Revue d'économie du développement Exportations et performances économiques : ét

Revue d'économie du développement Exportations et performances économiques : étude d'un panel d'entreprises chinoises Aart Kraay Résumé Les entreprises apprennent-elles en exportant ? C'est à cette question que nous tentons de répondre, à partir d'un panel composé de 2 105 entreprises chinoises sur la période 1988-1992. Lorsque l'on contrôle l'influence des performances passées et des caractéristiques non observées des firmes, une expérience à l'exportation permet des améliorations significatives dans les performances des entreprises. Il est intéressant de noter que ces effets d'apprentissage sont plus importants dans le cas des exportateurs de longue date. En revanche, les effets d'apprentissage sont non significatifs, voire parfois négatifs pour les nouveaux entrants sur les marchés à l'exportation. Abstract Exports and Economie Performance : Evidence from a Panel of Chinese Enterprises This paper investigates whether firms learn from exporting, using a panel of 2 105 Chinese industrial enterprises between 1988 and 1992. I find that, controlling for past performance and unobserved firm characteristics, past exports lead to significant improvements in enterprise performance. Interestingly, these learning effects are most pronounced among established exporters. For new entrants to export markets, learning effects are insignificant and occasionally negative. Citer ce document / Cite this document : Kraay Aart. Exportations et performances économiques : étude d'un panel d'entreprises chinoises. In: Revue d'économie du développement, 7e année N°1-2, 1999. Economie chinoise : croissance et disparités. pp. 183-207; doi : https://doi.org/10.3406/recod.1999.1000 https://www.persee.fr/doc/recod_1245-4060_1999_num_7_1_1000 Fichier pdf généré le 12/07/2018 Exportations et performances économiques : étude d'un panel d'entreprises chinoises Aart Kraay1 Les entreprises apprennent-elles en exportant ? C'est à cette question que nous tentons de répondre, à partir d'un panel composé de 2 105 entreprises chinoises sur la période 1988-1992. Lorsque l'on contrôle l'influence des performances pas¬ sées et des caractéristiques non observées des firmes, une expérience à l'exportation permet des améliorations significatives dans les performances des entreprises. Il est intéressant de noter que ces effets d'apprentissage sont plus importants dans le cas des exportateurs de longue date. En revanche, les effets d'apprentissage sont non significatifs, voire parfois négatifs pour les nouveaux entrants sur les marchés à l'exportation. Exports and Economie Performance : Evidence from a Panel of Chinese Enterprises2 This paper investigates whether firms learn from exporting, using a panel of 2 105 Chinese industrial enterprises between 1988 and 1992. I find that, control¬ ling for past performance and unobserved firm characteristics, past exports lead to significant improvements in enterprise performance. Interestingly, these lear¬ ning effects are most pronounced among established exporters. For new entrants to export markets, learning effects are insignificant and occasionally negative. 1. Banque mondiale, 1818 H Street nw, Washington, DC 20433 (akraay@worldbank.org). Je 184 Aart Kraay I / Introduction L'objet de cet article est de déterminer, à partir d'un panel établi pour 2 105 entreprises chinoises sur la période 1988-1992, si les entre¬ prises apprennent en exportant. Lorsque l'on tient compte des perfor¬ mances passées et des caractéristiques inobservées des firmes, une expé¬ rience à l'exportation est un estimateur significatif de la performance présente des entreprises. Ces effets d'apprentissage peuvent même être assez importants : les coefficients estimés révèlent qu'une augmentation de 10% du taux d'exportation de l'entreprise au cours d'une année donnée se traduit par une augmentation de la productivité du travail de 13 %, de la productivité totale des facteurs de 2 % et d'une diminu¬ tion de 6 % des coûts unitaires au cours de l'année suivante. Il est inté¬ ressant de noter que ces effets d'apprentissage sont plus prononcés parmi les exportateurs établis de longue date. Chez les nouveaux arri¬ vants sur les marchés à l'exportation, les effets d'apprentissage sont non significatifs, voire parfois négatifs. Bien que de nombreux exemples - tant dans les pays développés que dans les pays en développement - illustrent la meilleure performance économique des firmes exportatrices par rapport aux firmes qui n'exportent pas1, la question du lien de causalité entre exportations et performance des entreprises n'a que récemment attiré l'attention des chercheurs. Finalement, la meilleure performance moyenne des exporta¬ teurs réside peut-être tout simplement dans un processus d'autosélection par lequel les exportateurs pénètrent les marchés à l'exportation parce qu'ils sont plus efficients. D'un autre côté, il se peut également que l'exportation soit à l'origine d'un processus d'apprentissage multiforme. On invoque souvent, bien que de manière informelle, l'argument selon lequel le fait d'être en relation avec les marchés internationaux demande un plus gros effort entrepreneurial de la part des dirigeants, les obligeant à devenir plus « compétitifs ». Il a en fait été prouvé que les exportateurs des pays en développement bénéficient de toute une gamme de relations commerciales avec leurs clients originaires des pays développés, qui prennent la forme de conseils en matière de production et de gestion intégrés dans les cahiers des charges établis par ces derniers2. 1. Voir entre autres Chen et Tang (1987) (Taiwan), Haddad (1993) (Maroc), Aw et Hwang (1995) (Taiwan), Bernard et Jensen (1995) (États-Unis), Djankov et Hoekman (1997) (Bulgarie). 2. Voir Clerides, Lach et Tybout (1998) pour des exemples et un modèle théorique. Exportations et performances économiques 185 Des articles récents de Bernard et Jensen (1995, 1999 a, 1999 b ) et Clerides, Lach et Tybout (1998) présentent les efforts effectués pour éclaircir le sens de la causalité entre exportations et performance des fir¬ mes, à partir de données de panel portant sur un échantillon d'entreprises respectivement américaines, colombiennes, marocaines et mexicaines. Contrairement au présent article, ces travaux montrent que le lien entre exportations passées et amélioration de la performance future est ténu, remettant en question l'existence d'effets d'apprentissage. Cet article prolonge les travaux de ces auteurs de deux manières : — Nous exploitons un panel d'entreprises différent, composé de 2 105 grandes et moyennes entreprises industrielles chinoises sur la période 1988-1992. L'expérience de ces firmes est d'un intérêt considé¬ rable, étant donné la croissance extrêmement forte connue par la Chine et l'expansion rapide de ses échanges dans les années 80 à partir d'un niveau assez bas. Bien que l'ouverture de la Chine aux marchés mon¬ diaux ait été fréquemment citée par les observateurs comme étant un des facteurs clés de sa croissance, il existe très peu de preuves des effets du commerce sur les performances des entreprises1. — D'autre part, nous utilisons une méthode empirique sensiblement différente de celle adoptée par les articles précédents. Pour qu'une cor¬ rélation partielle entre exportations passées et performance présente puisse constituer la preuve que les entreprises apprennent en exportant, il est nécessaire d'employer une méthodologie qui élimine deux autres sources potentielles de corrélation : (i) les facteurs non observés spécifi¬ ques à l'entreprise, qui sont corrélés à la fois avec les exportations et avec les performances de l'entreprise et (ii) une certaine constance dans la performance des firmes et l'autosélection des firmes les plus efficaces sur les marchés à l'exportation. C'est la raison pour laquelle nous utili¬ sons une spécification en panel dynamique, dans laquelle la perfor¬ mance de l'entreprise dépend de la performance passée et des exporta¬ tions passées. Nous avons tenté de remédier au problème posé par les effets inobservés spécifiques à l'entreprise en utilisant une spécification en différences premières. L'introduction de la performance retardée et 186 Aart Kraay le choix d'instruments appropriés permettent d'éliminer la seconde explication1. — Enfin, contrairement aux articles précédemment cités, nous avons permis au coefficient associé aux exportations passées de varier en fonction de l'expérience de l'entreprise à l'exportation. Cela permet d'établir un lien de causalité entre les effets d'apprentissage et la durée de présence des entreprises sur les marchés à l'exportation. Nous montrons qu'il existe des différences importantes entre les effets d'apprentissage pour les nouveaux venus et pour les exportateurs de longue date. Ce résultat pourrait signifier que les études antérieures ne sont pas parvenues à isoler les effets d'apprentissage tout simplement parce qu'elles ont agrégé les informations concernant des firmes carac¬ térisées par des expériences à l'exportation différentes. Cet article est organisé de la manière suivante : dans la section sui¬ vante, nous présentons les données, puis montrons que les entreprises exportatrices de notre échantillon d'entreprises chinoises ont de meilleu¬ res performances que celles qui n'exportent pas. La section III présente les tests formels de l'hypothèse d'apprentissage grâce à l'exportation. Enfin, nous exposons nos conclusions dans la dernière section. II / Les exportateurs diffèrent-ils signiflcativement des non-exportateurs ? Après avoir brièvement présenté nos données, ainsi que les caracté¬ ristiques de notre échantillon de firmes, nous décrivons rapidement 1 . Le modèle estimé par Clerides ef al. (1 996) tient compte des effets individuels, mais impose qu'ils soient indépendants des variables explicatives telles que les exportations retardées. Ces auteurs traitent les problèmes posés par la persistance et l 'autosélection en estimant conjointement un système qui régresse la performance de l'entreprise sur la performance retardée et sur une séquence de variables muettes retardées, qui expriment la participation au marché à l'exportation, ainsi qu'un modèle probit pour décrire la décision de participer au marché d'exportation. Si l'estimation conjointe des équations de performance et de participation a des chances de produire des estimations plus efficaces que l'estimation d'une équation unique avec uploads/Management/ exportation-et-performance-economiques.pdf

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  • Publié le Nov 08, 2022
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