Séance 4 : À la découverte de l’univers proustien Objectif général : Donner env

Séance 4 : À la découverte de l’univers proustien Objectif général : Donner envie de lire À la recherche du temps perdu de Marcel Proust à des collégiens de 3e, en établissement REP. Le point du programme : Se chercher, se construire, se raconter, se représenter La problématique : « Chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même » (Proust) ou comment l’œuvre de Marcel Proust peut-elle nous apprendre à comprendre la vie et à réfléchir sur elle ? Séance 4 : La madeleine, un petit gâteau pour un grand succès (Peut- être en faire au collège ?) Extrait : La madeleine de Proust, p. 118-123 Compétence du socle visée : -Lire, comprendre et interpréter des textes littéraires en fondant l’interprétation sur quelques outils d’analyse simples. L’avis de Jérôme Bastianelli, président de la Société des amis de Marcel Proust La Madeleine de Proust ? Ce passage du Côté de chez Swann est tellement représentatif de l’œuvre de Proust qu’il est devenu une expression à part entière, et on demande souvent à quelqu’un quelles sont ses « madeleines de Proust » pour lui faire avouer quelles impressions du présent lui rappellent son passé. Ce qu’on oublie fréquemment, c’est que pour Proust, l’effet miraculeux qui nous fait traverser les années ne se produit que si l’on ne s’y attend pas. Si le héros de son roman, celui qu’on appelle le Narrateur, prenait une madeleine dans le but précis de se souvenir de sa jeunesse, il resterait à la surface des choses, enfermé dans ce que son esprit, sa « mémoire volontaire », lui dicterait. Proust explique que les heures de notre passé sont « mortes pour l’intelligence », ce qui signifie qu’il ne faut pas laisser notre pensée nous guider pour les retrouver, mais au contraire faire confiance à nos sensations, sans y réfléchir. Du coup, il convient de s’armer de patience, car il faut attendre que ces sensations libératrices viennent à notre rencontre, à l’improviste, sous la forme d’un aliment, d’une odeur, d’une forme, d’une musique… On passe peut-être chaque jour à côté d’un objet qui, si on le remarquait, nous transporterait dans notre enfance. Pourtant, aujourd’hui, grâce à la radio par exemple, les effets de « mémoire involontaire » sont sans doute plus fréquents qu’à l’époque de Proust : il n’est pas rare qu’en entendant soudainement une chanson que l’on avait oubliée, on se rappelle intensément une période de notre vie à laquelle on n’avait plus songé depuis longtemps. Qui, en effet, peut dire que cela ne lui est jamais arrivé ? L’avis de Lilia Hassaine Romancière(L’œil du paon, Gallimard, 2019) Cet épisode de la madeleine, le plus célèbre, m’émeut à chaque fois pour son caractère poétique et philosophique. Poétique, car Proust expose que « l’édifice immense du souvenir » peut reposer sur une « gouttelette impalpable », autrement dit : Les plus grandes émotions naissent souvent d’un détail, d’un geste, d’une sensation... qu’on croyait avoir oubliés. L’oubli fait partie de la mémoire, il ne la contredit pas. On peut verser des larmes en respirant un parfum qui appartenait à quelqu’un qu’on aimait, et qu’on n’avait pas senti depuis des années. C’est cette idée très proustienne (et si joliment décrite) que la sensation l’emporte sur toute forme de logique, que l’amour naît de petits riens inconscients, que le temps perdu n’est jamais perdu... car on peut retrouver des sensations du passé grâce à la lecture, grâce à l’écriture. La madeleine, c’est ce petit gâteau qui symbolise si bien l’envie d’écrire. L’envie de chercher quelque chose d’enfoui en nous-mêmes, pour le déplier, pour le faire revivre. Chaque écrivain a sa madeleine, un sentiment ou une personne qu’il cherche à retrouver, à ressusciter. Observez et aidez-vous simplement des questions pour dégager l’intérêt du texte : 1/ De manière générale, de quoi parle Marcel Proust dans cet extrait ? (Savoir repérer le thème du texte) Reformulez avec vos mots ce qui s’y passe (ce travail pourra faire l’objet d’une mise en commun à l’oral afin de corriger d’éventuelles mauvaises compréhensions) 2/ Après avoir lu cet extrait, découpez-le en 3 parties afin d’en dégager les mouvements successifs. Donnez-leur un titre précis qui rendra compte du texte. 3/ Quels sont les temps verbaux que vous reconnaissez dans ces trois parties ? Donnez-en la valeur ? (Proposez une distinction entre les temps du passé du début du texte (« Il y avait déjà bien des années ») et ceux que vous rencontrez à la fin : « ce jour-là je ne sortais pas », « quand j’allais lui dire bonjour ») 4/ Dans quel état d’esprit se trouve le narrateur dans les premières lignes ? Relevez des termes qui le prouvent. 5/À partir de quel moment intervient un changement ? Qui le provoque ? Qu’est-ce qui le provoque ? 6/ À la suite de ce changement, quels sens sont convoqués ? Soyez précis dans votre relevé. 7/ Quelle figure de style reconnaissez-vous ici : « petit coquillage de pâtisserie » ? À votre avis, pourquoi cette appellation ? 8/ Par quels autres moyens le narrateur évoque-t-il ce « petit coquillage de pâtisserie » ? Comment apparaît-il tout au long du texte ? 9/ Finalement, que provoquent ce premier « choc » et toutes ces émotions éprouvées dans l’esprit de Marcel ? 10/ « le dimanche matin » « avant l’heure de la messe » « avant déjeuner » : Quelle est la fonction grammaticale dans ces trois expressions ? Que montrent-elles de la vie du petit Marcel ? Était-il un enfant dissipé ? Justifiez votre réponse. 11/ Relevez l’indice qui permet de situer la scène géographiquement ? À quoi cela vous fait-il penser ? 12/ Relevez les périphrases qui désignent la maison de son enfance. Comment peut-on la percevoir ? Est-elle une maison sombre ? Justifiez votre réponse ? 13/ Finalement, qu’a provoqué ce petit gâteau « dodu » chez le narrateur ? Qu’a-t-elle permis aussi à l’écrivain Marcel Proust de faire ? Rappelez-vous de ce que vous avez lu à propos des « clochers de Martinville ». * ** Il existe une bande dessinée de Stéphane Heuet (1998), Combray, tome 1, qui retrace grâce à des vignettes le texte que vous avez lu. Comment le dessinateur a-t-il joué sur les formes de cette planche pour rendre les émotions du narrateur ? Reconnaissez-vous les étapes du récit sur cette planche de bande- dessinée ? Réécriture : Compétence du socle visée : - Mobiliser les connaissances orthographiques, syntaxiques et lexicales en rédaction de texte dans des contextes variés Récrivez le début de l’extrait au présent de l’indicatif et en considérant le narrateur comme narrateur externe : « Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n'était pas le théâtre et le drame de mon coucher n'existait plus pour moi, quand un jour d'hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j'avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d'abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d'une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d'un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j'avais laissé s'amollir un morceau de madeleine. » * ** Texte en écho : « Oui, les mots, ma patrie, les mots, ça console et ça venge » (A. Cohen) Albert Cohen (1895-1981), Le Livre de ma mère (1954) La mère de l’auteur est décédée en 1943. Le livre que l’auteur écrit lui est dédié, mais lui, il se souvient d’elle et s’imagine qu’elle pourrait être encore là, à ses côtés. Le texte reconstruit grâce à l’art de l’écriture l’image de cette mère fantasmée. Le texte mélange alors subtilement le passé et le présent de l’écrivain alors même que sa mère n’a pas pu assister à ses premiers succès littéraires. Le conditionnel donne une force certaine à cette écriture autobiographique. Tout éveillé, je rêve et je me raconte comment ce serait si elle était en vie. Je vivrais avec elle, petitement, dans la solitude. Une petite maison, au bord de la mer, loin des hommes. Nous deux, elle et moi, une petite maison tordue, et personne d’autre. Une petite vie très tranquille et sans talent. Je me ferais une âme nouvelle, une âme de petite vieille comme elle pour qu’elle ne soit pas gênée par moi et qu’elle soit tout à fait heureuse. Pour lui faire plaisir, je ne fumerais plus. On vaquerait gentiment, elle et moi, aux besognes du ménage. On ferait la cuisine avec de petites réflexions genre « je crois vraiment qu’un peu, mais très peu, de chicorée améliore le café » ou « il vaut mieux saler pas assez que trop, on est toujours à temps ». Avec la cuiller de bois, je ferais des tapotements, comme elle. Deux vieilles sœurs, elle et moi, et pendant que uploads/Litterature/ 3e-la-madeleine-proust-textes-questions-et-activites.pdf

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