Claude Ménard Économie des organisations N O U V E L L E É D I T I O N E N T I

Claude Ménard Économie des organisations N O U V E L L E É D I T I O N E N T I È R E M E N T R E F O N D U E E T M I S E À J O U R DU MÊME AUTEUR OU SOUS SA DIRECTION La Formation d’une rationalité économique, Flammarion, Paris, 1978. Transaction Cost Economics, Edward Elgar, Cheltenham et Brookfield, 1997. Institutions, Contracts and Organizations, Edward Elgar, Cheltenham et Northampton, 2000. Handbook of New Institutional Economics (en collaboration avec Mary Shirley), Kluwer Academic Press, Boston et Dordrecht, 2004. International Library of New Institutional Economics, Edward Elgar, Chel- tenham, 2004, 7 volumes. REMERCIEMENTS Cet ouvrage n’aurait jamais vu le jour sans les encouragements du regretté Jean-Paul Piriou. Mes remerciements vont aussi à Pascal Combe- male, Sandrine Ménard et Françoise Simon pour leurs précieux conseils. ISBN 2-7071-3831-2 Le logo qui figure au dos de la couverture de ce livre mérite une explication. Son objet est d’alerter le lecteur sur la menace que représente pour l’avenir de l’écrit, tout particulièrement dans le domaine des sciences humaines et sociales, le développement massif du photocopillage. Le code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992 interdit en effet expressé- ment la photocopie à usage collectif sans autorisation des ayants droit. Or, cette pratique s’est généralisée dans les établissements d’enseignement supérieur, provo- quant une baisse brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd’hui menacée. Nous rappelons donc qu’en application des articles L. 122-10 à L. 122-12 du Code de la propriété intellectuelle, toute reproduction à usage collectif par photocopie, inté- gralement ou partiellement, du présent ouvrage est interdite sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris). Toute autre forme de reproduction, intégrale ou partielle, est également interdite sans autorisation de l’éditeur. Si vous désirez être tenu régulièrement informé de nos parutions, il vous suffit d’envoyer vos nom et adresse aux Éditions La Découverte, 9 bis, rue Abel-Hovelacque, 75013 Paris. Vous recevrez gratuitement notre bulletin trimestriel À la Découverte. Vous pouvez également retrouver l’ensemble de notre catalogue et nous contacter sur notre site www.editionsladecouverte.fr. © Éditions La Découverte et Syros, Paris, 2000. © Éditions La Découverte, Paris, 2004. Introduction L’économie des organisations oscille entre deux perspectives. L’une, globalisante, s’intéresse à l’ensemble des arrangements institutionnels qui permettent d’assurer la production et l’échange dans une économie de marché. C’était déjà le sens que retenait Arrow [1974]. L’organisation recouvre alors les diffé- rents dispositifs possibles, depuis l’entreprise jusqu’au marché en passant par les modes « hybrides » tels que les réseaux ou les alliances, sans oublier l’État et ses agences. L’autre, plus restric- tive et plus conforme à la tradition, s’en tient à l’analyse de l’organisation comme entité économique distincte, c’est-à-dire comme lieu de décision unifié en dernier ressort, l’archétype en étant l’entreprise. L’attention porte alors principalement sur les dispositifs internes qui structurent ces entités et les dotent d’identité, sans pour autant ignorer leurs interactions. Cette deuxième conception s’emboîte dans la première : il n’y a pas incompatibilité, mais différence d’accent, conduisant à la défini- tion d’un domaine d’investigation plus ou moins étendu. L’ouvrage qui suit se concentre pour l’essentiel sur les organisa- tions entendues dans un sens restrictif (pour une approche plus globale, voir Ménard [2004b]*). L’analyse de ces entités a connu des développements considé- rables depuis la première édition de cet ouvrage. L’approche n’en garde pas moins sa nouveauté dans la mesure où elle porte sur des objets qui restent fort mal compris, et où elle élabore des concepts et des méthodes en constante évolution. Ce caractère * Les références entre crochets renvoient à la bibliographie en fin d’ouvrage. Quelques grands noms en théorie des organisations Alfred Marshall (1842-1924). — Surtout connu pour sa contribution à la créa- tion de la microéconomie, en particulier son analyse des conditions d’équilibre sur un marché, il a en réalité consacré une partie très importante de son travail à théoriser la notion d’organisation. Max Weber (1864-1920). — Écono- miste et philosophe converti à la socio- logie, il a fondé une bonne partie de son analyse sur la notion d’« organisa- tion économique et sociale ». Ses analyses sur l’éthique du capitalisme et sur la bureaucratie, dont il souligne le rôle positif, restent des réfé- rences obligées en sociologie des organisations. Frank Knight (1885-1967). — Auteur très jeune d’une thèse sur l’économie du risque et de l’incertain qui continue de faire référence, il y développe une conception de l’organisation comme système d’assurance fondé sur la mutualisation des risques. Chester Barnard (1886-1961). — Praticien (il fut un des dirigeants du plus puissant groupe de télécommunica- tions de son époque, AT & T) il théo- rise par la suite son expérience dans un ouvrage [1938] qui introduit la plupart des grands thèmes en économie des organisations. Herbert Simon (1916-2001). — Prix Nobel, formé dans le cénacle des théo- riciens de l’économie (il fut membre de la célèbre Fondation Cowles), mais soucieux de maintenir le caractère expérimental de la discipline, il exerce une influence profonde sur la forma- tion de l’économie des organisations, par ses publications très nombreuses, mais aussi par son enseignement à Carnegie-Mellon. Ronald Coase (né en 1910). — Prix Nobel d’économie et auteur le plus marquant du XXe siècle en théorie des organisations et bien au-delà. Il publie à 27 ans un article [1937] qui reste au fondement de la conception contem- poraine de l’entreprise et de l’arbitrage entre faire et faire faire. Un deuxième article [1960] développe le concept de « coûts de transaction » et inaugure un véritable programme de recherche toujours en développement. James March (né en 1928). — Souvent retenu pour sa seule associa- tion avec Simon, avec qui il écrit Les Organisations [1958], une référence incontournable, il est aussi un théori- cien majeur de la décision dans les organisations. Ses thèses audacieuses sur l’entreprise lui valent une influence particulièrement forte en gestion. Kenneth Arrow (né en 1921). — Au-delà de sa contribution aux modèles d’équilibre général, les réflexions profondes de ce prix Nobel d’économie sur les choix collectifs, le rôle des biens publics, les limites des modèles de concurrence pure, l’amènent à définir en 1974 un véritable programme de recherche en économie des organisations. Oliver Williamson (né en 1932). — Ses apports marquent un tournant. Il prolonge Coase en formalisant l’étude de l’arbitrage entre marchés et organi- sations, il étend l’analyse aux formes intermédiaires d’arrangement, il ouvre la voie à la théorie des contrats, et il intègre les apports de Arrow, Chandler et Simon dans le cadre d’une approche fondée sur les coûts de transaction. ÉCONOMIE DES ORGANISATIONS 4 novateur ne signifie pas que la discipline fasse table rase du passé. L’économie des organisations n’ignore pas les travaux de générations de chercheurs, œuvrant en particulier en microéco- nomie, et dont une composante importante de la recherche récente s’inspire. Il n’en reste pas moins qu’elle privilégie un ensemble de problèmes que continuent d’ignorer trop d’écono- mistes, par exemple la nature des relations hiérarchiques et leurs relations avec les mécanismes incitatifs. Elle le fait en ayant recours à des méthodes diverses dont certaines irritent les théo- riciens orthodoxes, par exemple le recours aux études de cas. L’économie des organisations ne donne pas de nouvelles réponses aux questions traditionnelles que posent les écono- mistes, par exemple l’utilisation de ressources rares, mais elle cherche des réponses à de nouvelles questions, par exemple pourquoi les agents renoncent à une partie significative de leur autonomie de décision dans le cadre de l’entreprise [Arrow, 1987]. On peut, à l’intérieur même de l’analyse économique, lui trouver des racines lointaines, nourries d’apports d’autres disciplines, en particulier la sociologie et la gestion. Mais c’est à partir des années 1970 que la discipline prend son essor. L’encadré précé- dent résume quelques étapes clés par le rappel de certaines des contributions majeures. Des résistances fortes Ces développements ne sont pas allés de soi. L’idée qu’il faut entrer dans la « boîte noire » de l’organisation se heurte en effet à la résistance forte de très nombreux économistes qui considè- rent que cela ne relève pas de leur discipline. En se focalisant presque exclusivement sur le niveau systémique, l’analyse macroéconomique a été conduite à ignorer l’importance fonda- mentale des entités économiques élémentaires pour comprendre l’évolution des grandeurs agrégées. Les modèles bâtis sur des « agents représentatifs » aussi vagues que « le producteur » ou « le consommateur » ont rendu les théoriciens aveugles à ce que ces vêtements trop lâches recouvrent. Or cette ignorance, souvent devenue fermeture, s’est renforcée des développements initiaux de la microéconomie. En réduisant les unités économiques élémentaires aux seuls agents individuels et en concentrant son INTRODUCTION 5 attention sur les seuls mécanismes de marché, en réalité essen- tiellement les hypothétiques marchés de concurrence pure et parfaite, celle-ci a été amenée à éluder la nature des entités économiques susceptibles d’expliquer l’organisation effective de ces marchés, leurs uploads/Management/ claude-menard-economie-des-organisations-editions-la-decouverte-et-syros-2007-pdf.pdf

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  • Publié le Mar 05, 2021
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