* GROUPE VALAISAN DE SCIENCES HUMAINES V LE VALAIS ET LES ÉTRANGERS XIXe - XXe

* GROUPE VALAISAN DE SCIENCES HUMAINES V LE VALAIS ET LES ÉTRANGERS XIXe - XXe Société et culture du Valais contemporain 1992 Bibl. cant. U S Kantonsbibl. 1 0 1 0 2 3 2 1 5 8 Le Valais et les étrangers XIXe - XXe J\i>re .£* : V > GROUPE VALAISAN DE SCIENCES HUMAINES Travaux et recherches 1992 SOCIÉTÉ ET CULTURE DU VALAIS CONTEMPORAIN V LE VALAIS ET LES ÉTRANGERS XIXe - XXe " A 2g.<M/s axiom l a j ^ m D(TM5 wmmmuoTm ^2/53 qo Le Groupe valaisan de sciences humaines remercie tous ceux qui ont souscrit à cet ouvrage. II exprime une reconnaissance particulière pour leur appui financier - à la Banque Cantonale du Valais, - au Département de l'Instruction publique de l'Etat du Valais, - à la Société Académique du Valais, - à la Délégation valaisanne de la Loterie Romande. Copyright by Groupe valaisan de sciences humaines - Sion 1992 GROUPE VALAISAN DE SCIENCES HUMAINES Bureau exécutif Président: Gerald Arlettaz, Dr es lettres, archiviste, Avry-sur-Matran Secrétaire: Jean-Henry Papilloud, lie. lettres, archiviste, Sion Myriam Evéquoz-Dayen, lie. lettres, professeur, Conthey Maria-Pia Tschopp, lie. lettres, professeur, Montana Membres Albert Arlettaz, lie. se. éc. et soc., directeur d'école, Vouvry Silvia Arlettaz, lie. lettres, historienne, Avry-sur-Matran Géo Bétrisey lie. HSG, économiste, Saint-Léonard Alain Clavien, lie. sc. pol., historien, Lausanne Gerda Fellay, lie. psycho, psychologue, Lausanne Patrice Frass, lie. lettres, professeur, Montreux Gérard Joris, lie. lettres, journaliste, Nendaz Marie-Angèle Lovis, lie. se. éc. et soc, professeur, Porrentruy Marie Claude Morand, lie. lettres, historienne de l'art, Lausanne Marc Perrenoud, lie. lettres, historien, Neuchâtel Michel Rey Dr es lettres, professeur, Sion Eloi Rossier, lie. lettres, professeur, Le Châble Elisabeth Roux, lie. lettres, professeur, Grimisuat Membres correspondants Georges Andrey, Dr es lettres, historien, Fribourg François Noirjean, lie. lettres, archiviste, Porrentruy Adresse du Groupe valaisan de sciences humaines: Secrétariat, avenue de Tourbillon 47, 1950 Sion C.C.R 19-8858-0 Préface L'histoire de l'immigration et des étrangers est longtemps apparue com- me un champ de recherche insignifiant pour des sociétés centrées sur leurs valeurs originelles. Ce «non-lieu de la mémoire», pour reprendre l'expression de l'historien français Gérard Noiriel, contribue à renforcer l'idée que l'immigration et ses ondes de choc constituent un phénomène nouveau de société. Cherchant à dissiper cette illusion, le Groupe valai- san de sciences humaines publie un ouvrage fondé sur des recherches qui inscrivent la présence et l'influence étrangères dans l'histoire valai- sanne et suisse de ces deux derniers siècles. L'histoire de la relation entre la société valaisanne et ses étrangers soulève un ensemble de problèmes liés à l'intégration d'un espace. Il s'agit d'un processus à la fois civil et politique, économique et social, culturel et mental. Qui donc est étranger en Valais? En 1800, la réponse n'est évi- demment par la même qu'aujourd'hui. Elle dépend des institutions, donc de la loi ; des besoins matériels, donc de l'économie ; de la représen- tation individuelle et collective, donc de la culture. Les auteurs n'ont pas abordé tous les aspects de ce vaste ensemble de questions en mouvement. Ils ont centré leurs efforts sur deux axes de recherche. Les trois premiers articles présentent et analysent l'immigra- tion et l'intégration des étrangers dans la société valaisanne. Les trois au- tres contributions appréhendent le rôle actif et passif des «étrangers» dans une production artistique et littéraire à vocation identitaire. L'étude des pratiques législatives et administratives permet à Jean-Henry Papilloud de cerner l'évolution du concept juridique d'étranger dans le Valais du XIXe siècle en marche vers l'institutionnalisation du canton. Se fondant sur une analyse socio-politique, Gerald et Silvia Arlettaz mon- trent comment les immigrants de la première moitié du siècle participent à la construction du Valais et comment les Valaisans réagissent à l'in- sertion des populations «étrangères» dans leur espace. L'impact de la main-d'œuvre étrangère sur l'économie cantonale après 1945 est mesuré par Myriam Evéquoz-Dayen qui expose les composantes socio-démogra- phiques de la vague migratoire ainsi que l'attitude des autorités et de l'opi- nion face aux immigrants. Marie Claude Morand met en évidence le caractère artificialiste et évolutif de la notion d'identité valaisanne. Sa démonstration repose sur l'étude du rôle joué par les artistes de l'extérieur dans un double processus de fabrication et d'instrumentalisation des images «valaisannes». Dans la construction de l'«authenticité», la nature et la culture deviennent à la fois produits négociables sur le marché de «l'industrie des étrangers» et objets du culte sacré de la patrie. Alain Clavien analyse ces enjeux autour du débat suscité en 1906 par le projet de chemin de fer du Cervin. Se penchant sur l'univers romanesque de Maurice Zermatten, Maria-Pia Tschopp-Bessero explicite l'évolution d'une œuvre où la défense du pa- trimoine représente la conscience d'un vieux pays face à l'intrusion de la modernité. JEAN-HENRY PAPILLOUD Les étrangers et l'intégration du Valais au XIXe siècle Au XIXe siècle, quatre Valaisans sur cinq sont bourgeois de leur commu- ne de résidence. Ils y naissent, vivent et meurent et considèrent comme étrangers tous ceux dont les racines ne plongent pas à l'ombre de leur clocher. A des degrés divers, et jusqu'aux années 1870, les lois traitent comme tels les gens de passage, mais aussi des personnes installées de- puis longtemps qui, pour leur malheur, sont nées heimatloses (apatri- des), habitants perpétuels (établis), ou simplement illégitimes. Ainsi la notion d'étranger n'est pas univoque au début du XIXe siècle. Dans le langage courant, le terme désigne, comme aujourd'hui, un res- sortissant d'un autre Etat. Cependant, à considérer les droits attachés aux individus, on constate que des Valaisans et des Suisses sont parfois assi- milés à des étrangers. Suivant les cas, des lignes de démarcation effectives séparent les bourgeois des non-bourgeois, les Valaisans des non-Valaisans ou les Suisses des non-Suisses. Autrement dit, l'étranger n'est pas seule- ment celui qui vient d'un autre Etat, c'est parfois le ressortissant du can- ton limitrophe, de la commune voisine et, dans certains cas même, du village d'à côté. Dans les faits, venir d'ailleurs, ce n'est pas seulement avoir une mention sur un passeport, mais cela entraîne aussi des discriminations officielles. La position des étrangers doit donc être analysée en référence à ceux qui possèdent tous les droits sur un territoire donné, c'est-à-dire, pendant longtemps, les communiers ou bourgeois d'une commune. L'arsenal juri- dique et coutumier qui met les non-communiers et les étrangers en parti- culier à la merci de la communauté et du pouvoir local ne sera que lente- ment supprimé. La simple chronologie de ce démantèlement marque la périodisation de la question. En 1830, les Valaisans obtiennent le droit de s'établir librement dans une commune du canton. La Constitution fé- dérale de 1848 accorde ce droit à tous les Suisses et le Valais l'applique par la loi de 1855. Enfin, au début des années 1870, l'intégration des hei- matloses, habitants perpétuels et illégitimes clarifie la situation puisque, désormais, le concept juridique d'étranger recouvre celui qui nous est aujourd'hui familier: le ressortissant d'un autre Etat. 1 4 LE VALAIS ET LES ÉTRANGERS L'évolution de la législation reflète une transformation des réalités écono- miques et sociales; elle traduit aussi une modification des mentalités. La complexité du sujet, la difficulté de mettre en œuvre des sources locales disparates et la nécessité de débroussailler un terrain encore en friche m'ont amené à privilégier, dans cette première histoire des étrangers au XIXe siècle, l'étude de la législation1, de l'attitude et des pratiques du pouvoir et de l'administration. Ce cadre une fois posé, il sera plus facile d'entreprendre ultérieurement des recherches basées sur les réalités éco- nomiques, sociales et culturelles vécues par les véritables acteurs de cette histoire. Le poids des étrangers Avec le développement économique et l'entrée du canton dans le monde des échanges, le brassage de la population augmente. Alors que de nom- breux Valaisans émigrent pour réaliser leurs espoirs, des étrangers répon- dent à l'appel d'un marché valaisan qui existe en particulier dans le do- maine de la construction ou du commerce. Combien sont-ils? D'où viennent-ils? Que font-ils? C'est à ces questions élémentaires qu'il faut d'abord répondre. Compter les étrangers Réduits à des comptages partiels, les premiers recensements ne permet- tent pas de situer l'importance du nombre des étrangers à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle2. Le recensement de 1829 apporte les pre- mières données utilisables et montre que la proportion des étrangers éta- blis en Valais est faible. A côté des 67 505 Valaisans qui résident dans le canton, dont 90% dans leur commune d'origine, les différentes catégo- ries de ceux que les édiles locaux considèrent comme étrangers repré- sentent une population de 6196 personnes soit 3448 habitants perpé- tuels et 2748 tolérés ou en séjour temporaire. Dans ce nombre, les ressortissants d'un Etat étranger n'entrent que pour un tiers environ. La plupart des non-Valaisans sont concentrés dans quelques communes du canton; les villes de Sion, Monthey, Martigny et Saint-Maurice en rassem- blent, à elles seules, la moitié.3 En fait, le nombre des étrangers est certainement supérieur. Effectué pour des raisons politiques et militaires, le recensement est surtout atten- tif à la population stable, aux bourgeois des communes dont il atteste uploads/Societe et culture/ le-valais-et-les-etrangers-xixe-xxe-societe.pdf

  • 22
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager