L ’étude du temps dans “ La Jalousie ” d’Alain Robbe-Grillet Professeur Behzadi

L ’étude du temps dans “ La Jalousie ” d’Alain Robbe-Grillet Professeur Behzadi Préparé par Mahsa Sharififar Le roman La Jalousie d’Alain Robbe-Grillet est publié en 1957 par les éditions de Minuit. Ce roman n’est pas un roman traditionnel et à l’époque il a été beaucoup critiqué. En fait dans ce roman les idées du nouveau roman se dévoilent et il donne l’impression que Alain Robbe-Grillet est le porte-parole de ce mouvement. Après une première lecture du texte, le lecteur se sent un peu confus par le contenu. De qui et de quoi s’agit-il ? C’est une histoire à trois personnages, présentée par le mari jaloux qui épie sa femme mais, le narrateur n’a pas tout présenté d’une manière évidente. Il semble plutôt qu’il a oublié des détails auxquels on est habitué après avoir lu un roman traditionnel. Par exemple, les personnages ne portent pas de nom et le narrateur ne parle jamais. Ensuite, l’intrigue semble diffuse c’est-à-dire qu’elle devient un peu ennuyeuse. Puis, le déroulement des événements n’est pas présenté dans un ordre temporel. De plus, le narrateur semble répéter les mêmes scènes plusieurs fois. Contrairement au roman traditionnel, le narrateur utilise le présent dans la plus grande partie du texte, mais on ne sait pas exactement à quel moment du présent le narrateur se trouve. Robbe-Grillet voulait capturer l’instant, alors le présent était selon lui, le temps le plus essentiel.Puis, le récit semble suivre une structure cyclique. La fin ressemble au début du roman et les mêmes actes se répètent aux mêmes endroits. Le lecteur s’interroge sur le fonctionnement de la présentation des événements. On met aussi en question les descriptions détaillées qui peuvent occuper plusieurs pages dans le texte. Résumé de La Jalousie La Jalousie, publié en 1957, est le troisième roman d’Alain Robbe-Grillet. C’est une histoire classique à trois personnages ayant pour cadre une maison coloniale . Le mari soupçonne une relation entre sa femme et leur voisin. Le choix du titre est intéressant puisque le mot jalousie a un double sens. D’abord, le mot signifie le sentiment fort du mari qui soupçonne l’infidélité de sa femme. Puis, il signifie aussi cette sorte de rideau en bois à travers duquel il peut épier sa femme sans être vu. Alain Robbe-Grillet lors d’un entretien sur l’Immortelle publié dans Le Monde le 1er juin 1963 explique la définition du titre de son roman comme suit : « Il faut interpréter La Jalousie dans le double sens du terme : un coupe-vent propice à l’observation et à la surveillance ; une passion inquiète et sans pitié, déformant ce qu’on observe. […] T out le roman est contenu dans ce mot qui désigne à la fois l’objet et le sentiment passionné. » L’histoire est présentée du point de vue d’un narrateur. T out au long du texte, le mari épie sa femme d’une manière obsédée. Il reste paralysé en observant sa femme à différents moments dans leur maison. Les personnages mènent une vie monotone dans la maison coloniale et il y a peu d’action dans l’histoire. L’espace est réduit à la maison et le narrateur ne s’en déplace jamais. Dans ce roman, Robbe-Grillet n’utilise pas la technique traditionnelle du roman. Il expérimente une nouvelle technique qui demande un engagement du lecteur. Il ne décrit pas les personnages de la manière traditionnelle. Le lecteur crée le portrait des personnages par la description de leurs gestes et dialogues observés par le narrateur. Par exemple, la femme est nommée A... Ensuite, il n’est jamais dit dans le texte que c’est le mari qui présente l’histoire. On le présume justement par des faits donnés indiquant qu’il y a une troisième personne présente. Le déroulement des événements n’est pas présenté dans l’ordre du temps. La présentation des moments suit l’ordre qui se déroule dans la tête du narrateur. Le narrateur reprend des événements en se rappelant les différentes situations. Il répète des moments différents en les mélangeant selon son interprétation jalouse de la situation. Son angoisse d’une affaire entre sa femme et leur voisin est aussi forte qu’il répète sans cesse les différentes scènes. C’est donc à partir d’un déroulement très subjectif présenté par le narrateur, que le lecteur s’imagine l’histoire. Dans la ligne du nouveau roman, l’intrigue est diffuse dans La Jalousie. Car, on a l’impression que la situation continue comme d’habitude, d’une façon cyclique. Évidemment, le mari a peur de perdre sa femme, mais il n’est pas explicitement dit dans le texte qu’il la perd. Les mêmes événements se répètent comme d’habitude tout au long du texte. Il est difficile de distinguer le moment le plus présent parmi tous les événements. Le lecteur doit lui-même interpréter le point de départ d’un déroulement des événements. En plus, le dernier chapitre rappelle le premier chapitre et renforce le sentiment d’une vie monotone et d’une structure cyclique du texte. La fin de l’histoire n’est pas la fin du texte. La durée La durée de l’histoire dans La Jalousie Il est facile de définir le temps du texte puisque le livre consiste de 218 pages divisées en neuf chapitres. Par contre, le temps de l’histoire est plus difficile à distinguer puisque le lecteur ne peut pas facilement définir le temps vécu par le narrateur. La seule chose que nous savons, c’est qu’il se trouve dans une situation où il soupçonne sa femme d’avoir une relation avec le voisinqui s’appelle Franck. Ainsi, il semble épier sa femmedans leur maison tous les jours. À tout moment où le narrateur se déplace dans la maison on en conclue qu’il se déplace dans le temps, car il n’est pas possible de se trouver à deux endroits différents en même temps. Mais, dans cette histoire, le narrateur ne se déplace pas beaucoup. Il semble complètement obsédé par cette idée fixe et par conséquent il reste paralysé dans sa maison construisant et reproduisant des images et des souvenirs qu’il mélange dans sa tête. Il est alors plus difficile de discerner une durée de l’histoire. Ensuite, le temps présenté est un temps imaginaire où l’on ne peut pas définir facilement quel est le moment présent. Cependant, il est très difficile de définir la durée des faits. En plus, le manque d’une linéarité des événements complique aussi la définition de la durée. Le narrateur saute dans le temps entre imagination et observation, entre souvenirs du passé et l’observation du présent. Puis, il interprète chaque situation d’après sa jalousie. Alors, la présentation est très subjective. Les images qu’il nous présente ne sont pas dans un ordre temporel, mais dans l’ordre d’apparition dans sa tête. Donc, la continuité des événements ne suit pas un ordre chronologique. En outre, le mari répète en reproduisant les faits et les images. On ne peut pas définir le point de départ, ni le point final des événements. Le texte semble suivre une structure cyclique sans marquer le début ni la fin. La vitesse narrative Si on mettre en parallèle le temps dans le texte avec la durée des faits, on trouve le rythme de la narration. Le rythme du récit peut varier et il existe quatre procédés qui modifient la vitesse narrative; l’ellipse (Omission dans une suite logique, une narration) , la pause, la scène et finalement le sommaire. Dans La Jalousie, il y a peu de variations du temps puisque le narrateur présente la situation qu’il l’interprète dans sa tête. L’ellipse qui augmente la vitesse du récit n’est pas fréquente dans ce roman. L’écrivain a pour but de nous présenter le moment de l’observation au présent, alors, il n’a pas besoin d’omettre des moments pour un déroulement de l’action. L’action se trouve au moment de l’observation, au présent. Il est aussi rare que le narrateur résume des événements. Le sommaire accélère aussi la vitesse du récit car il présente des événements d’une longue durée avec peu de texte. Dans La Jalousie, les moments qui accélèrent la vitesse du récit sont les scènes. Pendant la scène, le temps de narration est égal au temps du récit. Mais chaque fois que le mari fait des retours en arrière en se rappelant différentes scènes, l’action se recule dans le temps. Au troisième chapitre il n’y a presque pas d’action. Le chapitre commence par la phrase « Le long de la chevelure défaite ». Minutieusement, le mari observe le travail de la brosse dans la chevelure de A.. La description est minutieuse, on entend même le bruit de la brosse travaillant du haut vers le bas. Cette longue description fait une pause dans l’action. Mais, elle renforce aussi le portrait de la beauté de A... et le lecteur sent l’admiration du mari et sa jalousie. On se demande pourquoi elle consacre tant de temps et de travail minutieux pour se faire belle. Ce chapitre ne comprend pas de dialogues, et tout le chapitre est consacré aux descriptions des pièces différentes de la maison et de son entourage. Le mari observe A.. dans ses diverses préoccupations. Dans La jalousie, il y a un grand nombre de descriptions minutieuses et détaillées qui marque le pas du uploads/Litterature/ le-roman-la-jalousie.pdf

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