GENEVIÈVE GUÉRIN DE SOLIBO MAGNIFIQUE À BIBLIQUE DES DERNIERS GESTES- Esquisse

GENEVIÈVE GUÉRIN DE SOLIBO MAGNIFIQUE À BIBLIQUE DES DERNIERS GESTES- Esquisse d'une poétique chamoisienne Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en études littéraires pour l'obtention du grade de Maître ès arts (M.A.) DÉPARTEMENT DES LITTÉRATURES FACULTÉ DES LETTRES UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC 2009 © Geneviève Guérin, 2009 GENEVIÈVE GUÉRIN DE SOLIBO . MAGNIFIQUE À BIBLIQUE DES DERNIERS GESTES Esquisse d'une poétique chamoisienne Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en études littéraires pour l'obtention du grade de Maître ès arts (M.A.) DÉPARTEMENT DES LITTÉRATURES FACULTÉ DES LETTRES UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC 2009 © Geneviève Guérin, 2009 RÉSUMÉ Nous fondant sur un corpus de deux romans de Patrick Chamoiseau, Solibo Magnifique (1988) et Biblique des derniers gestes (2001), nous nous proposons, dans ce mémoire, d'examiner l'évolution de la poétique d'écriture de Patrick Chamoiseau. Complexe et inépuisable, l' œuvre de Patrick Chamoiseau est le lieu d'une esthétisation du réel, au profit d'une intention particulière, soit celle de « sculpter» l'identité. Au cœur de chacune de ces œuvres, la figure du « Marqueur de paroles» représente le centre de gravité autour duquel s'articulera notre recherche. En interrogeant les mécanismes littéraires et les stratégies discursives déployés dans le texte chamoisien, nous voulons démontrer que l'écriture est l'aventure d'une quête identitaire du Soi. AVANT-PROPOS Je tiens tout d'abord à exprimer toute ma reconnaissance et mon admiration à" mon directeur de recherche, Justin K. Bisanswa, d'abord pour sa rigueur intellectuelle, mais surtout pour son soutien indéfectible durant les nombreuses années où il m'a écouté et conseillé sur le chemin à emprunter dans cet univers du Savoir. Sa disponibilité, sa patience, son écoute bienveillante ainsi que la justesse de ses observations scientifiques m'ont permis d'approfondir mes connaissances et de progresser dans mes recherches. Je lui en serai éternellement reconnaissante. La Chaire de recherche du Canada en littératures africaines et Francophonie, dont il est titulaire, procure un environnement de recherche et d'échanges stimulants entre étudiants et chercheurs invités. Je profite de l'occasion pour remercier mes collègues de leur sollicitude à mon égard et de leur soutien moral et intellectuel dans toutes les étapes de ce projet de recherche. Je voudrais aussi remercier les professeurs Fernando Lambert et Maximilien Laroche, qui ont eu l'obligeance de prendre le temps de lire et de commenter ce mémoire. Mon parcours universitaire m'a permis de côtoyer plusieurs professeures et professeurs qui, par leur dévouement et leur implication, ont su renforcer ma passion pour la littérature. Je pense, entre autres, à Monsieur Ahmed Sdiri, pour la générosité de son intérêt et de ses conseils, à Madame Chantale Théry, à Monsieur Richard St-Gelais ainsi qu'à Monsieur René Audet. Chacune de ces personnes a contribué, d'une façon ou d'une autre, à la poursuite et la réalisation de cette entreprise. Je remercie Thomas, pour sa présence à mes côtés durant cette période particulière de mon parcours, et pour tous 1 es moments à venir. Merci à ma famille. Merci à mes proches. Et finalement, je remercie le Dépa~ement des littératures pour m'avoir permis de bénéficier du Fonds d'assistanat à la maîtrise, et le CELAT pour les bourses d'études qu'il m'a accordées. Ces aides ont contribué à la réalisation de ce projet de recherche. TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION .. .... ......... .. ... .... ..... ...... ...... .... .... ... .... .... ... .. ...... .. .. ............. .... ...... .. ... .... 6 Résumé ............. ............. ................ ........................... ..... ... .. ................... ...... .. .. .......... 6 Problématique de la recherche et hypothèse du travail. ...................... .. ................... .... 9 État de la question ................ ............. ... ........ .................................................... .......... 12 Intérêt et motivation du suj et ................................ .................................. ..... ............... 14 Considérations théoriques et méthodologiques ............ .............. .. ...... ..... ............. ....... 15 Grandes articulations du travail ..................................................... ...... ... ...... .. .......... .. 16 PREMIÈRE PARTIE CHAPITRE 1 : ITINÉRAIRE DE L' AUTEUR ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 17 Dispositions ................................................... ... ...................... .. .. ................ ............. .. 19 Posi tions ...... ............. ..... ...... " ........................... ........... .. ..................... ............. ... ..... .. 26 Prises de position ............................. .......................................... ......... ... ... ........... .. .... 35 DEUXIÈME PARTIE: LA FIGURE DU NARRA TEUR-ÉCRIVAIN CHAPITRE 2 : SOLIBO MA GNIFIQUE .. ...... .. ...... ... ................ ........ ... ........ : .... ....... ..... .... 47 Contenu thématique global ..................................... ............ ....... .......... ... ........ ......... .... 50 F oncti on du narrateur ... ..................... ... ... ..... .......... .................................................... 52 Dynamique de la polyphonie narrative ....................................... ............ ............ ..... ... 56 Fonction des prises de positions ................................................ ................................. 59 Modalités de l'oralité ........................ ........................... ............................. ................. 62 CHAPITRE 3 : BIBLIQUE DES DERNIERS GESTES .... .. ... ... .... ... ... .. ..... .. ....... ... .... ........ ... .. 76 Contenu thématique global ... .. ......... .. · ..................... .. ................. ........... .. .............. .. .... 80 Fon cti on du narrateur ... .......... ................................ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 85 Dynamique de la polyphonie narrative ......... .. ........... ... .. ............ .............................. .. 90 Fonction des prises de positions ..... ................... ... : ........................... ................. ......... 94 CONCLUSION: POÉTIQUE DE L'ÉCRITURE CHAMOISIENNE ......... ... ...... .. .... ..... ...... .... . 104 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE ....... ......... ....... ........ ... .... ............. ...... .... ................ ... ........ .. 112 INTRODUCTION D 'ailleurs, ici, nulle contrainte sinon celle du cœur, de l 'esprit sensible, de l 'imaginaire exigeant. Patrick Chamoiseau, Lettres créoles La société antillaise s'est édifiée à partir d'un acte de violence inouïe: la colonisation. La traite négrière, qui a servi de fondement à l'élaboration et au développement de la société coloniale, ainsi que rimmigration massive de populations indiennes et levantines, ont présidé à la mise en contact brutale de cultures disparates. La société qui en a émergé s'est ainsi retrouvée sans assise identitaire précise: Le mythe est un discours qui fonde l'origine des peuples, qui déroule une généalogie hautement déclamée [ ... ], et surtout qui légitime la présence de chacun sur son sol. Le mythe fonde l' autochtonie. Le monde créole [ ... ] n'a pas élaboré de discours des origines car justement ces dernières furent brouillées, malaxées, remodelées de manière anarchique et imprévisible [ ... ] Ici, point d'origine fabuleuse, de connivence avec les Dieux [ ... ] Point de prestige, de généalogie, de lignage sacré, de « sang bleu », de « qualités de noblesse ». Mais le mélange absolu, la bâtardise, l'oubli, la honte ou la dissimulation des originesl . Au croisement de l'Europe, des Amériques, de l'Afrique et de l'Asie, l'Art, et la littérature plus particulièrement, devient le lieu privilégié d'une reconfiguration de l'univers et de l'imaginaire antillais. La tâche de l'écrivain est donc d'élaborer un «imaginaire historique» qui permette à l'Antillais de concevoir une identité qui tienne compte de cette aqsence d'assise, comme le propose Édouard Glissant : « Se battre contre l'un de l'histoire, pour la Relàtion des histoires, c'est peut-être à la fois retrouver son temps vrai et son identité: poser en des termes inédits la question du pouvoir2. » Dans la mesure où l'histoire antillaise «n'est pas totalement accessible aux historiens3 », il reviendra à l'écrivain d'appréhender les zones de silence de la Chronique coloniale, afin de faire ressurgir les 1 Raphaël Confiant, « Construire une anthologie créole », préface à Raymond Relouzat, Tradition orale et imaginaire créole , Martinique, Ibis Rouge, 1998, p. 9-10. 2 Édouard G lissant, Le discours antillais, Paris, Seuil, 1 981 , p. 159. 3 Jean Bernabé, Patrick Chanl0iseau, Raphaël Confiant, Éloge de la Créolité/ln Praise of Creolene~s , Paris, Gallimard, 2004, p. 37. 7 complexités du réel antillais: «Notre Chronique est dessous les dates, dessous les faits répertoriés: nous sommes Paroles sous l 'écriture. Seule la connaissance poétique, la connaissance romanesque, la connaissance littéraire, bref, la connaissance artistique, pourra nous déceler, nous percevoir, nous ramener évanescents aux réanimations de la conscience4. » Puisqu'il n'~xiste aucun écrit, aucune archive répertoriant les atrocités du passé colonial et de la période esclavagiste, l'écrivain antillais doit «fouiller» cette mémoire, à partir de traces parfois latentes qu'il a repérées dans le réel. Parce que la conscience antillaise fut balisée de barrières stérilisantes, l'écrivain doit pouvoir exprimer toutes les occasions où ces barrières furent partiellement brisées. Parce que le temps antillais fut stabilisé dans le néant d'une non-histoire imposée, l'écrivain doit contribuer à rétablir la chronologie tournientée, c'est-à-dire à dévoiler la vivacité féconde d'une dialectique réamorcée entre nature et culture antillaises 5. Par conséquent, le discours historique ne pourra emprunter les formes de l'historiographie traditionnelle. La parole romanesque se fera parfois hésitante, fragmentée même: il s'agit moins, pour l'écrivain, de restituer une mémoire enfouie que de désigner l'oubli, moins de narrer uploads/Litterature/ de-solibo-magnifique-biblique-des-derniers-gestes.pdf

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