L'amour est un sentiment qui doit s'apprendre Walter Trobisch Ce livre contient
L'amour est un sentiment qui doit s'apprendre Walter Trobisch Ce livre contient le message intégral préparée par le Pasteur Walter Trobisch pour les Conventions de Jeunesses de l'Eglise Luthérienne Américaine qui ont eu lieu en août 1967. 4ème édition de 1976 Paru aux éditions TELOS Version numérique par www.multilivres.com - 2012 Aux Indes, on raconte la légende suivante au sujet de la création de l'homme et de la femme: Après avoir achevé la création de l'homme, le Créateur découvrit qu'il avait utilisé tous les éléments concrets et qu'il ne restait plus rien de solide, plus rien de compact pour créer la femme. Après avoir longtemps réfléchi, le Créateur prit La rondeur de la lune, la souplesse de la vigne vierge, Le frémissement du gazon, La finesse du roseau et la beauté de la fleur qui s'épanouit, La légèreté de la feuille et la sérénité du rayon de soleil, Les pleurs des nuages et l'instabilité du vent, La timidité du lièvre et la fierté du paon, Le doux plumage de l'oiseau et la dureté du diamant, La douceur du miel et la cruauté du tigre, La chaleur ardente du feu et le froid de la neige, Le bavardage de la pie et le doux chant du rossignol, La fausseté d'une grue et la fidélité de la lionne. En faisant la synthèse de tous ces éléments divers, le Créateur fit la femme et la donna à l'homme. Au bout d'une semaine, l'homme revint vers lui et dit: - Seigneur, la créature que tu m'as donnée me rend la vie pénible. Elle parle sans arrêt et me tourmente d'une façon intolérable, ne me laissant aucun repos. Elle insiste pour jouir de ma compagnie tout le long du jour et me fait perdre tout mon temps. Elle se met à pleurer pour chaque peccadille et mène une vie de paresse. Je viens te la rendre, car je ne peux plus vivre avec elle. - Très bien, répondit le Créateur. Et il repris la femme. Une semaine plus tard, le voici qui revient et qui dit au Créateur: - Seigneur, ma vie est si vide depuis que je t'ai rendu cette créature! Je ne fais que penser à elle… je la revois danser et chanter, me regarder du coin de l'œil, bavarder avec moi, puis venir se serrer dans mes bras. Elle était si belle à voir, si douce au toucher. J'aimais entendre son rire joyeux. Oh! Je t'en prie, rends-la-moi, Seigneur! - Très bien, dit le Créateur, et il la lui rendit. Mais trois jour après, l'homme revint une fois de plus en disant: - Seigneur, je ne peux pas comprendre - je ne saurais l'expliquer; mais le fait est qu'après toute mon expérience avec cette créature, j'en suis venu à la conclusion qu'elle me cause plus d'ennui que de plaisir. Je t'en prie, reprends-la! Je ne peux vraiment pas vivre avec elle! Le Créateur répondit: "Mais tu ne peux pas vivre non plus sans elle!" Et tournant le dos à l'homme, il continua son travail. Et l'homme de s'écrier, en proie au désespoir: "Que dois-je faire? Je ne peux pas vivre avec elle, et pourtant je ne peux pas vivre sans elle!" L'amour est un sentiment qui doit s'apprendre. Il s'agit d'une tension et d'un accomplissement. C'est une aspiration profonde et une hostilité. Il implique à la fois de la joie et de la douleur. L'un ne va pas sans l'autre. Le bonheur n'est qu'une partie de l'amour - c'est ce qui doit s'apprendre. La souffrance aussi appartient à l'amour. C'est là que réside tout le mystère de l'amour, sa beauté et son fardeau.. L'amour est un sentiment qui doit s'apprendre. Ce fut pour Sylvie une souffrance presque physique d'avoir à renoncer à son beau rêve. Mais maintenant elle en était convaincue: tout était bien fini. Avant de l'avoir rencontré, elle s'était fait une image à sa fantaisie de son futur conjoint: il serait grand, élancé, bon athlète, intelligent, spirituel, ce serait un universitaire, de quelques années sont ainé et, bien sûr, un amateur de musique et de poésie, peut-être un professeur de littérature française ou de théologie, ou encore un fonctionnaire avec un bon salaire. En passant devant un fleuriste, Sylvie s'imaginait ce qu'elle ressentirait si un jour l'homme de son rêve venait lui apporter un de ces beaux bouquets de roses avec sa déclaration d'amour! Mais ce rêve n'était plus! Il était si différent, lui! Rien de passionnant dans sa personne. Lorsqu'il lui avait demandé son premier rendez-vous, elle avait prié en secret: "Oh, Seigneur, pas celui-là, je t'en supplie! Ce n'est pas du tout l'homme que j'ai envie d'épouser." Elle n'avait jamais éprouvé d'intérêt pour la technique, alors que pour lui, ingénieur en construction, c'était tout son horizon. De plus, il était plutôt quelconque, sans grand envergure. Non, il ne lui avait pas apporté de roses. Il ne lui avait rien apporté du tout, mais était venu là, tout simplement. Il lui paraissait si ordinaire, si terre-à-terre. Ce n'était pas qu'il manquât de sentiments. Mais l'expression même de ses sentiments l'agaçait. Elle ne pouvait pas s'y fier, car il était si changeant. Certains moments, il se montrait impétueux et enthousiaste, la minute suivante il redevenait sec comme un bâton. Quand elle aspirait à une parole de tendresse, il lui donnait bien un baiser, mais du même coup se mettait à parler football ou l'entretenait de ses études! Tout en lui respirait la raison et la volonté. Il la trouvait stupide et sentimentale lorsqu'elle attachait plus de valeur à ses intuitions qu'à sa raison à lui et à sa manière de penser. Pourquoi donc un garçon ne peut-il pas être comme une fille? Elle aurait voulu parfois se transformer en porc-épic, se hérisser de tous ses dards, afin de lui faire comprendre que la promenade au clair de lune n'augmentait nullement son désir de contact. En sa présence, elle éprouvait le désir de préserver sa liberté et son indépendance. Pourtant Sylvie ne le renvoya pas. "Pas tout de suite, pensait-elle, plus tard peut-être…" Mais plus tard, au bout de six mois environ, certaines choses ont commencé à se faire jour en elle. Elle comprit qu'un jeune homme qui vous envoie un livre qui l'a intéressé, est plus sérieux que celui qui offre des roses. Ce livre voulait dire: j'aimerais partager avec vous ce qui me tient à cœur ces jours-ci. Je voudrais vous faire partager ma vie. J'aimerais savoir ce que vous pensez. Un jour elle se surprit à considérer avec intérêt la structure d'un pont. Pour la première fois de sa vie, elle se mit à admirer ses lignes harmonieuses, l'équilibre de ses bases. Ou bien encore, elle s'arrêtait devant les planches géantes destinées à la construction d'un gratte-ciel, et qu'on élevait sur l'ascenseur. Et elle pensa: "Je devrais bien lui faire voir ça!" Être comprise n'était plus désormais sa seule aspiration. Elle commençait, elle aussi, à comprendre l'autre. Elle avait appris la première leçon d'amour: il s'agit d'oublier les beaux rêves qui risquent d'être une entrave au bonheur. L'amour est un sentiment particulier - quelque chose qui doit s'apprendre. Si ce sentiment particulier n'est pas appris, s'il n'y a aucune idylle dans les rapports entre les deux sexes, l'attirance physique et l'amour ne font qu'un. C'est encore le cas, dans une large mesure, pour les Africains. L'attirance physique est appelée amour et vice-versa. "J'ai aimé une fille" revient alors à dire: "J'ai couché avec une fille". Si ce sentiment particulier n'est pas appris, c'est ou tout l'un ou tout l'autre. Il n'y a pas de période intermédiaire. Les conséquences d'une telle attitude sont d'une très grande portée. La femme n'est guère plus qu'une matrice, une couveuse bien conditionnée. Ce n'est pas une personne, mais une chose qui peut être vendue ou achetée, échangée, manipulée à souhait comme un être inférieur, sans volonté propre, soumise à tous les désirs masculins. Dans toutes les civilisations où la discipline sexuelle n'existe pas, où l'idylle des fiançailles est inconnue, il résulte que la fille devient une simple chose, un objet inanimé. Ce dont l'Afrique a besoin par-dessus tout, c'est d'apprendre à aimer. Mais, au fait, l'a-t-on vraiment appris dans la civilisation occidentale? Quelles sont les expériences des étudiants africains lorsqu'ils viennent dans les universités d'Europe ou d'Amérique? Trouvent-ils là quelque chose de différent de ce qu'ils ont laissé derrière eux là-bas? La soi-disant "nouvelle morale", cette liberté sexuelle si répandue en Occident, loin d'émanciper la femme, n'a fait que la dégrader, lui a fait perdre sa dignité et sa personnalité. En Europe de même qu'en Amérique, cela l'a réduite à l'état de jouet, d'outil, destiné à satisfaire les passions masculines. Nous avons tous besoin d'apprendre à aimer, à apprécier la beauté de la période d'attente, des préliminaires avec leurs pures joies. Ainsi s'exprimait Sylvie: "Il y avait dans nos relation une certaine liberté du fait que nous ne nous étions pas définitivement liés l'un à l'autre. Et c'est là ce que j'appréciais le plus. Il y avait dans cette liberté à la fois uploads/Litterature/ amour-sentiment-apprendre.pdf
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- Publié le Jui 06, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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