Les livrets de la France insoumise #7 CULTURE LES ARTS INSOUMIS, EN COMMUN LACU

Les livrets de la France insoumise #7 CULTURE LES ARTS INSOUMIS, EN COMMUN LACULTURE Ce livret a été rédigé par un groupe de travail coor- donné par Danièle Atala, artiste plasticienne, Roger Tropéano, professeur et res- ponsable associatif, et Charles Plantade, haut fonctionnaire. Il complète L’Avenir en commun, (édition du Seuil, 2016, 3€) le programme de la France insou- mise et de son candidat Jean-Luc Mélenchon. Deux autres livrets de la collec- tion porteront, l’un, sur la presse et les médias, l’autre, sur la Francophonie politique. Ces thèmes ne sont donc pas directement abordés dans ce document. « 100 mètres de bande d’interdiction. » Sylviane 4 DOCUMENT DE TRAVAIL 1 • Notre constat : l’art et la culture saccagés par l’argent-roi 5 2 • Notre projet : que chacun s’émancipe par la culture 10 3 • Nos propositions : une ambition inédite pour la culture 15 1. Démocratiser la culture 16 2. Faire la révolution citoyenne dans la culture 17 3. Rendre la culture accessible 18 4. Affirmer le droit à l’éducation culturelle et artistique 19 5. Protéger les artistes, étendre le régime des intermittents 20 6. Bannir la pollution publicitaire et étendre l’affichage artistique et associatif 21 7. Préserver le patrimoine, construire pour le futur 22 8. Soutenir les petites entreprises culturelles indépendantes 23 9. Défendre l’exception culturelle 24 10. Faire reculer l’emprise des multinationales culturelles 25 Conclusion : la culture en commun 27 Sommaire Notre constat : l’art et la culture saccagés par l’argent-roi 5 6 DOCUMENT DE TRAVAIL L a France continue d’être façonnée par son goût pour la culture, ses créateurs·trices et ses penseurs. L’Histoire a fait d’elle un lieu de métissage des cultures, un pays qui a inventé l’action publique culturelle, une terre d’ac- cueil d’artistes du monde entier riche d’amateur·trice·s et de professionnel·le·s. Elle est aimée et admirée pour cela. Hélas, cet héritage et cette ambition sont plus que jamais gâchés, fragilisés, menacés. L’accès de tou·te·s à la culture, essentiel au projet républicain, est condamné. Notre constat : l’art et la culture saccagés par l’argent-roi DOCUMENT DE TRAVAIL La culture livrée à la loi du profit Depuis une trentaine d’années, les arts et la culture subissent l’emprise du mar- ché, la loi de la rentabilité et le règne de la finance. Dans les établissements culturels, la politique du chiffre et la logique commerciale dénaturent les missions de service public. Dès qu’elles le peuvent, de grandes entreprises mondiales – comme Vivendi, Sony, Apple, Pinault, LVMH… – s’approprient notre culture. Ces multinationales traitent l’art comme un banal bien de consommation en s’abritant derrière un discours trom- peur de partage. En réalité, pour elles, la culture doit être rentable, peu importe si certain·e·s en sont exclu·e·s. De plus, derrière le discours de « bienveillants mécènes », la spéculation sur les œuvres d’art s’étend. Tableaux de Gauguin, planches de Tintin, chansons de Brassens… l’art demeure le trophée des riches et un placement plus rentable que la Bourse. Comble de cynisme : le pillage et la spéculation sur les œuvres volées dans les zones de guerre, comme à Palmyre, au Mali ou à Alep, transitent par de discrets « ports francs » du Luxembourg, de la Belgique ou de la Suisse, par les salles de vente ou en ligne, et finissent dans les coffres de collectionneurs argen- tés. Et tout ceci, sans payer d’impôts ! En parallèle, l’inégal accès à la culture se perpétue. Seulement 25 % des ouvrier·e·s, en regard de 60 % des cadres, vont au musée dans l’année. Les lieux de culture se raréfient et se concentrent dans les métropoles, laissant des « déserts culturels » sur notre territoire. Ces déserts culturels s’étendent dans les banlieues et les villages : 400 « maisons de la presse » ont disparu chaque année pendant cinq ans en France. La découverte du patrimoine et l’accès de tou·te·s aux arts et à la culture ne sont plus des priorités politiques. Accès et pratique des arts restent par ailleurs marqués par des discriminations sexistes, racistes ou handiphobes. D’un côté, la consommation de masse de « produits culturels » jetables, de l’autre, les plus aisé·e·s se réservant les visites fréquentes et l’art « savant ». Avec la com- plicité de certain·e·s élu·e·s, elles et ils s’approprient le patrimoine de la Nation comme la Bourse de commerce (futur musée Pinault), le bois de Boulogne (musée LVMH) et – si l’on n’y prend garde – l’Hôtel de la Marine à Paris. Même les photos de monuments comme le château de Chambord ou la Tour Eiffel sont privatisées ! 7 8 La révolution numérique, menée sans aucune régulation, amplifie encore tous ces phénomènes et fragilise les mécanismes publics de filière tels que le livre ou le cinéma. L’art de se soumettre à l’ordre marchand À l’ère du consumérisme, on vend la culture comme un simple produit, on en fait de la pub, partout et tout le temps. Picasso comme marque de voitures, Vermeer pour vendre des yaourts, Prokofiev pour des parfums, etc. Comme tout le reste, la culture est engloutie et dévoyée. Elle devient un terrain clé pour gagner de l’argent, et dans le même temps, elle est instrumentalisée comme puissant levier de consentement à l’ordre marchand du monde. Le marketing, maintenant intensif et ciblé sur les outils numériques, accompagne le flux de « produits culturels ». Il prétend au pluralisme et à la liberté de choix. Pourtant, il n’engendre pas l’indépendance d’esprit mais une culture de masse homogène. Il est une propagande. Cet usage de l’art permet de formater les comportements. Il facilite l’amnésie, la confusion et la passivité dans les têtes. Il valorise la consommation plutôt que la compréhension, l’accumulation et non l’ex- pression, l’obéissance plutôt que l’insoumission. Il sert les ventes et les produits plutôt que de toucher les âmes et susciter les pensées. Utiliser la création comme ça, c’est de l’art-naque ! L’Europe actuelle casse la culture L’Union européenne (UE) et le libre-échange commercial de l’OMC contribuent à ces régres- sions. L’UE a libéralisé les politiques culturelles, par exemple l’éducation artistique, les droits d’auteur·e, la concentration dans quelques multi- nationales… Derrière les grands dis- cours, l’UE se moque du dialogue entre les peuples et ne se soucie que de la privatisation des poli- tiques culturelles. Notre constat : l’art et la culture saccagés par l’argent-roi Auteure : Danièle Atala DOCUMENT DE TRAVAIL L’austérité budgétaire européenne ruine la culture. Les budgets culturels sont toujours les premiers touchés. En Espagne ou en Grèce, les musées ferment, faute de moyens. En France, les gouvernements ainsi que les collectivités locales, LR et PS, ont limité et réduit tous les mécanismes de soutien à la culture. Ils ont abîmé les lieux garantissant l’accès de tou·te·s aux arts. La culture est redevenue le parent pauvre des politiques publiques. Plus de 100 festivals à travers le pays ont été annulés, en 2016, pour répondre aux diktats budgétaires de Bruxelles. Les coupes ont aussi concerné les musées. L’éducation artistique est réduite à peau de chagrin et les écoles d’art sont fermées ou au mieux négligées. Les conservatoires sont délaissés ou ne garantissent plus un accès équitable aux musiques classiques et contemporaines. La plupart des artistes sont de plus en plus renvoyé·e·s à la marge et précarisé·e·s. Tou·te·s n’ont plus alors qu’à se tourner vers les sponsors et « mécènes », c’est-à- dire la loi de quelques grands patrons. À eux, alors, de choisir le programme des expositions et les priorités pour rénover le patrimoine. Ce n’est pas par hasard que le Grand palais expose les valises de Louis Vuitton ! Pourtant, la culture résiste encore et toujours ! La résistance existe : résistance aux restrictions, aux contraintes imposées par l’état d’urgence et ses mesures sécuritaires. Celles-ci privent les artistes de lieux, de publics, et en conséquence de revenus. Résistance à l’ignorance et à l’ordre moral, alors que les réactionnaires de tous bords tentent de ressusciter « l’outrage aux bonnes mœurs ». Résistance enfin au consumérisme, à la sélection par l’argent, à l’abrutisse- ment de la pub et de la télé. Les musées, les bibliothèques, les festivals restent des repères dans une époque sombre. De nouveaux lieux culturels alternatifs, par- fois déployés sur internet, sont de vrais creusets d’éducation populaire. Beaucoup se battent pour accueillir le plus large public. Beaucoup sont des lieux d’invention qui créent de nouveaux espaces possibles, comme les réseaux d’éditeurs et de libraires indépendants. Ces alternatives vont de pair avec un soutien actif à la francophonie, partout où, contre un « globish » invasif, la langue française véhicule la diversité culturelle et l’indépendance, inséparables des valeurs républicaines. 9 10 Notre projet : que chacun s’émancipe par la culture Auteur: Darri 11 12 DOCUMENT DE TRAVAIL Notre projet : que chacun s’émancipe par la culture L a culture repose sur l’intelligence humaine de chacun·e : ne réservons pas la culture à quelques- un·e·s ! L’art et la culture sont essentiels à la vie, ils en sont indissociables. Ils sont au cœur de notre projet de civilisation, parce que chacun·e doit pouvoir manifester son existence, sa créativité, ses uploads/Societe et culture/ livret-culture-la-france-insoumise-jean-luc-melenchon.pdf

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