Le Naturalisme de Zola : réalités, symboles et critique sociale Séquence réalis

Le Naturalisme de Zola : réalités, symboles et critique sociale Séquence réalisée par M. Carlos Guerreiro, professeur certifié de Lettres Modernes, pour ses élèves de seconde du lycée de l'Arc à Orange. Objet d'étude : « Le roman et la nouvelle au XIXe siècle : réalisme et naturalisme » Problématique et objectifs : Cette courte séquence succède à l'étude du Colonel Chabert qui aura permis de formaliser les principes essentiels du réalisme balzacien. En prolongement, on propose un travail autour du naturalisme de Zola. A travers des textes représentatifs de l'écriture naturaliste du romancier, il s'agit d'étudier comment l'écrivain opère la transfiguration d'une réalité particulière en symboles, le plus souvent porteurs d'une critique sociale. Autrement dit, il s'agit de montrer, qu'au-delà des professions de foi théoriques qui mettent l'accent sur l'observation et la reproduction fidèle du réel et sur le respect d'une méthodologie aux ambitions scientifiques, l'écriture de Zola s'accompagne généralement d'un mouvement de transformation de la réalité en une vision monstrueuse, épique, voire mythique, qui tend vers le symbole et se charge d'une critique de la société corrompue du second Empire. La séquence s'organise autour de deux ensembles : • Un groupement de textes théoriques : document 1 (éléments de contexte concernant Zola, les Rougon-Macquart et le second Empire), document 2 (la préface de La Fortune des Rougon) et document 3 (extrait du Roman expérimental). • Un groupement de textes étudiés en lecture analytique : un extrait de Nana qui nous plonge dans le demi-monde des courtisanes du second Empire (L.A. n°1 : Nana ou la « Mouche d'or »), un passage qui aborde le monde misérable des ouvriers exploités à la fin du XIXe (L.A. n°2 : la découverte du « Voreux » dans Germinal) et un texte qui s'intéresse à l'univers du chemin de fer (L.A. n°3 : « le train fou », fin du roman La Bête humaine). On peut aussi ajouter un quatrième texte proposant un fonctionnement similaire. Celui-ci peut faire l'objet d'un devoir surveillé ou être abordé dans une séance de clôture de manière à réinvestir les notions acquises pendant la séquence (p. ex un extrait de Au Bonheur des dames ou la description de l'alambic dans l'Assommoir, …). Concernant l'histoire des arts, on propose une séance d'entraînement à l'écriture d'invention qui s'appuie à la fois sur l'étude de la description du « Voreux » (L.A. n°2) et sur la lecture d'une image (« Marteau-pilon », James Nasmyth, 1877). L'ensemble des documents et des textes sont joints en annexe. Séance 1 : Introduction (Zola, les Rougon-Macquart et le second Empire) Lecture commentée du document 1 (voir en annexe Document 1 : Zola, les Rougon- Macquart et le Second Empire). Page 1 sur 27 Séance 2 : Le projet naturaliste de Zola a) On commence par demander aux élèves de rappeler oralement ce qu'ils ont retenu de la séquence précédente (étude du Colonel Chabert) concernant le réalisme de Balzac. b) On procède ensuite à l'analyse du document 2 (voir en annexe Document 2 : La Fortune des Rougon (Préface), Émile Zola, 1871) puis du document 3 (voir en annexe Document 3 : Le Roman expérimental, Émile Zola, 1880). Questions concernant la préface de La Fortune des Rougon : 1. Reformulez le projet romanesque de Zola à partir de la lecture du 1er paragraphe et du deuxième paragraphe. [Zola se propose de raconter l'histoire d'une famille sur plusieurs générations en étudiant les influences conjuguées de l'hérédité (forme de déterminisme biologique) et du milieu (déterminisme social).] 2. Dans le 3ème paragraphe, quel portrait Zola donne-t-il de la famille Rougon- Macquart dont il veut raconter l'histoire ? [D'un point de vue héréditaire, les Rougon- Macquart se caractérisent par la transmission d'une tare héréditaire de génération en génération à partir d'une tare originelle. D'un point de vue historique et social, les Rougon-Macquart sont issus du peuple et illustrent le mouvement d'ascension sociale revendiquée par les classes populaires au XIXe et la soif de jouissance de ce siècle. D'un point de vue symbolique, les Rougon-Macquart incarnent le second Empire.] 3. Expliquez la formule « Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second Empire » qui formera le sous-titre du cycle romanesque des Rougon-Macquart. [La formule renvoie à l'analyse de l'évolution d'une même famille selon trois aspects : l'hérédité (déterminisme biologique : adjectif « naturelle »), le milieu (déterminisme social) et le moment (déterminisme historique : le « second Empire »).] Questions sur Le Roman expérimental : 1. Expliquez les termes d'« observateur » et d'« expérimentateur » ? [Le terme d'observateur renvoie à l'idée d'un romancier réaliste qui observerait la réalité de son temps pour la reproduire le plus fidèlement possible (voir le terme « photographe »). Le terme d'expérimentateur ajoute une dimension supplémentaire : à partir de l'observation du réel, le romancier formule des hypothèses (notamment concernant les lois qui régissent l'homme et la société) puis réalise une expérience (le roman en est le « procès-verbal ») pour les vérifier.] 2. En quoi le contenu d'un roman devient-il une véritable expérience scientifique pour Zola ? [Le roman est une sorte de laboratoire qui permet au romancier expérimentateur de vérifier la validité des lois qui déterminent les hommes et régissent les comportements en société. Les personnages du roman naturaliste seraient donc des sortes de cobayes.] 3. Quels sont les objectifs de cette « expérience » ? [La connaissance de l'homme.] c) On termine par l'élaboration d'une brève synthèse qui formalise les principales caractéristiques du projet naturaliste de Zola. On insistera sur la place prépondérante de la documentation au travers d'enquêtes approfondies (observation sociale), sur l'ambition scientifique de Zola (le romancier naturaliste est un « expérimentateur ») et le poids des déterminismes (biologiques, sociaux et historiques). Page 2 sur 27 Séance 3 : Nana ou la « Mouche d'or » (lecture analytique) Objectif : Il s'agit de montrer comment la description transforme le personnage naturaliste de Nana en une créature mythique et symbolique, porteuse d'une critique sociale. Support : Texte 1 : Nana ou la « Mouche d'or » (Nana (1880), Émile Zola) Activités : On propose un ensemble de questions préparatoires avant de réaliser la lecture analytique sous la forme d'un cours dialogué. Questions préparatoires : 1 – Découpez cet extrait en 3 parties et résumez le contenu de chaque partie en quelques mots. [Ce passage est l'occasion d'un double portrait de Nana : indirectement dans l'article de Fauchery et à travers la contemplation de son propre reflet dans le miroir de son armoire. L'extrait se découpe en trois mouvements : la restitution indirecte de l'article de Fauchery (premier portrait de Nana), les réactions de Muffat et, pour finir, le second portrait de Nana (Muffat observe Nana qui se contemple dans le miroir de la chambre)]. 2 – En quoi les deux portraits (première et dernière partie) s'opposent-ils ? [Flaubert disait de l'héroïne : « le personnage de Nana tourne au mythe, sans cesser d'être réel ». Un des portraits s'inscrit dans l'esthétique naturaliste (fin du texte), l'autre prend une dimension symbolique et mythique (début du texte)]. Problématique : Quel portrait de Nana se dessine dans ce passage ? I – Un personnage naturaliste a – Aux origines de Nana : le déterminisme biologique Le début du passage analyse les origines de Nana. On retrouve ici les théories naturalistes de Zola : le personnage de Nana s'explique par une loi héréditaire implacable, forme de déterminisme biologique (cf. vocabulaire se rapportant à l'hérédité : « quatre ou cinq générations d'ivrognes », « le sang gâté », « longue hérédité »). Zola dira dans la préface de La Fortune des Rougon : « l'hérédité a ses lois, comme la pesanteur ». Pour Zola, les tares des aïeux se retrouvent dans la descendance. Ici, l'équation héréditaire zolienne est claire : le « détraquement nerveux » de Nana est la conséquence directe de l'alcoolisme des parents de Nana, Gervaise et Coupeau, protagonistes de L'Assommoir (cf. « longue hérédité (…) de boisson qui se transformait chez elle en un détraquement nerveux »). b – Aux origines de Nana : le déterminisme social D'après les théories naturalistes, l'homme est conditionné par trois facteurs : la race (l'hérédité, déterminisme biologique), le milieu (la société, déterminisme social) et le moment (l'Histoire, déterminisme historique). Le déterminisme social est illustré dans la première partie de l'extrait par la métaphore filée de la plante (expressions « elle avait poussé », « ainsi qu'une plante de plein fumier », « elle devenait une force de la nature »). Nana s'enracine donc dans un univers social précis qui détermine ce qu'elle est. Ici, cet univers social se caractérise par une hypertrophie du champ lexical de la décomposition étroitement associé à celui de la misère (« misère », « faubourg », « pavé », « gueux », « abandonnés », « gâté », « fumier », « pourriture », « fermentait », « pourrissait », « corrompant », « tourner », « ordure », « charognes », « empoisonnait »). L'équation sociale zolienne est là aussi très claire : le personnage de Nana uploads/Litterature/ zola.pdf

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