François Rabelais (1494-1553) Né en 1494 à la Devinière, près de Chinon. Fils d
François Rabelais (1494-1553) Né en 1494 à la Devinière, près de Chinon. Fils d’un avocat aisé, François Rabelais a été instruit selon les méthodes scolastiques. De 27 à 33 ans, devenu moine franciscain à Fontenay-le-Comte, Rabelais se passionne pour le grec, échange des lettres avec l’helléniste Guillaume Budé et traduit en latin le second livre d’Hérodote. À la fin de 1523, il se voit retirer ses livres de grec par ordre de la Sorbonne, qui luttait contre l’étude de l’Écriture Sainte dans les textes originaux. Il quitte l’ordre franciscain et entre à l’abbaye bénédictine de Maillezais. Il accompagne son protecteur, l’évêque Geoffray d’Estissac, dans ses déplacements à travers le Poitou, se mêlant au peuple dont il observe les mœurs et le dialecte. A l’abbaye de Ligugé, il séjourne avec le poète Jean Bouchet, qui l’initie aux acrobaties verbales des rhétoriqueurs. Il complète ses études de droit à la Faculté de Poitiers. Dans ses abbayes, Rabelais entend des discussions sur les problèmes du christianisme et de la Réforme. Puis, il renonce à la vie monastique et se rend à Montpellier où il entame des études de médecine pour gagner sa vie et élargir sa culture humaniste, car on étudiait alors l’anatomie, la physiologie, la physique, dans les auteurs grecs (notamment Aristote) et l’histoire naturelle dans Pline. Bachelier au bout de six semaines, Rabelais, n’ayant pas encore obtenu son diplôme, est chargé d’un cours et commente les textes grecs des médecins Hippocrate et Galien. Il se présente comme un prêtre séculier, mais il faudra des années avant que sa situation ne soit régularisée par le pape. Il se rend à Lyon, ville centrale pour la diffusion des idées nouvelles. Pendant plus au moins 20 ans, il exerce la médicine avec succès dans diverses villes de France, fait plusieurs séjours en Italie et se consacre à ses activités d’écrivain et d’humaniste. Dans le même temps, en 1532, à 38 ans, Rabelais publie à Lyon Les Horribles et Épouvantables Faits et Prouesses du très renommé Pantagruel. Roy des Dipsodes, filz du Grand Géant Gargantua, composez nouvellement par maistre Alcofribas Nasier (annagrame de Francois Rabelais). L’ouvrage connaît un grand succès, mais est condamné par la Sorbonne. Rabelais peut être considéré comme le type même de l’homme de la Renaissance : moine et prêtre, docteur en droit et en médicine, un humaniste qui correspond avec les grands savants de son temps, un esprit universel. Rabelais incarne la richesse et l’enthousiasme de la première moitié du XVIe siècle, et son œuvre occupe une place unique dans la littérature. L’œuvre de Rabelais Pour Rabelais, il suffit de libérer le corps et l’esprit des contraintes du Moyen Âge, en faisant confiance à la nature, pour que luise l’aurore d’un progrès illimité. Mais, malgré ses attaques contre l’âge obscur, on pourrait affirmer que Rabelais est un héritier de la tradition médiévale qui n’hésite pas à exploiter le thème du gigantisme (Pantagruel) en amplifiant le comique du corps monstrueux. Le corps du géant est une figure de Carnaval présente dans la littérature populaire du temps. Cependant, le gigantisme prend chez lui une valeur symbolique : l’humanité telle qu’il la conçoit est vraiment géante, et ses héros sont un moyen d’embrasser tout l’éventail des arts et des sciences, de l’expérience qui s’offre à l’homme en cette période d’ouverture et d’innovations. L’éducation de Gargantua (dans une moindre mesure celle de Pantagruel), même si irréalisable en termes concrets, manifeste la fascination que le savoir exerce sur les hommes de la Renaissance, désireux d’échapper aux contraintes que la religion a fait peser sur l’humanité pendant des siècles. En outre, la langue colorée, vivante de Rabelais, traduit le bonheur gourmand avec lequel il s’ouvre à la richesse du monde. La confiance en l’avenir du premier humanisme qui se reflète dans Gargantua et Pantagruel n’est plus présente dans les œuvres suivantes de Rabelais ; bien au contraire, elles dénotent un pessimisme croissant : la chasse aux sorcières et les querelles religieuses qui se sont multipliées jusqu’à la guerre civile tempèrent la foi dans l’homme chez Rabelais. Et même le langage, qu’autrefois était le lieu du triomphe de l’enthousiasme rabelaisien, devient l’instrument d’une mise en question presque douloureuse. L’art de Rabelais 1. LE RÉALISME : Rabelais peint la réalité avec un relief, une vérité d’observation qui la dressent vivante devant notre imagination. Il a le don d’évoquer le mouvement, d’animer un dialogue et de tracer des silhouettes inoubliables. Chez lui, l’amour de la vie se traduit par l’art de peindre intensément les formes multiples de la vie. 2. LA FANTAISIE : La riche imagination de Rabelais vient mêler tous les jeux de la fantaisie la plus débridée. La fusion du réalisme et de la fantaisie fait le charme de son récit. La fantaisie rabelaisienne présente, avec un ton sérieux, des invraisemblances, des raisonnements paradoxaux et des arguments ingénieux mais sans fondement. Parfois, au contraire, ce sont des idées sérieuses qui s’expriment sous une forme bouffonne. 3. LE SYMBOLISME : Rabelais nous invite à chercher les idées sérieuses sous la plaisanterie. Ses idées sur l’éducation, le gouvernement, la guerre, la justice ou la religion se manifestent dans des récits amusants et pittoresques. Beaucoup de ses personnages sont symboliques et incarnent des vertus ou des défauts. L’allégorie, transposition habituellement froide et mécanique, devient chez lui une forme d’art pleine d’humour et de souplesse. 4. LE COMIQUE : Rabelais est un des maîtres du rire. On trouve chez lui tous les degrés du comique : les farces les plus lourdes (héritées du Moyen Âge), la gauloiserie poussée jusqu’à la grossièreté, les jeux de mots, calembours et traits d’esprit, la caricature grotesque, la comédie d’intrigue, la parodie, etc. Il y a toutes les formes, tous les tons ; il y en a pour le gros public, pour les étudiants et pour les érudits les plus cultivés. 5. L’INVENTION VERBALE : richesse prodigieuse de son vocabulaire ; il emprunte à tous les langages techniques : agriculture, médecine, navigation, guerre, religion, commerce, littérature. Il puise dans les langues mortes, étrangères et les dialectes provinciaux. Il forge des mots, déforme les termes existants, crée des onomatopées. L’énumération et l’accumulation sont ses procédés familiers. Son style est souple et plastique : familier et populaire dans les récits du terroir, aussi naturel que la vie elle-même dans les dialogues, il devient ample et cicéronien dans les morceaux graves, il est plein de mouvement dans les passages épiques et il s’élève jusqu’à la ferveur lyrique. L’œuvre esthétique de Rabelais est complexe et riche en contrastes de toutes sortes. Pantagruel (résumé) L’histoire raconte la vie de Pantagruel, puis celle de son père Gargantua. Parodiant la Bible, Maître Alcofribas commence par exposer en plusieurs pages la généalogie de son héros depuis le commencement du monde ; puis il nous conte la naissance de PANTAGRUEL un jour de grand sécheresse : « Et parce qu’en ce propre jour naquit Pantagruel, son père lui imposa tel nom : car Panta, en grec, vaut autant à dire comme tout, et Gruel, en langue hagarène (=arabe), vaut autant comme altéré. Voulant inférer qu’à l’heure de sa nativité le monde était tout altéré, et voyant, en esprit de prophétie, qu’il serait quelque jour dominateur des altérés ». uploads/Litterature/ francois-rabelais.pdf
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- Publié le Oct 10, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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