1 Revue de Nouvelle Acropole n° 215 – Janvier 2011 Sommaire • ÉDITORIAL : Faut-
1 Revue de Nouvelle Acropole n° 215 – Janvier 2011 Sommaire • ÉDITORIAL : Faut-il attendre la tyrannie pour philosopher ? • SOCIÉTÉ : Peut-on s’inspirer des valeurs anciennes pour vivre aujourd’hui ? • SAGESSES : Éveiller son potentiel c’est possible • RENCONTRE AVEC Ariane Buisset : quelle place la femme a-t-elle dans les religions ? • QUESTION PHILO : Peut-on apprivoiser la solitude ? • VIENT DE SORTIR : L’arbre, un symbole universel La revue Acropolis sur le thème Éveiller son potentiel est sortie en septembre. C’était le dernier numéro imprimé sur papier. Mais la revue ne s’arrête pas… Au contraire ! Vous lisez ici notre premier numéro de la revue en format digital qui pourra être diffusée plus largement car il est facilement accessible et gratuit. Et pour les nostalgiques de l’imprimé…. chaque mois de septembre, nous publierons un recueil des meilleurs articles et un dossier spécial qui les gratifieront de leur fidélité. Nous comptons sur votre regard pour nous aider à enrichir la revue de vos observations et des sujets qui vous intéressent. Cette nouvelle formule électronique nous rend plus libre puisque l’espace digital est virtuel : elle nous permettra de mettre en ligne des articles plus actualisés et plus fournis, au fur et à mesure des numéros. Au-delà des supports, la préoccupation des hommes reste la même. Une première ! La revue Acropolis électronique 2 Éditorial Faut-il attendre la tyrannie pour philosopher ? Par Fernand SCHWARZ Président de la Fédération Des Nouvelle Acropole L’idée qu’il est possible à chacun d’examiner sa propre vie en se posant des questions atemporelles universelles continue à être aussi révolutionnaire qu’à l’époque de Socrate. L’expérience du siècle dernier avec ses systèmes totalitaires, mais aussi du nôtre, démontre qu’un pouvoir politique qui se considère lui-même comme l’incarnation d’une idéologie et comme le sommet de la pensée, ne peut pas tolérer la pensée philosophique. Mais la philosophie a survécu à ses martyrs comme à ses persécuteurs. Plusieurs régimes aujourd’hui, certains athées et d’autres religieux, tous pensant vivre dans la «vérité», empêchent les uns et les autres de se poser les bonnes questions. Mais la philosophie de l’histoire démontre que ce manque d’acceptation de leurs propres contradictions est remis en question car il conduit inexorablement la société vers sa propre décadence. N’oublions pas que, par le passé, que des milliers de personnes et philosophes ont agi en silence, encerclés par des sociétés fermées. Nous voulions tous simplement rendre hommage à leur ténacité et leur confiance en l’âme humaine. Ils furent, consciemment ou non, le relais qui à travers des formes non-violentes sut, à un moment donné, faire pencher la balance de l’Histoire. Toute forme de fondamentalisme, c’est-à-dire la politisation de la religion ou l’idéologisation de la tradition n’est qu’une attitude défensive face au pluralisme et à la réflexion philosophique. Les périodes d’anxiété encouragent la voie socratique de la philosophie qui devient de plus en plus nécessaire et rendent ceux qui vivent sous la tyrannie, plus particulièrement réceptifs à ses leçons. Au-delà de l’apparence et des discours ses enseignements apportent un précieux sens de la réalité. Dans notre propre société, nous ne sommes pas exemptés de l’emprise de nos propres «fondamentalismes», ceux de la consommation et de la superficialité. N’attendons pas l’arrivée des vraies tyrannies pour philosopher ! 3 Société Peut-on s’inspirer des valeurs anciennes pour vivre aujourd’hui ? Se réenraciner pour le futur Par Fernand SCHWARZ Président de la Fédération Des Nouvelle Acropole Rendre le monde habitable. Telle était la quête des Égyptiens que nous rappelle Fernand Schwarz, auteur de Maât, Égypte, miroir du ciel, paru en 2009. Il s’agit de s’inspirer des valeurs et racines du passé afin de les réactualiser à l’aide des apports contemporains. Une nécessité pour la société actuelle en panne de valeurs. L’époque est révolue où le progrès n’apparaissait possible qu’à condition de faire table rase de tout ce qui nous avait précédé. Nous savons qu’on ne peut créer ex nihilo et que le tenter entraîne l’humanité sur le chemin de l’auto-mutilation et de l’auto-destruction. Il nous apparaît que le seul moyen que nous ayons aujourd’hui de fonder un avenir qui ne soit ni une régression aveugle vers la barbarie ni une tentative désespérée d’arrêter l’Histoire au nom d’un passéisme stérile consiste à nous réconcilier avec nos racines, à les reféconder et les réactualiser à l’aide des apports des sciences contemporaines. Réviser nos connaissances et nos idées ? Notre époque a dégagé, tant au niveau des sciences exactes que des sciences humaines comme la psychologie et l’anthropologie, des moyens que l’humanité a peu, voire jamais connus. Ces découvertes, inestimables, sont cependant insuffisantes, telles quelles, pour répondre aux besoins d’aujourd’hui. Disparates, elles doivent être intégrées dans un ces ensemble cohérent ; il nous faut par ailleurs trouver les moyens de transformer apports en comportements efficaces, tant individuels que collectifs. Afin de mieux comprendre la réalité et de mieux agir sur elle, nous avons accepté de réviser des idées reçues sur le fonctionnement de l’univers, sur l’origine de l’homme, sur la biologie et la santé... Aujourd’hui, après la crise financière qui a secoué toute la planète, le réchauffement du climat et ses conséquences sur l’écosystème, face au désarroi dans lequel sont plongées les sociétés occidentales pour aménager une société 4 habitable et harmonieuse, nous devons accepter de réviser nos idées sur le mode de fonctionnement des sociétés humaines. La situation actuelle du monde exige de nous une refonte complète de notre grille de lecture de la réalité. Nous constatons en effet que l’école ne prépare plus à travailler ni à penser, que la famille ne prépare plus à une vie affective épanouie qui ouvre sur les autres, que la société n’inspire plus un comportement civique et que les religions défendent davantage leur chapelle que l’éthique. Revenir à la notion du sacré Depuis quelques décennies, un certain nombre d’idées reçues sur le fonctionnement de la société ont été balayées par les résultats des dernières recherches en sciences humaines. Notamment celles qui concernent le fonctionnement des sociétés traditionnelles et la fonction du sacré dans les sociétés humaines en général. Ces nouvelles connaissances nous amènent à nous interroger et à revoir nos idées sur les notions de tradition, de spiritualité, d’intériorité, d’initiation, de rite, de symbole et de mythe, de hiérarchie, d’honneur, de dévotion, de foi. Nous avons en effet la surprise de constater que ces principes, loin de contrevenir aux notions de liberté, de respect, d’autonomie et de développement de l’individu, les servent, tout comme elles servent une vie collective elle-même au service de la justice. Ce n’est pas sans raison que tant de chercheurs contemporains — comme le psychologue Carl G. Jung ou le physicien Fritjof Capra (1) — se sont inspirés ou s’inspirent de ces civilisations et de leurs traditions, donnant ainsi une nouvelle actualité à des sociétés dont on pensait qu'elles ne pouvaient rien nous apporter. Parce que nous avons accepté de réviser nos idées reçues dans les domaines de la physique ou de la biologie, notre vie en a été changée. Les découvertes qui ont suivi ont trouvé d’innombrables applications dans la vie quotidienne et le fonctionnement de notre société, apportant un changement profond et accéléré de notre environnement : confort décuplé, longévité accrue, etc. 5 La société contemporaine en panne ? Malheureusement, dans le domaine qui nous intéresse, celui de l’apport des sociétés traditionnelles au fonctionnement de la société contemporaine, nous sommes en défaut. Nous ne développons pas les comportements ou les idées qui pourraient nous aider à mieux gérer les rapports humains dans notre société. L’apport de ces sociétés traditionnelles, longtemps décriées, est fondamental dans le domaine de la transmission des connaissances et des comportements. Domaine particulièrement sensible à l’heure actuelle où la rupture entre les générations s’accentue et alors que le déficit d’éducation n’est ignoré de personne. Au cœur de nos sociétés, des réseaux entiers permettant la régulation et la formation sont en panne. Une révision urgente des idées reçues sur la question s’impose, à la lumière de l’héritage que nous ont légué les cultures et civilisations qui ont dû leur réussite au savoir-faire dans l’art de la transmission. Un des grands défis du XXIe siècle consistera à rendre le monde habitable et à trouver un fonctionnement social qui permette de vivre les valeurs de solidarité et de fraternité. Le changement radical de notre regard sur le monde et le balayage des idées reçues que nous devons à la science sont restés stériles au niveau des comportements. 6 Si, paradoxalement, nous sommes plongés dans une barbarie croissante, c’est que nous ne parvenons à transmettre et à diffuser ces découvertes, ni au niveau du savoir collectif, ni au niveau de la sensibilité et des mœurs. L’existence d’un pareil fossé entre la connaissance et la vie quotidienne est due à la nature de l’univers culturel qui est le nôtre et qui a dissocié le savoir-être du savoir-faire, la pensée de l’action. Se réapproprier les valeurs des Anciens Aussi avons-nous tout intérêt à essayer de comprendre comment les Anciens ont réussi à transmettre la conscience en même temps que uploads/Societe et culture/ revue-acropolis-215.pdf
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- Publié le Aoû 19, 2022
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