Envoyé par Sandra. Parcours de lecture : LIRE LE REALISME ET LE NATURALISME Col
Envoyé par Sandra. Parcours de lecture : LIRE LE REALISME ET LE NATURALISME Colette Becher, coll. Dunod, 1992. QU’EST-CE QUE LE REALISME ? Eviter les conventions « Tous les écrivains de la réalité s’accordent pour attaquer les constructions de l’imagination, l’utilisation de conventions et de stéréotypes, l’asservissement aux goûts du lecteur. » Goût du réalisme à tout bousculer sur son passage. N’entend pas répondre à des « conventions ». Ex de La Bête humaine de Zola où Denizet, le juge « reconstruit la suite des événements à l’aide des indices qu’il a recueillis au cours de son enquête, et surtout à partir de ce qu’il croit savoir de la nature humaine. » Alors que le coupable Roubard se dénonce pour le meurtre de Grandmorin (l’amant de sa femme), Denizet qui a déjà un coupable, Cabuche, « trouve ses explications invraisemblables. » « Plus Roubaud s’entêta à dire la vérité, plus il fut convaincu du mensonge.(…) Le juge raffinait la psychologie de l’affaire avec un véritable amour de métier. Jamais, disait-il, il n’était descendu si à fond de la nature humaine, et c’était la devination plus que de l’observation, car il se flattait d’être de l’école des juges voyeurs et fascinateurs, ceux qui d’un coup d’œil démontent un homme » ch.12. « Denizet se heurte au même obstacle que les romanciers du réel :il veut découvrir la vérité, il enquête, recueille des indices. Mais il reconstruit le réel, bâtit une suite d’événements selon la logique et la vraisemblance, selon ce qu’il imagine être le comportement d’un homme jaloux, d’un meurtrier, etc. Il passe totalement à côté de la vérité. » Quand la subjectivité rentre en compte, toute vérité est impossible. Selon des normes, selon des conventions il se fait l’image d’un meurtrier type : Cabuche qui a lui le profil du tueur. Mais cela reste très conventionnel, ce sont des archétypes de meurtriers qui sont préétablis. L’illusion réaliste. Quelques procédures d’écriture. ( A partir de l’incipit de L’Assommoir de Zola ) * « L’histoire débute par un prénom, comme si le personnage était connu de toujours par le lecteur, comme s’il n’avait pas besoin d’être présenté.(…) Le même effet pouvant être produit par l’utilisation de l’article défini qui renvoie à une réalité ( supposée ) connue. » * L’emploi du nom de famille sans le Monsieur de politesse ( ex. Lantier et non Mr Lantier) « suffit à définir le genre de l’histoire qui va être racontée. » * Le titre qui « fonctionne donc comme un indicateur de genre. Il contribue à définir d’emblée pour le lecteur, un milieu social. (…) Pareillement des titres comme Thérèse Raquin, Madame Bovary renvoient à la médiocrité sociale. » * L’entrée in medias-res dans l’histoire tel que le début de Germinie Lacerteux des Goncourt : « Sauvée, vous voilà donc sauvée, mademoiselle, fit avec un cri de joie la bonne qui venait de fermer la porte sur le médecin. » * « (…) l’ancrage dans une géographie urbaine et dans une époque précise. » * Le «renvoi à une réalité sociologique » tel qu’un emploi * Evocation de « personnages historiques célèbres » Cf l’incipit de Germinal. * Faire une description en plaçant le personnage en un « point élevé » de ce fait « nous le [spectacle] découvrons en même temps qu’elle, à travers son regard et ses réactions » et non par « un narrateur omniscient. » L’incipit est donc un « lieu stratégique où la fiction est mise en train par un certain nombre de décisions du narrateur dans la masse des possibilités offertes, un texte doit définir aussi vite que possible un horizon d’attente réaliste, faire référence à un hors-texte connu du lecteur, condition nécessaire de sa lisibilité, en d’autres termes, produire les garanties de son expression . » Tempérament et objectivité Elle donne une citation de Zola où il définit une œuvre d’art comme « un coin de la création vu à travers un tempérament ». Toujours exemple L’Assommoir de Zola . « Il plante un décor condensant les éléments de ce qu’on imagine être le décor de la vie ouvrière » puis il « plante ce qu’on imagine être le décor de la vie ouvrière et son espace social ». Ce décor n’existe pas, il est reconstruit selon des conventions, des images que l’on croit être caractéristique de telle ou telle condition. Ce sont des images qui parlent au lecteur / le Mont-de-Piété… « Le début de Madame Bovary révèle, lui aussi, l’intrusion de l’auteur qui plie le récit à ses intentions : cette première phrase est une parodie du schéma de présentation d’un héros. » « Nous étions à l’Etude, quand le Proviseur entra, suivi d’un nouveau habillé en bourgeois et d’un garçon de classe qui portait un pupitre. » « On retrouve dans ce texte [retour à L’Assommoir] un des procédés habituels des romanciers du réel : un personnage compétent (Coupeau) explique à un autre (Gervaise qui n’a encore jamais vu l’alambic, mais en a entendu parler, d’où sa curiosité) le fonctionnement de la machine. La fiche documentaire est ainsi fictionnalisée avec vraisemblance. » De la description on tombe dans le mythe « (la condition de l’homme aux prises avec ce qui le dépasse) » tout comme on tombe dans le symbole ( la « question de l’alcoolisme » … « sans qu’on puisse déterminer avec précision si la vision catastrophique d’un Paris inondé par l’alcool est à mettre au compte du narrateur ou de la jeune femme. » Problèmes du réalisme. Problème « d’origine sociale », «d’éducation », de « culture », de « tempérament »de l’auteur. De plus « une reproduction exacte, objective, totale de la réalité est impossible, comme son imitation. » « Mais, plus qu’ils ne copient le réel, dont ils offrent une vision qui reste toujours, quoiqu’à des degrés divers, personnelle et partielle, ces romanciers donnent l’illusion du réel. Ils choisissent, trient, ordonnent, plient le réel à leurs intentions, à leurs modèles, consciemment ou inconsciemment. Finalement, pour la plupart d’entre eux, la mimésis reste seconde. » HISTOIRE ET THEORIE Les grands initiateurs Stendhal (1783-1842) « Stendhal n’a cessé d’affirmer la prééminence des faits, les droits du réel, à commencer par la prétendue devise de Danton qu’il a placée en exergue du livre premier de Le Rouge et le Noir : « la vérité, l’âpre vérité » ; il affirme de même dans La Vie d’Henry Brulard : « Etre vrai et simplement vrai, il n’y a que cela qui tienne. » (…) Stendhal conçoit le roman comme une chronique du temps présent centré sur la biographie d’un personnage. Armance (1827) porte pour sous-titre : Quelques scènes d’un salon en 1827; Le Rouge et le Noir (1830): Chronique de 1830. C’est dire que le temps de l’histoire racontée et celui de l’écriture tendent à se rapprocher et finissent par se rejoindre. Le romancier inscrit des œuvres dans une réalité très proche, voire contemporaine du moment où il les compose. Il songe à des faits et des personnages vrais, à des gens et des lieux qu’il a connus, refusant à la fois l’idéalisme et la reconstitution historique à la Walter Scott.(…) Stendhal est très gourmand de « petits faits vrais » (…) [qui] donnent au récit qu’il en bourre, le cachet de l’authenticité. La leçon ne sera pas oubliée par les romanciers de la réalité. » « Ses romans sont avant tout, des romans d’apprentissage. » « Stendhal ne décrit jamais personnages ou décors en une fois, de manière exhaustive, mais il procède par une succession de réalités perçues. » Balzac (1799-1850) « 2ème créateur du réalisme moderne » « Il bâtit un monde qu’il a voulu comme l’exacte reproduction du monde réel. » De plus « volonté de ne pas raconter des faits imaginaires, mais de s’appuyer sur la vie réelle et contemporaine, telle qu’elle se présente sous tous ses aspects et en tous lieux . Les réalistes l’approuvent d’avoir commencé par accumuler les observations et d’avoir été attentif non seulement à l’entourage de l’individu, mais aussi à l’interaction de celui-ci et de son milieu social. » « C’est à Stendhal et surtout à Balzac que le réalisme est redevable de sa volonté de dépasser la simple description de la société pour en démonter les mécanismes. » Le réalisme ne se contente pas de peindre un tableau de ce qu’il voit, d’en décrire les contours. Non, il creuse plus en avant dans les êtres. Il n’est pas ce simple peintre de la réalité, d’un paysage. Le mouvement réaliste Le rôle de la peinture et de Courbet Le mouvement réaliste a pour origine la peinture, c’est par elle qu’il fait son entrée et avec notamment pour chef de ligne : Courbet (1819-1877) qui « ne respecte ni modèles ni codes convenus.(…) Il accompagne cette absence d’intention ou de commentaire d’un véritable sacrilège en choisissant de représenter la banalité, voire la trivialité, dans des dimensions habituellement réservées à la « grande peinture » (scènes religieuses, historiques, mythologiques): 1,95 m uploads/Litterature/ lire-le-realisme-et-le-naturalisme.pdf
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- Publié le Oct 03, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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