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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/46432374 Le recentrage : une revue des approches financières Article · January 2003 Source: RePEc CITATIONS 23 READS 711 1 author: Laurent Batsch Paris Dauphine University 74 PUBLICATIONS 152 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Laurent Batsch on 01 June 2014. The user has requested enhancement of the downloaded file. Finance Contrôle Stratégie – Volume 6, N° 2, juin 2003, p. 43 – 65. Le recentrage : une revue des approches financières Laurent BATSCH Université de Paris 9 Dauphine Classification JEL : L20, M20 Correspondance : Centre de Recherche sur la Gestion (CEREG), Université Paris-Dauphine, 75775 PARIS Cedex 16 Résumé : Le recentrage traduit la ten- dance des grands groupes à se cons- truire sur des marchés dominables. Il est le produit d’un faisceau de contraintes : sélection des investisse- ments dans un univers concurrentiel mondialisé, rentabilisation du capital employé, captation de la rente pour des investisseurs exigeants, respect des prérogatives des gérants de porte- feuille dans la tâche de diversification des risques. Le recentrage est une tendance de longue période. Il ne se confond pas avec la stratégie généri- que de spécialisation, il est même compatible avec certaines formes de diversification cohérente. Tout se passe comme si chaque groupe tentait de converger vers son niveau « opti- mal » de diversification. Le recen- trage désigne donc la tendance des groupes à choisir des stratégies de portefeuille qui renforcent la cohé- rence de leurs activités. Mots clés : recentrage – diversifica- tion – conglomérat – marché interne. Abstract : Refocusing deals with the tendency of the groups to grow on controlled markets. It is a result of several constraints : capital budgeting in a world sized competitive envi- ronment, maximizing the return on capital employed, taking over the goodwill for the benefit of financial investors, leaving to the asset manag- ers the part of diversifying the risks. Refocusing appears to be a long-term trend. It has to be distinguished from the specialization specific strategy; it is even consistent with various related diversification maneuvers. As if all groups had to converge to their own optimal level of diversification. Re- focusing means a tendency of groups to choose portfolio strategies relevant with business relatedness. Key words : refocusing – diversifica- tion – conglomerate – internal mar- ket. 44 Le recentrage : une revue des approches financières Jusqu’à la fin des années 1970, le modèle de la « firme- portefeuille » a été promu sous l’effet de plusieurs facteurs institution- nels : l’incitation de la politique de la concurrence à investir hors du métier d’origine, la pression des consultants (matrices d’allocation de ressources), la rationalisation par les théoriciens de l’organisation (éloge de la forme M), la logique de suivisme et de mimétisme entre groupes (Davis et al. 1994). Depuis la décennie 1980, les groupes tendent à réduire l’éventail de leurs activités. Pourtant, cette tendance n’est pas identifiable à un mouvement général de spécialisation. Markides (1995) suggère qu’il existe un optimum de diversification, un point où les bénéfices margi- naux d’une nouvelle diversification sont compensés par les coûts mar- ginaux de celle-ci. Cet optimum n’est pas le même pour toutes les en- treprises et il n’est pas aisément mesurable, mais pour toute entreprise, un seuil existe au-delà duquel la poursuite de la diversification affaiblit les performances d’ensemble. On peut donc s’attendre à ce que les en- treprises se situant en deçà du seuil critique continuent à élargir leur gamme d’activités, tandis que celles qui ont dépassé l’optimum fassent marche arrière. Cette hypothèse est compatible avec le constat assez bien établi se- lon lequel les manœuvres de spécialisation ne sont pas observables pour toutes les entreprises. L’origine du recentrage viendrait en effet d’un mouvement de correction des excès de diversification et ce mou- vement n’interdirait pas aux firmes déjà focalisées d’élargir le spectre de leurs activités. Hatfield et al. (1996) montrent que le recentrage des années 1980 ne s’est pas traduit par une augmentation du taux agrégé de spécialisation dans chaque branche. Ils en déduisent que certaines firmes ont pu continuer à se diversifier, tandis que celles qui se restruc- turaient ont pu le faire par réduction de taille plutôt que par cession pure et simple de certaines activités. Le terme de recentrage (refocusing) est fréquemment employé de- puis deux ou trois décennies tant dans la communication financière des entreprises que dans la presse économique. Le recentrage est évoqué dès qu’un groupe affiche une priorité de développement sur un marché. Au-delà des modes de langage, le recentrage recouvre une tendance stratégique de longue période. L’objet de cet article est de caractériser cette tendance à partir des contributions académiques qui lui ont été consacrées. La plupart de ces contributions émanent de financiers. El- les sont focalisées sur l’évolution du portefeuille des groupes, et la di- Laurent Batsch 45 versité du portefeuille est elle-même mesurée à partir d’indicateurs simples tels que le nombre de branches d’activités identifiable sur la base d’une nomenclature de type SIC pour les États-Unis. Ainsi, la lit- térature passée ici en revue peut être critiquée pour son défaut de conceptualisation stratégique, et il est vrai que les financiers consacrent peu ou pas de développements à la conceptualisation de notions telles que le métier ou les compétences. Il est d’autant plus remarquable que des spécialistes de finance se soient intéressés spécifiquement au sens du recentrage. La littérature d’inspiration financière ne s’élève pas au niveau des manœuvres stra- tégiques, elle se limite à interpréter les grandes corrections de trajec- toire. Elle se concentre en particulier sur l’attitude des investisseurs à l’égard des formes conglomérales de diversification. Elle rencontre ainsi la thématique de la gestion des risques. En effet, le recentrage est susceptible de participer à la réduction des risques à deux titres. En premier lieu, la concentration de l’entreprise sur des marchés où elle est capable d’occuper une position forte doit lui permettre de mieux maîtriser le risque économique. L’exercice d’une influence détermi- nante sur ses marchés est le premier moyen de réduire le risque. Le se- cond tient à la constitution d’un portefeuille diversifié. Or, l’optimisation d’un portefeuille relève des investisseurs et non de l’entreprise elle-même. La conception financière de la « répartition des tâches » réserve aux gérants de portefeuille le soin de diversifier les risques, et par-là encore, le recentrage intéresse les financiers. De sorte que pour les financiers évoqués dans cette revue, les questions posées par le « recentrage » sont : comment des groupes ont-ils pu s’éloigner des marchés qu’ils maîtrisaient bien ? Pourquoi le recentrage n’est-il pas intervenu plus tôt ? Et quels ont pu être les facteurs déclen- cheurs de cette rectification stratégique ? On ne s’étonnera de la part de financiers qu’ils cherchent souvent dans le comportement changeant des marchés financiers les raisons dernières du mouvement de rectifi- cation. Cette revue de littérature évoque successivement les travaux consa- crés au recentrage et leurs résultats analytiques. Une première partie expose donc les théories mobilisées pour expliquer les causes et les modalités du recentrage (1.1) ainsi que les méthodologies empiriques employées (1.2). La seconde partie est consacrée à l’analyse de la sur- diversification constatée dans les années 1970 (2.1), puis à la correc- tion des excès de cette période et au retournement des années 1980 46 Le recentrage : une revue des approches financières (2.2). La conclusion propose une caractérisation du recentrage. Le re- centrage est finalement défini comme un modèle de croissance de la grande entreprise en longue période, marqué par la redéfinition du por- tefeuille d’activités et des frontières des groupes, dans le sens d’un al- légement de leurs structures, de la mise en cohérence de leurs activités et de la domination de leurs marchés, sous l’effet de contraintes finan- cières renforcées (allocation sélective des ressources, gestion des ris- ques, rentabilité du capital). 1. L’approche académique du recentrage Plusieurs théories sont mobilisables pour analyser le recentrage, el- les sont toutes validables dans la mesure où elles rendent compte d’un aspect non exclusif du phénomène. Il est remarquable que l’analyse phénoménologique du recentrage fasse l’objet d’un large accord dans la littérature, en même temps qu’elle peut recourir à une pluralité de théories explicatives. De plus, les travaux empiriques présentent un remarquable degré de convergence. 1.1. Les théories mobilisées La théorie de l’agence. Les dirigeants peuvent avoir plusieurs inté- rêts à adopter une stratégie de diversification poussée. La diversifica- tion est d’abord pour eux un moyen d’augmenter la taille du groupe et leur rémunération, cette dernière étant fortement liée à leur sphère d’influence. De plus, la diversification réduit le risque spécifique aux dirigeants (révocation, réputation, etc.) car elle leur permet de lisser les résultats et d’amortir les mauvais chocs. Elle accroît aussi l’enracinement des dirigeants qui tentent de se rendre indispensables. Les dirigeants sont en général moins disposés à la prise de risque que les actionnaires et ils voient dans la diversification un levier de réduc- tion de leur risque propre. Les actionnaires recherchent un degré de diversification limité, à seule fin d’exploiter les uploads/Litterature/le-recentrage-une-revue-des-approches-financieres-january-2003.pdf
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- Publié le Nov 05, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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