L'HOMME ET SES CORPS par Annie BESANT Traduit de l'anglais [7] PRÉFACE DE L'ÉDI
L'HOMME ET SES CORPS par Annie BESANT Traduit de l'anglais [7] PRÉFACE DE L'ÉDITION ANGLAISE (1896) Au moment d'envoyer dans le monde ce petit volume, il n'est guère besoin de longs commentaires. Il forme le septième numéro d'une série de manuels destinés à répondre à l'appel du public par un exposé simple des enseignements théosophiques. Quelques-uns se sont plaints de ce que notre littérature est à la fois trop abstruse, trop technique et trop dispendieuse pour le lecteur ordinaire ; et nous espérons que la présente série pourra satisfaire ce besoin très réel. La Théosophie ne s'adresse pas aux seuls érudits : elle s'adresse à tous. Parmi ceux qui, dans ces petits livres, entreverront pour la première fois les enseignements de cette École, quelques-uns peut-être seront amenés à pénétrer plus profondément dans sa philosophie, sa science et sa religion, abordant enfin ses problèmes plus abstrus avec le zèle de l'étudiant et l'ardeur du néophyte. Mais ces manuels ne sont pas écrits pour l'étudiant zélé qu'aucune difficulté initiale ne peut [8] rebuter. Ils s'adressent tout simplement aux gens affairés, qui vivent dans le tourbillon de notre monde actuel ; et ils cherchent à exposer clairement quelques-unes des grandes vérités qui rendent la vie plus supportable et permettent d'affronter plus tranquillement la mort. Ecrits par quelques serviteurs des Maîtres qui sont les Frères Aînés de notre race, ils ne peuvent avoir d'autre but que de rendre service à nos semblables. [9] INTRODUCTION La confusion entre l'être conscient et ses véhicules, entre l'Homme et les vêtements qu'il porte, est chose si fréquente, qu'il nous a paru utile de mettre sous les yeux de l'étudiant en Théosophie un exposé simple et net des faits, tels qu'ils nous sont connus. Nous sommes arrivés, dans nos études, à un point où bien des choses jadis obscures et vagues sont devenues claires et précises, et où beaucoup d'enseignements, acceptés d'abord à titre purement théorique, se sont transformés pour nous en faits de connaissance directe. D'où la possibilité d'établir un classement méthodique de ces faits vérifiés, faits dont l'observation pourra se renouveler indéfiniment à mesure que de nouveaux étudiants développeront en eux-mêmes les facultés nécessaires. Et nous pouvons parler de ces faits avec la certitude du physicien traitant d'autres phénomènes observés et classifiés. Mais, tout comme [10] le physicien, le métaphysicien est sujet à l'erreur : le champ de notre connaissance s'élargit sans cesse, les faits anciens s'éclairent de lumières nouvelles, leurs rapports sont plus clairement perçus, et leur aspect se modifie. Le plus souvent, ces changements surviennent parce que le nouveau jour sous lequel on voit les choses montre comme n'étant qu'un fragment ce qui autrefois paraissait être un tout. D'ailleurs, nous ne nous réclamons d'aucune autorité pour les idées que nous allons émettre ; étudiant, nous les offrons à d'autres étudiants, comme tentative de reproduire des enseignements reçus, quoique imparfaitement compris peut-être. Nous y joignons aussi, de la part des disciples eux-mêmes, les quelques résultats d'observation que leurs pouvoirs limités leur ont permis d'obtenir. Au début de notre étude, la nécessité s'impose, pour le lecteur européen, de modifier le point de vue auquel il a coutume de se considérer lui-même. Il faut qu'il parvienne à établir une distinction nette entre l'Homme et les divers corps où l'Homme réside. Nous sommes trop habitués à nous identifier avec les vêtements que nous portons, trop enclins à considérer nos corps comme étant nous-mêmes. Pour arriver à une conception vraie de notre sujet, il faut abandonner ce point de vue et cesser de nous identifier avec de simples enveloppes que nous revêtons pour un temps, et que nous dépouillons [11] ensuite, pour en revêtir d'autres lorsque le besoin s'en fait de nouveau sentir. Nous identifier avec ces corps qui n'ont qu'une existence passagère est aussi enfantin et aussi déraisonnable que de prétendre ne faire qu'un avec nos habits. Ce n'est pas d'eux que nous dépendons ; leur valeur est proportionnelle à leur utilité. Cette erreur si constante, l'identification de notre être conscient, de notre "Ego" 1, avec les véhicules où il fonctionne momentanément, a pour seule excuse ce fait, que notre conscience à l'état de veille, et partiellement aussi à l'état de rêve, vit et opère dans le corps, et n'est pas connue indépendamment du corps ; ceci du moins chez l'homme ordinaire. Il nous est cependant possible de comprendre intellectuellement le réel état des choses, et nous pouvons, par un entraînement facile, nous habituer à considérer notre "Ego" comme le maître de ses véhicules. Avec le temps, ce sera là pour nous une réalité tangible, lorsque, par l'expérience, nous aurons appris à séparer notre "Ego" de ses corps, à sortir de notre véhicule physique, et à savoir que, hors de lui, nous jouissons d'une bien autre plénitude de conscience qu'en lui. Alors, et alors seulement, nous aurons la certitude absolue de [12] ne dépendre aucunement de nos enveloppes. Cela fait, toute confusion de notre "Ego" avec ses corps sera désormais impossible, jamais plus nous ne pourrons commettre cette méprise de nous imaginer que nous sommes les vêtements que nous avons sur le corps. En attendant, la claire compréhension de la chose est, dés maintenant, à notre portée à tous. Nous pouvons donc nous entraîner à la distinction habituelle entre "l'Ego", c'est-à-dire l'Homme, et ses corps. Cette simple détermination suffit à nous sauver de l'illusion qui enveloppe de ses plis épais la majeure partie du genre humain ; elle modifie complètement notre attitude envers la vie et envers le monde ; car elle nous transporte en une région sereine, au-dessus des changements et des hasards de cette vie mortelle, au-dessus des tourments journaliers et mesquins qui, pour la conscience incorporée, prennent des proportions si colossales. Nous apprécions, dès lors, à leur juste valeur relative, les choses qui changent sans cesse et celles comparativement permanentes ; et nous éprouvons toute la différence qu'il y a entre le naufragé heurté et ballotté par les vagues prêtes à l'engloutir, et l'Homme dont le pied repose sur un roc, à la base duquel la houle déferle inoffensive. 1 Ego ou individualité, la triade spirituelle. Nous réserverons le mot Soi à la Monade, au Principe divin. (N.D.E.) Par "Homme", j'entends donc désigner "l'Ego" vivant, conscient, pensant, c'est-à-dire l'Individualité. Par "corps", j'entends les divers [13] revêtements qui enveloppent "l'Ego", chacun de ces revêtements lui permettant de fonctionner dans quelque région déterminée de l'Univers. Un voyageur, désireux de se transporter sur terre, sur mer ou dans les airs, emploiera une voiture, un vaisseau ou un ballon, selon le milieu où il désire se mouvoir. Mais ces véhicules divers ne modifient nullement son identité à lui, voyageur. Il en est de même pour "l'Ego", l'Homme véritable, qui reste lui-même, quel que soit le corps dans lequel il fonctionne. Et comme la voiture, le bateau, le ballon, diffèrent par leurs matériaux et leur construction, selon l'élément où chacun doit se mouvoir, de même les corps de l'Homme varient selon l'ambiance dans laquelle ils sont destinés à agir. La densité de leur substance, la durée de leur vie, les facultés dont ils sont doués, dépendent du rôle qu'ils ont à remplir ; mais ils ont tous ceci de commun, que, relativement à l'Homme, ils sont transitoires. Ils sont ses instruments, ses serviteurs, s'usant et se renouvelant selon leur nature, s'adaptant aux besoins variables de l'Homme et à ses pouvoirs croissants. Nous les examinerons successivement, en commençant par le moins élevé ; puis nous aborderons l'étude de l'Homme lui-même, de l'Etre qui agit à travers tous ces corps. [15] LE CORPS PHYSIQUE Sous la dénomination de "corps physique", il faut comprendre les deux principes inférieurs de l'Homme (en langage théosophique : Sthoûla Sharîra et Linga Sharîra). Nous les réunissons ensemble, parce que tous deux fonctionnent sur le plan physique, qu'ils sont composés de matière physique, sont rejetés par l'Homme à sa mort, et qu'ils se désagrègent enfin totalement dans le monde physique lorsque leur maître passe dans le monde astral. Une autre raison qui nous fait classer ces deux principes sous le nom de corps ou "véhicule" physique, c'est que, tant que nous sommes incapables de nous dégager du monde (ou du plan physique, selon l'appellation usuelle), nous utilisons constamment l'un et l'autre de ces deux revêtements physiques. Tous deux se rattachent au dernier plan de l'Univers par les matériaux qui les composent, et ils ne peuvent quitter ce plan. La conscience, tant qu'elle opère en eux, est esclave de leurs limitations physiques et sujette aux lois ordinaires de temps et d'espace. Quoique partiellement séparables, rarement ils [16] sont séparés pendant la vie terrestre. Une telle séparation n'est d'ailleurs pas à conseiller et dénote toujours chez le sujet un état morbide, ou une constitution déséquilibrée. Les matériaux composant ces deux principes permettent de les distinguer en : corps grossier et double éthérique. Ce dernier est la reproduction exacte, particule à particule, du corps visible ; il est aussi l'intermédiaire par lequel entrent en jeu tous les courants électriques et vitaux d'où dépend l'activité du corps. Ce double éthérique a été désigné uploads/Litterature/ l-x27-homme-et-ses-corps.pdf
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- Publié le Sep 04, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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