GILLES PLANTE B.A. C.C.L. LL.L M.A. PH.D. « LA LIBERTÉ DES UNS S’ARRÊTE LÀ OÙ C

GILLES PLANTE B.A. C.C.L. LL.L M.A. PH.D. « LA LIBERTÉ DES UNS S’ARRÊTE LÀ OÙ COMMENCE CELLE DES AUTRES » CENTRE D’ÉTUDES EN HUMANITÉS CLASSIQUES « J’APPELLE CLASSIQUE CE QUI EST SAIN. » (GŒTHE) SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE PARALLÈLE INC. (2014) ISBN : 978-2-921344-36-4 GILLES PLANTE B.A. C.C.L. LL.L M.A. PH.D. « LA LIBERTÉ DES UNS S’ARRÊTE LÀ OÙ COMMENCE CELLE DES AUTRES » CENTRE D’ÉTUDES EN HUMANITÉS CLASSIQUES « J’APPELLE CLASSIQUE CE QUI EST SAIN. » (GŒTHE) SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE PARALLÈLE INC. ISBN : 978-2-921344-36-4 L’image des couvertures est de FLIXYA : KIWI_ORANGE_SOCKS-2061021.JPG http://www.flixya.com/photo/2061021/Abstract-Colors-Blue-Swipe-Freedom Éditeur : Société scientifique parallèle Inc. 4010 rue Cormier Notre-Dame-du-Mont-Carmel Québec ISBN: 978-2-921344-36-4 Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada 2e trimestre 2014 © Gilles Plante, 21 juin 2014 350, De la terrasse Saint-Étienne-des-Grès, Québec Canada G0X 2P0 AVANT-PROPOS Nul n’est plus esclave que celui qui se croit libre sans l’être. (Johann Wolfgang von Gœthe) Cher lecteur, Le domaine des humanités se caractérise de cu- rieuse façon par rapport aux autres domaines d’étude. Chez ces derniers, on prétend que les solu- tions viennent finalement à bout des problèmes. Dans le domaine des humanités, ce sont les problèmes qui, semble- t-il, viennent à bout des solutions offertes, de temps à autre, par l'un ou l'autre des auteurs, d'où des controverses, sinon interminables, du moins non encore terminées à ce jour, peut-être parce que ces sujets sont inépuisables, plus souvent parce que l’étude de ces sujets n’est pas toujours conduites avec la rigueur qu’exige la sagesse qu’on dit aimer : la philosophie. Dans cette étude, je m'intéresse à l'expression : « La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. » Elle est si souvent em- ployée dans les conversations qu’il est rare de rencontrer quelqu’un qui, parmi nous, ne se l’est pas fait servir un jour ou l’autre, soit cette forme soit sous l’une de ses variantes. Pourtant, ce proverbe, i.e. cette locution censée exprimer une recommandation de sagesse, présente plusieurs difficultés, à tel point que Johann Wolfgang von Gœthe écri- vit : « Nul n’est plus esclave que celui qui se croit libre sans l’être. » Dans les pages qui suivent, je conduis l’exploration d’une difficulté. Je me concentre sur l’expression « là où », tout en examinant celles qui gravitent autour d’elle. Cette exploration est faite à la lumière d’une école de sagesse qui naquit dans l’Antiquité grecque, avec Aristote, et fut ensuite relayée par les aristotéliciens, comme Thomas d’Aquin au 1 XIIIe siècle et Jean Poinsot au XVIIe siècle, pour nous parvenir aujour- d’hui. 1 Selon cette école de sagesse, l’expression : « La liberté des uns s’ar- rête là où commence celle des autres. » ne « vaut comme philoso- phie », i.e. comme sagesse savante, que si « elle est démonstrative- ment vraie » ; autrement, elle ne vaut que comme sagesse non sa- vante, disons « populaire ». 2 Lecteur, à toi de juger si l’exercice de dialectique que tu t’apprêtes à lire t’en convainc ! Saint-Étienne-des-Grès, 21 juin 2014 — ∞ — 2 1 Les textes grecs sont pris du site : http://www.remacle.org, créé par Philippe Re- macle, décédé le 11 mars 2011, dont l'œuvre est poursuivie par Anne-Sophie et J e a n - F r a n ç o i s R e m a c l e . L e s t e x t e s l a t i n s s o n t p r i s d u s i t e : http://www.corpusthomisticum.org/iopera.html, créé par le professeur Enrique Alarcón, et soutenu par l'université de Navarre. Les traductions françaises sont pri- ses du site : http://docteurangelique.free.fr, créé par le professeur Arnaud Dumouch. Ces sites sont tous répertoriés au site créé par Guy-François Delaporte : http://www.thomas-d-aquin.com/Pages/LiensRessources/LiensMenuCadre.html. Certains autres sites sont parfois utilisés, et cités. Nous employons aussi le Diction- naire grec-français de Émile Pessonneaux, Paris, 1953, Librairie classique Eugène Belin ; et le Dictionnaire illustré latin-français de Félix Gaffiot, Paris, 1934, Librairie Hachette, http://www.lexilogos.com/latin/gaffiot.php 2 Jacques et Raïsa Maritain, Œuvres complètes Volume XVI (1900-1973), Éditions universitaires Fribourg Suisse et Éditions Saint-Paul Paris, 1999, p. 54 CHAPITRE I: UN PROVERBE BIEN CONNU L’opinion selon laquelle : « La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. » 3 est bien connue. Elle est très souvent employée dans les conversations, à tel point qu’elle est devenue un proverbe, i.e. une locution censée exprimer une recommandation de sagesse. Qu’en est-il ? De quelle sorte de sagesse s’agit-il ? Une sagesse savante, dont on peut dire qu’elle est démonstrativement vraie, ou une sagesse non sa- vante, disons populaire, dont on peut dire qu’elle est une opinion lar- gement répandue ? Dans ce proverbe, substituons le nom « la liberté » au pronom « cel- le », et reformulons-le comme suit : (P1) : « La liberté des uns s’arrête là où commence la liber- té des autres. » Dans P1, l’opposition « des uns - des autres » est exprimée au pluriel. Or, elle peut tout aussi bien être exprimée au singulier : « de l’un - de l’autre ». Les noms « singulier » et «pluriel » renvoient ici à une notion grammaticale familière : le nombre des noms. Aujourd’hui, dans un monde dominé par la techno-science, le nom « nombre » est surtout associé aux mathématiques. Pourtant, bien an- térieurement aux notions de mathématiques, la grammaire enseigna le nombre des noms que sont : le singulier et le pluriel. Or, cet ensei- gnement de la grammaire s’appuie sur une expérience fort commune, celle de l’être. C’est pourquoi la philosophie s’emploie depuis long- 3 3 Proverbe inspiré par le livre De la liberté, de John Stuart Mill : Classiques des sciences sociales, http://dx.doi.org/doi:10.1522/cla.mij.del2 temps à l’examen de l’opposition unité-pluralité : « Il y a plusieurs nuances d'opposition entre l'unité et la pluralité. » 4 Par exemple, à propos du mot « pluralité », le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL) écrit : « 1. Fait d'être plu- sieurs ; 2. Grand nombre, multitude » 5. Alors, dans l'expression « une (1) pluralité », comment le « fait d'être plusieurs », au point de faire « grand nombre », peut-il être compatible avec « une (1) » ? C’est, pour le moins, paradoxal. Le nom « nombre » vient du latin « numerus », où « nu » est la parti- cule négative signifiant « non », alors que « merus » signifie « seul, unique ». Le nom « nombre » signifie littéralement : « non unique ». Ce qui fait nombre est non unique parce que plus d’un s’y trouvent im- pliqués. Dans la mesure même où la locution « de l’un - de l’autre » en implique plus d’un, donc un « non unique », il s’ensuit que l’expression « de l’un - de l’autre » suffit à exprimer l’opposition unité-pluralité qui nous occupe ici, puisque plus qu’un commence avec deux. Dans P1, qui est visé par les mots « uns » et «autres » dans « des uns- des autres » ? Un être humain, un humain, un homme. Il s’ensuit que P1 se transforme en P2, et ce, sans modification apportée au sens de la phrase, comme suit : (P2) : « La liberté d’un homme s’arrête là où commence la liberté d’un autre homme. » L’opposition contenue dans « de l’un - de l’autre », transformée en « d’un homme - d’un autre homme », exprime une altérité entre « un - 4 4 Métaphysique d’Aristote, traduite par J. Barthélémy Saint-Hilaire, Tome troisième, Paris, 1879, Librairie Germer-Baillière et Cie, http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Aristote/metaphyque10.htm 5 Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, http://www.cnrtl.fr/definition/pluralit%C3%A9 un autre », et ce, malgré que le même mot « homme » leur soit appo- sé : « un homme - un autre homme ». Malgré que cet homme désigné par « un homme » soit autre que cet autre homme désigné par « un autre homme », l’un et l’autre sont désignés par le même mot « homme », d’une part, et aussi par le même mot « un », d’autre part : « un homme - un autre homme ». Il s’ensuit que le mot « un » est porteur de deux significations. a) La première porte sur l’unité numérique « un (1) homme », unité numérique qui est séparée d’une autre unité numérique exprimée dans « un (1) autre homme ». Remarquons qu’une seule et même notion, celle de « unité numérique », sert à désigner deux unités numériques, donc plus qu’une, alors que l’unité de la no- tion n’est pas affectée. Nous y revenons plus bas. b) La seconde porte la signification d’une altérité, celle que n’ex- prime expressément que « un (1) autre homme », et ce, malgré que, dans « un (1) homme », il est clair que cet homme est bien autre que cet homme visé par « un (1) autre homme », et ce, malgré que le mot « autre » mis en italique à la uploads/Litterature/ la-liberte-des-uns-s-x27-arrete-la-ou-commence-celle-des-autres.pdf

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