M.-Cl. Audétat & Ch. Voirol Psynergie - Neuchâtel, 1997 1 L’ADOLESCENT TABLE D

M.-Cl. Audétat & Ch. Voirol Psynergie - Neuchâtel, 1997 1 L’ADOLESCENT TABLE DES MATIERES 1 Définitions et historique__________________________________________________ 2 Les tâches développementales de l’adolescent ____________________________________ 3 2.1 Le développement corporel de l’adolescent _____________________________________ 4 2.2 La vie sociale de l’adolescent _________________________________________________ 4 2.3 La vie affective et cognitive de l’adolescent _____________________________________ 5 3 Les enjeux sociaux de l’adolescence ________________________________________ 6 3.1 L’indépendance et l’appartenance, deux mouvements contradictoires. ______________ 6 3.2 Les facteurs de déresponsabilisation___________________________________________ 7 4 La relation parents-enfants _______________________________________________ 8 4.1 Les modèles parentaux______________________________________________________ 8 4.2 Les sources de tension entre parent et adolescent ________________________________ 9 5 L’adolescent et l’école ___________________________________________________ 9 5.1 Les fonctions de l’école______________________________________________________ 9 5.2 Communiquer avec les adolescents ___________________________________________ 10 6 Bibliographie _________________________________________________________ 12 M.-Cl. Audétat & Ch. Voirol Psynergie - Neuchâtel, 1997 2 « L’adolescence consiste à donner une forme culturelle à une réincarnation qui pour appartenir à la nature doit revenir à la Culture. La fin de l’adolescence est l’aboutissement de ce processus » A. Miller 1 L’ADOLESCENT 1.1 Définitions et historique L’adolescence est généralement entendue comme la période de vie qui s’étend de la puberté à l’âge adulte. Les avis sur les limites d’âge de cette période sont très partagés mais on admet généralement qu’elle commence aux alentours de 12 ans et se poursuit jusqu’à environ 18-20 ans, quand les principales transformations biologiques, psychologiques et sociales sont accomplies. Le terme « adolescent » n’est entré dans le langage courant qu’à la fin du 19ème siècle et c’est dans les années 40 qu’il est devenu populaire. Cela dit, l’étymologie du terme remonte à l’Antiquité puisqu’il est composé de la racine latine « adolescere » qui, au participe présent s’écrit « adolescens » et signifie « en train de grandir », et au participe passé « adultus » ou « qui a fini de grandir ». On perçoit généralement l’adolescence comme une période de crise et de turbulences au cours de laquelle de nombreux paramètres sont remaniés. L’individu doit en effet gérer au mieux les changements corporels qu’il subit, l’image de soi qui se trouve de fait modifiée, la recherche et l’affirmation de son identité, les attentes des parents ainsi que la multiplication des rapports sociaux. De tous temps on a cherché à établir des catégories d’âge pour distinguer les différentes étapes du développement humain. Ainsi, Françoise Dolto retrace le parcours de la jeunesse du Moyen Age à nos jours selon le modèle ci-dessous : M.-Cl. Audétat & Ch. Voirol Psynergie - Neuchâtel, 1997 3 1.2 Les tâches développementales de l’adolescent Selon Gaonac’h et Golder1 cette période de crise est marquée par différentes tâches développementales concernant l’élaboration des rapports au corps, des rapports à autrui et enfin du rapport à soi. TYPE DE RAPPORT EVÉNEMENT AGE TÂCHES Rapports au corps Puberté de 10 à 14-15 ans • Adopter une identité de genre • Construire une image corporelle sexuée • S’engager progressivement dans l’intimité sexuelle 1 D. Gaonac’h & C. Golder, « Profession enseignant: Manuel de psychologie pour l’enseignant », Ed. Hachette Education, Paris, 1995. Moyen Age Renaissance - XVIIIème XIXème - 1950 1960 - 1980 Fin XXème • Le temps des héros • Le temps des maîtres • Le temps des timoniers • Le temps des idoles • Le crépuscule des dieux • Identification à la chevalerie • Identification aux savants • Identification aux chefs de guerre • Identification aux stars éphèbes • Le groupe substitut du père • Conquérants • Grands navigateurs explorateurs • Combattants de la liberté • Chefs de bande • Collectif de classe d’âge • Rites d’initiation • Apprentissages • Fin des apprentissages • Ni Dieu ni maître • Fin des idéologies • Collusion, pouvoir et mystique • Opposition, pouvoir et conscience • Fin de la république des professeurs • Retour du narcissisme • Culte du rassemblement ⇓ ⇓ ⇓ ⇓ ⇓ Croisés Martyrs Génies Révolution- naires Esthètes et prophètes Associations humanitaires, grandes causes M.-Cl. Audétat & Ch. Voirol Psynergie - Neuchâtel, 1997 4 TYPE DE RAPPORT EVÉNEMENT AGE TÂCHES Rapports à autrui Vie sociale de 12 à 17-18 ans • Se défaire des liens de la dépendance avec les parents • S’engager dans les relations de proximité avec les pairs Rapports à soi Identité de 13 à 19 ans Se situer et se structurer à travers des enjeux cruciaux: • les perspectives professionnelles • les relations interpersonnelles • le rapport à l’autre sexe • les valeurs et croyances • les plans de vie 1.2.1 Le développement corporel de l’adolescent Les auteurs précisent que la construction de l’image corporelle dépend de trois dimensions, à savoir les réalités biologiques, l’histoire personnelle du sujet et les pressions sociales. De toute évidence l’adolescent voit son corps se transformer avec les désagréments que l’on connaît. L’acné fleurit sur les visages et le corps se trouve provisoirement disproportionné à cause du décalage entre la taille et la prise de poids. L’histoire personnelle du sujet va déterminer l’estime de soi, celle-ci influençant également la construction de l’image corporelle. Le troisième facteur, celui des pressions sociales, englobe les normes idéales de beauté. Ainsi la jeune fille se fixe comme objectif de ressembler aux top-models qui couvrent tous les magazines, s’astreignant de fait à un régime parfois dangereux. L’idéal masculin de son côté est caractérisé par une activité sportive et une musculature imposante. Ces normes étant difficiles à atteindre, surtout à un âge où on ne peut contrôler les changements naturels du corps, l’image corporelle est souvent négative ce qui entache alors l’estime de soi. La précocité pubertaire est appréciée différemment selon les sexes. Elle est pénalisante pour la jeune fille qui est victime de moqueries, mais s’avère être un avantage pour le garçon. De manière inverse, une puberté tardive est très pénalisante pour le garçon qui se sent isolé et inférieur. 1.2.2 La vie sociale de l’adolescent Du point de vue de la relation à l’autre, l’adolescence est caractérisée par deux phénomènes essentiellement, à savoir le besoin d’indépendance par rapport à l’autorité et le désir d’appartenance à un groupe. M.-Cl. Audétat & Ch. Voirol Psynergie - Neuchâtel, 1997 5 D’un point de vue ethnologique, J. Balegamire Bazilashe2 nous apprend que : • L’adolescent est reconnu comme socialement différent des autres classes d’âge dans 100% des cultures et sociétés. • Il existe un mot spécifique pour le définir dans 40% de ces sociétés et un signe non verbal dans 80% des cultures. • On sait encore que l’adolescent subit un rite d’entrée (du type séparation, marginalisation ou acceptation) dans 75% des cultures. • Dans la majorité des cultures, l’adolescent passe 70% de son temps avec des adultes de même sexe contre seulement 10% avec des pairs de même sexe. • Enfin, son comportement antisocial est systématiquement observé chez 45% des garçons contre 20% des filles. Dans de nombreuses civilisations, l’entrée dans la vie sociale adulte est marquée par des rites d’initiation, qui ont pour but de préparer l’individu aux épreuves de la vie. A l’heure actuelle, l’apprentissage social semble plus difficile que dans les sociétés primitives : La découverte de l’amour est accompagnée d’une quantité de problèmes à résoudre (expériences décevantes, sexualité, maladies sexuellement transmissibles,...). L’adolescent doit également faire face à de nombreuses inquiétudes concernant son avenir professionnel, sa relation avec ses parents, la perspective de fonder un foyer, etc. En bref tout devient un obstacle à franchir ! 1.2.3 La vie affective et cognitive de l’adolescent Concernant le rapport à soi, l’adolescent se lance dans une importante « campagne » d’affirmation de soi. Il se cherche et veut construire son identité. Celle-ci trouve des origines bien antérieures à l’adolescence puisqu‘elle est un enjeu dès la naissance. Le fait d’être un enfant désiré ou non a des conséquences importantes sur l’image de soi et donc sur la construction de l’identité. De plus, lors des premières années de vie, l’enfant prend conscience de lui-même à travers sa relation avec la mère ; Il découvre son corps au moyen des contacts physiques qu’il expérimente avec elle. On imagine alors l’ampleur des dégâts que peuvent causer des relations ratées entre la mère et l’enfant lors des premières années de vie. Au début de l’adolescence l’expression de soi est désorganisée mais à mesure qu’il accumule les expériences, l’adolescent se constitue une identité sociale. La distinction entre le Moi et le Non Moi se précise grâce aux interactions nouvelles qu’il a avec les adultes. Celles-ci lui permettent de recevoir en miroir sa propre image et ainsi d’intérioriser petit à petit qui il est. Cette affirmation de soi est très instable dans un premier temps et l’adolescent alterne des comportements plus ou moins contradictoires. On constate encore que sur le plan cognitif l’adolescent développe la pensée « formelle » qui lui permet de réfléchir sur des situations abstraites, détachées des objets concrets. Ceci donne lieu à de nombreuses interrogations du type « qui suis-je? », « pourquoi suis-je ici? ». La pensée domine donc à ce stade du développement et on assiste à une augmentation des périodes de réflexion ou de rêverie. 2 J. Balegamire Bazilashe, M. Ditisheim & P. Marc, « Approches uploads/Societe et culture/ l-x27-adolescent.pdf

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