CHARLES SAMARAN D'ARTAGNAN CAPITAINE DES MOUSQUETAIRES DU ROI HISTOIRE VÉRIDIQU
CHARLES SAMARAN D'ARTAGNAN CAPITAINE DES MOUSQUETAIRES DU ROI HISTOIRE VÉRIDIQUE D'UN HEROS DE ROMAN HUITIÈME ÉDITION PARIS CALMANN-LÉVY, ÉDITEURS 3, RUE AUBER. 3 ^"^ 19 1. D'ARTAGNAN CAPITAINE DES MOUSQUETAlllES DU KOI Droits d» traduction et de reproduction lif.stvés pour tous les pays. Copyright 1912, by C.vLMAnH-lvévr Wj Mémoires DEM D'ArtAGNAN .» Capitaine JLieutendnt de la première, \'Compannie. dej<MoiisauetaLre3 duRoi CHARLES SAMARAN D'ARTAGNAN CAPITAINE DES MOUSQUETAIRES DU IlOl HISTOIRE VERIDIQUE D UN HEROS DE ROMAN D'Artagoac tt la gloire ont le même cercueil. Journal du siège de MHSirieh par Sïiat-Blïitf , iili. PARIS CALMANN-LÉVY, ÉDITEURS 3, RUE ArjBEH> 3 Digitized by the Internet Archive in 2010 witii funding from University of Ottawa littp://www.arcliive.org/details/dartagnancapitaiOOsama A MA FIAXCÉE D'ARTAGNAN CHAPITRE PREMIER LA LÉGENDE DE D'ARTAGNAN Alexandre Dumas, les Trois mousquetaires et la popularité de d'Artagnan. — Le père du roman historique en France : Gatien Courtils de Sandras, sa vie, ses œuvres. — Les Mémoires de M. d'Artagnan. — Leur mérite littéraire et leur valeur historique. — Athos, Porthos, Âramis et d'Artagnan devant l'histoire. De tous les noms nimbés de gloire que la légende et l'histoire nous ont transmis, peut- être n'en est-il pas de plus populaire, en France et même ailleurs, que celui de d'Arta- gnan'. Qu'il serve à désigner les lions les 1. Il faudrait dire Artagnan, sans particule, ou monsieur d'Artagnan. Le mousquetaire signait soit Charles de Castel- more d'Artagnan, soit Artagnan tout court, conformément à l'usage de son temps. Nous avons perdu, pour la plupart, le sentiment de ces nuances, et d'ailleurs la petite erreur de Dumas père s'est tellement répandue que ce serait jeter, 1 2 d'artagnan. plus redoutés des ménageries ou les larges chapeaux de feutre que le négociant astucieux place sous cette protection illustre, ce nom prestigieux n'est jamais invoqué en vain. Il fait recette. D'Artagnan, c'est le Gascon, disons mieux le Français par excellence, à l'esprit juste et alerte, au corps souple et vigoureux, au cœur bon et compatissant, qu'aucune difficulté ne trouve en défaut, que n'effraie aucun danger, qu'aucune infortune ne laisse insensible, habile enfin au jeu de la finesse comme au jeu de la force, mais toujours loyal et brave comme son épée. Cette renommée universelle, Charles de Batz-Castelmore, dit d'Artagnan — ce sont les seuls noms et titres que notre héros ait le droit de porter devant l'histoire — n'en a joui ni de son vivant ni même longtemps après sa mort. Ce fut assurément un brave gentilhomme, un homme de guerre expérimenté, à l'occasion un adroit diplomate, et, en toutes circon- sans raisons sérieuses, le trouble dans l'esprit de nombreux lecteurs que de ne pas laisser à d'Artagnan le nom sous lequel il est uaiversellement connu. LA LEGENDE DE D ARTAGNAN. 3 stances, un Gascon souple et délié sans être courtisan. Il sut gagner la sympathie de tous, même de ceux dont il fut obligé, par devoir professionnel, d'assumer la garde dans les pri- sons du roi : Fouquet et Lauzun par exemple. Quand il mourut, en valeureux soldat, chacun exalta à l'envi la conscience, le zèle, la bra- voure, la générosité du parfait galant homme qu'il était. Mais là s'arrêta sa gloira, car — il faut bien le dire — c'est à des chances fort imprévues que d'Artagnan a dû son immense fortune posthume. Et d'abord, quelque trente ans après sa mort, un « publiciste » de talent s'avisa de fabriquer et d'imprimer sous le nom de d'Artagnan de prétendus Mémoires^, où le capitaine-lieutenant des grands mousquetaires du roi était censé raconter beaucoup de choses qu'on n'osait guère dans ce temps-là imprimer qu'en Hol- lande, et qui tiraient de cette circonstance 1. Mémoires de monsieur d'Artagnan, capitaine-lieutenant de la première compagnie des mousquetaires du roi, contenant quan- tité de choses particulières et secrètes qui se sont passées sous le règne de Louis le Grand. 1" édition Cologne, Pierre Marteau, 1700-1, 3 vol. in-12. — 2" éd. Amsterdam, Pierre Rouge, 1704, 4 vol. in-12, avec, en tête, un portrait gravé. — 3' éd. Ams- {erdam, Pierre de Coup, 1715, 3 vol. in-12. 4 D ARTAGNAN. l'attrait, toujours irrésistible, du fruit défendu. Ensuite, beaucoup plus tard, un exemplaire de ces Mémoires apocryphes, le premier volume tout au moins, vint à tomber sous la main d'un romancier, dont les dons merveilleux d'imagination, de vie, et — c'est une justice à lui rendre — d'intuition historique plaisaient tout particulièrement et n'ont pas, d'ailleurs, cessé de plaire au public français. L'auteur des Trois mousquetaires en fît son livre de chevet et en tira, avec Auguste Maquet, la matière de, nombreux volumes. Sous couleur de conter les aventures plus ou moins authentiques d'un personnage bien placé pour pénétrer les secrets de la cour du grand Roi, Gatien Courtils de Sandras avait peint de couleurs vives, mais un peu suspectes, l'époque de Mazarin et de Louis XIV adolescent. Alexandre Dumas, lui, se dégagea plus délibé- rément encore des scrupules de l'historien. A meilleur titre que les Mémoires fabriqués par Courtils, son œuvre est du roman beaucoup plus que de l'histoire. Sans doute, il a narré assez exactement des épisodes tout à fait réels, brossé, non sans vérité, le portrait de person- LA LEGENDE DE D ARTAGNAN. 5 nages connus de tous, mis très habilement en œuvre quelques bonnes sources contem- poraines, comme par exemple les curieux Mémoires du jeune Brienne pour l'évasion du duc de Beaufort, la maladie et la mort de Mazarin. Mais il est clair que c'est à Dumas, et à lui seul, que d'Artagnan doit d'être devenu comme une manière de héros national. Grâce à lui, ce nom magique, sonnant clair et haut, vibrant comme un appel aux armes et claquant comme un drapeau, séduira longtemps encore, j'imagine, les bonnes gens de France. De ces deux promoteurs de la gloire du mousquetaire, le second, c'est-à-dire l'auteur des Trois mousquetaires, de Vingt ans après et du Vicomte de Bragelonne, n'a pas besoin d'être présenté. On n'en saurait dire autant du pre- mier. Gatien de Courtils était, au dire du Père Lelong qui paraît l'avoir connu, un homme de grande taille et de haute mine, et qui avait de l'esprit, mais tourné du côté de l'intrigue. Sa biographie présente bien des obscurités. Il naquit vers 1644 à Paris S et s'il se dit lui- 1. Niceron, Mémoires pour servir à Vhisloire des komtnes 6 D ARTAGNAN. même dans divers actes « de la paroisse de Chuelles » (Loiret), c'est seulement parce qu'il y possédait le petit château du Verger, où le peintre Girodet vécut après la Révolution, et qui existe encore*. Il était fils de Jean de Courtils, seigneur de Tourly, et de Marie de Sandras, dont il prit aussi le nom quand elle fut morte ^. Gatien de Courtils fut marié trois fois. On ne sait rien de sa première femme. La seconde, qu'il prit vers l'âge de trente-quatre ans, le 14 mars 1678, s'appelait Louise-Barbe Panne- tier. La troisième et dernière, épousée à Paris, le 4 février 17H, était veuve comme lui. Elle avait nom Marguerite Maurice, veuve d'Amable Auroy, libraire ^ Courtils ne survécut guère à illustres, II, 1729, p. 165-177, et surtout les corrections au t. X, r° partie, p. 86-87. Il y a aussi quelques bons rensei- gnements sur Courtils dans Lelong, Bibl. hist. de la France, 1" éd., 1719, p. 980 et suiv.; 2« éd., III, 1771, p. xlii-xliii. 1. Pignard-Péguet, Histoire générale illustrée des départ»- mcnts. Loiret, 1910. p. 696. 2. Niceron (X, 1" partie, p. 86-7) dit qu'à Paris il s'appela toujours Courtils de son nom de famille, et Sandras du nom d'une terre de Normandie que son père aurait perdue au jeu. Niceron ne croit pas à ce détail, que la veuve de l'écri- vain, interrogée par lui, ne put démentir ni confirmer. 3. Jal, Dictionnaire critique d'histoire et de la littérature, p. 442-3. — Sur la famille de Courtils, voir principalement le volume 909 des Pièces originales à la Bibliothèque natio- LA LEGENDE DE D'ARTAGNAN. 7 cette union. Il mourut le 8 mai 1712 à Paris, rue du Hurepoix (quai des Augustins), chez M. de Billy, libraire à l'Image Saint-Jérôme, gendre de sa femme, et le lendemain on le porta en terre au cimetière de Saint-André-des-Arcs, sa paroisse*. La carrière militaire et littéraire de Catien de Courtils ne paraît pas avoir été moins agitée que sa vie conjugale. D'abord cornette au Royal-Etranger, il aA^ait, lors de son second mariage, en 1678, le grade de capitaine au régiment de Beaupré-Choiseul, et Beuchot, dans la Biographie Michaud, dit qu'il fut aussi capitaine au régiment de Champagne. La paix de 1678 lui ayant procuré des loisirs, il lui vint à l'esprit de les utiliser en commençant la série des innombrables ouvrages qui lui valurent, en même temps que de réels succès de librairie, quelques exils et au moins deux emprisonne- ments à la Bastille "^ nale. C'est probablement un de ses parents que Charles de Courlils, écuyer, chevalier de Saint-Louis, ancien lienle- nant-colonel du régiment de Luxembourg, qui mourut le 22 juin 1722, rue Quincampoix (Arch. nat., Y uploads/Litterature/ d-x27-artagnan-capitaine-des-mousquetaires-du-roi-histoire-veridique-d-x27-un-heros-de-roman-charles-samaran.pdf
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- Publié le Jan 19, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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