AKSAL MOKRI SECONDE 3 1 « Les Animaux malades de la Peste » Jean de LA FONTAINE

AKSAL MOKRI SECONDE 3 1 « Les Animaux malades de la Peste » Jean de LA FONTAINE (1621-1695), Livre VII des Fables, 1 « Les Animaux malades de la Peste » est la première fable du livre VII de La Fontaine situé dans le second recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1678. Le texte fait référence à la peste qui a touché la France au XVIIe siècle. La Fontaine est un auteur du mouvement classiciste, mouvement littéraire qui se développe en France, et plus largement en Europe, à la fron- tière entre le XVIIe siècle et le XVIIIe siècle, de 1660 à 1715. En tant que moraliste, La Fontaine exa- mine la façon dont agissent les individus au sein de la communauté humaine : « Je me sers d’Animaux pour instruire les Hommes ». « Les Animaux malades de la Peste » est une fable du genre apologue et de type argumenta- tif. Les rimes embrassées lient les vers qui sont de longueurs irrégulières. Le thème touche à l’injustice et a une visée satirique. En quoi les animaux montrent-ils l’inégalité des hommes devant la justice de la cour ? Nous étudierons comment l’auteur utilise les animaux pour faire une satire de la cour et de la justice. I. La forme de la fable La fable est un apologue en forme de récit allégorique en prose ou en vers qui met en scène le plus souvent des animaux et terminé par une morale. Dans les fables, chaque catégorie ou défaut de la société est représenté par un animal qui lui cor- respond dans le règne de ce dernier. Les fables de La Fontaine apportent toujours un enseignement, une leçon de vie : la morale. Elle est soit explicite (elle est apparente, souvent au début ou à la fin de la fable) ou implicite (nous ne la voyons pas directement, il faut la chercher). La morale sert à faire réfléchir le lecteur. Dans les Animaux maldes de la peste de La Fontaine, le renard représente le courtisant fourbe et rusé, le lion souvent le roi, la puissance et la fierté et le loup le chasseur et la cruauté. L’âne, quant à lui, représente la naïveté, la bêtise et l’honnêteté. La morale de cette fable : « Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir » Vers 1, Le Loup et l'Agneau, Jean de La Fontaine Cette morale tirée de « Le Loup et l’Agneau » veut dire que seul le malin et les rusé s’en sorte. II. Le discours argumentatif du lion et du renard Dans les fables de La Fontaine, le lion représente le roi et le pouvoir qu’il représente. Ici, à première vue, le lion apparait comme un bon roi, il se soucie de son peuple. Pour lui la peste est une punition de tous leurs péchés : « Je crois que le Ciel a permis/Pour nos péchés cette infortune » (vers 15-16). Le roi propose que le plus coupable se sacrifie et appuie cette thèse par des faits historiques : « Que le plus coupable de nous/Se sacrifie aux traits du céleste courroux/Peut-être il obtiendra la guérison commune/L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents/On fait de pareils AKSAL MOKRI SECONDE 3 2 dévouements » (vers 18 à 22). Il avoue même ses propres péchés et est prêt à se sacrifier : « Je me dévouerai donc, s'il le faut » (vers 29) Mais nous voyons l’hypocrisie du lion : « mais je pense/Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi /Car on doit souhaiter selon toute justice/Que le plus coupable périsse ». Le « mais » montre bien que le lion n’avait aucunement l’intention de se sacrifier : il sait qu’il peut compter sur sa cour pour cela. Dans les fables de La Fontaine, le renard représente la ruse et la fourberie. Le renard, ici, flatte le lion. En faisant cela, le renard échappe à ses responsabilités et cela lui évite de parler de ses propres fautes. Il le flatte lui disant que tout ce qu’il a fait est normal et justifié. Cette thèse est étayée par 3 arguments :  les moutons sont de la « canaille » et une « sotte espèce » : ici, « canaille » (vers 35) veut parler de la hiérarchie sociale. Les moutons sont des misérables, une sous-espèce.  les moutons ne doivent pas se plaindre. C'est un honneur d'être mangé par le roi : « Vous leur fîtes, Seigneur/En les croquant, beaucoup d'honneur » (vers 36-37). Ici, toutes justices disparaissent et donnent au roi le pouvoir de vie et de mort sur ses sujets.  le berger se donne le pouvoir de regrouper le troupeau et de le commander, mais ce pouvoir ne doit appartenir qu’au roi ce qui fait de manger le berger est légitime : « Et quant au ber- ger, l'on peut dire/Qu'il était digne de tous maux/Etant de ces gens-là qui sur les animaux/Se font un chimérique empire » (vers 38 à 41). III. La satire de la cour et de la justice « Les Animaux malades de la Peste » met en scène un pseudo-tribunal. Nous constatons la présence du champ lexical de la justice : « crime » (vers 3), « conseil » (vers 15), « coupable » (vers 18), « justice » (vers 31), « jugée » (vers 58)…, et de la religion : « Ciel » (vers 2), « péchés » (vers 17), « céleste courroux » (vers 19), « expier » (vers 61)... L’idée est celle d’une justice injuste, car le conseil ne juge pas par rapport au crime, mais par rapport à la classe so- ciale. Ici, le lion est brutal comme nous le montre le verbe d’action « dévorer ». Nous remarquons que ceux qui ont le pouvoir sont les carnivores : le lion, le renard, le tigre, l’ours…, et les herbivores, le peuple : les moutons, l’âne… C’est donc le peuple les victimes : les moutons qui se font manger par le lion, l’âne qui est coupable de la peste, car il est faible. Nous découvrons ainsi pourquoi Jean de La Fontaine utilise des animaux dans cette fable. Il veut montrer que les hommes sont comme les ani- maux : la loi du plus fort est toujours la meilleure. Le plus fort (lion) décide et la proie (âne, mouton) subit. Dans les fables de La Fontaine, le loup est le prédateur qui mange la douce et innocente proie. Ici, le loup représente l’avocat du diable. Il fait en sorte de punir le plus faible et le plus naïf de tous : « Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue/Qu’il fallait dévouer ce maudit ani- mal » (vers 55-56). Nous voyons ensuite que, comme le lion, le loup est brutal et cruel : « Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal/Sa peccadille fut jugée un cas pendable/Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !/Rien que la mort n’était capable/D’expier son forfait : on le lui fit bien voir » (vers 57 à 61). Nous revoyons ainsi la différence de pouvoir entre l’âne et le lion : ils font du petit crime de l’âne la source de tous leurs problèmes. On voit bien la dramatisation de cette scène. AKSAL MOKRI SECONDE 3 3 Conclusion Jean de La Fontaine, en écrivant cette fable, voulait bien sûr montrer indirectement, pour ne pas être puni du crime de lèse-majesté, l’inégalité entre la cour du roi et le tiers état. Il veut montrer aussi que, à la cour du roi, l'honnêteté n’a aucun poids face à l’hypocrisie et à la flatterie. Seul le puissant gagne. La morale de La Fontaine résume bien cela : « Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir » uploads/Litterature/ les-animaux-malades-de-la-peste.pdf

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