Le Béhourd : réémergence d'une pratique sportive et patrimoniale à influence cu
Le Béhourd : réémergence d'une pratique sportive et patrimoniale à influence culturelle Fédération Française de Béhourd www.combatmedieval.com Années 2014-2015 Edouard EME Sommaire Introduction………………………………………………..………………….1 I – Définitions………………………………………………………………….6 1) Le terme « béhourd »………………………………………………………………..7 2) Le tournoi……………………………………………………………………………10 3) La joute………………………………………………………………………………15 4) Le combat à outrance………………………………………………………………16 5) Autres pratiques contemporaines…………………………………………………17 II – Perception………………………………………………………………22 1) Par les pratiquants………………………………………………………………….22 2) Par le public…………………………………………………………………………24 3) Par les médias………………………………………………………………………27 4) Par le milieu des sports de combat……………………………………………….29 5) Par le milieu de la culture et du patrimoine………………………………………30 6) Par le milieu « médiéval »…………………………………………………………31 III – Critiques et réponses…………………………………………………33 1) « Ce n’est pas historique/médiéval »……………………………………………..33 2) « Ce n’est pas chevaleresque/honorable »……………………………………...38 3) « C’est passéiste »…………………………………………………………………41 4) « C’est trop dangereux, il faut l’interdire »……………………………………….42 5) « Ca incite à la haine de l’autre »…………………………………………………43 6) « Ce n’est pas un sport, ils ne frappent pas pour de vrai »…………………….44 7) « C’est trop grossier/brutal, il n’y a pas de technique »………………………...45 IV – Ce qu’apporte le béhourd………………………………………….46 1) Le béhourd comme patrimoine immatériel, comme tradition européenne millénaire…………………………………………………………………………….46 2) Mise en valeur du patrimoine bâti par le béhourd………………………………48 3) Place de la France dans le béhourd……………………………………………...50 4) Influence culturelle, liens entre les cultures……………………………………...52 Conclusion…………………………………………………………………...55 Bibliographie………………………………………………………...………56 Introduction “OR OUEZ, OR OUEZ, OR OUEZ,” Telle était la formule par laquelle les hérauts d’armes criaient les tournois au XVème siècle, ainsi que le décrit le bon roi René d’Anjou dans son Livre des Tournois. Le tournoi était le sport favori de la noblesse européenne au bas Moyen- Âge, tenant une place primordiale dans la vie de l’aristocratie qui y investissait une grande partie de son temps comme de ses moyens humains et financiers. En déclin dès la fin du XIIIème siècle, René d’Anjou le ressuscite au XVème grâce à son traité. Le but ? « Maintenir noblesse, et d'acroistre honneur, ad ce que, au plaisir Dieu, chacun gentilhome doresenavant puisse estre desireux de continuer plus souvant l'exercice d'armes. » 1 C’est donc une nécessité pour la noblesse de le pratiquer pour maintenir leur statut, gagner en gloire et s’exercer à la guerre. On comprend que ces préoccupations sont plutôt déconnectées de celles des sportifs de notre époque, et quelle évolution de la société a pu entraîner la disparition du combat équestre en armure. Pourtant, une pratique appelée « béhourd » se développe en France et dans le monde depuis quelques années, regroupant des passionnés s’affrontant en armures d’époque dans des châteaux médiévaux ou des gymnases, à coups d’épées, de haches et autres armes pesantes. Ainsi les mots de René d’Anjou résonnent-ils encore à nos oreilles, tandis que nos yeux contemplent l’éclat de l’acier et des fleurs de lys flottant au vent. Qu’est-ce que le béhourd ? Le béhourd est une forme de combat médiéval. Il s’agit d’une adaptation contemporaine d’une pratique sportive et guerrière ancienne. Les compétiteurs s’y affrontent en armure complète, à pieds, avec des armes en acier qui ne sont ni pointues, ni tranchantes. Tous les équipements utilisés par les compétiteurs (appelés béhourdeurs ou tournoyeurs) doivent correspondre à des sources historiques issues de l’archéologie ou de l’iconographie médiévale. 1René d’Anjou, Traicitié de la forme et devis comme on fait les tournoys, Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Français 2695 4 Les règles unifiées internationales définissent les standards de sécurité et d’authenticité auxquels les équipements doivent correspondre, ainsi que les règles de combat. Elles sont produites par les deux fédérations internationales : la Historical Medieval Battle International Association (HMBIA) et l’International Medieval Combat Federation (IMCF). Ces règles définissent en outre ce qu’il est possible de faire ou non dans les combats de béhourd, et comment les matches doivent se dérouler. Il existe plusieurs catégories de combat : les combats en équipes sont les plus populaires. Ils peuvent se faire à cinq contre cinq, seize contre seize, ou vingt et un contre vingt et un. Dans de tels affrontements, les coups sont portés à pleine puissance, et seules certaines techniques jugées trop dangereuses comme les coups d’estoc (c’est-à-dire portés avec la pointe, pour planter) ou les coups derrière les genoux sont interdites. Les coups de pieds, de poings, de genoux, les prises de corps à corps sont autorisés. L’équipe qui gagne est celle qui parvient à terminer la manche avec encore au moins un joueur debout sur ses deux jambes. Le but est donc de faire chuter les membres de l’équipe adverse par tous les moyens autorisés, l’arme à la main. En duel, les combattants s’affrontent à un contre un, par catégorie d’arme. Le but est de porter le plus de coups de la lame sur l’armure de l’adversaire dans un temps donné. Le duel « profight » (combat professionnel) est quant à lui inspiré des combats de boxe : les combattants s’affrontent en trois manches de deux ou trois minutes où tous les types de coups et techniques comptent, par catégorie de poids. Les combats ont lieu dans la « lice », champ clos généralement rectangulaire entouré de solides barrières. Des arbitres sont situés en dedans et en dehors de la lice pour veiller au respect des règles, à la sécurité du public et des combattants, et pour compter les points. Cette pratique se revendique héritière des tournois médiévaux, qu’elle entend remettre au goût du jour sous forme sportive, mais aussi culturelle de par sa dimension historique, qui transmet un savoir sur l’histoire de France, sur la chevalerie et sur la guerre au Moyen-Âge de façon ludique et spectaculaire. Chaque pratiquant doit pouvoir attester de l’authenticité de son équipement, et par conséquent avoir fait des recherches pour acquérir une connaissance précise en matière d’armement médiéval. Il s’agit également d’une activité patrimoniale puisque 5 le béhourd est en lui-même un patrimoine, une tradition martiale et un divertissement immémorial. Il se pratique autant que possible sur des lieux du patrimoine médiéval, les mettant ainsi en valeur. Il crée un attrait touristique ponctuel lors d’événements sur des lieux ou monuments historiques. On verra aussi comment différents acteurs peuvent participer au développement du combat médiéval comme discipline sportive ancestrale contribuant à la pérennité de la culture médiévale européenne et mondiale. Recontextualisation historique de qualité, le béhourd est l’équilibre parfait entre la pratique d’un sport de combat ancestral, la promotion du patrimoine médiéval et la reconstitution historique. On assiste ainsi à un phénomène de réémergence sans précédent, d’une pratique qui est apparue au XIIème siècle, a évolué jusqu’au XVIème siècle pour finalement s’éteindre et réapparaître aujourd’hui sous cette nouvelle forme. Il importe alors de voir ce qui caractérise cette nouvelle forme, en quoi elle s’apparente et diffère des formes anciennes, comment elle est perçue et pratiquée, et quels sont les enjeux pour son développement. Les enjeux majeurs semblent se trouver dans son authenticité, sa légitimité, sa reconnaissance, sa diffusion, et d’une manière plus synthétique : dans la réémergence du béhourd comme sport et comme activité patrimoniale (en tant que patrimoine immatériel vivant et en tant qu’elle met en valeur le patrimoine bâti). Il est unique dans sa façon d’associer les deux, le phénomène auquel nous nous intéressons ici est ainsi riche et difficile à appréhender pour le profane2. I – Définitions Le pris du Tournoy, lequel vous est adjugé comme au chevalier, ou escuier, mieulx frappant d'espée et plus serchant les rengz, qui ait aujourdui esté en la meslée du Tournoy, vous priant ma dame que le vueillez prendre en gré. – René d’Anjou Dans cette première partie, nous allons nous intéresser au terme « béhourd » en lui-même, à son étymologie et à la différenciation de la pratique à laquelle il se 2Les règles sont consultables sur http://www.combatmedieval.com/reglements/. 6 rapporte par rapport aux autres pratiques qui lui sont souvent associées, que ce soit chez les auteurs médiévaux ou chez les différents acteurs du combat médiéval contemporain. Nous pourrons alors définir ce qu’est le béhourd tel qu’on l’entend aujourd’hui, après avoir vu ce à quoi il se rapporte historiquement, ce qu’il n’est pas, et à quoi il s’apparente. Nous verrons ainsi en quoi il découle directement du « tournoi » , est influencé par certains aspects du « combat à outrance », et se différencie entièrement de la « joute ». Enfin nous pourrons présenter les autres pratiques contemporaines de combat médiéval existantes, afin de voir en quoi elles se dissocient de celui-ci. 1) Le terme « béhourd » a) Ses différentes formes et évolutions On retrouve ce terme sous différentes orthographes, à partir de la période romane. Dans le Lancelot en prose du manuscrit de Heidelberg, daté de la fin du XIIème siècle, on trouve le terme « buhurt », ainsi que dans le Vrouwen dienest d’Ulrich von Lichtenstein, datant de 1255. Cette orthographe et la prononciation qui lui est associée seraient donc les plus anciennes. Au XIVème siècle, on trouve « bouhourt », « bouhours », et enfin « behourt », « behour » (« behours » au pluriel) chez Froissart, vers 1400. Ces termes se retrouvent encore au XVème siècle, mais évoluent aussi en « bahour » (« bahours » au pluriel) chez La Sale (1456), « bouhordis uploads/Histoire/ edouard-eme-le-behourd.pdf
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- Publié le Dec 17, 2022
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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