L'hétérogénéité compositionnent du discours quelques remarques préliminaires La
L'hétérogénéité compositionnent du discours quelques remarques préliminaires Laurent Filliettaz et Anne Grobet Université de Genève <laurem. filliettaz <*lettres.unigc.ch> <anne.grobet@ lettres.unige ch> I Introduction 2. Les notions de type de discours et de séquence discursive dans un modèle d'analyse du discours 2.1. Types et genres de discours 2.2. Séquences discursives et .séquences minimales 2.3. Synthèse ; une première définition de la problématique compositionnelle 3. La dimension compositionnelle : une approche de l'hétérogénéité discursive 4. Discussion de quelques problèmes 4.1. Le mythe de l'étanchéité séquentielle 4.1.1. L'influence duco-texte 4.1.2. L'influence du contexte 4.2. le statut de la séquence dialogiquc 4.2.1. Le traitement du dialogue romanesque dans une perspective séquentielle 4.2.2. Vers un traitement non séquentiel du dialogue 4.3. IJCS limites du repérage séquentiel par les marques formelles 4.4. Le problème de la variation des séquences discursives 4.4.1. Types de discours et séquences discursives 4.4.2. Une approche référenticlle des types de discours 4.5. IJI complexité de la problématique compositionnelle 5. Synthèse : les objectifs d'une approche modulaire de l'hétérogénéité compositionnelle du discours 5.1. L'analyse micro-compositionnclle 5.2. L'analyse générique 5.3. L'analyse macro-compositionnclle 'Les réflexions présentées ici constituent le développement d'un article qui sera publié en allemand sous le titre "Die Heterogenitlit der Texte : Einigc Fragen" (à paraître». Ce travail a été réalise dans le cadre d'un programme de recherche dirigé par Eddy Roulet et finance par le Fonds national de la recherche scientifique sous le numéro de requête 121-»- 043I4S.9S Nous tenons par ailleurs à remercier Jean-Paul Bronckart. Jacques Mocschicr et Kirsten Adamzik pour leurs points de vue éclairants sur les problèmes traités ici et pour les discussions enrichissantes que nous avons pu avoir avec eux. 214 Cahiers de Linguistique Française 21 1. Introduction L'étude systématique des différents plans d'organisation du discours* se trouve inévitablement confrontée à la question des types de textes ou de discours, question qui depuis des décennies n'a cessé de nourrir la ré- flexion, non seulement dans le champ de la linguistique textuelle, mais, de façon plus générale, dans l'ensemble des disciplines adoptant tomme objet d'étude les productions langagières dans une perspective psychosociale. Plus concrètement, la question des "typologies textuelles'' conduit d'em- blée à dégager deux problématiques qui. comme nous le montrerons par la suite, doivent être étudiées de façon conjointe sans toutefois être confondues : • Devant l'infinie variété des productions langagières (qu'il s'agisse de discours monologiqucs écrits ou d'interactions verbales), il est évidem- ment nécessaire de mettre en lumière des structures stables et récurrentes, mais, comme le rappelle Kerbrat-Orccchioni, il est également légitime de ne pas perdre de vue les contraintes génériques qui pèsent sur les dis- cours et qui permettent de les différencier dans une typologie : Il revient donc à la théorie des interactions de s'intéresser non seulement aux règles communes à tous les types d'échanges, mais aussi aux caractéristiques propres à chaque "jeu de langage" particulier - et au préalable, de procéder a l'inventaire ci au classement de ces différents jeux de langage. (1990, III) A ce niveau, on est donc prioritairement confronté à la probléma- tique du classement des productions langagières et au repérage des critères qui permettent de les distinguer. • Parce qu'un texte empirique relève rarement d'un type discursif unique et homogène, il est fondamental de rendre compte de sa structure com- positionncllc. En effet, comme n'ont pas manqué de le relever Bronckart < 1996), Adam (1992) ou encore Roulct (1991b). les textes empiriques se composent souvent de segments discursifs distincts (narratifs, délibératifs, descriptifs, etc.), si bien qu'une étude de l'organisation du discours ne peut en aucun cas faire l'économie d'une réflexion portant sur l'hétérogénéité compositionnclle des productions langagières. A ce :Voir notammcnl Roulet 1991a. 1995b. 1997a et 1997c. Laurent Fillietiaz et Anne Grobet 215 niveau, on ne vise pas à classer des discours, mais à décrire, sous un as- pect particulier, leur complexité constitutive. C'est donc principalement à l'examen de cette double problématique du classement des productions langagières et de leur hétérogénéité com- positionnelle interne que seront consacrés plusieurs articles de ce fascicule (Grobet 1999. Filliettaz 1999 et Kuyumcuyan 1999). Parce qu'une telle démarche revient dans une large mesure à convoquer une fois encore des questions largement débattues dans des disciplines connexes comme la linguistique textuelle, la sociolinguistique. la psycholinguistique et la didactique, il nous semble nécessaire, avant toute chose, de préciser à la fois le champ notionnel auquel nous aurons recours et le grain d'analyse qui constituera notre observable. En effet, ce qui ne manque pas d'étonner (voire de dérouter) celui qui tente d'approcher par l'abondante littérature existante la question des typologies textuelles ou discursives, c'est incontestablement l'extrême diversité des notions développées et la multiplication terminologique qui en résulte. Ainsi, pour désigner sous un aspect ou un autre le "discours narratif*, on dispose d'un nombre impressionnant de concepts théoriques qui, bien que relevant de postures épistémologiques très diverses, ne manquent pas de se recouper partiellement : monde raconté (Weinrich 1973). ordre du raconté (Bronckart 1996). séquence narrative (Adam 1992, Roulet 1991b), narration (Vincent 1996, Bronckart 1996, Genette 1972), relation de narration (Mocschler 1996a), architype narratif (Bronckart 1996), prototype de la séquence narrative (Adam 1992), récit (Genette 1972, Kcvaz 1997, Gcrvais 1990), récit minimal (Labov 1978). La simple évo- cation de ces "étiquettes terminologiques" laisse entrevoir des différences importantes entre les divers auteurs, différences qui portent non seulement sur la taille des unités observées mais surtout sur la nature des entités théoriques auxquelles elles sont assimilées. En effet, on constate que la notion de narration peut être ramenée aussi bien à une relation de discours (Moeschlcr 1996a), qu' à un segment textuel empirique (Bronckart 1996, Adam 1992, Vincent 1996. Roulet 1991b. etc.), à une activité énoneiative (Genette 1972) ou encore à des représentations d'ordre psychologique (notion de prototype pour Adam 1992 ou d'architype psychologique pour Bronckart 1996). 216 Cahiers de Linguistique Française 21 De cette hétérogénéité conceptuelle résulte la nécessité d'expliciter le plus clairement possible le positionnement de notre démarche, et ce sera précisément l'objectif majeur de cet article que de saisir, au moyen de quelques remarques préliminaires, le grain d'analyse et le champ notion- nel pertinent de la problématique compositionnelle. Pour ce faire, nous évoquerons brièvement quelques propositions théoriques émanant de différentes disciplines, ce qui nous permettra de préciser nos objectifs (2.), puis nous reviendrons rapidement sur les propositions de Roulet (1989. 1991a et b) portant sur l'hétérogénéité discursive cl constituant par là même le point de départ de la présente étude (3.). Une discussion de quelques problèmes rencontrés par ce modèle (4.) nous permettra alors d'expliciter les objectifs majeurs d'une analyse compositionnelle dans la perspective plus vaste d'une approche modulaire de l'organisation du discours (5). En effet, les questions liées à l'hétérogénéité composition- nelle des productions langagières constituent dans notre approche une problématique spécifique qui ne saurait à elle seule recouvrir l'ensemble des mécanismes qui sous-tendent la complexité discursive. C'est pourquoi il nous paraît également important de situer en dernier lieu cette problématique par rapport aux divers systèmes d'informations, simples ou complexes, qui interviennent dans l'organisation du discours. 2. Les notions de type de discours et de séquence discursive dans un modèle d'analyse du discours Aborder la question de l'hétérogénéité compositionnelle des productions langagières implique minimalement la formulation d'hypothèses portant sur les unités séquentielles et les entités notionnelles qui sont à la base de cette problématique. En nous appuyant sur divers travaux que nous évo- querons sommairement (Bronckart 1996, Adam 1992). il nous semble que c'est autour des notions de type de discours et de séquence discursive qu'un cadre théorique apte à rendre compte de certains as- pects de la complexité du discours peut être construit. Cependant, comme nous l'avons rappelé dans l'introduction, ces options terminologiques ont fait l'objet d'appropriations diverses, si bien qu'un effort préalable d'explicitation paraît nécessaire. Dans une volonté de circonscrire les contours des notions de type de discours et de séquence discursive, nous mettrons successivement ces Laurent Filliettaz et Anne Crobet 217 concepts en rapport avec les notions de genre de discours (2.1.) et de séquence minimale (2.2.). C'est au terme d'une telle démarche prélimi- naire que nous serons en mesure de préciser le grain d'analyse de la pro- blématique compositionnelle et que nous pourrons commencer à poser plus clairement les enjeux liés à son étude. 2.1. Types et genres de discours Sous des appellations certes très variables et malheureusement contradic- toires semble se dessiner, dans les divers courants linguistiques portant de près ou de loin sur la problématique de l'hétérogénéité discursive, un large consensus autour de la nécessité de distinguer clairement la notion de genre discursif de celle de type de discours. Ainsi, lorsqu'il s'agit d'étudier des productions langagières effectives comme des fables ou des nouvelles, ne faut-il pas confondre les considérations portant sur leurs déterminations génériques (le fait d'être une fable ou une nouvelle) avec la question des types discursifs que celles-ci articulent (le fait de comporter des segments narratifs, descriptifs ou encore délibératifs). C'est du moins à cette position que souscrit clairement Adam dans son élude des "textes" (1992), où il commence par opposer la probléma- tique bakhtinienne des "pratiques discursives" uploads/s3/ types-et-genres-de-discours.pdf
Documents similaires










-
44
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mar 22, 2021
- Catégorie Creative Arts / Ar...
- Langue French
- Taille du fichier 6.1154MB