Ecrire l’Histoire Introduction • L’histoire au Moyen-âge : les narratores rerum

Ecrire l’Histoire Introduction • L’histoire au Moyen-âge : les narratores rerum, une définition de l’histoire héritée de la période antique – historia contra fabula, la fiction. o Le critère de vérité o Une variété de genres : hagiographie, chroniques, annales- o De motivations : exalter la foi, le courage du Prince, revendiquer des droits politiques, narrer etc. • Bouleversement du recours croissant à l’écriture – par rapport à l’oralité o Une révolution de l’écrit/ révolution du rapport au passé Comment l’écriture de l’histoire reflète-t-elle les transformations du rapport entre écrit, pouvoirs etc. I. Une diversité et une diversification des cultures historiographiques II. Une culture historiographique commune III. La redéfinition de la place de l’histoire dans les sociétés médiévales : identité sociale de l’historien, appropriation du passé par les pouvoirs, articulations entre écriture, histoire, dynamiques culturelles et politiques. I. Foisonnement des cultures historiographiques A. L’Eglise • L’histoire déserte les chapitre cathédraux vers deux champs : Le modèle du scriptorium monastique doté d’une riche documentation – L’histoire telle qu’écrite par les ordres mendiants, dans un but de prédication o Cf. B. Guénée, Histoire et culture historique dans l’Occident médiéval • L’histoire monastique o Un moine-historien qui a d’autres responsabilités, liturgiques etc. mais gagne en importance o Une histoire souvent locale, autour de l’abbaye, couvent, etc. ▪ Saint-Bernard encourage Ailred, abbé de Rievaulx, à écrire le récit de la bataille de l’Etendard de 1138 ; depuis les abbayes cisterciennes du nord de l’Angleterre menacée par les raids écossais ▪ Une histoire hagiographique, destinée à magnifier le prestige du monastère • En Angleterre, une histoire monastique hagiographique, locale, monographique qui se déploie en opposition au pouvoir normand. Evesham, Worcester, Durham, York, Bury Saint-Edmund, Norwich, Canterbury o Dominic d’Evesham, St Odulf, St Wistan o Hugues le Chantre, 1127, l’Eglise de York o Idem l’Histoire des temps nouveaux en Angleterre d’Eadmer de Canterbury, écrite autour de l’hagiographie de saintAnselme o Dimension collective de la production monastique ▪ Chronicon Vulturnense, abbaye bénédictine de Saint-Vincent de Volturne. ▪ Speculum Majus de Vincent de Beauvais • L’histoire des mendiants o Une portée pratique, didactique ▪ Chronique de Martin d’Opava ▪ Historia Scholastica de Pierre le Mangeur o Les franciscains, une histoire proche, moins livresque, nourrie de tribulations ▪ Chronique de Salimbene, mêlant autobiographie, histoire et prédication • Cf. J. Paul, Culture et vie intellectuelle dans l’Occident médiéval • Une Histoire / Chroniques universelles façonnée par l’architecture biblique. Les laïcs • Des histoires politiques, pour revendiquer des droits territoriaux notamment o Les romans de Troie en vers ; une histoire destinée à l’aristocratie guerrière ▪ Benoit de Sainte-Maure, 1165 ▪ Les Histoires des croisades, Raymond d’Aguilers, chapelain du comte de Sainte-Gilles, Pierre Tudebode, Foucher de Chartres, Baudri de Bourgueil, Guibert de Nogent etc. o Exalter le prestige du lignage ▪ Enquête d’Edouard Ier en 1291 pour faire valoir ses droits sur l’Ecosse. Jean de Caen écrit une Histoire grâce aux archives des monastères anglais. • B. Guénée, L’enquête historique ordonnée par Edouard Ier d’Angleterre • Essor de nouvelles historiographies dans le monde laïc ▪ La chronique du provençal Bertrand Boysset. ▪ Pietro et Floriano da Villola, la Cronica Villola Une pratique de l’écriture commune A. Une histoire tributaire de sources limitées • Une finalité plus administrative qu’intellectuelle : une synthèse des cartulaires o Peu de bibliothèques, même si elles se multiplient entre XIIe et XIVe siècle o Lenteur de la diffusion des ouvrages ▪ La chronique de Sigebert de Gembloux achevée par sa mort en 1132 atteint Londres en 1199 o Nécessité, pour les abbayes et monastères, de rétablir leurs droits fonciers, reconstruire leur temporel etc. Une histoire qui sert de « preuve » en justice. • Cartulaire chronique de San Clemente de Casauria par Giovanni di Berardo • Des sources épigraphiques et archéologiques ▪ Raoul Glaber, Cola di Rienzo à Rome au XIVe siècle • Universalité de la compilation o L’historien médiéval recopie beaucoup ▪ Vincent de Beauvais Ordéric Vital, Histoire ecclésiastique d’Angleterre et de Normandie, véritable histoire nationale, entre 1115 et 1141. Citation de documents in extenso, copie de lettres, chartes, décrets de conciles, etc. Histoire comme manifestation de la volonté divine. Appui sur la bibliothèque de l’abbye de Saint- Evroult, souvenirs de voyages B. Ecriture de l’Histoire • Ecriture en vers ou en prose o Des historiens-troubadours – liée à une histoire orale, narrée dans les cours princières. ▪ Fictions et légendes intégrées aux récits historiques – le modèle d’Hérodote et le régime de vérité de l’Histoire grecque – cf. Paul Veyne. • Histoire des rois de Bretagne, Geoffroy de Monmouth • Jean le Bel, historien du XIVème siècle, estime que le vers nuit à la véracité Ecrire l’histoire revient à écrire sur le lointain. Le mythe, véridique ou non, est un récit à faire cnnaître, quitte à suspendre le jugement de vérité. Aelred de Rielvaulx critique des fables et mensonges de Geoffroy de Monmouth • Le développement de l’armature des ouvrages, en chapitres, index ▪ 1320, Jean de Haut-Funey réalise une table alphabétique pour le Speculum Historiale de Vincent de Beauvais • Développement des illustrations ▪ Les Grandes Chroniques de France C. Penser le temps historique • Division de l’histoire en six grands âges depuis Adam, reflet de la Genèse/ règnes des Princes, des Papes/ Depuis l’Incarnation. ▪ Primera Cronica General de Espana • L’Histoire religieuse comme paradigme. Dans la datation, mais aussi dans le déploiement de la causalité historique o Des histoires universelles o Des chroniques o Des annales o Des « romans » L’essor de la production historique La réécriture de l’histoire • La reproduction des œuvres historiques antiques et modernes o Paul-Orose, Flavius Josèphe, Justin o Bernard Gui, Vincent de Beauvais o Bède le Vénérable, Grégoire de Tours • La majeure partie des chroniques ne sont pas recopiées au-delà de leur ancrage géographique o Annales de Gênes, Chroniques de Tours etc. • Les réseaux monastiques révolutionnent l’écriture de l’histoire en copiant et diffusant les oeuvres à travers leur réseau Ecrire, mais pour qui ? • Le développement urbain et l’apparition de marchés du livre au XIVème o L’historien n’écrit plus pour un patron, mais des clients ▪ Essor d’une littérature historique de langue vulgaire • L’Estoire des Engleis vers 1140 de Geoffroi Gaimar, patronné par Constance, Héritière du Hampshire o Des historiens laïcs. ▪ John de Salisbury, Historia Pontificalis • Ecrire pour le prince : des traditions historiographiques nationales ▪ Suger et les Grandes Chroniques de France de Saint-Denis, une histoire officielle, mais laissée à la discrétion de l’abbaye. ▪ Le moine Rigord au XIIIe siècle « Chronographe du roi de France », Le Roman des rois de Primat en 1274, continué par Guillaume de Nangis, Richard Lescot, mais aucuns ne reçoit le titre de chroniqueur royal. Guillaume de Nagis est custos cartarum, archiviste glorifié, à la tête de moines historiens. Chronicon, histoire universelle jusqu’en 1300, Gesta Ludovici IX, Gesta Philippi III ▪ Primera Cronica General de Espana, et la représentation d’Alphonse X en majesté au début de l’ouvrage, tendant la chronique à son héritier. • Ecrire pour la commune o Dès le XIIe siècle l’Eglise en Italie perd le monopole de la production historiographique, développement des chroniques urbaines. ▪ Une production « patriotique » • Le consul Caffaro et les Annales de G^nes, « histoire officielle », continuée sur ordre de la commune jusqu’en 1293 o Les notaires et l’écriture de l’histoire, appuyées sur leurs registres, chartes et actes, parfois approuvée par les instances communales ▪ La Cronica de Rolandino de Padoue en 1262 lue devant le collège de l’univesité de Padoue ▪ Idem Albertino Mussato, qui puise dans la culture humaniste tournée vers les Antiques o Une historiographie des hommes d’affaires aux XIIIe et XIVe • Martin da Canal, Estoires de Venise (1267-1275) ▪ Idem livres de ricordanze, chroniques de mémoire familiale, privée • Dino Compagni, Cronica delle cose occorenti ne’ tempi suoi jounral détaillé, de 1280 à 1312 Bibliographie Guénée, Histoire et culture historique dans l’Occident médiéval Guyot-Bachy, « Les cours princières et la promotion de l’écriture de l’histoire dans le royaume de France », in La Cour du Prince, Paris, 2011 Cahen, Weill, Tyl-Labor, « Littérature des croisades », in Dictionnaire des Lettres françaises, Paris, 1992 Courroux, l’écriture de l’histoire dans les chroniques françaises, Paris, 2016 Moeglin, « Froissart, le métier d’Historien », Romania, 124, 2006 Tyl-Labory, Grandes Chroniques de France, Dictionnaire, 1992 A. Gransden, Historical Writing in England, 1974 Bordone et Garofoni, « Les chroniqueurs italiens », in Cultures italiennes, 2000 Partie pédagogique Choix du niveau/thème : Thème 1 : Le monde méditerranéen : empreintes de l’Antiquité et du Moyen Âge (10-12 heures), Chapitre 2. La Méditerranée médiévale : espace d’échanges et de conflits à la croisée de trois civilisations Justification ; un tel sujet favorise une approche comparatiste, utilisation possible de sources issue des trois grandes civilisations méditerranéennes. L’histoire s’écrit différemment, informée par des représentations culturelles, des méthodes de documentation singulières Le prisme de l’histoire des croisades. La croisade n’est pas que l’histoire d’un conflit, mais permet de dépeindre les diverses modalités de contacts entre les trois uploads/Litterature/ ecrire-l-x27-histoire 2 .pdf

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