INTRODUCTION GENERALE A L’HISTOIRE DE L’ART Introduction L’expression « histoir

INTRODUCTION GENERALE A L’HISTOIRE DE L’ART Introduction L’expression « histoire de l’art » semble pour nous évidente, en effet il nous paraît naturel d’organiser notre pensée dans un rapport au temps (passé, présent, futur) qui nous permet d’établir une chronologie de faits, d’évènements, de techniques etc. Cette organisation du temps remonte en occident à l’antiquité et commence donc logiquement par un récit des origines du monde pour arriver à nos jours. C’est là que tout se complique, nous avons une conception rationnelle de l’histoire, que nous concevons comme une science capable de nous fournir des faits « scientifiquement prouvés » « COMMENT FAIT ON DE L’ART ? » Se poser la question : « l'art a-t-il une histoire ? » exige qu'on élucide le rapport de l'art au temps, avant de réfléchir sur cette vision du temps que nous appelons l'histoire, elle même considérée comme une « manière d’être présent », une sorte d’évènement de la culture humaine. L'art -c’est à dire « tout ce qui n’est pas naturel » dans sa dimension la plus large de production- est en effet soumis au devenir de son origine à l'historicité de sa production, qui a lieu dans un temps et dans un espace précis, résulte de l'initiative d'un agent (artisan, artiste) et dépend de circonstances précises qui sont celles de sa réalisation (pourquoi, comment)et de sa réception (succès, mode incompréhension etc…). L'art, comme production, est un événement historique. Mais le contexte de la production (pour l'art comme pour la technique) fait apparaître ce rapport au temps comme essentiel, constitutif et non pas accidentel ou contingent. (cf. digression sur la philosophie Artistotélicienne et médiévale) En effet une oeuvre d’art n’est pas un « en soi » intemporel et objectif , « passant » à travers les époques et les cultures comme une expression de la beauté éternelle : « je suis belle ô mortels comme un rêve de pierre…. » Toute production est en effet déterminée par ses conditions de réalisation effectives, qui concernent : - La civilisation qui rend cette production possible, - l'histoire des techniques et des matériaux, des savoirs-faire, - l'histoire de styles qui détermine quoi produire et selon quelles techniques (une représentation peinte d’un sujet sera différente selon l’époque et le goût de celle ci). Les conditions qui déterminent la production comprennent non seulement les conditions de réalisation effective (comment faire) mais aussi celle de leur réception. Produire, qu'il s'agisse des Beaux-Arts ou de la technique, c'est s'inscrire dans un certain moment de l'histoire du goût et de la demande. Le contexte historique de la fabrication et de l'accueil des oeuvres fait apparaître le produit comme changement, modification sur le fond permanent de la tradition (même si cette permanence est relative, et relève de la longue durée, non d'une éternité atemporelle). Cette « tradition » détermine des conditions du « faire » (matériau, technique) mais est aussi « norme », règle, loi, « canon » à l'égard du faire. L'art est en relation avec son histoire car « produire » n’a de sens qu’en relation avec sa tradition. L'histoire apparaît alors comme le fond déterminant de l'art et son passé comme sa condition de possibilité. HISTOIRES OU HISTOIRE : QU’EST CE QUE L’HISTOIRE ? « Comme toute histoire, l'histoire de l'art a commencé par la Fable. Dans la plupart des civilisations, un mythe expose l'origine des techniques et des formes traditionnelles : dans le monde grec, le récit de Dédale sert d'introduction à toute l'architecture, celui de Pygmalion aux pouvoirs de la sculpture. À ces fables antiques, on peut rattacher une tendance encore vivace durant tout le Moyen Âge, plus encore à la Renaissance, et qui est peut-être un trait irréductible de l'esprit humain à donner un caractère héroïque ou légendaire aux nouveautés artistiques : le thème de ces récits est toujours soit la merveille des tours de force naturalistes, soit l'impertinence glorieuse des maîtres et leur non-conformisme. L'histoire de l'art, destinée à être populaire, retient avant tout les épisodes extraordinaires qui valorisent des personnalités d'exception comme Giotto, Caravage, Cézanne, Picasso. » André Chastel. Réfléchir sur le rapport que l'événement entretient avec sa tradition, réfléchir sur le rapport que le présent entretient avec son passé, c'est penser l'histoire non comme présent qui change, mais comme évolution qui dure. Or l'évolution suppose que soit déterminé le sujet de l'évolution, qu'il y ait un « même » qui change. Alors, l'historicité de l'art (comme devenir des cultures humaines) pose le problème de l'identité de cet art qui change, qui varie au cours de son histoire et donc exige qu'on réfléchisse le rapport de l'histoire de l'art et l'histoire générale de la culture. S'il s'agit de réfléchir sur l'identité de cet art qui varie, l'histoire pose la question de l'essence. Penser l'histoire comme évolution, c'est penser le devenir d'une essence, soit fluctuation contingente autour de sa nature propre (position antique), soit développement. C'est donc ici le concept d'histoire qui est déterminant. Pour donner à "l'histoire" son sens moderne, il faut penser le développement de l’art comme une complexification, une réalisation rationnelle et effective de l'essence dans l'histoire et non comme un passage de la puissance à l’acte où la réalisation ne serait qu’une « maturation » de l'art réalisant son essence (sa nature, son type : Vasari) et où l’artiste ne serait que le technicien révélant par son travail l’œuvre préexistante « in se sed in potentia ». « Nous autres civilisations nous savons maintenant que nous sommes mortelles » écoutons cette phrase et la question devient celle du statut du des cultures. « Que devient l'art dans cette perspective ? L'histoire de l'art concerne le devenir des civilisations. Elle fait partie du devenir des sociétés humaines sans qu'on sache pour autant définir la place de l'art au sein de la culture, car le rapport entre art et culture est lui même historique. En ce sens, l’histoire de l'art est spécifiquement celle de la constitution de son concept et de l’ autonomie de celui ci en occident. Historiquement c’est au XVIIIe siècle que va se poser la question de la différence entre arts du beau (beaux-arts), arts-appliqués, art- industriel (plus tard « design »), même si ce que nous appelons aujourd'hui "art" existait bien avant de recevoir ce statut spécifique. Mais du coup, la détermination historique du concept d'une essence de l'art (comme beaux-arts) fait apparaître l'art comme une réalité permanente, constituant comme le langage articulé et la fabrication de l’outil) le concept transculturel d’un « humain » conçu comme producteur. L’histoire prétend être la reconstitution objective des faits du passé En tant que telle l’histoire de l'art exige que l'on définisse ce qu'est un style, et le style dépend de la définition de l'art auquel il donne ses règles, ses normes. On voit ici que l'objectivité de l'histoire n'est pas simple, et que l’on pourrait envisager une histoire de l’art qui ne soit qu’une chronologie des styles c’est à dire en fait une histoire du goût. Le problème qui se pose est alors celui de l’anachronisme : peut-on échapper au relativisme du goût pour penser l'art ? Y a-t-il une intelligibilité dans cette succession de production d’oeuvres ? Peut-on s'intéresser au développement des arts sans comprendre leur succession comme principe d’intelligibilité ? Cela constituerait e fait une théorie du progrès (ce qui est récent est supérieur à ce qui est ancien), qui rend incompréhensible la raison pour laquelle, aujourd'hui, notre "conscience esthétique élargie" pour reprendre l'expression Kantienne (deuxième maxime du sens commun au paragraphe 40 de la Critique du jugement) nous fait apprécier une œuvre ancienne mais aussi les témoins historiques et techniques plus modestes (le silex, la tresse de cauris, l’outil médiéval). Il est aussi intéressant de réfléchir à ce qu’écrit Georges Didi-Hubermann : « Quand et comment avez-vous décidé de devenir historien de l’art ? Est-ce d’abord un attrait pour l’art lui-même ? Et si oui, pour quel art en particulier, pour quels artistes ? D’emblée pour Giotto, l’Angelico et le Quattrocento ? Ou autant pour l’art moderne et contemporain, votre rapport à l’histoire de l’art vous permettant de multiplier les renvois les plus inattendus, par exemple entre Fra Angelico et Pollock ou entre Penone et Léonard de Vinci ? Je suis enfant de peintre. Je passais des heures dans l’atelier. Je regardais les tableaux en train de se faire. Je faisais l’assistant, je lavais les pinceaux. Très tôt, j’ai aimé discuter du travail, du ¬processus, de comment s’enchaînent les problèmes dans un tableau. Il y avait aussi une forte charge érotique dans cet atelier (les catalogues de dessins, Ingres ou Bellmer, Les Larmes d’Éros de Georges Bataille...). Je faisais de l’auto- stop pour aller voir les galeries d’art contemporain à Paris et quelques ateliers de sculpteurs. Adolescent, je travaillais souvent au Musée d’Art moderne de Saint-Étienne, aidant à la documentation, assistant aux accrochages d’exposition ou m’essayant à des visites commentées — toujours très vives — avec un public généralement suspicieux devant l’art depuis Cézanne. Donc, l’élément natif, si l’on peut dire, c’est l’art contemporain, c’est-à-dire l’art de uploads/Histoire/ 1-igh-intro-generale-l1-1.pdf

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  • Publié le Jui 29, 2021
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
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