I àz=a H ISTOIRE DES DOCTRINES DE L ’ANTIQUITÉ CLASSIQUE Fondateur : Jean Pépin
I àz=a H ISTOIRE DES DOCTRINES DE L ’ANTIQUITÉ CLASSIQUE Fondateur : Jean Pépin Directeur : Luc Brisson ----------------------------------- x l ii --------------------------------- CALCIDIUS COMMENTAIRE AU TIMÉE DE PLATON TOME I Édition critique et traduction française, par Béatrice BAKHOUCHE avec la collaboration de Luc Br is so n pour la traduction Ouvrage publié avec le concours du Centre national du livre et de ΓÉquipe CRISES (EA 4424) PARIS LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN 6, Place de la Sorbonne, Ve 2011 En application du Code de la Propriété Intellectuelle et notamment de ses articles L 122-4, L 122-5 et L 335-2, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Une telle représentation ou reproduction constituerait un délit de contrefaçon, puni de deux ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende. Ne sont autorisées que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, ainsi que les analyses et courtes citations, sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l’auteur et la source. © Librairie Philosophique J. VR1N, Paris, 2011 Imprimé en France ISSN 0153-0828 2 volumes ISBN 978-2-7116-2264-1 www.vrin.fr INTRODUCTION GENERALE Celui dont l’œuvre « constitue l’un des heureux témoignages de la spécula tion de l’antiquité tardive où se sont amalgamés, sur un fond commun platoni cien, des éléments de différentes traditions qui ont fini par former une synthèse originale appelée à avoir une profonde influence sur la culture médiévale » 1 est pour nous un auteur quasiment inconnu. Personne à son époque, presque personne plus tard ne parle de lui. Nous ne le connaissons que par son œuvre : une version latine du Timée de Platon et un commentaire sur ce même dia logue. Et encore ceux-ci sont-ils peu exploitables pour cerner la vie de leur auteur : l’œuvre est indissociable du dialogue grec, et la réception de Calcidius est virtuellement celle du texte platonicien. En outre, Calcidius fait partie, avec Macrobe, Martianus Capella, et, plus tard, Boèce, de ces « platoniciens » de l’Antiquité finissante, si bien que, là encore, l’étude de cet auteur s’inscrit dans celle, plus générale, de la transmission du platonisme 1 2. L ’AUTEUR Son nom Chalcidius ou Calcidius ? De A Giustiniani (1520) à J. Wrobel (1876), tous les éditeurs 3 ont adopté la première graphie sur la foi de quelques manu- 1 . T. Gregory, «L e platonisme du XIIe siècle», Revue des sciences philosophiques et théologiques 71, 1987, p 243-259 [p. 244] ; cf. déjà P. Duhem, Le système du monde I, Paris, rééd. 1958, p. 418 ; St.E. Gersh, « Calcidius’ Theory of First Principies », Studia Patristica 18-2, 1989, p. 85-92, qui souligne le rôle prééminent de Calcidius « as a transmitter of Plato’s cosmological doctrine to the Middle Ages » [p. 85] et, plus récemment, P.E. Dutton, « Médiéval Approaches to Calcidius », dans G.J. Reydams-Schils (éd.), Plato’s ‘Timaeus’ as Cultural Icon, Notre Dame (Indiana), University of Notre Dame Press, 2003, p. 183-205 [p. 183]. 2. P.L. Donini (« Medioplatonismo e filosofi medioplatonici. Una raccolta di studi », Elenchos 11, 1990, p. 79-93) déplore le silence sur plusieurs textes ou figures qui, comme Sénèque, Calcidius et Maxime de Tyr, montrent quelques structures conceptuelles importantes ou, à tout le moins, la diffusion et l’influence du médioplatonisme [p. 92]. 3. Sur les éditions, cf. infra p. 98-102. 8 BÉATRICE BAKHOUCHE scrits l. S’il faut lire dans ce nom la transcription d’un χαλκιδίος, il ne peut désigner qu’un ethnique de Chalcis en Eubée (χαλκιδεύς ou χαλκιδικός) 1 2, mais deux arguments de J.H. Waszink 3 font désormais autorité pour l’abandon définitif de la première orthographe : d’abord, les meilleurs manuscrits ne por tent pas de H 4, pas plus - et c’est la seconde preuve - que le dédicataire de Y Expositio sermonum antiquorum de Fulgence, Calcidius grammaticus 5. P.E. Dutton, s’il adopte la graphie sans H, s’interroge néanmoins sur le nom, évoquant une origine grecque pour notre auteur 6. Ce qui permettrait du reste de trancher la question à la fois du nom et de l’origine, ce serait peut-être l’aspect linguistique : est-ce que les traductions (c’est-à-dire la méthodologie, les trans positions, le choix des mots...), et pas seulement dans la version mais aussi dans le commentaire, sont celles d’un Grec qui transpose en latin ou l’inverse ? La question n’est-elle pas insoluble ? So n é po q u e L’identification de Calcidius est intimement liée à celle de son dédicataire Osius (ou Hosius). Or celui-ci a longtemps été pris pour l’évêque de Cordoue 1. Au début de YÉpître à Osius dans Paris, BnF Lat. 6282 (XIe s.) et München, Nationalbibl. Lat. 14663 (XIIe s.) ; au début du commentaire dans Leiden, Bibi. Univ. B.P.L. 64 (XIe s.) et Vaticano, Barber. Lat. 21 (XIIe s.) de même que, pour ce dernier manuscrit, à la fin de la première partie, en marge ; pour Yexplicit du commentaire enfin, dans Milano, Ambros. I. 195. Inf. (XIe s.), Bamberg, Bibl. Publ. Μ. V. 15 (XIe s.), Vaticano, Reg. Lat. 1861 (XIe s.), Wien, Ôsterreichische Nationalbibl. Lat. 443 (XIe s.) et Napoli, Bibi. Naz. VIII F 11 (XIIe s.). 2. A Lexicon ofGreek Personal Names (Oxford, Oxford University Press, 1987-2005, 4 vol.) ne donne aucun témoignage concluant. P.A.C. Vega, de son côté, a cherché à justifier la graphie avec un H par une origine grecque dont le sens serait « petite cruche de bronze » (« Calcidio gran escritor platonico espanol dei siglo IV », La Ciudad de Dios 152, 1936, p. 145-164 [p. 147, n. 3]). Sur l’origine espagnole de Calcidius, cf. infra « Son époque ». 3. Timaeus a Calcidio translatus commentarioque instructus, Leiden, 1962, praef. p. XVII ; art. « Calcidius », Reallexicon für Antike und Christentum 15, 1975, p. 236-244 [p. 236]. G. Briscoe Kerfer suit toutes les conclusions de J.H. Waszink dans sa notice sur « Calcidius », Theologische Realenzyklopàdie, Berlin-New York, De Gruyter, 1981, p. 546-550. 4. Cet argument a été repris par A.H.M. Jones, J.R. Martindale & J. Morris, The Prosopo- graphy of the Later Roman Empire I: AD. 260-395, Cambridge, Cambridge University Press, 1971, p. 172. Pourtant, dans le manuscrit Vatican, Reg. lat. 1068, qui passe pour une excellente copie, on lit « Chalcidius » ; cf. infra « L’établissement du texte ». 5. M. Huglo identifie, à tort selon nous, ce Calcidius avec notre auteur : « La réception de Calcidius et des Commentarii de Macrobe à l’époque carolingienne », Scriptorium 44, 1990, p. 3- 20 [p. 5 et n. 8], et « Recherches sur la traduction des diagrammes de Calcidius », Scriptorium 68, 2008, p. 185-233 [p. 185 n.l] ; de même, Jones, Martindale et Morris (The Prosopography of the Later Roman Empire I, p. 173) identifient notre auteur au « poet Calcidius who translated Greek verses into Latin », alors que les vers cités par E. Baehrens dans l’édition des Poetae Latini Minores (Leipzig, 1879-86) ne sont que des extraits du Commentaire au Timée. 6. « Médiéval Approaches to Calcidius», art. cité, p. 185 ; cf. également l’hypothèse de Cl. Moreschini (Calcidio. Commentario al Timeo di Platone, Milano, Bompiani, 2003, Introduz. p. XII-XIII, n. 9), selon laquelle Calcidius pourrait avoir composé son œuvre à Constantinople. INTRODUCTION GÉNÉRALE 9 qui a vécu centenaire (d’environ 256 à 358) et était connu pour sa participation active au concile de Nicée, en 325, puis à celui de Sardique en Dacie, en 343 l. C’est dire que ce personnage, sorte de « ministre du culte » 2 de l’empereur Constantin, s’est fermement engagé dans la lutte contre les ariens. Il est l’un des responsables du dogme de la consubstantialité du Fils et du Père défini au concile de Nicée, et c’est sur son instigation également que fut convoque le concile de Sardique pour réaffirmer l’orthodoxie nicéenne 3. Les précisions sur le destinataire de l’œuvre apparaissent dans des manuscrits de Calcidius des XIe, XIIe ou XIIIe siècles, c’est-à-dire dans des copies datant d’une époque où des personnages dont on ne sait rien sont fréquemment identifiés avec d’autres du même nom qui sont restés connus. Si Osius est évêque, Calcidius est diacre ou archidiacre 4. L’association des deux hommes (l’illustre et l’obscur) a été largement accréditée par les historiens 5. Situer Calcidius dans l’entourage de l’évêque de Cordoue oblige à le faire vivre dans la première moitié du IVe siècle. Or le style de notre auteur ressortit à l’éloquence latine d’une période plus tardive, c’est-à-dire de la fin du IVe ou 1. Sur ce personnage, cf. V.C. de Clercq, Ossius ofCordova. A Contribution to the History of the Constantinian Period, Washington, Catholic University of America Press, 1954 ; sur la participation d’Osius au concile de Sardique, cf. le témoignage d’A. Giustiniani (ed. princeps 1520), Epist. Dedicat. : [...] Haec autem scripsit Chalcidius abhinc mille centum et triginta annis, ad Osium Cordubensem Episcopum, qui concilio praefuit Sardicensi [...]. 2. L’expression est de M. Meslin, Les Ariens d uploads/Litterature/ bakhouche-calcidius-01introduccion-2011 1 .pdf
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- Publié le Jan 25, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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