Dissertation Les Fleurs du Mal (J’ai eu 20) Sujet : Dans un projet épilogue aux
Dissertation Les Fleurs du Mal (J’ai eu 20) Sujet : Dans un projet épilogue aux Fleurs du Mal, le poète s’adresse à la ville de Paris et déclare « tu m’as donné ta boue, et j’en ai fait de l’or ». Cette déclaration permet-elle de rendre compte de l’entreprise poétique de Baudelaire dans Les Fleurs du Mal ? Votre réponse devra s’appuyer sur l’oeuvre étudiée en classe, les lectures du parcours associé et sur votre culture littéraire. Charles Baudelaire (1821-1867) écrivait « Le poète sait descendre dans la vie. De la laideur il fera naître un nouveau genre d’enchantements. » dans L’art romantique (1852) en exprimant ses convictions poétiques. Baudelaire est considéré comme l’un des poètes français ayant marqué le XIXème, précurseur du Symbolisme et de la modernité poétique. Au cœur des débats sur la fonction de la littérature de son époque, Baudelaire détache la poésie de la morale : il s’agit pour lui, d’extraire la beauté du Mal. Il est notamment connu pour son recueil de poèmes Les Fleurs du mal, œuvre qu’il façonna durant toute sa vie. Ce livre parut premièrement en 1857 mais scandalisa la société conformiste de l’époque qui censura six de ses pièces jugées immorales. Le recueil est composé de cinq sections et cent poèmes et s’inscrit dans le romantisme. Dans un projet d’épilogue aux Fleurs du Mal, le poète s’adresse à la ville de Paris et déclare « tu m’as donné ta boue, et j’en ai fait de l’or ». Cette déclaration permet-elle de rendre compte de l’entreprise poétique de Baudelaire dans Les Fleurs du Mal ? En nous appuyant sur des exemples concrets, nous étudierons que le projet poétique du poète s’exprime dans ce recueil ; mais il n’est parfois pas évident de s’en rendre compte. En réalité, le Beau est ailleurs et est dépassé dans le recueil à travers les enjeux esthétiques. Tout au long du recueil, les poèmes permettent de traduire la quête poétique de Charles Baudelaire qui se distingue alors de façons différentes. Tout d’abord, l’entreprise poétique du poète s’exprime à la fois par la boue qui semble bien liée au mal mais également par l’or qui exprime la beauté du monde. En effet, la boue est un thème récurrent et omniprésent dans Les Fleurs du Mal. Il se retrouve par exemple dans « Les sept Vieillards », un des poèmes censurés à l’époque avec « Dans la neige et la boue il allait s’empêtrant » ou encore dans « Le Vin des Chiffonniers », avec « Au cœur d’un vieux faubourg, labyrinthe fangeux ». Ici et de manière générale, la boue traduit un mal moral, physique et métaphysique. Par ailleurs, la boue est une métaphore désignant ce qui est sale physiquement c’est-à-dire le Paris du XIXème et moralement c’est-à-dire les parisiens. C’est dans les sections des Tableaux parisiens et du Vin que Paris devient effectivement le lieu théâtral du mal. Le poème « Les aveugles » montre toute la misère et la crédulité des parisiens qui admirent le ciel et Baudelaire les caractérise même de « vraiment affreux ». En outre ce mal est tellement pesant qu’il aboutit sur la mort, comme en témoigne la dernière section du recueil « La Mort » qui y est consacrée. Ainsi la mise en scène du mal révèle l’instabilité du monde, la vanité de la condition humaine et elle remet en cause la vision traditionnelle de la poésie. A contrario, le thème de l’or apparaît également dans le recueil et s’expose comme la concrétisation d’une quête poétique. Par exemple, le poète montre son admiration pour la beauté en lui dédiant le poème XVII « La Beauté ». En fin de compte, la boue est un élément fondamental de la quête poétique de Baudelaire puisqu’elle est la source de son inspiration afin de créer davantage de Beau. De surcroît, le poète réussit à sublimer et à transformer la boue en or en démontrant que ces deux éléments ne sont pas seulement opposés mais aussi complémentaires. Effectivement, dans le poème « Une Charogne », tiré de la section Spleen et Idéal, Baudelaire fait la description d’une femme, qu’il compare à une charogne, un corps de bête morte, en décomposition, ayant une odeur immonde et rongée par les vers. Ici, la boue est presque le thème même du poème mais en employant un registre lyrique, détourné et transgressif ainsi que le champ lexical de la nature ; le poète transforme ce thème effrayant en une déclaration d’amour à Jeanne Duval, sa maîtresse. De fait, c’est réellement la représentation du laid qui devient belle puisque le poète finit par comparer cette charogne à sa femme aimée. Ainsi, il rend les thèmes de la boue et de l’or indissociables par l’oxymore « superbe carcasse » et la comparaison du cadavre avec une fleur. De même, dans le quatrième poème du recueil « Correspondances » ; l’impossibilité d’un choix entre boue et or est traduite par l’unité entre la nuit et la clarté. En effet, Baudelaire écrit que « Dans une ténébreuse et profonde unité // Vaste comme la nuit et comme la clarté // Les parfums, les couleurs et les sons se répondent ». Tous ces éléments montrent alors comment Baudelaire use de l’alchimie poétique c’est-à-dire comment il réussit à transformer certains aspects sombres en idéaux, par des images inédites, inattendues et loin de l’esthétique traditionnelle. Enfin, Charles Baudelaire rappelle à différents endroits et à de nombreuses reprises sa quête poétique, qu’il affirme dans son projet d’épilogue. D’emblée, force est de constater que le deuxième poème du recueil intitulé « Soleil », témoigne de la volonté du poète de changer la laideur en un objet poétique ou pictural. En effet, le Soleil transforme le réel « il ennoblit le sort des choses les plus viles », à la manière dont Baudelaire souhaite faire lumière sur ce qui est caché, à le montrer, à le révéler et à non seulement l’exposer poétiquement, mais également à l’embellir. De plus, dans « La Muse malade », le poète souligne une opposition entre un passé grec rayonnant et le présent, défini par la maladie, la misère et le péché. De ce fait, sa muse fait référence à son inspiration poétique qui, comme la ville de Paris, est vide et démunie. Cette dernière affirme la volonté de Baudelaire de changer cet environnement invivable et mauvais en son opposé. Enfin, son aspiration poétique est d’emblée visible par le titre du recueil : Les Fleurs du mal. Effectivement, la fleur est ici une métaphore de l’épanouissement poétique du poète et désigne la métamorphose de son inspiration douloureuse en création idéale. Puisqu’il puise son inspiration dans le mal et souhaite en extraire la beauté. Par ces termes, le poète affirme que le mal peut devenir beau, liant ainsi ces deux concepts. Par conséquent, le défi poétique que s’impose Baudelaire et qu’il affirme tout au long de son recueil fait de la poésie une œuvre alchimique. En définitive, le poète réussit à affirmer son projet poétique et à le réaliser, en transformant de manière subtile et transgressive la boue en or. uploads/Litterature/ dissertation-les-fleurs-du-mal-mareschal-romane.pdf
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- Publié le Mai 31, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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