Première édition française : Éditions du Rocher, 1948. www.editionsecriture.com

Première édition française : Éditions du Rocher, 1948. www.editionsecriture.com Si vous souhaitez recevoir notre catalogue et être tenu au courant de nos publications, envoyez vos nom et adresse, en citant ce livre, aux Éditions Écriture, 34, rue des Bourdonnais 75001 Paris. Et, pour le Canada, à Édipresse Inc., 945, avenue Beaumont, Montréal, Québec H3N 1W3. eISBN 978-2-3590-5058-5 Copyright © Longmans, Green & Co, London, 1900. Traduction : tous droits réservés. Copyright © Éditions Écriture, 2011, pour la présente édition. Sommaire Page de titre Page de Copyright PRÉFACE 1 - UN ÉVÉNEMENT D’IMPORTANCE POLITIQUE 2 - LA TÊTE DE L’ÉTAT 3 - L’HOMME ET LA MULTITUDE 4 - LA DÉLÉGATION 5 - UNE CONVERSATION PRIVÉE 6 - SUR LE TERRAIN CONSTITUTIONNEL 7 - LE BAL DE LA PRÉSIDENCE 8 - À LA LUEUR DES ÉTOILES 9 - L’AMIRAL DE LA FLOTTE 10 - LA BAGUETTE DU MAGICIEN 11 - AUX HEURES DE LA NUIT 12 - UN CONSEIL DE GUERRE 13 - L’EXÉCUTIF 14 - LA LOYAUTÉ DE L’ARMÉE 15 - SURPRISES 16 - LA RÉVOLUTION EN MARCHE 17 - LA DÉFENSE DU PALAIS 18 - PAR LA FENÊTRE 19 - UNE EXPÉRIENCE RICHE D’ENSEIGNEMENT 20 - LA QUERELLE EST VIDÉE 21 - LE RETOUR DE LA FLOTTE 22 - LA VIE A DES COMPENSATIONS PRÉFACE L’œuvre écrit de Sir Winston Churchill ayant eu la bonne fortune d’être couronné du prix Nobel de littérature, il n’est pas déplacé de se demander pourquoi. Ou du moins à quel titre. D’autant que cela se passait en 1953 et que la gloire de guerre dont il se trouvait nimbé était encore vive dans les mémoires. Il s’avéra que l’historien en lui était récompensé, et particulièrement le mémorialiste. D’où il appert que l’écrivain proprement dit avait été ignoré, scandale que devrait dissiper la réédition française de sa seule œuvre de fiction. Dans ses jeunes années à Brighton, il avait lu et relu passionnément L’Île au trésor de Stevenson ; adolescent à Harrow, il dut subir dans la douleur l’obsession de ses professeurs pour le latin et les mathématiques, quand sa pente naturelle le portait vers l’étude de l’histoire et de la poésie, songeant déjà à écrire des essais ; un peu plus tard, à l’école militaire de Sandhurst, les Opérations militaires de Hamley, les Lettres sur l’infanterie, la cavalerie et l’artillerie du prince Kraft, ainsi que la Tactique de l’infanterie au feu de Maine, de même que des récits de la guerre franco-allemande, de la guerre de Sécession américaine et du conflit russo-turc, l’emportèrent sur toute autre considération littéraire. Elles revinrent l’envahir quelques années après, en Inde, alors qu’il avait été affecté au 31e régiment d’infanterie du Pendjab ; pressé d’en découdre sur le terrain, il rongeait son frein et intriguait afin d’être versé dans le corps expéditionnaire de Tirah. Confiné à Bangalore, il résolut d’édifier ce qu’il appellera « une petite œuvre littéraire » : la réunion de ses dépêches envoyées avec succès au Daily Telegraph et au Pioneer constitua son premier livre. Un an après The Story of the Makaland Field Force (1898), il publiait The River War, également chez Longmans, Green & Co à Londres, l’un et l’autre récits relatant des campagnes militaires, le Soudan après l’Inde et les confins afghans. Il y prit goût. Il en fallait pour sauter le pas et s’essayer au roman, quitte à le dédier à son régiment, le 4e hussards. Voici comment il relate son passage à l’acte dans son meilleur livre, Mes jeunes années : « Ayant contracté l’habitude d’écrire, je me lançai dans la fiction. L’envie me vint de m’essayer à un roman. Je trouvai cela beaucoup plus rapide que de tenir une exacte chronique des faits. Une fois commencé, le récit se déroulait tout seul. Je choisis comme thème une révolution dans quelque République imaginaire des Balkans ou d’Amérique du Sud, et je racontai les aventures d’un chef libéral qui n’a renversé un gouvernement arbitraire que pour être englouti à son tour par une révolution socialiste. Mes camarades officiers s’amusaient beaucoup de l’histoire à mesure qu’elle se développait, et me firent diverses suggestions pour animer l’intrigue sentimentale, suggestions que je ne pus accepter. Mais nous avions en abondance des épisodes militaires et politiques, entrelardés des considérations philosophiques dont j’étais capable, le tout aboutissant au grand final d’une flotte de cuirassés forçant une sorte de détroit des Dardanelles pour mater la capitale rebelle. Le roman fut achevé en deux mois. Il finit par être publié dans le Macmillan’s Magazine sous le titre de Savrola et fut successivement réimprimé dans diverses éditions pour me rapporter en plusieurs années un total d’environ sept cents livres. J’ai toujours insisté auprès de mes amis pour qu’ils s’abstiennent de le lire1. » Ainsi Winston devint-il écrivain, ou à peu près. Car Savrola, a novel, paru en 1900 chez l’éditeur de ses débuts, mais dont la rédaction fut en réalité entreprise sous le titre provisoire Affairs of State avant le récit de ses épopées guerrières, est la matrice de son œuvre écrite. Romancier, lui ? Comme pour le reste, il a appris en faisant et en voyant faire. On le soupçonna d’avoir calqué ses personnages sur certains membres de sa famille (sa mère, sa nurse, son ancêtre qui se battit contre Cromwell…), ce qui était un compliment involontaire à son imagination créatrice, tous les vrais romanciers agissant de la sorte. L’historien Anthony Rowley tient ce roman à la fois pour une clé et pour une vitrine : « Churchill y développe le thème de la dictature, de l’homme providentiel. C’est l’idée à laquelle il a cru toute sa vie : un héros qui s’expose aux coups du destin mais qui s’en sort par le courage et la chance. Churchill, c’est le héros en actes, en vrai2. » Il est troublant de constater que le héros de Savrola, qui emprunte largement sa philosophie de la vie à l’auteur, est maître de son destin comme, dans Mes jeunes années, Sir Winston se dit maître du sien. Il a rêvé sa vie dans ce roman écrit à vingt-cinq ans ; il s’est inventé une posture de héros, manière de s’autonomiser du politique. Savrola, c’est Churchill, future grande incarnation totémique britannique du demi-siècle échu. Fascinant, l’autoportrait donne toute sa valeur au livre. Tout y est déjà, et surtout un trait parmi les plus étonnants de son caractère : son côté visionnaire. Ne décrit-il pas, vingt ans avant, l’affaire des Dardanelles ? Savrola annonce aussi l’homme aux intuitions prophétiques. Pas seulement acteur de sa vie et de son personnage, Churchill en est l’auteur. Un artiste. Voilà pourquoi il convient de ne pas prendre au mot la dernière phrase du mémorialiste invitant ses proches à ne pas le lire. Sauf à imaginer qu’il exprimait sa pensée profonde par antiphrase, ce qui était bien dans sa manière. Il est vrai que, lorsqu’on fait remarquer à un historien anglais que Winston Churchill a aussi été écrivain, il commence par relever que cette pratique s’inscrit davantage dans une tradition française, les hommes politiques britanniques, roturiers comme aristocrates, ayant peu la fibre littéraire. Certes, mais Disraeli ? Ses romans ont été jugés légers. Que dire alors de Savrola ? On s’attire immanquablement l’une de ces réponses qui élèvent l’understatement au rang d’un des beaux-arts : « Il ne semble pas qu’il ait marqué son époque. » L’historien François Kersaudy, l’un de ses plus fins biographes, voit les choses autrement : « Un roman de cape et d’épée, plutôt naïf, mais admirablement écrit3. » Il est vrai qu’il fut conçu en un temps où, la passion exclusive de l’aquarelle ne l’ayant pas encore envahi, Churchill prenait vraiment goût à écrire. Dans ces premières années du XXe siècle, il confiait volontiers qu’il n’était de plus belle perspective de bonheur que quatre vraies heures de tranquillité sans être interrompu, avec un paquet de feuilles blanches et un stylo à encre, par un beau matin ensoleillé4. Dès lors, il ne cessa jamais d’écrire, activité seulement interrompue par les guerres. Dans ses dernières années, Sir Winston jugeait qu’au fond l’écriture était une aventure. En plusieurs étapes : d’abord un jouet, un amusement ; puis une maîtresse, avant de devenir un maître et même un tyran ; enfin, en dernière instance, au moment où l’auteur se réconcilie avec sa servitude, il terrasse le monstre et le lance au public qui s’en empare5. Des livres, Winston Churchill en signera quantité d’autres. Vers 1946, il se plaisait à raconter qu’il les écrivait à la manière dont le chemin de fer Canadian Pacific fut construit : en traçant d’abord la voie de cote à cote, puis en plaçant des gares6. La bibliothèque de sa chère maison de campagne de Chartwell témoigne tant de son éclectisme que de son inépuisable curiosité. Il y a nourri aux meilleures sources l’instinct puissant qui le guida toute sa vie en toutes choses. Mais l’élève n’a pas dépassé ses maîtres, les Gibbon et Macaulay. Ses livres d’histoire sont moins une référence qu’une source. Loin, très loin de Histoire de la décadence et de la uploads/Litterature/ churchill-winston-savrola.pdf

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