1 Changements dans le lexique : figement, lexicalisation, catachrèse Michelle L

1 Changements dans le lexique : figement, lexicalisation, catachrèse Michelle Lecolle (Université Paul Verlaine, Metz, EA 1104 CELTED) Sarah Leroy (UMR 7114 MoDyCo, Université de Nanterre – Paris X) 24 juin 2005 Institut d’anglais Charles V de l’Université Paris 7 10 rue Charles V, 75004 Paris – oOo – Programme 09h00 – 09h30 Michelle Lecolle & Sarah Leroy Présentation 09h30 – 10h30 Laurent Perrin (Université Paul Verlaine, Metz, EA 1104 CELTED) Dénomination auto-délocutive et formation du lexique 10h30 – 11h00 Pause 11h00 – 12h00 Jérôme Cabot (Centre Universitaire Jean-François Champollion, Albi) Figements, discours rapportés et personnage romanesque 12h00 – 13h00 Sylviane Rémi-Giraud (Université Louis Lumière, Lyon II, UMR 5191 ICAR) Métaphore et figement 13h00 – 14h30 Déjeuner 14h30 – 15h30 Injoo Choi-Jonin (Université du Mirail, Toulouse II, UMR 5610 ERSS) De la grammaticalisation à la lexicalisation : le cas du verbe ci-ta en coréen 15h30 – 16h30 Philippe Gréa (Université Nancy II, UMR 7114 MoDyCo) & Dominique Legallois (Université de Caen, FRE 2805 CRISCO) La question du figement et de la grammaticalisation dans le cadre des linguistiques cognitives – oOo – Contacts lecolle@univ-metz.fr sarah.leroy@u-paris10.fr http://infolang.u-paris10.fr/modyco/agenda.cfm Journée organisée avec le soutien de l’association Conscila et de l’UMR CNRS 7114 MoDyCo 2 Présentation générale Les notions de figement et de lexicalisation sont convoquées à différents titres par des études linguistiques s’intéressant, dans des perspectives variées, à la néologie, aux unités polylexicales (noms composés, locutions verbales), à la phraséologie et aux proverbes, au cliché et à la citation… Cette diversité même, et l’existence d’une importante bibliographie en montrent tout l’intérêt. Ces notions renvoient à l’installation en langue d’une séquence discursive. C’est pourquoi il est légitime de les rapprocher de la notion rhétorique de catachrèse, qui renvoie à la fixation du sens tropique d’une unité par son intégration dans le lexique. De fait, les notions de lexicalisation, figement et catachrèse relèvent toutes trois de la description des processus de changements dans le lexique, et donc de faits de diachronie. Mais les termes désignent également les « résultats » de ces processus, susceptibles de former des observables linguistiques. À ce titre aussi, et en dépit de leur irréductible différence, les termes peuvent être comparés, sous certains angles : le lien entre le figement d’une séquence et sa dimension figurative est par exemple souvent souligné. Au contraire, l’arbitraire de la forme figée ou lexicalisée s’oppose à la motivation sémantique de la catachrèse… Cette journée se donne pour objectif d’appréhender par la confrontation la manière dont les sciences du langage, entendues dans une large extension (grammaire, lexique, études discursives ou rhétoriques), se saisissent de ces termes, et comment elles emploient ces notions pour décrire des phénomènes qui s’avèrent être assez divers. Nous poursuivons ainsi trois objectifs, traités de façon centrale ou liminaire dans les différentes communications : 1. Description des faits de fixation – approches discursives Il s’agit tout autant d’aborder la description et l’analyse des formes abouties de figement, lexicalisation et catachrèse que les processus qui y conduisent, ou encore leurs effets (sémantiques, cognitifs, argumentatifs, stylistiques…) éventuels. Dans cet esprit, on peut chercher à cerner l’émergence de dénominations ou de formules dans une « diachronie immédiate », inscrite dans des espaces contextuels donnés, ou encore à évaluer l’effet de l’emploi du figé sur les représentations de son auteur. Les aspects processuels de la fixation à travers la circulation des discours sont alors particulièrement interrogés. 2. Questions épistémologiques et définitoires Il s’agit de clarifier l’emploi des termes qui forment l’intitulé de la journée, les notions qu’ils recouvrent étant en effet loin d’être totalement stabilisées. Outre les rattachements « historiques » de telle appellation à telle théorie précise (comme l’emploi spécifique et préférentiel de figement dans les approches du lexique-grammaire), on peut relever par exemple que, pour certains linguistes, les notions de figement et de lexicalisation sont interchangeables, tandis que pour d’autres, l’un (le figement) est un indice de l’autre (la lexicalisation), envisagée alors dans un sens différent. Celle-ci peut alors être considérée comme favorisant le figement. De même, catachrèse peut connaître deux acceptions. Dans l’une d’entre elles, elle recoupe lexicalisation et même figement (dans une de leurs acceptions également) : on parle parfois aussi bien de « métaphore lexicalisée », ou « figée », que de « catachrèse ». En revanche, dans son acception (proprement rhétorique) « d’abus », la catachrèse se distingue nettement des autres termes ; elle peut toutefois rejoindre la question de la lexicalisation, lorsque celle-ci est explicitement rapportée à la dénomination. Sans prétendre à une normalisation terminologique, on se propose de tracer les limites et les zones de chevauchement des domaines recouverts par ces termes, et ainsi de construire les outils de description des multiples réalisations qui articulent et font interagir le discours et le lexique. 3 3. Situation des notions vis-à-vis de notions liées (grammaticalisation, tropes…) et de théorisations générales et englobantes. Il s’agit de décrire comment les notions de lexicalisation, figement et catachrèse s’inscrivent dans des oppositions qui révèlent aussi de nombreux recoupements et de multiples « points aveugles » : si d’une part, en tant que procédés de fixation, on les oppose à tout ce qui est « libre » (le discursif vs le niveau de la langue, l’extralinguistique vs le proprement linguistique, le figural vs le lexical, le singulier vs le collectif etc.), d’autre part on trouve d’autres grandes catégories de distinctions, telles que celle qui oppose les processus de la lexicalisation et de la grammaticalisation (elle-même parfois appréhendée sous le terme de figement). Ces questions pourront de plus fournir l’occasion d’interroger l’emploi, ou au contraire l’exclusion, de ces notions par telle ou telle théorie linguistique. Plus généralement, c’est d’une part la dialectique entre tous les niveaux s’étageant du « préformé » à la création individuelle dans le discours, et d’autre part la présence permanente du diachronique au sein même du synchronique qui seront interrogées, à travers différents niveaux d’analyse : théorie linguistique, langue, discours, interdiscours. – oOo – Résumés des communications 09h30 – 10h30 : Laurent Perrin (Université Paul Verlaine, Metz, EA 1104 CELTED), Dénomination auto-délocutive et formation du lexique. On sait d’expérience que les expressions lexicales sont parfois des constructions toutes faites, préalablement mémorisées par les sujets parlants (et recensées dans les dictionnaires), même si l’on sait aussi qu’elles relèvent toujours, au moins diachroniquement, de significations construites et interprétées en contexte. Les expressions lexicales à la fois s’opposent (synchroniquement) et néanmoins proviennent (diachroniquement) d’opérations ou interprétations sémantico-pragmatiques idiomatisées, de figures plus ou moins figées et finalement lexicalisées, sous forme de nouvelles dénominations. Toute la difficulté, en ce qui concerne le lexique, consiste à prendre en compte cette double dimension sémantique qui ne se réduit pas aussi simplement (on le sait aussi) à une opposition entre perspectives diachronique et synchronique. Or la plupart des théories contournent ou évitent cette difficulté d’une façon ou d’une autre. Nous ne nous attarderons pas ici sur les analyses dites constructivistes, qui réduisent le sens à une pure construction en contexte, jusqu’à récuser la notion même de dénomination linguistique. Les approches comme celle de Cadiot et Nemo (1997) sont essentiellement centrées sur ce qui est construit, interprété, au détriment de ce qui est mémorisé dans la signification lexicale. Quant aux approches plus classiques, à l’inverse des précédentes, elles font au contraire la part belle à ce qui est codé, mémorisé dans le lexique. L’inconvénient de l’approche de Kleiber (2001), par exemple, est de laisser supposer que le sens lexical émerge ou bascule diachroniquement dans la langue sous la forme de dénominations immédiatement abouties. Les relations dénominatives selon Kleiber exigent certes un acte de baptême inaugural ou une habitude instaurant une association conventionnelle durable entre une unité linguistique et un concept général (c’est-à-dire une catégorie), mais cet acte inaugural ou habituel est toujours vu au passé, comme ayant déjà eu lieu, plutôt que comme en marche, en train de se produire. Rien n’est dit de la façon dont cet acte inaugural ou l’habitude qui s’ensuit, avant d’aboutir à la création d’une nouvelle dénomination, passe forcément par un stade transitoire, entre fait interprétatif et catégorisation sémantique. Tout se passe ici comme si les significations lexicales avaient émergé subitement et ne pouvaient avoir été d’entrée de 4 jeu que parfaitement détachées des conditions sémantico-pragmatiques dont elles sont issues. On a beau chercher chez Kleiber, on ne trouvera rien sur les expressions en cours de lexicalisation, sur les dénominations inabouties, ou émergentes, sur les unités lexicales qui ne sont encore que virtuelles, et pour autant ne sont déjà plus de simples figures vives associées à un sens construit (compositionnel). En quoi consistent les dénominations qui n’en sont pas encore, ou tout au moins pas intégralement ? L’objectif de cette présentation sera de montrer que les idiomatismes, les constructions plus ou moins figées, catachrèses et autres figures de rhétorique en voie de lexicalisation, correspondent à des unités lexicales inachevées, à des dénominations émergentes, dont la signification consiste à faire allusion à un fait de parole dont elles sont issues. Nous ferons l’hypothèse que ces expressions intègrent systématiquement à leur signification – encore que plus ou moins ostensiblement et uploads/s3/ toke-programmeetresumesconscila.pdf

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