Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient 2. Asoka et l'ardhamāgadhī ; le
Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient 2. Asoka et l'ardhamāgadhī ; le couple gic/giy Jules Bloch Citer ce document / Cite this document : Bloch Jules. 2. Asoka et l'ardhamāgadhī ; le couple gic/giy. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 44 N°1, 1951. pp. 46-50; doi : https://doi.org/10.3406/befeo.1951.5213 https://www.persee.fr/doc/befeo_0336-1519_1951_num_44_1_5213 Fichier pdf généré le 08/02/2019 2. - ASOKA ET L'ARDHAMAGADHÎ; LE COUPLE gic/giy En 191 i , analysant le dialecte du gobam- dans ses Bruchstù'cke Buddhistischer Dramen, p. До, Líiders s'est trouvé amené à préciser une idée de E. Miiller (Beitràge г. Gramm.. des Jainaprâkrit, 1876) en reconnaissant dans la langue des piliers d'Asoka un état ancien de l'ardhamâgadhï du canon jain; et pour désigner cet état, il créait le terme dV Alt-Ardhamâgadhïw. Idée et désignation étaient reprises dans son article sur le 4e pilier d'Asoka, Sitzb. Berlin, 191З, p. 994 et suiv., 1006 et suiv. La thèse, qu'il n'a sauf erreur pas justifiée depuis, a déjà été combattue par T. Michelson, Am. J. Phil., XLI, 1920, p. 264, 372. On voit cependant encore des philologues s'y référer; ce n'est pas la seule fois dans les études indiennes que l'utilisation abusive d'un terme indigène a prolongé le prestige d'une théorie caduque. Parmi les caractères signalés par Liiders, le sandhi -e pour skr. -ah et yeva pour eva sont courants en mâgadhï (le second est également pâli, voir Luders, p. З9); dans son article épigraphique, Liiders a lui-même brillamment démontré l'extension du type ace. pi. pulisàni en dehors des deux dialectes considérés. L'ardhamâgadhï garde r que le rôle du gobam- bouddhique et Asoka remplacent par / : or l ne peut être l'état ancien de iv L'infinitif en -taye du drame, celui de l'ardhamâgadhï en -ttae se séparent du type asokéen en -tave. Et pour citer une particularité où le témoignage du drame bouddhique manque, le pronom d'Asoka tupphe «vous я n'avait aucune raison de mener à Amg. tubbhe. La thèse de Luders était donc étayée sur de mauvaises preuves. 11 reste vrai que certains traits rapprochent la langue d'Asoka de la langue canonique des Jain. Luders les avait sans doute présents à l'esprit au moment où il éditait les fragments bouddhiques, mais il n'avait pas à en tenir compte à ce moment. Ce sont des faits d'autant plus intéressants qu'ils concernent la grammaire; ils sont trop isolés pour permettre d'identifier les deux dialectes; il convient cependant d'en établir la liste. Verbe. — i° Le participe présent moyen en -mïna, caractéristique du reste encore inexpliquée. Ayâr. i.9.1, 86 nàbhibhàse abhivàyamïne «cil ne répond pas quand on le salue»; Asoka 7 sùkalî pâyamïnâ « truie allaitante». La forme n'est du reste généralisée ni chez Asoka ni chez les Jain (Pischel, S 662). 20 Le gérondif en -ru. Asoka 7 etamjane sutu «les gens entendant dire cela», et de même au Kalinga hevam katu (à lire peut-être kattu) répondant à AMg. vandillur battu, etc., voir Pischel, S 677. 3° Le prétérit 3 sg. Asoka 7 esa me huthâ (à lire hutthàf) « voilà ce qui m'est apparu» est proche de AMg. hotthâ, Pischel, S 617. Nom. — Datif sg. m. etàye. . . athàye wen vue de cet objet» hitasuhhàye к en vue du bonheur» comme AMg. sàgapâgàe « pour la cuisson des légumes» et surtout les abstraits comme devattâe, voir Pischel, S 364. Mais de pareilles formes se retrouvent à Mathura (Mehendale, Hist, of inscriptional Prakrits, p. 17З), dans le manuscrit Dutreuil de Rhins et dans les inscriptions en kharosthi (St. Konow, Khar. inscr.> p. cxiii) ; elles ont sans doute été répandues par la religion. TROIS NOTES kl Pronom. — i° L'absence de y- initial devant le relatif (n. sg. m. e к qui», ata с où», atlid «■ comme», dvd «jusqu'à» et dans les inscriptions «■ orientales» sur roc âdise crlel») ne peut être phonétique, puisqu'elle ne se constate que dans cette série; le fait que Girnar et Shahbazgarhi connaissent dva permet de conjecturer que le point de départ se trouve dans la communauté de sens entre d t: jusqu'à» et ydvat. L'ardhamâgadhï use avec abondance précisément de dva- et al м- en tête des composés, v. Piscliel, S 335 ; mais le thème du pronom relatif est ja-. Pour le dire en passant . ceci ôle beaucoup de sa vraisemblance à l'explication que donne Schu- bring (Kalrmshtra, s. y.) de AMg. adu, aduvd -ou bien» par \jad va, cf. Pischel, g i55. s" Ou trouve chez Asoka quelques passages où hlni ne peut guère se comprendre qu'avec la valeur d'une particule; il en est de même de mini qui dans le VIe édit sur rocher est le correspondant à Girnar (G : idha ca ndni suhhdpdydmi = K. Dh. hida ca hdni suhhdyàmi). C'est le cas en particulier dans l'édit Y : ajahd ndni elahd câ sùhali ca gabltinï va рауанппп va avadhiya poluhe pi ca hdni âsammàsihe te chèvre. . . brebis, truie pleine ou allaitante ne doivent pas être tuées; ni non plus. . . les petits jusqu'à six mois r. Or l'ardliamâgadliï use d'une formule piyàim qui ne peut guère représenter élyniologiquement autre chose que api hdni : aviudim équivaut à api си, с en ou tre r> , cf. lam pi ydim 9.1, 34, voir Pischel , S k 2 7 , et S Д 1 7 où il donne des exemples de afthi ydim équivalant à allhi yam. On trouve du reste à Girnar ham dans le groupe ca ham et dans les edits du Kalinga himti ham. 3° Ou peut tenir compte de se introduisant une phrase dans les deux dialectes considérés, puisque son équivalent pâli ne se rencontre que dans le groupe soyyathd et qu'en pràkrit littéraire seule î'ardhamâgadhï l'emploie, voir Pischel, p. Й99. Telles sont les formes grammaticales où l'on constate des coïncidences entre les deux langues. Il serait naturellement facile de trouver des points de dissemblance; pour n'en prendre qu'un, les innovations dans la flexion de l'optatif vont dans des directions divergentes. l'n problème curieux de phonétique — ou de vocabulaire — est posé par une forme qui se rencontre non sur les piliers, mais à Girnar, c'est-à-dire là où la langue des inscriptions diffère de la langue propre d'Asoka et se rappproebe le plus du pâli; с •■•>.{ le i)«iiu de í année, qui 1.Ы normalement vassa à l'Est, et a Girnar rasa; m' fasti r~,( la forme ili1 ! ardbamagadhi. Mais en anlhamâgadhï il est normal qu'une vovf'ile biv\e de\aut siillanle double s'allonge aux dépens des silliautes : sàsava de mnapa, phàsa de spar s'a (Pischel, S 6 я); à Girnar, malgré le futur hàsati de har-, il n'est pas sur qu'on ait affaire à la même évolution. Il convient de rappeler aussi pkr. hása, Lisa gén. sg. pour skr. hasya. Il existe donc bien des dialectismes qui rapprochent la langue d'Asoka de l'ardha- inagadhï; leur nombre n'autorise pas à voir dans les deux séries de textes deux aspect successifs d'une même langue. \ a-f-il lieu de ^e servir de ces rencontres partielles entre Asoka et ťardliama- gadbï pour l'explication de faits du vocabulaire? Ou'il me soit permis d'ajouter ici s* ? m .>ugjj<'>lion portant sur deux, mois inégalement rares; s'il est dangereux d'éclairer l'obscur par l'obscur, il peut aussi y avoir au moins quelque avantage à souligner les dillicultés et à écarter des explications imparfaitement fondées. L'ardhainâgadhî emploie un verbe rirpmr-, dont le sens Ы clair _: Kappas., I, 19, il est défendu de déposer des excré;nents de diverse nature près de l'eau : ucedram ta pd srn'annm rit hhr.fom va s i mrhánu m va pnntfiHwetlac; plus loin 6.2tí on défend 48 JULES BLOCH iiccara-pasavam-khela-jalarsinghaim-vigincatiam va visohanam va karettae , c'est-à-dire «de les ... et de les essuyer »; le même couple se retrouve 5.io et 5.i3. Schu- bring traduit selon les cas «absondern, entfernen, ausscheiden». L'idée centrale est celle de «rejeter». Et en effet, dans un contexte qui ne laisse place à aucun doute, rUtlarajjhayana III, i3, dit : vigiňca kammuno heum (variante vikhïca) «rejette toute cause de karman я. D'où vient ce mot? Schrubring (Das Kalpàsiitra , in Indica a, p. 68) admet sans autre explication l'interprétation du commentateur indigène : v vigiňca : durch Dissimilation aus *viviňcati vwinahû-n. Or en admettant que cette dissimilation soit d'un type normal, elle était spécialement inutile pour vivic- qui existe et peut avoir un sens proche de celui de vigiiic- : païi vioicca «ayant séparer?, viviccati «se mettre à part», pkr. vwe(g)a «rejet, séparation», vivitta «privé de, séparé». D'autre part, on chercherait en vain d'autres exemples d'une dissimilation de v. . . v, et en tout cas avec l'aboutissant v. . .g; Grammont ne fournit que Cimitasecchia , Si Schubring en a été réduit à cette extrémité, c'est qu'aucune etymologie plausible n'apparaît, même en recherchant les possibilités restreintes qu'offre en indo- européen un radical de type moyen indien gic-, ou plutôt Ые-, puisque celui-ci est attesté en pâli : hici maddane, kiňceli, Saddanïti, p. 5 28, n° 1З28. Par contre l'indien moderne témoigne de sa réalité. H y uploads/Litterature/ bloch-1951-asoka-et-l-x27-ardhamagadhi-le-couple-gicgiy.pdf
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- Publié le Dec 30, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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