Quel bilan pour la COP15 de Kunming ? Le premier cycle de la 15ième Conférence

Quel bilan pour la COP15 de Kunming ? Le premier cycle de la 15ième Conférence des Parties de la Convention des Nations Unis sur la diversité biologique a eu lieu début octobre à Kunming en Chine. La reconnaissance des ressources biologiques s’est développée comme un enjeu décisif à partir de la fin du XXième siècle. Le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) a mis en évidence dès 1988 la nécessité de créer une convention internationale sur la diversité biologique. L’objectif est de « prendre en considération la nécessité de partager les coûts et les avantages entre les pays développés et les pays en développement ainsi que les voies et moyens pour soutenir l'innovation par les populations locales. » Le texte de la Convention sur la diversité biologique est adopté en mai 1992 et représente une avancée majeure dans la conservation de la diversité biologique. Les trois objectifs principaux de ce traité international sont la conservation, l’utilisation durable et le partage juste et écologique de la diversité biologique. La conférence des parties est l’organisme directeur de la convention, elle se réunit environ tous les deux ans depuis 1994. La 15ième session a pour but d’étudier le déroulé et le bilan de la mise en œuvre de la stratégie biodiversité mise en place de 2011 à 2020. D’après les textes de la convention, ce plan avait pour mission de « prendre des mesures efficaces et urgentes en vue de mettre un terme à l’appauvrissement de la diversité biologique, afin de s’assurer que, d’ici à 2020, les écosystèmes sont résilients et continuent de fournir des services essentiels, préservant ainsi la diversité de la vie sur Terre, et contribuant au bien-être humain et à l’élimination de la pauvreté. Pour garantir ceci, les pressions exercées sur la diversité biologique sont réduites, les écosystèmes sont restaurés, les ressources biologiques sont utilisées d’une manière durable et les avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques sont partagés d’une manière juste et équitable; des ressources financières suffisantes sont fournies, les capacités sont renforcées, les considérations relatives à la diversité biologique et la valeur de la diversité biologique sont intégrées, des politiques appropriées sont appliquées de manière efficace, et les processus décisionnels s’appuient sur des bases scientifiques solides et l’approche de précaution. » La COP15 a lieu en deux temps du fait de la pandémie Covid-19. Le premier cycle a été effectué en ligne tandis que le second se déroulera en présentiel en 2022. Le premier est essentiellement protocolaire, il sert à assurer la transition entre la précédente convention en Egypte et celle-ci. Il s’est composé d’une série de réunions entre plus d’une centaine de pays afin de préparer les négociations du second cycle. Dans ce but, le secrétariat de la Convention sur la Diversité Biologique a présenté un texte « La déclaration de Kunming » qui permet de fixer le nouveau cadre pour la restauration et la protection de la biodiversité à l’international. Par le biais de cette déclaration, la COP15 de Kunming fixe les nouveaux objectifs pour atteindre l’harmonie avec la nature d’ici 2050. La réussite ou l’échec d’une convention de ce type repose sur la qualité et la clarté des décisions prises concernant trois grands piliers : dans ce cas-ci, d’abord les objectifs post-2020, ensuite les moyens de mise en œuvre de ces objectifs et enfin les mécanismes de transparence et de redevabilité. La COP15 de Kunming est un projet ambitieux et crucial, qui se veut aussi déterminant que la COP21 pour le climat. Les attentes ont été nombreuses pour cette tentative d’inversion du mécanisme de destruction de la diversité. L’objectif d’ici 2030 est la conservation de 30% des zones terrestres et maritimes ainsi que la limitation de la pollution par le plastique. De plus, les pays participants à la convention se sont aussi engagés à œuvrer afin de réduire de 500 milliards de dollars les subventions néfastes à l’environnement. Dans la déclaration de Kunming, les objectifs ont été clairement fixés, dix objectifs sont à atteindre d’ici 2030 et vingt-et-un d’ici 2050. Par le biais de celle-ci, la Chine affirme son leadership et sa volonté de s’impliquer dans les problématiques environnementales. Le pays a d’ailleurs mis en place un fond afin d’assister les pays en développement à la mise en place du cadre mondial de la biodiversité pour l'après- 2020. C’est une action majeure qui permettra de financer des actions de protections de la biodiversité. Le principal succès de cette COP15 (cycle 1) est définitivement d’avoir su se focaliser sur les besoins de financement nécessaire à la protection de la diversité biologique. Le Japon a promis de s’engager à financer la protection de la biodiversité à hauteur de 14 millions d’euros. La Chine monte ses engagements de financement à 200 millions d’euros. La France allouera 30% des investissements pour le climat spécifiquement à la protection de la biodiversité. Cette question du financement est ce qui permettra de déterminer l’engagement de certains pays (les moins avancés) dans la protection de la biodiversité. Véritable outil de la relance de l’impulsion politique, la COP15 met en évidence la volonté de nombreux pays d’œuvrer pour la protection de la diversité biologique. Toutefois, ce premier cycle n’est que la prémisse de la convention, un long travail est encore nécessaire afin qu’une véritable concrétisation des promesses puissent aboutir. Lors de la clôture du premier cycle, de nombreuses zones d’ombres sont encore présentes concernant les caractéristiques concrètes de mise en œuvre des objectifs. Dans quelle mesure la Chine est-elle prête à s’engager ? Quelles seront les modalités du fonds chinois ? Ensuite, les engagements de financement, bien que stimulé par la stratégie chinoise, reste plus qu’insuffisants pour combler les besoins de financement dans le secteur. Le bilan est ici en demi-teinte puisqu’il manque encore 600 millions d’euros par an pour lutter efficacement contre la dégradation de la nature. Si le premier cycle de la COP15 sur la diversité biologique a réussi à réduire cet écart, la question du financement reste un frein majeur. uploads/Litterature/ devoir-economie-du-changement-climatique.pdf

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