II- Un contrôle plus difficile de l’information : l’ère de l’information horizo

II- Un contrôle plus difficile de l’information : l’ère de l’information horizontale A- De l’information verticale à l’information horizontale fragmentée : la révolution Internet et la remise en cause des médias traditionnels Diapo : L’internet partout, l’internet n’importe où, l’internet pour tous L’apparition puis l’essor d’internet se fait au milieu des années 1990. En moins de dix ans, Internet a bouleversé la vie quotidienne et la gestion des entreprises, a transformé les relations économiques et sociales, a modifié les rapports entre les pays et les hommes, il est devenu le média qui a connu la plus forte croissance de l’histoire de tous les moyens de communication. Alors, la révolution Internet a profondément modifié la manière de s’informer et le rapport à l’information. En effet, contrairement aux médias traditionnels comme la radio, la télévision ou la presse écrite produisant une information dite « verticale » ou « unidirectionnelle » (c’est-à-dire qu’elle descend seulement des autorités vers les consommateurs d’actualité), Internet produit une information « horizontale » puisqu’il permet à la population de recevoir mais aussi d’émettre de l’information, s’inscrivant ainsi dans une logique d’interactivité inédite dans le monde des médias. Internet a profondément modifié les modes de communication entre les individus et a permis de créer de nouveaux liens sociaux, à susciter de nouveaux comportements, de mettre en place des communautés : les internautes reçoivent certes des informations mais en fournissent aussi. L’accès au savoir et à l’information est facilité à travers les moteurs de recherche ou les réseaux sociaux, consultables n’importe où, n’importe quand, à n’importe quel sujet. Cette révolution technologique ne cesse de se renouveler, et les innovations accentuent toujours ces phénomènes. Avec l’apparition d’Internet, les sources d’information se pluralisent, se diversifient de plus en plus ; l’information se fragmente. En effet, les médias traditionnels (télévision, radio, presse, …) partagent de plus en plus leur audience avec Internet qui propose aujourd’hui un très large panel d’outils et de canaux d’informations (les différents réseaux sociaux, youtube, les blogs ou encore les forums). On note, qu’en 2019, près de 53,6 % de la population mondiale, soit 4,1 milliards de personnes s’informent exclusivement ou en partie sur internet, et c’est un chiffre qui tend à augmenter. Avec l’essor phénoménal d’Internet, l’information se transforme en communication. Le partage et la réception d’information se fait sans frontière, sans aucune contrainte physique, géographique ou même sociale : Internet a mondialisé et révolutionné l’information. Cependant, Internet remet en cause les médias traditionnels (radio, télévision, journaux…), malgré qu’ils restent la source d’information qui prime chez la majorité. Les chaînes télévisées adaptent leurs politiques et leur contenu à l’essor du nouveau géant informationnel. Elles sont de plus en plus contraintes à la nécessité de produire des apports informationnels plus convainquant pour concurrencer Internet, en proposant du contenu en direct, impactant et sensationnel. De plus, depuis les années 1970, la presse écrite tente de se réinventer, tout d’abord avec l’essor de la télévision, suivi par la démocratisation d’Internet. Les supports d’information ont changé : écrans, tablettes, smartphones remplacent en grande partie le papier. La presse écrite devient la presse écrite en ligne, et de grands journaux mondiaux comme le New York Times, The Economist ou en France Le Monde ou Le Figaro ont réussi cette mutation en adaptant leur politique économique, en faisant évoluer les rédactions et en imaginant une presse en ligne payante. Aujourd’hui, les contenus produits par cette nouvelle presse alimentent les réseaux sociaux. En 2018, l’Union Européenne a forcé les moteurs de recherches et certains réseaux sociaux à payer des droits d’auteurs aux entreprises de médias pour les soutenir. Le métier même de journaliste évolue dans ses pratiques pour s’adapter aux évolutions en cours. Ce métier est remis en cause dès lors qu’aujourd’hui, tout particulier peut utiliser les outils de communication fournis par les nouvelles technologies et Internet pour publier et partager de l’information. Certains journalistes diffusent l’information dans l’instantané. D’autres sont plutôt des journalistes éditorialistes ou des journalistes d’investigation qui approfondissent davantage leurs recherches. Dans les deux cas, le journalisme professionnel tente de garder la crédibilité du métier en se distinguant du journalisme « citoyen », produit de l’information horizontale. B- Les conséquences de la nouvelle information : moins de contrôle, plus de désinformation La révolution de l’information et l’essor d’Internet et des réseaux sociaux change le rapport à l’information. Chaque internaute peut produire des commentaires, des photographies, des vidéos qui alimentent les réseaux sociaux par le biais d’ordinateurs ou de smartphone. Une ère de post-vérité voit paradoxalement le jour alors que, jamais, il n’a été aussi facile de s’informer. La nouvelle information horizontale à l’ère d’Internet manque de contextualisation, de contrôle de fiabilité, de vérification des sources ou de recoupement avec d’autres informations. On y trouve notamment beaucoup de montages photo ou vidéo qui ont une intention idéologique ou pire l’intention de tromper. Internet est le vecteur privilégié de l’information instantanée et percutante ; lançant les internautes et les sites d’information dans la course au « buzz », celui-ci cherchant à provoquer des polémiques à l’échelle mondiale. Or, les entreprises comme le groupe Facebook favorisent la mise en avant de contenus suscitant le plus d’engagement. Mais ceux-ci correspondent inévitablement aux informations les plus choquantes, les plus marquantes, les plus extrêmes, en outre celles qui suscitent le plus de « buzz ». Les multiples Infox et théories du complot prospèrent donc sur les réseaux sociaux car elles génèrent plus de « click ». Les médias sociaux favorisent la diffusion Fake News (aussi appelées Infox), qui sont souvent plus percutantes (complots, faits faussés, chiffres exorbitants,…). On citera notamment les rumeurs sur la mort de personnages célèbres comme Michael Jackson, John Kennedy, ou encore celles sur de grands évènements comme le premier homme sur la Lune en 1969 qui n’aurait jamais été, ou encore les Attentats du 11 septembre 2001 qui auraient été organisés par le gouvernement américain, ou encore la diffusion d’histoires grotesques comme l’existence des Illuminatis ou l’invasion des réptiliens. Cependant, derrière ces théories aux allures pseudo-scientifiques se cachent souvent des haines contre des minorités, la franc-maçonnerie ou la démocratie. Les Infox sont également utilisées par des hommes politiques pour rabaisser le débat politique par le mensonge : le cas le plus parlant pour tous serait l’utilisation de Twitter par Donald Trump en 2016 lors de la présidentielle américaine pour discréditer les journalistes, les médias, mais aussi la science. L’information numérique favorise donc la désinformation de masse et nourrit les théories du complot. Les Fake News concurrencent aujourd’hui l’information vérifiée et contextualisée, et remettent en cause la démocratie. On peut noter également que l’instantanéité de l’information sur Internet change aujourd’hui les rapports à l’actualité. Ainsi, les médias traditionnels et notamment les chaînes d’information en continu transforment leurs contenus. L’immédiateté et la nécessité de traiter l’information en direct et en continu, incitent les principales chaînes mondiales d’information en continu comme la CNN, BBC World, Euro News ou encore Al- Jazeera, à favoriser le sensationnel, l’immédiat, l’évènement voire le non-évènement pour maintenir la tension du direct. Ce phénomène va « éditorialiser » l’information, c’est à dire soustraire la rédaction du recul, de la contextualisation, du questionnement critique nécessaire à produire une information fiable. Diapo : Dessin de Michael de Adder, pour le site canadien d’information en ligne The Chronicle Herald, 1er août 2012. En plus de la favorisation de la désinformation, des extrêmes et de l’information « facile » et « rapide », Internet permet de plus en plus difficilement la diversification des points de vue et des sources pour les internautes. Théoriquement, l'internaute peut accéder à une grande pluralité d'informations sur Facebook. Mais en pratique, la plateforme incite l’individu à consulter et à retenir principalement les informations conformes à ses opinions. Les algorithmes de Google, Facebook, Twitter incitent l’enfermement des internautes dans un univers idéologique. Facebook et Twitter notamment utilisent des algorithmes sélectionnant les informations qu'un utilisateur voit sur son fil d'actualité, en puisant dans les publications de ses « amis » et dans les pages auxquelles il est abonné. Cet algorithme combine différents critères, parmi lesquels la popularité (nombre de likes ou de partages) et l'intérêt potentiel pour l'utilisateur, évalué en fonction de son profil et de ses actions passées. De plus, l’exposition sélective des utilisateurs permet d’identifier les individus cibles pour le marketing des publicités, qui constituent la principale source de revenu des moteurs de recherches et réseaux sociaux. Dès lors, il est dans l’intérêt des géants d’internet de favoriser ce phénomène appelé « bulle de filtrage ». Internet devient alors davantage le lieu d'affrontement d'idées préconçues qu'un espace propice au débat ; et les algorithmes des géants d’Internet amplifient ce phénomène. D’après le sociologue Dominique Cardon, « la sociabilité des individus, surtout des plus politisés, est homophile, c’est-à-dire qu’ils ont, très majoritairement, des amis qui ont les mêmes opinions et valeurs ; ils s'exposent prioritairement à des sources d'informations qui confortent leurs idées ». Pour lui, les algorithmes « nous emprisonnent dans notre conformisme et font obstacles à notre liberté d’opinion » ; la démocratie et ses principes sont mises à l’épreuve par uploads/Management/ expose-information.pdf

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  • Publié le Nov 10, 2021
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