Les simulations globales La simulation globale est un support méthodologique qu
Les simulations globales La simulation globale est un support méthodologique qui permet d’apprendre une langue étrangère par le biais d’un projet de création collective. Le principe en est simple : il s’agit d’entrainer les apprenants dans un univers différent de celui du local de formation (un immeuble, un village, une ile, un cirque, une entreprise…) que l’on appelle le lieu-thème, de leur faire endosser une identi- té fictive et de les amener à simuler toutes les fonctions du langage que ce cadre est susceptible de requérir. Préparer et réaliser une simulation globale per- met de motiver les apprenants, tout en leur offrant la possibilité de s’exprimer en français, à l’oral mais aussi à l’écrit. Ce support s’avère tout à fait pertinent dans le cadre de l’alphabétisation où ‘L’immeuble’, le thème le plus connu des formateurs, est déjà utilisé depuis un certain nombre d’années. Voici, sur base de fragments tirés du site de Franc-Parler et de la mallette pédagogique éditée par le Centre de documentation du Collectif Alpha (voir encadré ci-contre), une présentation illustrée des simulations globales et de leur intérêt pour l’apprentissage. Les premières simulations globales, L’immeu - ble, Iles et Le village ont été expérimentées dans le cadre du BELC (Bureau français pour l’enseignement de la langue et de la civilisa- tion françaises à l’étranger) où elles étaient présentées comme une alternative aux manuels de l’époque. La naissance de cette technique va se nourrir de quelques idées de base : l’abandon du manuel de français langue étrangère (FLE), l’utilisation des tech- niques de créativité et le recours au jeu, la centration sur l’apprenant, l’importance des aspects communicatifs en classe de langue. Selon Francis Debyser, un de ses initiateurs, « une simulation globale est un protocole ou un scénario cadre qui permet à un groupe d’apprenants pouvant aller jusqu’à une clas- se entière d’une trentaine d’élèves, de créer un univers de référence – un immeuble, un village, une ile, un cirque, un hôtel – de l’ani- mer de personnages en interaction et d’y simuler toutes les fonctions du langage que ce cadre, qui est à la fois un lieu-thème et un univers du discours, est susceptible de requé- rir. […] Décrire le monde, raconter la vie et vivre la comédie des relations humaines, tel est le pari pédagogique des simulations. C’est l’ampleur de cette ambition qui explique le terme de ‘global’. » 1 Cette technique peut être utilisée dès le niveau débutant jusqu’au niveau le plus avancé avec des apprenants de tous âges. La réalisation d’un projet de simulation globa- le met en jeu acquisitions linguistiques, uti- 60 > Journal de l’alpha n°172 L’oral D O S S I E R Journal de l’alpha n°172 > 61 lisation de documents authentiques, imagi- nation, jeux de rôles, pratiques de commu- nication orales et écrites, rédaction et créa- tion littéraire. Choix du thème de la simulation On distingue deux types de simulations : les simulations généralistes et les simulations fonctionnelles. Les premières (l’immeuble, l’ile, le village…) visent un perfectionnement général, tandis que les secondes (la conféren- ce internationale, l’entreprise, l’hôtel, l’hôpi- tal…) s’adressent à des étudiants ou des adultes à objectifs professionnels. Quel que soit le lieu thème, deux options existent : celle d’une simulation réaliste – le lieu imaginé se trouve dans le pays où vivent les élèves (comme dans Le café bordelais 2) – ou celle d’une simulation fiction – le lieu se trouve dans un ailleurs créé de toutes pièces (à l’image du Voyage sidéral 3). Un décalage temporel est égale- ment possible : on peut choisir un village d’autre fois (à titre d’exemple, voir J’ai vécu dans un village lorrain au Moyen Age 4) ou se projeter dans l’avenir. Canevas type d’une simulation Voici les grandes étapes du déroulement d’une simulation globale, telles que les défi- nit Francis Yaiche : Établir le lieu et le milieu Construire un ‘lieu-thème’ consiste à entrai- ner les élèves sur un lieu qui fonctionne comme un milieu et comme un thème : une ile, un immeuble, un village, etc. Les univers peuvent être ‘fixes’ : ile, village, immeuble, quartier d’une ville, planète, camping ou ‘iti- nérants’ : cirque, croisière, voyage scolaire, tournée d’un groupe musical, etc. Cette étape initiale permet d’introduire une pre- mière pratique discursive : la description. Pour décrire, les apprenants vont devoir identifier, nommer les éléments constitutifs du monde, les localiser, les quantifier et enfin les qualifier. Établir les identités fictives Construire des identités fictives, c’est ame- ner les élèves à se glisser dans la peau d’un personnage qu’ils vont incarner, et auquel ils vont donner une âme. Les apprenants doivent faire vivre cette identité en la ren- dant crédible. L’identification des person- nages se fait en trois temps : l’identification administrative (âge, nationalité, profes- sion…), l’identification biographique (le passé des personnages) et le portrait (traits de caractère, physique, etc.), permettant d’introduire une deuxième grande opération discursive : le récit, ici le récit de vie. Donner épaisseur et vie au milieu par des interactions C’est par des interactions que les apprenants vont participer à la vie du cadre imaginé. Ils vont être amenés à donner une épaisseur Site de Franc-Parler : www.francparler.org > Les simulations globales Mallette pédagogique du Centre de documentation du Collectif Alpha: - téléchargeable à la page : www.collectif-alpha.be/rubrique88.html - également empruntable : rue de Rome 12, 1060 Bruxelles Tél : 02 533 09 25 Courriel : cdoc@collectif-alpha.be 62 > Journal de l’alpha n°172 historique, géographique et sociologique au lieu-thème et à imaginer les relations entre les personnages ainsi que leur rôle dans le décor. Cette étape est l’occasion de la mise en place de jeux de rôles. L’ILE LE VILLAGE Les apprenants sont rescapés d’un naufra- ge sur une ile. Les apprenants créent un village. Situation de départ - Etablissement de la carte de l’ile. - Rédaction de fiches botaniques et zoo- logiques. - Informations sur le relief, la forme de la côte, le climat. - Baptême de l’ile et des différents sites (mots-valises, etc.). - Invention de l’espace, délimitation du cadre physique de l’environnement. - Etablissement du dessin du village, de son implantation, de sa topographie, de sa géographie, de ses ressources naturelles (argumentation orale). - Hypothèses sur le climat. - Recherche d’un nom pour le village. Etablir le lieu et le milieu - Le réveil des rescapés du naufrage : découverte de leur situation, premières sensations et impressions (rédaction d’un journal intime). - Connaissance réciproque des naufra- gés : chacun se présente en se donnant une identité fictive (nom, nationalité, profession, âge, etc.) (présentation croisée, récit de vie). Constitution des identités fictives par : - l’écriture d’une fiche d’état civil adminis - trative (nom, prénom, date et lieu de nais sance, nationalité, situation de famil- le, adresse) ; - l’écriture d’une fiche établissant les grands traits de la personne (particulari- tés physiques, morales, psychologiques, intellectuelles). Etablir les identités fictives Faire intervenir des évènements Les apprenants vont ensuite devoir faire vivre les personnages en suscitant des évè- nements et des incidents : un crime, une histoire d’amour, un incendie… Exemples 5 L’ILE LE VILLAGE Journal de l’alpha n°172 > 63 - Inventaire des projets individuels et élaboration d’un projet collectif. - Discussion sur les décisions prioritaires à prendre et sur les moyens de les mettre en œuvre (signalisation de sa présence, fabrication d’outils, recherche de nourri- ture, édification d’un habitat…). - Etablissement d’une charte, d’un code pénal. - Election ou désignation d’un respon- sable de l’ile. - Invention de jeux, sports, loisirs, usages dont on fixe les règles. - Ecriture de textes fondateurs (hymne, chants guerriers, pacifiques, etc.). - Etablissement d’une liste de métiers indispensables dans le village. - Réflexion et argumentation sur l’empla - cement des sites importants pour la vie du village (poste, école, épicerie, etc.). Donner épaisseur et vie au milieu par des interactions - Ecriture d’un roman d’amour entre deux protagonistes. - Production de textes ou de jeux de rôles concernant des incidents ou évène- ments survenus au travail ou dans la vie quotidienne (semailles, moisson, rites, fêtes, catastrophe naturelle, vol, crime, arrivée d’un navire, conflit, découverte d’un objet magique ou providentiel…). - La fin de la simulation peut être traitée comme un évènement (un bateau accoste) ou comme un incident (catas- trophe, éruption, etc.). - Le décès du maire donne lieu à la consti- tution de partis politiques et à l’orga ni - sation d’élections législatives : > présentation des candidatures, rédaction des professions de foi, > préparation des affiches, > débats. - La simulation se clôture par la présen- tation des programmes électoraux et par les élections législatives. Faire intervenir des évènements et des incidents Rôle de l’enseignant Selon F. Debyser, l’enseignant a un rôle mul- tiple dans le cadre des simulations globales : - il est le maitre de jeu ; - il prévoit la répartition du travail collec- tif, en sous-groupes, ou individuel ; - il aménage l’espace de la classe pour les 64 > Journal de l’alpha n°172 diverses activités : espace pour les jeux de rôle, affichage de certaines productions ; - il conseille uploads/Litterature/ la-simulation-globale.pdf
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- Publié le Dec 16, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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