Université des Frères Mentouri Constantine 1, Algérie, 2021. Vol 32, n°1, Jui
Université des Frères Mentouri Constantine 1, Algérie, 2021. Vol 32, n°1, Juin 2021– pp 775-786 ملخص االنضباط لفرض فن سرد القصص كوسيلة للتواصل في .اقتصاد السوق وعالم العمل رواية القصص في االتصال السردي ليست فن رواية .القصص. إنها تقنية تقوم على االستخدام االستراتيجي للقصة تقنية تطورت في عالم الشركات (األعمال) عبر المحيط األطلسي منذ52 عامًا ، قبل أن تنتشر في السياسة والخطاب اإلعالمي بشكل عام. مبدأ رواية القصص اإلنجليزية هو اختطاف السرد القصصي ، وفي الواقع ، فإنه يشير بوضوح إلى االختالف عن فن سرد القصص ، وال ينتج عنه أكثر أو .أقل من القصة المضادة في المجالين السياسي واإلعالمي ، أصبح فن س رد الحكايات أسلوب التالعب بامتياز للجماهير ، الذي نظمه "خبراء السياسة". يتحكم هؤالء "األطباء المغفلون" في المعلومات في وسائل اإلعالم من خالل التحدث مباشرة إلى الناخبين .وتلفيق الرأي يهدف سرد القصص أيضًا إلى المستهلكين الذين يفتقرون إلى المعايير. استغلت دوا ئر اإلدارة هذا االنضباط لفرض فن سرد القصص كوسيلة للتواصل في اقتصاد السوق وعالم .العمل الكلمات المفتاحية: رواية القصص؛ قصة؛ السرد المضاد ، إعادة الكتابة ، التواصل. Abstract Storytelling in narrative communication is not the art of storytelling. It is a technique based on an instrumentalized strategic use of the story. A technique that developed in the business world across the Atlantic 25 years ago, before spreading to politics and media discourse in general. The principle of storytelling anglicism is the diversion of narration and in fact, it clearly marks the difference with the art of storytelling, by producing neither more nor less of the counter- narrative. In the political and media fields, the art of storytelling has become the mode of manipulation par excellence for crowds, orchestrated by the “spin doctors” who control information within the media by addressing voters directly and by fabricating opinion. Storytelling is also intended for consumers lacking benchmarks. Management circles have seized on this discipline to impose the art of storytelling as a mode of communication in the market economy and the world of work. Keywords: Storytelling; story; counter-narrative, rewriting, communication . Storytelling ou le récit détourné Storytelling or the diverted narrative Date de réception : 29/11/ 2020 ; Date d’acceptation : 22/12/2020 Résumé * Corresponding author, e-mail: alitebbani@yahoo.fr Ali Tebbani Département de lettres et langue française, Faculté des lettres et des langues, Université frères Mentouri. Constantine 1, Algérie Le storytelling en communication narrative n’est pas l’art du récit. C’est une technique fondée sur un usage stratégique instrumentalisé du récit. Une technique qui s’est développée dans le monde du business outre atlantique il y a 25 ans, avant de s’étendre à la politique et au discours médiatique en général. Le principe de l’anglicisme storytelling est le détournement de la narration et de fait, il marque bien la différence avec l’art du récit, en produisant ni plus ni moins du contre-récit.Dans les domaines politiques et médiatiques l’art du récit est devenu le mode de manipulation par excellence des foules, orchestré par le « spin doctors » qui contrôlent l’information au sein des médias en s’adressant directement aux électeurs et en fabriquant l’opinion. Le storytelling est destiné aussi à des consommateurs en manque de repères. Les milieux du management ont saisi cette discipline pour imposer l’art du récit comme mode de communication de l’économie de marché et du monde du travail. Mots clés: Storytelling ; récit ; contre-récit, réécriture, communication Ali Tebbani 776 Introduction Repenser la fiction littéraire dans ses aspects ses différents aspects revient aussi à reconsidérer les divers usages stratégiques du récit qui se sont étendus en politique, en économie et dans le commerce. Ces nouveaux usages du récit se sont vus baptisés sous le nom de storytelling. C’est là une problématique fondamentalement propre aux sciences sociales et humaines où s’exerce une tension au sein du récit littéraire à l’ère du storytelling. Des écrivains parlent de contre-récits, de fictions littéraires contre le storytelling. Et c’est tout un débat qui s’installe sur les nouveaux usages du récit et sur la place de la littérature dans ce nouveau contexte. Plusieurs questions prennent leurs places dans ce débat : -Qu’est-ce qui différencie la fiction littéraire du storytelling ? -Comment sont instrumentalisés en communication, les usages des récits à des fins commerciales, politiques, économiques, publicitaires etc. -Comment est envisagée la publicité sous l’angle de ses relations avec la littérature, deux univers pourtant jugés complètement distincts ? -Comment s’opèrent les interférences entre la fiction littéraire et le storytelling politique? La rhétorique marchande tout aussi bien que le discours politique empruntent sans cesse à la fiction littéraire ses récits tout en la transposant sur un terrain qui n’est pas le sien. C’est ainsi que la « dissertation » publicitaire a largement puisé dans les textes classiques, détourné dans le répertoire des procédés littéraires de réécriture d’intertextes publicitaires, produisant ainsi du discours publicitaire intertextuel. “To Bic or not to Bic...”1 L’allusion2 au “to be or not to be”, « Être ou ne pas être » qui est la première phrase du monologue du prince Hamlet dans l'acte 3, scène 1 de la pièce Hamlet écrite par William Shakespeare. 1. Réécriture du texte littéraire La réécriture des récits traduit leur pérennité dans l'évolution phénoménale de ce genre d’où l’intérêt qu’on leur témoigne à s'adapter à toutes les époques. Paraissant se substituer à l’intertextualité comme nouveau concept, la réécriture3 du texte littéraire apparaît durant les années 1980, notamment dans les échanges et la circulation des textes dans l’espace littéraire international, essentiellement à partir de la traduction, considérée à la fois comme outil d’échange et instrument de créativité dans l’univers littéraire universel. La réécriture comme processus de commutation est particulièrement difficile à maitriser, puisqu’elle puise ses mises en textes dans un fond préservé jalousement comme patrimoine personnel ou universel. Néanmoins, il est parfois difficile de parler de propriété intellectuelle tant la littérature correspond à une large part d’imitations, d’adaptations, de reprises et parfois même de détournements. Pendant des siècles, l’admiration pour les récits mythiques gréco-latins a conduit les auteurs à les prendre pour modèles en les adaptant à l’esprit du temps : Molière emprunte à Plaute4, La Fontaine à Ésope5…Un mythe, pour Lévi-Strauss n'est jamais un mythe : il se constitue d'un ensemble de variantes, d'un faisceau de versions. Storytelling ou le récit détourné 777 « Réécrire, c'est écrire ou rédiger de nouveau ce qui est déjà écrit, en modifiant à la différence de copier. »6 Gilbert Durand va jusqu'à affirmer que : « La littérature, et spécialement le récit romanesque sont un département du mythe. »7 L’écriture est toujours réécriture. Le texte écrit reprend un texte premier, écrit ou non. Ce qu'exprime le rôle de traducteur que Proust attribue au grand écrivain : « [ ... ] Je m'apercevais que le livre essentiel, le seul livre vrai, un grand écrivain n'a pas à l'inventer, puisqu'il existe déjà en chacun de nous, mais à le traduire. Le devoir et la tâche d'un écrivain sont d'un traducteur. »8 Pour Roland Barthes, ce qui est réécrit et qu’il qualifie d’intertexte, est un sentiment d’un déjà lu ressenti et il s’en explique : « Lisant un texte rapporté par Stendhal (mais qui n’est pas de lui) j’y retrouve Proust par un détail minuscule [...]. Je comprends que l’œuvre de Proust est, du moins pour moi, l’œuvre de référence, la mathesis générale, la mandala de toute la cosmogonie littéraire [...]. Et c’est bien cela l’intertexte : l’impossibilité de vivre hors du texte infini, que ce texte soit Proust, ou le journal quotidien, ou l’écran télévisuel : le livre fait le sens, le sens fait la vie »9 La récriture peut prendre différents formes : « La récriture qui s’impose généralement et naturellement à l’esprit est la récriture d’autrui, la récriture proprement intertextuelle, comme par exemple Ulysse de James Joyce sur les traces de son célèbre prédécesseur grec, Homère. D’autres types de récriture fonctionnent de façon tout à fait similaire à la récriture intertextuelle. Ce sont toutes les récritures de soi… »10 2. Le récit détourné Incontestablement, raconter c’est vivre, voire survivre, et « Le récit est là comme la vie »11.N’est-ce pas que malgré tout, la vie continue… C’est alors que nous pouvons dire que le récit vit, survit… s’adapte, se réinvente comme la vie. Disposer du récit, œuvre de fiction, création de l’imaginaire, du beau, du fantastique par excellence, le détourner de ses vocations originelles et somme toute naturelles, reviendrait aussi à l’investir pour le travestir. Différents récits peuvent présenter d'importantes différences. Les Mille et une nuits, en seraient le parfait exemple. À l’intérieur d’un récit-cadre reconnaissable, les récits varient et se modifient, reflet des époques, des contextes, des sociétés, des usagers et des lecteurs. Au début du XVIIIe siècle, en Occident, Antoine Galland, ancien chargé de mission en Orient, savant intègre et érudit, commence par traduire les aventures de Sindbad, qui ne relèvent pas des Mille et Une Nuits, mais qu’il y incorporera. Il poursuit par les contes des Nuits eux-mêmes, qui divertissent ses veillées, en s’appuyant sur plusieurs manuscrits, dont celui, incomplet et en trois volumes, qui porte aujourd’hui son nom. Lorsque ses manuscrits s’arrêtent, il les complète en travaillant uploads/Litterature/ storytelling-ou-le-re-cit-de-tourne.pdf
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- Publié le Dec 03, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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