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A G I R ARTS VISUELS ARTS PLASTIQUES ÉCOLE COLLÈGE LYCÉE drôles de maisons Construction, espace, identité(s) BÉATRICE LAURENT MICHÈLE MAZALTO Introduction « Maison, foyer, parents, enfants, traditions, éducation, tous ces mots semblent se mêler, s’entremêler, se superposer, s’influencer les uns les autres pour constituer ce grand projet existentiel qu’on appelle «vivre ensemble». » Patrick Estrade, La Maison sur le divan, Pocket, 2010, p. 213. Pour la plupart d’entre nous, l’habitat idéal est la maison individuelle avec jardin, inscrite dans l’imaginaire de 71% des jeunes familles françaises 1. La maison est cependant un objet plus complexe. Son étymologie (du latin mansio) renvoie à trois significations : l’abri, le lieu de pouvoir, le lieu pour séjour. Si sa fonction primitive est la protection des personnes et des réserves de nourriture, une autre est le désir de s’approprier une portion d’espace terrestre pour y fixer la cellule sociale de base. La demeure revêt également une fonction symbolique : elle est le reflet de la présence au monde de chacun. Le lieu et la manière d’y habiter déterminent la position sociale, la personnalité des propriétaires. De plus, elle constitue bien souvent l’investissement d’une vie, où se sont inscrits les souvenirs d’enfance et enracinées les histoires familiales. Cet ouvrage conduit l’enfant et l’adolescent à se poser de multiples questions : Où ai-je envie de m’installer ? De quel espace ai-je besoin pour être « chez moi » ? Comment habiter cet espace pour me sentir bien ? Trois séries d’ateliers tentent d’apporter des réponses plastiques : les processus de construction, l’organisation de l’espace et l’identité de chaque maison, qu’elle soit utopique, rêvée, solide, éphémère ou nomade. Nous invitons chacun à observer, collectionner, fabriquer, représenter et poser un regard curieux sur les maisons de son entourage. Aller à la découverte de constructions novatrices, étranges ou énigmatiques dans l’histoire de l’architec- ture ancienne, moderne ou très contemporaine. Vivre l’architecture, c’est vivre une œuvre avec le corps et les cinq sens. Espace, couleur, matière, forme, lumière et sonorité participent à l’aventure que la maison nous propose dès qu’on en franchit le seuil. Elle interroge l’esthétique, l’art de vivre, les arts du quotidien et les arts de l’espace. 1 Source SOFRES 2007. 10 DRÔLES DE MAISONS « La beauté résulte de l’exercice de l’intelligence humaine confrontée à la nécessité. » Bernard Rudofsky, Architecture sans architectes, éditions du Chêne. « L’arbre est égal à un édifice. » Nicolas Ledoux. S’abriter dans l’urgence ou s’installer durablement a nécessité tout au long de l’histoire de l’humanité la recherche de solutions efficaces, astucieuses, innovantes pour se protéger des excès du climat et des prédateurs, pour s’adapter à l’environnement et répondre aux besoins élémentaires des populations. La hutte et parfois la caverne ont rempli ce rôle de façon rudimentaire tant que le climat obligeait les chasseurs-cueilleurs à des déplacements continuels pour trouver la subsistance indispensable à leur sur- vie. À partir du néolithique, le réchauffement climatique permet la culture et l’élevage. Les familles se stabilisent et utilisent les ressources immé­ diatement disponibles pour construire une maison, isoler les récoltes, protéger les troupeaux. Ces situa- tions perdurent encore dans certaines parties du globe. C’est ainsi que les grands principes de construction apparaissent. La forêt offre les fûts de ses arbres, qui deviennent progressivement poutres, charpente, pilotis, colonnes... Les espaces vitaux qui en découlent sont tout naturellement des parallélépi- pèdes, les angles sont droits, les dimensions sont fonction de la longueur des troncs et celles des ouvertures varient avec la rigueur du climat. Sur les plateaux calcaires, ce sont les pierres plates qui deviennent les éléments d’un immense jeu de construction. Borries, meurgers, cabornes de bergers sont des abris, parfois même des habitations aux formes rondes et douces, tout comme les maisons faites de briques de terre séchées au soleil qui, dans leur forme la plus accomplie, font surgir des dômes. Mais il arrive aussi que la nature soit moins géné- reuse. Il reste donc à creuser son « terrier » ou à utiliser des cavités dans des terrains calcaires mode- lés par les eaux. Les maisons troglodytes sont nées il y a 3000 ans en Chine du nord (Lo-yang) comme en Tunisie (Matmata) et dans la Cappadoce en Turquie. Toujours fraîches en été et tempérées en hiver, on peut aussi en rencontrer en pays de Loire et en Provence. Trop souvent détruites par les invasions et les guerres incessantes, la maison individuelle pauvre et fragile a laissé peu de traces dans l’histoire de l’architecture. Cependant, quelques témoignages sont arrivés jusqu’à nous grâce au travail des archéologues : fon- dations de villas romaines, ruines de fermes fortifiées… Il faut attendre des temps meilleurs pour voir surgir des maisons de pierre construites pour plusieurs générations. Ce sont les temps de paix et de prospérité (Renaissance italienne et française par exemple) qui permettent aux bâtisseurs d’imaginer des maisons de pierre, solides, capables d’être trans- mises aux générations futures. Plus traces de stratégies défensives mais des façades percées de multiples fenêtres et des décors inspirés de l’Anti- quité (colonnes, pilastres, guirlandes de fruits ou de fleurs…) ou des châteaux médiévaux (tourelles, poi- vrières… qui ont bien entendu perdu leurs fonctions initiales). Il faut attendre l’ère industrielle (xixe-xxe siècle) pour qu’un profond changement survienne dans la conception de la construction. La découverte de matériaux nouveaux comme le béton, la poutrelle métallique, puis le béton armé et les grands pan- neaux de verre, va révolutionner les formes et les dimensions des édifices. Les contraintes dispa- raissent pour insuffler modernité, fantaisie et défi aux lois de la pesanteur (ex : système de « porte-à- faux » dans la maison sur la cascade de Frank Lloyd Wright). Deidi von Schaewen, Huts of Mauritania. 12 DRÔLES DE MAISONS Atelier 1 : abris Cet atelier propose de vivre les balbutiements de l’architecture en lançant le défi suivant : – – Construire rapidement, voire dans l’urgence, pour se protéger du froid, du bruit, de la peur… – – Utiliser les matériaux trouvés sur place. – – Donner forme à un petit espace intérieur suffisamment confortable pour s’y sentir bien. UN ABRI JUSTE POUR LUI Des élèves de moyenne section de maternelle ont rencontré des personnages en quête d’abris dans la lecture de l’album La Maison dans les bois 1 d’Inga Moore. Devant la variété des solutions possibles, chaque enfant réalise un abri à l’échelle d’une figurine, dans un temps limité et en piochant les matériaux dans la réserve de la classe. Pour cela, ils ont en libre accès argile, branchettes, sucres, bâtonnets, pâte à modeler, piques en bois, élas- tiques, ficelle et petits bonshommes en plastique. Ils sont confrontés aux problèmes liés à l’assemblage, à l’équilibre, à la tenue de l’édifice. Recommencer, garder son calme : un apprentissage de la persévérance. Les réalisations sont photographiées pour garder trace de ces volumes éphémères. ABRI-SCULPTURE Cette proposition faite à des collégiens dans une classe de 3e est accompagnée de deux contraintes radicales : pour construire un abri, utiliser une feuille de papier A4 dans sa totalité, et réaliser les assemblages sans colle ni ruban adhésif. Ce travail permet d’expérimenter la résistance et les propriétés d’un matériau dans l’espace-temps du cours. Les propriétés du papier sont inventoriées en début de séance (résistance, souplesse, rigidité…) ainsi que les moyens de fixation (encoches, pliages, incisions…), qui deviennent les seules manipulations possibles. Sans croquis préalables, les élèves découpent, déchirent, assemblent avec l’objectif de créer un espace cou- vert protégeant de la pluie, du soleil, et pourquoi pas du vent. Il est possible de jouer sur la diversité des papiers, ce qui aura pour conséquence de varier les formes en fonction des propriétés du support. Il est ensuite aisé de faire une lecture des formes architecturales contemporaines liées aux matériaux aussi divers que le titane, le verre, le béton ou le bois (musée Guggenheim à Bilbao et Fondation Vuitton à Paris de Frank Gehry, musée Pompidou-Metz de Shigeru Ban). 1 Inga Moore, La Maison dans les bois, Pastel, École des loisirs, 2012. 2 1 1 : Patrick Dougherty, Entourage, branches de saule tressées, 2012, Domaine de Chaumont-sur-Loire. 2 : Charles Garnier, Guide historique à travers l’exposition [universelle] des habitations humaines, « les pelasges », gravure, Hachette, 1889. 13 Construire : une nécessité 1 – 3 : Abris et huttes, MS, école maternelle Helvétie, Besançon. 4 et suivantes : Abri-sculptures, 3e, collège Notre-Dame, Besançon. 1 4 2 3 44 DRÔLES DE MAISONS « Terrain constructible avec vue imprenable... » « Venez vous installer en pleine nature... » « Un espace au cœur de la ville vous attend pour créer la maison de vos rêves... » Voici quelques annonces attractives qui s’appuient sur le fait qu’habiter une maison, c’est aussi habiter un lieu et en adopter les caractéristiques. Certaines d’entre elles, essentielles au développement de la vie, ont conditionné la présence humaine : la présence de l’eau, de la forêt, la qualité du sol, la variété des richesses naturelles, le climat... D’autres lieux ont été choisis pour leur site exceptionnel, facile à défendre ou placés près des voies de communication. La méca- nisation et uploads/Ingenierie_Lourd/ art-visuel-art-plastique.pdf

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