtemps chez les parents ou en colocations entre amis avant de se fixer en couple. Ils attendent aussi plus longtemps avant d’avoir des enfants (le risque de séparation est toujours trop grand). Chez les plus âgés, tout dépend de l’histoire personnelle de chacun, de leur autonomie et de leur indépendance financière. On peut prendre également en compte la durée du célibat précédent, l’urgence de l’âge, le degré de solitude, les expériences heureuses ou malheureuses des relations précédentes. Là aussi, il n’y a pas vraiment de généralités. Cependant on remarque une sexualité plus curieuse et décomplexée (surtout chez les femmes). Finalement, la croyance en l’Amour et l’envie d’y succomber semble toujours présente, mais elle est dominée par la peur. 1 Le désir de fusion et le désir de liberté fragilisent les couples d’aujourd’hui. En sexoanalyse, il existe la notion de "complexe fusionnel" [i] définie par Claude Crépault[ii] dans les années ‘80 qui montre combien l’antagonisme entre la fusion et l’individuation peut créer des tensions en chaque personne, mais également au sein du couple. Dans une société qui a prôné ces dernières 40 années le libre-choix, l’indépendance, l’individualisme, pour qui le bonheur est devenu valeur sacrée (en amour, professionnellement, socialement, sexuellement, etc.), décider de se mettre en couple, c’est aussi mettre en danger sa liberté. Les gens aujourd’hui sont certes plus libres de leur choix amoureux, mais ils restent responsables de leur épanouissement individuel. Ce qui provoque un stress. Même libre et indépendant, l’être humain est un être social. Sans interaction avec les autres, sa liberté n’aurait de sens. Mais vivre "avec" suppose de mettre en danger cette dernière. En recherche d’affection, d’intimité, de sécurité, l’individu adulte (privé du cocon parental) va les trouver dans la compagnie. Il va également chercher à exister en tant qu’individu unique au travers du regard que lui renverra cette compagnie. Mais, tant qu’à faire, autant que cette image soit valorisante, rassurante. Je ressens cette grande tension entre liberté et épanouissement personnels et besoin de fusion en couple. Cette difficulté de devoir choisir Plus que jamais la notion de couple de nos jours défie les notions de mathématiques tant il est vrai que 1+1 = 3. En sexologie, on considère qu’il y a 3 entités à prendre en compte lors des consultations de couple : chaque individu séparément et l’entité couple. Les couples actuels bricolent, créent, réinventent. Une chose est certaine, c’est que peu importe la configuration du couple (orientation sexuelle, âge, origine, culture) et ses modalités (mariés, passés, en concubinage, union libre) les raisons de consulter un sexologue sont les mêmes (perte de désir, jalousie, mésentente, problème de communication, etc.). Pourquoi décide-t-on de vivre en couple aujourd’hui ? Il y a mille et une raisons de vouloir se mettre en couple aujourd’hui. C’est davantage un choix qu’une contrainte dans notre société (bien qu’il y ait malgré tout encore des situations dramatiques, ne l‘oublions pas). Cependant, cette liberté rend les gens responsables de leur bonheur et cette responsabilité peut créer des angoisses (ne pas trouver LA bonne personne ou avoir pris la mauvaise décision, finir ses jours seul). Alors, une grande partie des gens, surtout les plus jeunes, multiplient les rencontres, les partenaires sexuels, alternent périodes de célibat et relations avant de se décider. Malgré tout, des couples continuent de se créer, les gens tombent toujours amoureux. Qu’est-ce qui est donc recherché dans le couple ? Un sentiment de sécurité affective (se sentir aimé, admiré, protégé), de stabilité et de solidarité, un espace pour être vraiment soi sans être jugé, des échanges et de la 1 tendresse, une complicité, une confiance réciproque, une réponse au besoin de reconnaissance et d’estime de soi, un uploads/Societe et culture/ femme-soit-plus-agee.pdf

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