Revue Socialiste La 52 Le FN passé au crible 4e trimestre 2013 2 Sommaire Edito

Revue Socialiste La 52 Le FN passé au crible 4e trimestre 2013 2 Sommaire Edito Harlem Désir, La République face aux extrémismes… ……………………………………………… p. 5 Alain Bergounioux, Front national. Un pour le prix de deux… ………………………………………… p. 11 Quatre perspectives Nonna Mayer, « Marine Le Pen fait ses meilleurs scores chez les ouvriers, dont un tiers dit avoir voté pour elle »……………………………………………… p. 15 Sylvain Crépon, Le Front national, éternel « centre de gravité » de la vie politique française ?… p. 19 Gaël Brustier, Contribution à une analyse de la « droitisation »… ……………………………… p. 27 Gilles Ivaldi, « Le mouvement à gauche opéré par le FN participe d’une évolution vers un “populisme de crise” »… …………………………………………………… p. 33 Éclairages Jérôme Fourquet, Le FN face aux contradictions internes de son électorat ………………………… p. 45 Sarah Proust, Argumenter contre le Front national, c’est démonter la mécanique du discours frontiste … ……………………………………………………………… p. 49 Nicolas Lebourg, Appareil et équilibres du Front national …………………………………………… p. 53 3 Sommaire Guillaume Bachelay, Sortie de l’euro et autarcie économique : le programme du FN est anti-emploi, anti-croissance, anti-entreprises, anti-pouvoir d’achat…………… p. 59 Axelle Lemaire, Front national et droits de l’homme : de la négation au maquillage discursif… … p. 69 Marc Coatanea, Le Front national et les questions de société : un projet réactionnaire… ………… p. 75 Magali Balent-Brisemeur, « La seule boussole du FN en matière internationale est la préservation de l’intérêt national » ………………………………………………………………… p. 79 Gaël Brustier, David Djaiz, Le PS face à la dynamique des droites : bilan et perspectives…………………… p. 83 Thierry Marchal-Beck, Laura Slimani, Quelle mobilisation des jeunes socialistes contre la droite extrême et l’extrême droite ? Décrypter, mobiliser, combattre… …………………………… p. 87 Grand texte Léon Blum, Contre le racisme… …………………………………………………………………… p. 95 À propos… Pascal Perrineau (dir.), Le vote normal, 2013 Alain Bergounioux, Un vote pas si normal…… …………………………………………………………… p. 103 À l’étranger Christophe Sente, La tentation populiste en Europe…………………………………………………… p. 109 Harlem Désir est Premier secrétaire du Parti socialiste La République face aux extrémismes1 es premiers mots qui me viennent sont d’abord merci d’être là si nombreux ; et bienvenue dans ce premier forum de l’année, ici au Gymnase Japy, lieu de mémoire du Paris populaire et engagé, qui a accueilli tant de rassemblements de gauche mais qui fut aussi un lieu d’interne­ ment des Juifs lors des grandes rafles pari­ siennes, notamment lors de la rafle du Vel d’Hiv en 1942. Les premiers mots qui me viennent, chers amis, c’est surtout : il était temps. Il était temps que les républicains fassent entendre leur voix, et c’est ce que je vois ici dans cette salle, pas seulement un forum du Parti socialiste, mais des femmes et des hommes qui veulent que la République fasse à nouveau entendre sa voix avec force. Nous sommes une majorité dans ce pays, peut- être trop silencieuse, à ne plus vouloir mettre notre drapeau de républicains dans notre poche et à ne plus vouloir assister à la propagation de L l’intolérance, de la xénophobie, de la haine dans notre pays, à ne pas supporter que chaque jour charrie son lot de déclarations nauséabondes et de désignations de boucs émissaires. Nous sommes une majorité à vouloir que la France reste la France qu’on aime et pas celle de la haine. Pour beaucoup d’entre nous, c’est un combat qui vient de loin, c’est parfois la source même de notre engagement poli­ tique et personnel, et bien ce combat est plus que jamais d’actualité. Certains fins esprits nous ont expliqué, quand nous tirions la sonnette d’alarme, que nous faisions le jeu de nos adversaires. Comme s’ils ne se nourrissaient pas de la crise et de la désespérance, comme dans les années 1930 et les années 1980, comme s’ils nous avaient attendus pour progresser chaque jour dans les sondages comme dans la société. Il est grand temps d’agir. D’autres nous disent que rappeler les valeurs de la République ne suffit pas. C’est une évidence, et le combat contre l’extrême droite doit se mener sur tous les plans, celui des réponses à la crise, celui de l’emploi, celui de l’avenir économique 6 La Revue Socialiste n° 52 - 4e trimestre 2013 La République face aux extrémismes française. C’est pourquoi nous avons voulu, avec David Assouline que je remercie d’avoir préparé ce Forum, que soient présentes ici les forces les plus diverses de notre société : des intellectuels, des syndicalistes, des acteurs des quartiers populaires, des élus locaux. C’est ensemble que nous pourrons décrypter, démasquer, dénoncer les mensonges du Front national. Et porter la riposte sur les valeurs – parce que le Front national ne sera jamais un parti comme un autre – mais aussi la riposte programma­ tique parce qu’il faut répondre sur le fond à leurs contre-vérités. Et le mensonge le plus grossier de Madame Le Pen ces derniers jours, c’est de dire que le Front national ne serait pas d’extrême droite. Quand Madame Le Pen nie être d’extrême droite, je me dis qu’il y a décidément, dans cette famille, un problème de négationnisme. Qui croit-elle abuser dans sa quête de respectabilité ? Quand un animal a un bec de canard, des plumes de canard, et fait le bruit d’un canard, il y a tout de même de fortes chances pour qu’il s’agisse d’un canard ! Alors elle peut nous menacer de procès, c’est leur conception du débat démocratique, et son père les a tous perdus quand il a lui aussi tenté de bâillonner ses contradicteurs. Mais oui, je dis qu’évidemment le Front national est un parti d’extrême droite, qui a des dirigeants d’extrême-droite et une idéologie d’extrême-droite. Je dis que c’est un parti d’extrême droite et Madame Le Pen fréquente toute l’extrême droite européenne, à commencer par celle d’Autriche lorsqu’elle va danser la valse à Vienne au bal de l’Olympia, qui de notre pays, celui de la présence des services publics sur tous les territoires, celui de l’école et de la promesse d’égalité. La diabolisation ne suffit pas davantage, et ce que nous lançons aujourd’hui porte aussi sur le nécessaire travail de déconstruction du discours, du programme, des mensonges du Front national. Mais regardez ce qui se passe en Autriche, il n’y a pas de chômage, mais l’extrême droite est là, une extrême droite qui avance sur le thème « Les Autrichiens d’abord ! » et qui pourrait un jour se retrouver au gouvernement, dans des alliances, elle y a d’ailleurs déjà été. Quand il n’y a plus les valeurs, il n’y a plus de barrière. Parce que la crise de notre époque n’est pas seulement économique, sociale, elle est aussi une crise de repères, une crise morale, une crise des valeurs. Et donc, il faut mener ce combat sur ce front aussi, celui du refus des idéologies du repli, de la désignation perma­ nente des ennemis intérieurs et extérieurs, celui des fondements de notre vivre ensemble dans la République. Léon Blum disait : « Irez-vous du côté de l’avenir ou du côté du passé, du côté de l’iniquité ou du côté de l’égalité, du côté de l’égoïsme ou du côté de la fraternité ? Vous ne pourrez pas rester neutres ; il faut vous prononcer, il faut choisir… » Alors oui, ce forum s’inscrit dans une réponse frontale au Front national, parce que je veux que face au Front national se dresse un front de tous les républicains et un front de toute la société Regardez ce qui se passe en Autriche, il n’y a pas de chômage, mais l’extrême droite est là, une extrême droite qui avance sur le thème « Les Autrichiens d’abord ! » et qui pourrait un jour se retrouver au gouvernement, dans des alliances, elle y a d’ailleurs déjà été. Quand il n’y a plus les valeurs, il n’y a plus de barrière. Parce que la crise de notre époque n’est pas seulement économique, sociale, elle est aussi une crise de repères, une crise morale, une crise des valeurs. Je dis que c’est un parti de menteurs, qui se disent sociaux auprès des ouvriers du Nord et ultralibéraux auprès des patrons du Sud et qui ne disent pas la vérité sur la ruine économique, l’explosion de chômage et d’inflation que représenterait la sortie de l’euro qu’ils proposent. Un parti qui n’a jamais défendu les conquêtes sociales du monde ouvrier et qui a toujours combattu les syndicats. 7 Édito la Collaboration, l’OAS, le poujadisme. Le Front national est l’héritier de l’extrême-droite française, il a seulement changé de vitrine pour brouiller les repères et servir une nouvelle stratégie électorale. Mais il reste toujours le même courant profondé­ ment ennemi des Lumières, un parti antirépubli­ cain, obsédé par l’origine et la religion des citoyens – l’immigré, le musulman – au lieu de fonder la citoyenneté sur l’adhésion aux valeurs et au projet républicain. Et, comme toujours dans son histoire, l’extrême droite est l’anti-France parce qu’il n’y a rien de patriote à diviser et déchirer son pays lorsqu’il doit sortir de la crise. Nous vivons un moment grave. Parce que la crise uploads/S4/ revue-socialiste-le-fn-passe-au-crible-pdf.pdf

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  • Publié le Apv 07, 2021
  • Catégorie Law / Droit
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