www.comptoirlitteraire.com présente Charles BAUDELAIRE (France) (1821-1867) Cet

www.comptoirlitteraire.com présente Charles BAUDELAIRE (France) (1821-1867) Cette première partie est consacrée à sa vie et ses œuvres dont certaines (surtout ''Les fleurs du mal'' et ''Petits poèmes en prose'') sont ici résumées et commentées, d'autres faisant l'objet de fichiers particuliers. Bonne lecture ! 1 Le 9 avril 1821, Charles-Pierre Baudelaire naquit au 13 rue Hautefeuille à Paris (vieille maison au cœur du Paris médiéval qui se trouvait à l’emplacement actuel de la librairie Hachette car elle fut détruite lors de la percée du boulevard Saint-Germain). Il fut baptisé le 7 juin à Saint-Sulpice. Il était le fils de Joseph-François Baudelaire, qui avait été dans sa jeunesse prêtre du diocèse de Châlons-sur-Marne, mais n’avait, selon toute apparence, jamais exercé le sacerdoce, car il devint répétiteur à Sainte-Barbe puis précepteur des enfants du duc de Choiseul-Praslin. Il fut marqué par la fréquentation des philosophes, et fut défroqué par la Révolution. Sous l’Empire, il avait servi dans l’administration du Sénat. Enfin, retraité dans l'aisance, il était peintre amateur à ses heures, un «détestable artiste» selon Baudelaire (lettre à sa mère du 30 décembre 1857), qui lui dut cependant son initiation à la culture («Mon berceau s’adossait à la bibliothèque / Babel sombre, où roman, science, fabliau, / Tout, la cendre latine et la poussière grecque / Se mêlaient» [‘’La voix’’]) et son «culte des images (ma grande, mon unique, ma primitive passion)» (‘’Mon cœur mis à nu’’), car il fit avec lui des visites de musées comme des promenades au jardin du Luxembourg au cours desquelles, patiemment, au fil de stations devant les statues ou les massifs de fleurs, fut façonné son langage artistique. Cet homme de l’Ancien Régime avait, en 1819, à l’âge de soixante ans, épousé en secondes noces une femme qui en avait vingt-six et était sans fortune, Caroline Archenbaut-Defaÿs. Née à Londres au temps de l’émigration, elle y avait passé ses premières années, et allait initier Charles à la langue anglaise et à ce qu’il allait appeler «la littérature saxonne». Il fut le fils unique (et malheureux : «Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage, / Traversé çà et là par de brillants soleils» - «Ma vie a été damnée dès le commencement, et elle l’est toujours» [lettre à sa mère du 4 décembre 1854]) de cette union mal assortie. Mais, du fait du précédent mariage de son père, il avait un demi-frère, Claude- Alphonse Baudelaire. Il avait six ans lorsque, le 10 février 1827, il perdit ce père qu’il aimait, qui lui laissait, avec le goût d’une politesse raffinée et distante, parfois précieuse, un héritage dont il allait n'avoir jamais le total usufruit. Enfant anxieux, éperdu de tendresse, il connut alors avec sa mère, jeune veuve douce et coquette, dans leur chère maison champêtre de Neuilly, qui n'était alors qu'un gros bourg (un poème des ‘’Fleurs du mal’’ l’évoque avec nostalgie : «Je n’ai pas oublié, voisine de la ville / Notre blanche maison, petite mais tranquille»), avec Mariette aussi, «la servante au grand cœur», ce «bon temps des tendresses maternelles», marqué de «longues promenades», «où tu étais uniquement à moi […] à la fois une idole et un camarade» (lettre à sa mère, du 6 mai 1861). Éprouva-t-il un sentiment incestueux? Il confia : «Le goût précoce des femmes. Je confondais l’odeur de la fourrure avec l’odeur de la femme. […] Enfin j’aimais ma mère pour son élégance» (‘’Fusées’’). Dans ses œuvres, on trouve plusieurs figures de veuves (’Le cygne’’, ‘’Les petites vieilles’’, ‘’Les veuves’’). À quel âge apprit-il que son père était un prêtre défroqué? Nous I'ignorons, mais on peut penser que la révélation de cette «faute» put blesser la foi religieuse de celui qui confia : «Dès mon enfance, tendance à la mysticité.», et être à I'origine du sentiment de culpabilité qui apparut déjà dans ses lettres d'enfant, et qui allait hanter sa pensée d'un bout à I'autre de son existence. Le deuil de Caroline n'excéda pas vingt mois. Le 18 novembre 1828, elle se remaria (en partie par nécessité car elle accoucha presque aussitôt d’une fille mort-née, demi-sœur dont Baudelaire ne sut rien) avec un brillant officier de trente-neuf ans, le chef de bataillon Jacques Aupick, qui avait fait les campagnes de l’Empire, avait été décoré de la Légion d’honneur, servait pour lors sous la Restauration. Le choc fut rude pour le jeune garçon qui voyait se fermer le domaine merveilleux de l’enfance (la sensualité innocente du «vert paradis des amours enfantines» célébré dans le poème ‘’Moesta et errabunda’’) par cet homme d’une vanité solennelle, sévère, sans souplesse, qui le soumit à une stricte discipline, et qu’il était contraint d’appeler «ami». Révolté par ce mariage (il allait dire : «Quand on a un fils comme moi, on ne se remarie pas»), il se sentit abandonné par celle qu'il croyait «uniquement à lui», connut déjà «un sentiment de destinée éternellement solitaire» (‘’Mon cœur mis à nu’’), et la blessure de cet «amour passionné» trahi allait saigner longtemps. Et d’autant plus que, ne s'entendant pas avec son beau-père, qui incarnait à ses yeux tout ce qui faisait obstacle à ce qu'il aimait : sa mère (qui allait être la seule personne qui ait réellement compté dans sa vie), la poésie, le rêve et la vie sans contingences, il fut mis en pension. 2 En 1831, Aupick, de retour d’Algérie, fut nommé lieutenant-colonel et chef d'état-major de la septième division militaire à Lyon, pour y réprimer les troubles. Charles fut interne à la pension Delorme, puis au Collège royal. Il suivait les cours à la satisfaction de ses parents, mais se montra pourtant un élève singulier, sournois, partagé entre la mélancolie et le cynisme, qui passait par les crises d'indiscipline des enfants mal aimés, ne retenant de ce temps que «coups, batailles avec les professeurs et les camarades, lourdes mélancolies» (‘’Note autobiographique’’), avec la brume qui lentement montait du fleuve, l’humidité et l’odeur du charbon qu’il n’allait jamais oublier. Il prit part, en 1834, avec ses camarades, aux émeutes du quartier de la Croix-Rousse dans la répression desquelles s’illustra Aupick. En janvier 1836, la famille revint à Paris où, en avril, Aupick fut promu colonel et nommé chef d'état- major de la première division. Baudelaire, alors âgé de quinze ans, adolescent long et pâle, fut inscrit comme interne au collège Louis-le-Grand. Il s’y lia avec des condisciples également amateurs de littérature, comme Louis Ménard, le futur auteur des ''Rêveries d’un païen mystique'', ou Émile Deschanel, le futur auteur de ''Le romantisme des classiques''. Mais il en étonna bien d’autres ; l’un raconta : «C’était un esprit exalté, plein parfois de mysticisme et parfois d’une immoralité et d’un cynisme (en paroles seulement du reste), qui dépassaient la mesure ; en un mot, c’était un excentrique, transporté d’enthousiasme pour la poésie, récitant des vers de Hugo, Gautier, etc., à tout propos, et, pour moi et beaucoup de nos camarades, c’était une cervelle à l’envers». Cependant, il acquit une riche culture classique, et, ses premiers goûts littéraires se déclarant, lut Chateaubriand, Lamartine, Hugo et Sainte-Beuve («Mûri par vos sonnets, préparé par vos stances,[…] je suis vis-à- vis de vous comme un amant» allait-il lui écrire dans le poème ‘’Incompatibilité’’). S’il dut redoubler sa troisième, il obtint en seconde, en 1837, le deuxième prix de vers latins au concours général. Pendant les vacances, il fit, avec sa mère et son beau-père, un séjour à Barèges, dans les Pyrénées, qui lui inspira ses premiers vers, qui étaient bucoliques, et, en particulier ‘’Incompatibilité’’ qui nous apparaît comme un pastiche involontaire de Lamartine. L’année suivante, ses maîtres lui reprochèrent de n’avoir pas de tenue dans son caractère, d’avoir des «allures pleines de bizarrerie», d’être désordonné, de manquer de vigueur et de rigueur, de travailler mollement alors qu’il avait tout pour réussir. Finalement, le 18 avril, il fut renvoyé du lycée pour une vétille. Il se confia à un condisciple : «Il paraît que je n'ai pas du tout l'air d'un philosophe, il n'a tenu qu'à un fil que je redoublasse ma rhétorique. J'ai beau prendre un air grave, mon père et ma mère s'obstinent à me trouver un enfant.» En juin, il écrivit à sa mère : «Je sens venir la vie avec encore plus de peur. Toutes les connaissances qu'il faudra acquérir, tout le mouvement qu'il faudra se donner pour trouver une place vide au milieu du monde, tout cela m'effraie. Enfin je suis fait pour vivre, je ferai de mon mieux ; il me semble ensuite que dans cette science qu'il faut acquérir, dans cette lutte avec les autres, dans cette difficulté même, il doit y avoir un plaisir.» Grâce à des cours particuliers, il fut, le 12 août, reçu in extremis au baccalauréat. Lui, qui, tout jeune, avait voulu devenir acteur, s’inscrivit à la faculté de droit de Paris, sa mère et son beau-père, qui était devenu général de brigade, souhaitant qu'il devienne ambassadeur. Mais, pour combattre l'usurpateur du foyer, le jeune homme, qui cherchait à lui déplaire, qui était révolté contre sa bourgeoise famille, mena pendant trois ans (1839-1844), au uploads/Litterature/ 457-baudelaire-sa-vie-et-ses-oeuvres.pdf

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