THÉOLOGIE ET PÉDAGOGIE AU XIIE SIÈCLE : LES SENTENCES D'ANSELME DE LAON ET DE S
THÉOLOGIE ET PÉDAGOGIE AU XIIE SIÈCLE : LES SENTENCES D'ANSELME DE LAON ET DE SON ÉCOLE DANS LE MANUSCRIT PARIS, BNF, N.A.L. 181 Cédric Giraud Vrin | « Archives d'histoire doctrinale et littéraire du Moyen Âge » 2012/1 Tome 79 | pages 193 à 287 ISSN 0373-5478 ISBN 9782711624713 DOI 10.3917/ahdlm.079.0193 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-archives-d-histoire-doctrinale-et-litteraire-du-moyen- age-2012-1-page-193.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Vrin. © Vrin. Tous droits réservés pour tous pays. 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Instruments d’une réforme de l’Église et de l’individu, ces textes se caractérisent avant tout par leur brièveté et de leur esprit pratique. Abstract The ms. Bibliothèque nationale de France, n.a.l. 181 is an epistolary collection assembled during the second quarter of the twelfth century, and which also contains some 197 theological « sentences », 107 of them unpublished. The manuscript presents one of the richest sources of material from the school of Laon known to us, and includes six new sentences by Anselm de Laon. Intended as the agents of reform for both Church and individual, these texts are characterized above all by their brevity and their practical spirit. Riassunto Il manoscritto parigino BnF, n.a.l. 181 è una raccolta epistolare, risalente agli anni 1125-1150, contenente anche 197 sentenze teologiche, di cui 107 inedite. Il manoscritto trasmette una delle più ricche documentazioni conosciute, relative alla scuola di Laon e, in modo particolare, esso comprende sei nuove sentenze inedite di Anselmo di Laon. Strumenti della riforma della Chiesa e dell’individuo, questi testi sono caratterizzati, in primo luogo, da sintenticità e spirito pratico. [Mots-clés : Anselme de Laon, école de Laon, sentences théologiques, histoire de la théologie] © Vrin | Téléchargé le 25/06/2022 sur www.cairn.info par via Université Rennes 2 - Haute Bretagne (IP: 90.105.189.82) © Vrin | Téléchargé le 25/06/2022 sur www.cairn.info par via Université Rennes 2 - Haute Bretagne (IP: 90.105.189.82) 194 CÉDRIC GIRAUD armi les maîtres de la première moitié du XII e siècle, Anselme de Laon († 1117) est sans conteste l’un des plus fameux. Le maître a attiré des dizaines d’élèves originaires de toute la Chrétienté qui ont fait du studium laonnois le principal centre des études théologiques en Occident avant que Paris ne lui ravisse la place dans les années 1130 *. Post mortem, la fama magistrale ne s’est pas éteinte et, en dépit des critiques sévères d’un Abélard peu amène envers son ancien maître, des générations de scolares et de magistri ont fait d’Anselme une référence en matière d’orthodoxie jusqu’à la fin du XII e siècle. Il suffit de rappeler les éloges émanant de lettrés aussi différents que Guibert de Nogent, Rupert de Deutz, Jean de Salisbury, Wibald de Corvey, Philippe de Harveng ou encore Pierre le Chantre, pour se convaincre que le renom du maître a touché tous les milieux et a ainsi transcendé les frontières souvent trop rapidement tracées entre le cloître et l’école 1. Ces faits historiques, faciles à établir d’après les sources narratives, sont des acquis de la recherche au moins depuis l’érudition mauriste 2. Il demeure néanmoins difficile d’aller beaucoup plus loin et de répondre à des questions pourtant simples. Quelle forme a pris l’enseignement d’Anselme ? À quoi tient son remarquable succès ? Quelle place occupe le maître dans le mouvement théologique qui mène à la constitution du Liber sententiarum de Pierre Lombard ? Dès lors que l’historien aborde de front ces questions, il se heurte à des difficultés d’histoire littéraire et doctrinale qui empêchent l’appréciation concrète du succès anselmien. Cet état de fait, en partie remédiable, s’explique par plusieurs raisons qui tiennent autant à l’histoire scolaire du XII e siècle qu’à la situation des études sur l’école de Laon. En effet, dans les écoles de la première moitié du XII e siècle, la part prise par l’oral et la mémorisation rendent souvent accessoire le recours à l’écrit, notamment pour la littérature des sentences. Les sentences, que l’on peut définir en premier lieu comme de courtes explications données par le maître qu’il en soit ou non l’auteur, constituent en effet la part la plus libre d’une lectio en sacra pagina. Le genre sententiaire se caractérise ainsi par son extrême fluidité aussi bien dans sa présentation que dans les attributions parfois multiples dont il fait l’objet. La diversité et l’anonymat des collections sententiaires sont d’ailleurs tels que l’historien des pratiques scolaires est souvent bien en peine d’en déter- miner la place dans la formation théologique du temps. La fixation par écrit des verba magistri ne répond donc pas à un processus strictement contrôlé par le maître, ce qui laisse libre cours à diverses manipulations comme à l’oubli 3. * Cet article a bénéficié de la relecture de Patricia Stirnemann (CNRS, IRHT) et de Martin Morard (CNRS, LEM) que je remercie vivement de leur amical concours. (1) Voir C. GIRAUD, Per verba magistri. Anselme de Laon et son école au XII e siècle, Turnhout 2010, p. 158-177 et p. 438-444. (2) Voir notamment la notice de l’Histoire littéraire de la France, t. 10, Paris 1756, p. 170-192, réimprimée en PL 162, col. 1173D-1186C. (3) Voir C. GIRAUD, « Per verba magistri. La langue des maîtres théologiens au premier XII e siècle », in P. von MOOS (ed.), Zwischen Babel und Pfingsten / Entre Babel et Pentecôte, Sprach- differenzen und Gesprächsverständigung in der Vormoderne (8.-16. Jahrhundert). Différences P © Vrin | Téléchargé le 25/06/2022 sur www.cairn.info par via Université Rennes 2 - Haute Bretagne (IP: 90.105.189.82) © Vrin | Téléchargé le 25/06/2022 sur www.cairn.info par via Université Rennes 2 - Haute Bretagne (IP: 90.105.189.82) LES SENTENCES D’ANSELME DE LAON ET DE SON ÉCOLE 195 Cette absence de contrôle exercé par le maître sur une part de ses écrits n’est pas sans conséquences sur les reconstitutions des historiens qui peinent à évaluer la portée d’écoles aux productions apparemment si évanescentes. Dans ce contexte, les apports de la philologie sont décisifs car seule une étude minutieuse des sources manuscrites permet de rendre aux écoles du XII e siècle des contours plus fermes. La situation de l’école de Laon n’est pas, à cet égard, des plus favo- rables car l’important travail d’édition mené par dom Odon Lottin l’a paradoxa- lement desservie. La parution en 1959 du volumineux tome 5 de Psychologie et morale aux XII e et XIII e siècles, en même temps qu’elle couronnait plusieurs décennies d’études philologiques allemandes et françaises sur l’école de Laon, sonnait leur glas 4. Devant l’ampleur indiscutable de la tâche accomplie par le savant bénédictin, il semblait illusoire de chercher de nouvelles sources sur cette école. Le temps de l’interprétation historique paraissait venu et, avec lui, les trou- blantes délices de la controverse historiographique. Cependant, la date même de publication du tome 5 devait suffire à mettre en garde l’historien contre l’utili- sation naïve de cette édition : l’œuvre de dom Lottin forme un monument néo- thomiste dont les soubassements historiographiques ont déterminé une bonne part des interprétations sur l’école de Laon 5. Fidèle à une lecture téléologique faisant des écrits du XII e siècle autant de prodromes des sommes scolastiques, dom Lottin a lu les sentences laonnoises en dehors de tout contexte historique. Suivant un jugement vitaliste, elles ont donc été considérées comme le bourgeonnement modeste d’une forme doctrinale parvenue à maturité un siècle plus tard. En outre, au terme d’une vie vouée notamment à l’édition des sentences anselmiennes, dom Lottin a fini par faire sienne la critique abélardienne : il n’a vu dans l’enseigne- ment d’Anselme qu’une « espèce de catéchisme » 6, au final peu digne de figurer, si ce n’est à titre de détail, dans la fresque grandiose menant de la Frühscholastik, chère à l’école érudite allemande, à la Hochscholastik des maîtres du XIII e siècle. La conception d’un perfectionnement uploads/Histoire/ ahdlm-079-0193.pdf
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- Publié le Jan 25, 2021
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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