Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des inscriptions et belles-l

Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des inscriptions et belles-lettres de l'Institut de France. Première série, Sujets divers d'érudition De l’aimant, de ses noms divers et de ses variétés suivant les anciens Thomas-Henri Martin Citer ce document / Cite this document : Martin Thomas-Henri. De l’aimant, de ses noms divers et de ses variétés suivant les anciens. In: Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des inscriptions et belles-lettres de l'Institut de France. Première série, Sujets divers d'érudition. Tome 6, 1e partie, 1860. pp. 391-411; doi : https://doi.org/10.3406/mesav.1860.1038 https://www.persee.fr/doc/mesav_0398-3587_1860_num_6_1_1038 Fichier pdf généré le 29/03/2019 MÉMOIRES PRÉSENTÉS PAR DIVERS SAVANTS. 391 DE L'AIMANT, DE SES NOMS DIVERS ET DE SES VARIÉTÉS SUIVANT LES ANCIENS1, PAR TH. HENRI MARTIN. --- i.aïQn»! ----- L'aimant était bien connu des Grecs dès le temps de Tlialès; mais les Grecs et les Romains ont donné à ce corps plusieurs noms, et ils ont appliqué ces noms à des objets divers. Il est important de démêler dans leurs écrits ce qui se rapporte à l'aimant, et ce qui se rapporte à d'autres corps. Cette discussion intéresse l'histoire de la physique et de la minéralogie, en même temps que les études archéologiques, philologiques et lexicographiques. 1 Voy.Saumaise, Exercitationes Plinianœ in Solinum, p. ηηίι et suiv. el p. 398 el &uiv. (Utrecht, 1689, in-fol. ) ; Falconnet, Dissertation historique et critique sur ce qae les anciens ont cru de l'aimant (dans les Mémoires de l'Académie des inscriptions , 1" série, t. IV, p. 6 ι 6-634); Schwarze, Commentationes Theophrasteœ vin (Gorlitz, χ 80 1-1808), Comm. ν et vi , De Lapide lydio veterum et recentiorum, sect. 1 et 11 ; Comm.x 11 , De Lapide heraclio; Comm. vm , DeMagnete lapide Theophrasti, a recentiorum magnete plane diverso ; Delaunay, Minéra¬ logie der Alten , 2terTheil, 4le Abtheilung, Anhang vomMagnet;\e même, Uebersicht der alten und neuen Mineralogieg p. 201 et suiv. ; Buttmann , Bemerkungen uberdieBe- nennungen einiger Mineralien bei den A lien , vorziiglich des Magnetes und des Basaltes ( Muséum der Alterthumswissenschaffl , t. II, p. io2-io4); Klaproth, Lettre à M. de Humboldt sur l'invention de la boussole, et Mauricius Pinder, De Adamante, S 1 7 (Ber¬ lin, 1829, in-8°). 392 ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. Le principal nom grec de l'aimant était ΧίΟος ήράκλει<χ] . Un autre nom, μα γνητίθ XiOos , devenu plus tard dominant, fut donné à ce corps dès 1 époque de Platon; mais ce fut peut- être seulement à cause d'un malentendu; du moins, il paraît certain que Platon3 s'est trompé en croyant reconnaître l'ai¬ mant sous ce nom dans un passage de YŒneus, pièce d'Euri¬ pide aujourd'hui perdue, et cette erreur a été reprochée à Platon dans l'antiquité même V En effet, dans trois vers de YŒneus, conservés par Suidas5, Euripide parle d'une fausse apparence, qui, pareille , dit-il, à la pierre μαγνήτ ts, séduit d'abord l'âme , puis la rend à elle-même. Suivant la remarque d'Hésy- chius et de Suidas, adoptée avec raison par Buttmann6, ceci doit s'entendre d'une substance qui trompait l'œil au premier 1 Voy. Platon, Ion , p. 533 d; Timêe , p. 80 c; Théophraste, Des Pierres, S 4, p. 687, de Schneider; Lucien, Images , c. i; Galien, Des Facultés naturelles, liv. I, t. I , p. g3,l. 53 ; p. 94 , 1. 53 ; p. 95, 1. 48 ; Des Médicaments simples, liv. IX, t. II, p. 123, 1. i3 et 1 A ; Des Parties souffrantes , liv. VI, t. III, p. 3i5 (éd. gr. de Bâle); Ptolémée, Géographie , VII , 2, S 3 1 , p. 211 de Berlius , et Traité astrologique en quatre livres, 1,2; Proclus, Commentaire sur ce traité, p. 12 et i4 (éd. gr. Leyde, i653, in-12); Photius, Lexique, p. 58, et Ques¬ tions amphilochiennes , q. i3i (Script, vet. nov. collect. de Mai, 1. 1, p. 125). * Voy. Plalon, Ion, p. 533 d; Galien, De laThériaque, à Pison, t. Π , p. 454; Des Médicaments simples , liv. IX, t. II, p. 123; Des Parties souffrantes, liv. I , t. III , p. 25g, 1. 9 ; liv. VI, p. 3x5,1. 4i (éd gr. de Bâle) ; Dioscoride, Matière médicale, v, i48; Alexandre d'Aphrodisias , Questions phy¬ siques et morales, II, 23, p. i36 de Spren- gel; Alexandre (de Tralles?) Problèmes, proème , p. 4 > d'Ideler ( Phys. et med. gr. minores ); Proclus, Sur le traité en quatre livres de Ptolémée, I, 3, p. 20 (Leyde, i653, in - 1 2 ) ; Simplicius , Physique , f. 3 1 6 6 Aid. (p, 45i de Brandis) ; Jean Philopon, De l'Ame, I, f. 27« (éd. gr. de Venise); Théophylacte , Dialogue, p. 11 , et Lettre XXVI, p. 46 (éd. Boissonnade); . Photius , Questions amphilochiennes, q. 1 3 1 , etc. Pour la forme μαγνησσα, voyez saint Grégoire de Nazianze, Poëmes, Prières à la Vierge, v. 583, et à Némésius v. 198; le faux Orphée, Des Pierres, Χ, ν. 3o2 et 320, et Tzetzès, Chiliade IV, hist. i38, v. 4oo, et Chiliade VI, hist. 66, v. 621. Pour la forme μαγνησία , voyez le roman¬ cier Achillès Tatius, I, 17, et Suidas, au mot H ράχλεια. 3 Ion, p. 533 d, e. • Voy. Suidas, au mot 0ρά«λε<α, et Hé- sychius , au mot Mayvffris. 5 Au mot ήράκλε«α. 6 Mus. der A Iterthumswissenschafft , t. II , p. 5-17. MÉMOIRES PRÉSENTÉS PAR DIVERS SAVANTS. 393 abord par sa ressemblance avec l'argent, et séduisait ainsi pour un instant ceux qui se réjouissaient de l'avoir trouvée : cette substance non magnétique, bien connue des anciens et nommée par eux μαγνητις λίθος \ est probablement une es¬ pèce de talc2, corps lamelleux, blanc et brillant, composé de silice, de magnésie et de protoxyde de fer, avec quelques traces d'alumine et d'eau. Quoi qu'il en soit, comme ce même nom, appliqué à l'aimant, semblait indiquer que l'aimant de¬ vait se trouver en abondance à Magnésie, comme d'ailleurs on s'imaginait que les mots λίθος ήράκλεια, signifiaient pierre d'Héraclée , et comme il y avait en Lydie deux villes nommées Magnésie, et sur les confins de la Lydie une ville d'Héraclée, on appela aussi quelquefois l'aimant pierre de Lydie , λίθος λυ$ία ou λίθος λυ8ική 3. Un autre nom plus usité de l'aimant était celui de pierre de fer, σιδηρίτις λίθος11. Enfin Aristote et d'au¬ tres auteurs5 l'ont appelé quelquefois simplement ή λίθος , la 1 Voy. Théophraste, Des Pierres , S 4 i, Strabon, XV, ι, rx° 38, p. 7θ3 , de Cas. ; p. 696, de Schneider; Diogenianus, dans le Simplicius , Phys. f. 1 53 Aid. ; le faux Zo- scholiaste de Platon, ion, p. i38,de Ruhn- roastre, dans les Géoponiques , XV, ι ; Hé- ken; Helladius, dans Photius, Biblioth. sycliius, au motHpà«As<a; YEtym. Magn. cod. 279, p. 529, de Bèkker; Hésychius, au motMayv-ns, et Photius, Questions am- aux mots ΊΛαγνήτις , Ηράκλεια et Α,υΙιχή, et philoch. q. 1 3 1 . Le mot σβηράγωγος , dans Suidas , au mot Ηράκλεια. Sextus Empiricus ( Contre les grammairiens, 3 Voyez Beckmann, sur Marbode, De I, 10, S 226, p. 263, de Fabricius) , n'est Lapidibus, v. 290, p. 43; Buttmann, l. c. pas un nom de l'aimant, mais une épi- p. 22-24 et 102-104, et Schneider, sur thète donnée à ce corps. Théophraste, t. IV, p. 54i. Schwarze(De 5 Voyez Aristote, Physique, VIII , 10 ; Magnete lapide Theophrasti } pense, avec De l'Ame, 1,2; le titre, Περί τ rjs "λίθου, moins de vraisemblance, que c'est le d'un ouvrage attribué à Aristote par Dio- zinc. gène de Laërte (V, 26) et d'un ouvrage 3 Voyez un vers attribué à Sophocle attribué àDémocrite par le même (IX, 4); par Hésychius, aux mots ήράκλεία et Thèmistius , Physique , f. 63 Aid. (p. 452 de Avhixyf , et Y Etymologicum Magnum au mot Brandis) ; Clément d'Alexandrie , Strom. II p# 30 (Paris, i64i, in -fol.); Alexandre 4 Voyez Plutarque, Sur Isis et Osiris, d'Aphrod. Quest. phys. et mor. II, a3, pas ch. LXii, et Questions platoniques, vu, 7; sim, etc. Sav. étbang. Iie série, t. VI, I" partie. 5o 394 ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. pierre par excellence. Ce cinquième nom de raimant en grec n'a pas besoin de commentaire. Mais revenons en peu de mots sur chacune des quatre premières dénominations pour en examiner le sens, l'origine et la légitimité. D'abord, les mots λίθος ήράκλεια, signifient-ils réellement pierre d'Hèraclèe? Platon1, Elien2 et Diogenianus3 paraissent avoir cru, d*i moins, que ce nom avait pour cause l'origine locale de l'aimant, qui, suivant eux, devait venir principale¬ ment d'une ville consacrée à Hercule et nommée à cause de cela Hèraclèe; car c'est évidemment pour cette raison que ces trois auteurs appellent aussi l'aimant λίθος ήρακλεώτις ou ήρα- κλεώτης. La plupart des anciens, entraînés peut-être par l'au¬ torité de Platon, ont pensé comme lui sur ce point, et ont cru que l'aimant venait surtout d'une ville d'Héraclée en ïonie4, c'est-à-dire d 'Hèraclèe près du mont uploads/Litterature/ de-l-x27-aimant.pdf

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