'r' Chapitt'e 4 ffiiseout'§, énoncé, texte 1. La notion de discours DepLris le

'r' Chapitt'e 4 ffiiseout'§, énoncé, texte 1. La notion de discours DepLris le début de ce livre noL!s avons affaire non au /arl- y(;ge, nùn àla lartgue, mais à ce qu'on appelle le discours. Que farrt-il errterrclre par là ? 1.1. Les emplois usuels Dans l'usage courant, on parle de « discours » pour des énorrcés solennels (« le président a [ait un discours »), ou péjora.tivemenl pour des paroles sans effet (« tout ça, c'est des discours »). Ce terme peut également désigner n'importe quel usage restreinc de la langue: « le discours islamisce », « le discours polirique », « le discours de l'administration », <, le discours polémique », « le discours des jeunes »... Dans cet emploi, « discours » es[ constamment ambigu car il peut désigner aussi bien le sysrème qui permet de produire un en- semble de texles que cet ensemble lui-même I le « discours comrnunisce >>, c'es[ aussi bien l'ensemble des lextes produits par les communisles que le sysrènre qui permet de les pro- duire, eux et d'autres texres qualifiés de communisces' Un certain nombre de locureurs connaissent aussi une distinction qui provienr de la linguistique, celle q61rs o dis- cours >) et n iécit » (ou « lrisroire »). Cette distinction emPrun- tée à Émile Benveniste est en effet largement répandue dans l'enseignenrent secondâire. Elle oPPose un c)/Pe d'énoncia- riorr aricré c.lans la situation d'énonciacion (parexemple, «Tu / *llcoLr,t;, énrtncé, texte i*'41 l I l I rrirEnilr'âs cionrain ») à r'rrr aulre, couPé Ce la siruarion d'énon- "iario,', (pa, ere,nple, « Cé::il'attaqua les ennemis et les nrit en déroute ») fvoir clrap' 10, p. 1 'l 6l' 1.2. Dans les sciences du langage Aujourd'hui on voit proliférer le terme.«. discours » dans les scilnces du langage. ll s'emploie aussi bien au singulier 1,, tu au."ine du îiicours », << l'analyse du discours '"') Iu'au pluriel (" chaque discours est particulier '' « les dis- cours s,inscrivent dans des concextes ,r,.,), selon qu,il réfère à l'activiré verbale en général ou à chaque événement de pa- role. Cette no[ion de « discours » est tellemenc utilisée parce qu'elle est le symptôme d'une modifrcation dans notre façon de conruvoi, le tangage' Pour une bonne part, cette modification résulte de l'influence de divers courants des sciences hu- maines qu'on regrouPe souvent sous l'étiquecte de pragma- tique. Davantagà qu''une doctrine,.la pragmatique constitue en effet une ceriaine manière d'appréhender la communication ver- bale. En urilisa.nt le terme « discours ", c'est à ce mode d'ap- préhension que l'on renvoie implicitement' En voici quelques traits essenriels. 7.2.1. Le discours est une organisation au-detà de la Phrase Cela ne veut Pas dire que tout discours se manifeste par des suites de mots qui sont nécessairement de raille supé- rieure à la phrade, mais qu'il mobilise des structures d'un autre ordre que celles de la phrase. Un proverbe ou unè incerdic- tion conrme « Ne pas fumer » sont des discours, ils forment une unité complète mêiiie s'ils ne sont constitués que d'une phrase uniqu". Les discours, en tant qu'ils sonl des unités transphrastiques, sont soumis à des règles d'organisation en vigueur dans un grouPe social déterminé : règles qui gou- uJrnun, un récit, un jiulogut, une argumentarion"'' règles por[anl sur le plan de rexte (un fait divers' ne se laisse pas découper comme une dissertation ou un mode d'emploi"')' sur la longueur de l'énoncé, ecc' 'ÿs*r les textÊs de comlrun ieatisn l,activicé verbale est eile-mêm e en relation avec res dctivités non verbeles. 1-.2.2. Le discours est orienté ll est « orienré » non seulement parce qu'il est conçu *n fonccion d'une '"isée du locuteur' mais aussr parce qu ll r. al".i.pp" dans le temps' de. manière linéaire' Le discours se construit en effet "n îonttion d'une fin' il est cer.rsé aller ;,;ü ;; ;.,. na,i. i I m;*X ;:;:iii:"iï:ï:'$:i'ï, siorrs.".), revenir à sa t etc. Sa linéarité se manifesre souvenr à Lravers par un Jeu d,anticipations (« on u" ooir. que... », « j'y reviendrsi »"') ou dereroursenarrière1.ouptutot,.'u.,oi,nu,"uisdûdire...»); rour cela constitue un veritable « guidage. » de sa parole par le locuteur" On notera que les commentaires du locuteur sur sa propre parole r. gii;"nt dans le fil du texte bien qu'ils ne soienr pas placés au même niveau : « Paul se lrouve' si I'on peut dire,surla paiile ', o Ro'uli" (quel nom /) aime Alfred »"' lci i;iür;;, "n itutiqu" portent sur ce qui les entoure alors qu'ils àpparaissent insérés dansla phrase'. Ce développ"ttn'linéui'" se ciéploie dans des conditions dii'fêrentes selon que l'énoncé est tenu par un seul énoncia- ,o,,r nui le contrôle J" bort en bout (énoncé monologal, par .;;*;i;;;;r-,n tiu"; ou qu'il s'inscrit dans une interac- tion où il peut être interromPu ou dévie à tout instant par l'interlocuteur (énoncé dialogal)' Dans les situations d'inte- ,;.;i;; orale ii arrive en effet constamment que les mots .r-i"À.pp"rt », qu'il faille les ratlraPer' les préciser' e[c'' en itonction des réactions d'autrui' 7.2"3. Le discours est une forme d'action Parler est une forme d'action sur autrui et Pas seulemenl comme un" ."p'euuntacion du monde' La problématique ;.; ;;;t;. i'ungugt » (ou « acles de parole »' ou encore « actes de dis.o'ri-i; développée à partir des années 1960 ;;;;' pr,lto,opht' Jommtl' L' n"tin (Quand dire c'estfaire' 1g62),puis J. R' S"tr.ù iL"'Actes de langage' "-::1.1 T::::: q;; ;; ;- é n o n ci ati o n co n stitue u n acte i B .o * ":':::. t. ^'-g' ï- r.'.r, utî.rn",, incerroger"') qui vise à modifier une sltuatlon' À ,rr', nir*ou supérierir, tt' ut'"t élémentaires s'intègrent eux- mêmes dans des discours d'un genre.déterminé (un [ract' une consultati"" '"iài"le' un jJurnal télévisé"') qui visent à procluire 'nu *oAit*ün t" des destinataires' Au-delà' il nous paraît ne Pas discours avec I'interaction orale. virtuels es textes de communication t::r.rployé au pluriel et sans traic d'union, coénonciateurs dé- sigriera les deux partenaires du discours' .l-. 2.5. l-e discours est contextu a I isé (Jn ne dira pas que le discours intervient dans urt contextc' coi'ïrffre si le corrlexte n'était- qu'un cadre, un décor; en Iàit, il n'y a cle disc«:urs que conLexl-ualisé. On- sait (voir chap' 1) ,,u àn n" p*ur véritablement assigrrer un sens à un énoncé l,...,,.n.nntËric ; le. même'énoncé cjans deux lieux distinct-s_ . .orr*rpo,,,i à deux discouri distincts. En outre, le discours- j cont.ribiue à définir son Çontexte, qu'il peur modifier en cours ,/ cl'érronciarion. Par exemple, deux coénonciateurs peuventr'. con\/erser d'égal à égal, d'ami à anri, et après avoir conver- ,'' r;d. quelques Àinr"rc., étoblir entre eux de nouvelles relations i (l r,rn des,leux peut adoprer; le statut de médecin, l'autre de i P.ltreilt, crc.). 1.2.6" l-e cliscours est pns en charge parunsuiet , i r"-r :' nr, i,', ili,, ""i'''[ff ,ii l-e discours n'es[ discours que s'il est rapporté à un sujet, un.J E, qui à la fois se pose comme source des repérages per- sonnels, ternporels, spatiaux (voir chap' 9) et indique quelle attitude il adopte à l'égard de ce qu'il dit et de son co-énon- cia.[eur (plrénornène de « modalisation »)' ll indique en particuliàr qui est le responsable de ce qu'il dit: un énoncé rrès éiértrentaire comme « l^l-.q!eur » esr posé co[rme yrai par l'énorrciateur, qui donne Pour son responsablé, le garant de sa vérit(:. Nlais cet énonciaceur aurait pu moduler son degré cl'adhésion (« Peut-être qu'il pleut »), en attribuer la respon- sahilité à quelqu'un d'autre (« Selon Paul il pleut »), com- riicnLer sa i)ropre parole (« Franchement, il pleut »), etc'. ll pourrait nrême montrer au co-énonciateur qu'il feint seule- rrrr:nt de l'assurner (cas des énonciations ironiques)' 3-.2.7.l-e c/iscours est régi par des normes Onl'avuàproposdesloisdudiscours,l'activitéverbale s'iriscrit dans une vaste inscitucion de parole i comme tout compor[ement, elle esc régie par des normes' Chaque acte de iangage implique lui-même des normes Particulières ; un u.r. nurri simple en apParence que la ques[ion, par exemple' implique que le locuceur ignore la réponse, que cette réponse ,,(l),rr, ,riJ,r.,,,;r,'',,.. i,.t' , ô-r i "r I Discours, énoncé, tgxte m 45 a quelque intérêt pour lui, qu'il croit que son co-énonciateur pJrt f " cionner... 'Plus fondamentalement, tout acte d'énon- ciation ne Peut se Poser sans.iustitrer d'une manière ou d'une autre son droit à se p.ésentei tel qu'il se présente' Travail de tegrilorion qui ne iait qu'un avec l'exercice de la parole 1-.2.8. Le discours est Pris dans un interdiscours Le discours ne prend sens qu'à l'intérieur d'un univers d'autres discours à travers lequel il doit se frayer un chemin' Pour interpréter le moindre énoncé, il faut le mettre en rela- tion avec toutes sortes d'autres) que l'on commente' Paro- die, cite... Chaque genre de discours a sa manière de gérer üîrt,ipti.ira ies ,.ilations interdiscursives : un manuel de philosophie ne cile pas de la même manière et les mêmes iorr..r'qu'un animateur de vente Promotionnelle"' Le seul fri, a" ranger un discours dans un genre (la conférence' [e journal célé"visé...) implique qu'on le mette.en relation avec j'onsemble illimité des autres discours du uploads/Litterature/ la-notion-de-discours-20210118-0001.pdf

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