UNIVERSITÉ PARIS 1 PANTHÉON-SORBONNE ÉCOLE DOCTORALE ARTS PLASTIQUES ESTHÉTIQUE

UNIVERSITÉ PARIS 1 PANTHÉON-SORBONNE ÉCOLE DOCTORALE ARTS PLASTIQUES ESTHÉTIQUE ET SCIENCES DE L’ART Doctorat en ARTS & SCIENCES DE L’ART Mention : Cinéma Camilo SOARES L’espace immatériel dans le cinéma de Jia Zhangke : Une politique du regard Thèse dirigée par M. le professeur Dominique CHATEAU Soutenue le 13 juillet 2016 Jury : M. Dominique Chateau, Professeur à l’Université Paris 1 M. Paulo C. Cunha Filho, Professeur à l’Universidade Federal de Pernambuco M. José Moure, Professeur à l’Université Paris 1 M. Karl Sierek, Professeur à l’Université d’Iéna 2 UNIVERSITÉ PARIS 1 PANTHÉON-SORBONNE ÉCOLE DOCTORALE ARTS PLASTIQUES ESTHÉTIQUE ET SCIENCES DE L’ART Doctorat en ARTS & SCIENCES DE L’ART Mention : Cinéma Camilo SOARES L’espace immatériel dans le cinéma de Jia Zhangke : Une politique du regard Thèse dirigée par M. le professeur Dominique CHATEAU Soutenue le 13 juillet 2016 Jury : M. Dominique Chateau, Professeur à l’Université Paris 1 M. Paulo C. Cunha Filho, Professeur à l’Universidade Federal de Pernambuco M. José Moure, Professeur à l’Université Paris 1 M. Karl Sierek, Professeur à l’Université d’Iéna 3 Cette thèse a été réalisé avec le soutien d’une bourse de doctorat de la Coordenação de Aperfeiçoamento de Pessoal de Nível Superior (CAPES) Et le soutien de l’Universidade Federal de Pernambuco 4 RÉSUMÉ La présente thèse propose d’analyser l’approche de l’espace dans le cinéma de Jia Zhangke, le réalisateur le plus représentatif, avec Wang Bing, de la génération indépendante (ou sixième génération) du cinéma chinois, comme une appréhension dialectique, consciente des discours qu’engendrent la représentation du réel. La construction de l’espace dans ses films est ainsi une forme d’engager, par le jugement esthétique, une conscience politique du spectateur à l’appréhension du monde. Jia ainsi fait du registre cinématographique à la fois le témoin privilégié du processus de changements de la Chine actuelle et un espace reconstruit subjectivement au moyen de l’imagination et de la mémoire. Son cinéma formule ainsi une critique subtile de la modernisation rapide et violente en cours, qui engendre la destruction de son paysage historique, la perte des repères culturels de son peuple et le désarroi des gens laissés pour compte. En actualisant des références à la peinture traditionnelle de paysage en Chine, Jia Zhangke tisse l’expression du monde dans son cinéma en tant qu’espace historique, puis espace dialectique et finalement espace immatériel pour observer son historicité, problématiser son présent et finalement proposer au spectateur, à partir de l’expérience esthétique, la conscience de son existence médiale porteuse de puissance d’action. Mots clés : Cinéma, esthétique, Jia Zhangke, Chine, espace immatériel, paysage, historicité, politique 5 ABSTRACT : This dissertation proposes an analysis of the approach to space in the cinema of Jia Zhangke— a filmmaker, who with Wang Bing, is most representative of the independent generation, or sixth generation, of Chinese cinema— as a form permitting an engagement of political consciousness through the comprehension of space. Through his aesthetics, Jia creates a cinematographic register that is both privileged witness of the processes of change in present-day China and a space subjectively reconstructed through the means of imagination and memory. This dissertation considers how his cinema expresses a subtle critique of the rapid and violent modernisation currently occurring in China, which engenders the destruction of its historical landscape, the loss of local cultural bearings, and the helplessness of those left abandoned. Through making references to traditional Chinese landscape painting, this work explores how Jia constructs the expression of this world in his cinema: as historical space, then as dialectical space, and finally as immaterial space in order to observe its historicity, to problematize its present, and finally to propose to the spectator, departing from aesthetic experience, an awareness of its medial existence carrying a force for action. Key words : cinema, aesthetics, Jia Zhangke, China, immaterial space, landscape, urbanscape, historicity, politics 6 REMERCIEMENTS Je remercie tout spécialement Dominique Chateau pour sa confiance et son exigence tout au long de ces années de recherche. Mes remerciements s’adressent également à Paulo Carneiro Cunha Filho, José Moure et Karl Sierek, pour avoir accepté d’être membres du Juri. Je tiens à exprimer ma reconnaissance à toutes les personnes qui m’ont aidé au cours de mes recherches : Anapaula Trindade Marinho, Ana Rosa Marques, Bruno Saphira, Djamel Boubegtiten, Florent Barère, Gabriel Çarungaua, Gabrielle Reiner, Georges Didi-Huberman, Jorge Waquim, Melissa Van Drie, Neli Dobreva, Muriel Pérez, Natália Soares, Raphael Morère, Rebeca Mello, Véronique Alexandre Journeau. Je dédie cette thèse à mon père qui m’a appris à aimer les livres et à ma mère qui m’a appris à aimer le voyage et à regarder le paysage. 7 AVERTISSEMENT Les deux premières fois qu’un film est cité, le titre est donné aussi en version originale, en caractères chinois et en pinyin (système phonétique de romanisation du chinois). Sinon, la version commerciale en France (en français ou en anglais) sera la seule utilisée. En Chine, le nom vient toujours avant le prénom. Pour cette raison, nous appellerons, certaines fois, Jia Zhangke par Jia, son nom de famille. De façon analogue, cela sera aussi le cas avec des auteurs chinois cités. Des extraits des films sont disponibles sur internet. L’accès à ceux-ci est indiqué par le signe “SCENE”, accompagné par sa numération et par un lien qui renvoie à l’extrait. Ces liens se trouvent après les légendes des figures (“FIG”). 8 SOMMAIRE RÉSUMÉ MOTS-CLÉS ABSTRACT KEYWORDS REMERCIEMENTS AVERTISSEMENT SOMMAIRE INTRODUCTION PARTIE I LA CONSTRUCTION DE L’ESPACE COMME PAYSAGE CHAPITRE I UN CINEMA DU PAYSAGE 1.1 De la modernité a la recherche d’une dialectique de l’espace 1.2 Le temps du paysage dans la composition de l’espace 1.3 Le paysage en Europe et l’ouverture vers l’extérieur 1.4 L’histoire du paysage en chine et l’écriture de la vibration de l’univers CHAPITRE II LA CONSTRUCTION D’UN ESPACE DIALECTIQUE DANS LA CHINE CONTEMPORAINE 2.1 Un cinéma dans l’espace moderne mondialisé 2.2 Des souffles du XXème siècle sur le paysage chinois 2.3 Un espace dialectique vers le dépassement de la modernité PARTIE II L’ESPACE EN TANT QU’IMAGE DE L’EXPERIENCE SOCIALE ET POLITIQUE CHAPITRE III DU REALISME A L’IMMATERIEL 3.1 L’espace objectif et le réel ontologique du cinéma 3.2 La crise du réel dans le cinéma de Jia Zangke 3.3 Le témoin étonne d’un regard mouvant 3.4 Vers une image sans limites 3.5 Le faux péché de la théâtralisation du réel 9 CHAPITRE IV VERS UN ESPACE POLITIQUE 4.1 L’espace historique 4.2 L’espace dialectique 4.3 Espace immatériel CONCLUSION L’ESPACE IMMATERIEL COMME UNE POLITIQUE REGARD TABLE DES FIGURES TABLE DES SCENES BIBLIOGRAPHIE ANNEXES I - INTERVIEW ANNEXES II - FILMOGRAPHIE 10 Introduction Il n’y a rien de mieux qu’une image pour ouvrir la discussion proposée ici sur l’esthétique du cinéaste chinois Jia Zhangke. Cet auteur de plus de dix longs métrages, qui oscillent entre fiction et documentaire, est le-fer-de lance de la sixième génération de cinéastes chinois, ou génération indépendante, comme ils préfèrent être nommés, car ils critiquent le système politique et artistique mené par l’État chinois. Pour appuyer ce propos sur l’importance et la puissance de l’expression de l’espace dans son cinéma, pensons à un passage du documentaire Dong (东, Dong, 2006), qui est malheureusement très méconnu dans son œuvre1. Jia introduit, au début de ce film (dans la troisième scène), les transformations en cours de cet endroit qui allait devenir bientôt la plus grande œuvre d’ingénierie du monde moderne : le barrage de Trois Gorges (sānxiá dàbà), en faisant preuve d’un choix formel qui parle davantage sur ses fortes convictions à propos du rôle du cinéma dans la construction de la perception de l’espace et les discours que celle-ci engage. Un peu avant cette séquence, au tout début du filme le peintre Liu Xiaodong apparaît en capuchon, de dos au premier plan, en train de regarder la vallée d’un fleuve sous la pluie. Ce plan prépare déjà une relation entre le regard et le paysage. Le plan suivant dans un mouvement de caméra ascendant, dévoile les cimes pour en suite perdre le 1 Dong est un documentaire sorti en 2006 sur le peintre Liu Xiaodong. Lors du tournage, Jia a résolu tourner une fiction au même moment et lieu, la région du barrage de Trois Gorges. Ce dernier film (Still life), après avoir gagné le Lyon D’or au Festival de Vénice en 2006, a fini pour éclabousser le documentaire original. 11 regard du spectateur sur les nuages. C’est à travers cette image sans temps ni forme que se présentent le titre du film et le nom de son réalisateur. Une brève scène sur un bateau présente le déplacement vers la région du barrage. Ensuite vient notre passage en question : un plan très large s’ouvre sur un paysage, tranché au milieu par l’eau du fleuve ; le ciel coupé par les montagnes de l’autre rive, où l’on voit quelques bâtiments ; en bas de l’image, un terrain en friche au bord de l’eau où le peintre Liu Xiaodong marche, figure minuscule dans l’image. La caméra suit le parcours de Liu à distance, à travers un lent mouvement panoramique vers la gauche. Pendant ce déplacement, nos yeux découvrent, petit à uploads/Litterature/ l-x27-espace-immate-riel-dans-le-cine-ma-de-jia-zhangke-une-politique-du-regard.pdf

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