La causerie du coaching. « Laisser venir à l’esprit, et dire à quelqu’un, chois
La causerie du coaching. « Laisser venir à l’esprit, et dire à quelqu’un, choisi et investi comme thérapeute, tout ce que l’on pense, comme cela vient, sans souci de critique rationnelle ni de convenance, voilà ce qui permet non seulement de retrouver des souvenirs oubliés, qui sont souvent à la source des symptômes qui ont conduit à l’analyse, mais de découvrir de soi-même et de son fonctionnement psychique habituellement occultés ou sous-estimés ». Dominique BOURDIN in « la psychanalyse de Freud à aujourd’hui », éditions Bréal, Paris. Que se passe-t-il dans une séance de coaching ? Quel type de travail s’y déroule ? Que fait le coaché ? Que fait le coach ? En prenant appui sur la citation de Dominique BOURDIN, je vous propose de traiter le contenu d’une séance de coaching, avec deux préalables : la demande initiale du coaching et la posture du coach. La demande initiale de coaching. Si le coaché était un coureur-cycliste, ce n’est pas son vélo qui nous intéresserait, mais celui qui l’utilise. Les demandes de coaching en entreprise sont variées, tant par leur objectif que par leur formulation, voire la façon dont le coaching est initiée. Ce qui est commun à ces demandes c’est qu’elles comportent un objectif. L’objectif ramène souvent à la performance qui est la mesure institutionnelle et rituelle par l’entreprise du sujet – salarié. Institutionnelle, puisque l’entreprise fonctionne par ses finalités comme par ses rouages par de l’évaluation et de la gestion. Rituelle, car toute démarche qui échapperait à de l’évaluation et de la gestion serait suspecte (mauvaise gestion ou décision inappropriée), mais aussi parce que l’entreprise est un monde où la profondeur de l’être est tabou, car cela échappe à la rationalité de la gestion et son corollaire, la décision. La demande de coaching est par conséquent le point de départ d’une relation tripartite ; Elle n’est pas pour autant la colonne vertébrale du coaching constituée des séances et du travail spécifique qui s’y déroule entre coaché et coach. En reprenant la métaphore du coureur-cycliste, voici différents niveaux d’intervention du coaching. Demande : mettons que l’objectif du coaching soit d’augmenter la vitesse de course du coureur- cycliste. Voici quelques façons de traiter l’objectif du coaching : - entraînement technique : le coureur-cycliste bénéficie d’une double démarche : avoir des connaissances supplémentaires sur les caractéristiques de performance du vélo et apprendre à les utiliser au mieux. - Entraînement contextuel : apprendre à utiliser au mieux les fonctions offertes par le vélo selon les enjeux de la compétition, le terrain de jeu, les autres compétiteurs. - Entraînement mental : comment le coureur-cycliste visualise-t-il son objectif (augmenter sa vitesse), ce que suscite en lui cet objectif, substituer des images inopérantes par d’autres réputées opérantes, s’y exercer). - Accompagnement systémique : que se passe-t-il pour le coureur-cycliste lorsqu’il est sur son vélo, lorsqu’il n’y est pas mais y pense (sentiments, analyses, envies, freins, etc), quelle relation le coureur-cycliste entretien-t-il avec son entraîneur, son sponsor, en quoi ce qui se passe avec ces personnes a une influence lorsque le coureur-cycliste est à l’entraînement, en compétition, etc. - Questionnement psychanalytique : que représente ce choix de métier pour le sujet, quelles sont les figures symboliques avec lesquelles le performeur est en relation, quel récit le coureur fait- il de sa vie sportive, de sa vie, de ses moments de compétition, etc. On voit ici non pas cinq façons de traiter l’objectif, mais cinq niveaux de profondeur. Rien ne dit qu’un niveau est supérieur en valeur à l’autre. Rien ne dit non plus qu’un niveau est d’emblée en phase avec le cadre de l’entreprise, un autre ou d’autres pas. Car si le sujet coureur-cycliste n’arrive pas manifestement à augmenter la vitesse - comme cela lui est demandé par sa hiérarchie (entraîneur et sponsor) - il faut considérer : - qu’une norme est énoncée : « augmenter sa vitesse ». - que le coureur-cycliste qui n’y parvient pas, n’y parvient pas « comme sa hiérarchie le souhaite » (ce qui est différent de n’y arrive pas, et introduit la relation entre coureur-cycliste et hiérarchie dans la problématique à traiter). Enfin, s’il est possible (hypothèse) que le sportif n’ait pas connaissance de tous les potentiels du vélo, c’est qu’interfèrent des éléments d’un niveau de profondeur limitant ou restreignant le champ de la performance telle que souhaitée par la hiérarchie et qui ne sont pas du domaine de la méconnaissance technique de l’outil (le vélo), voire de la stricte relation outil – sujet – contexte (vélo – coureur-cycliste – compétition et / ou entraînement). La posture du coach. « Dire à quelqu’un, choisi et investi comme thérapeute ». Si j’énonce dès ce préambule la question du thérapeute, c’est qu’elle est taboue dans le coaching et mérite à ce titre une clarification, tout comme une précision. Qu’est-ce qui est tabou ? Que le coach soit un thérapeute ? Qu’un univers de la thérapie surgisse dans celui de l’entreprise ? Légitime par dix années de pratique du métier, j’affirme que ce présupposé n’a aucune utilité pour fonder le « bienfondé » du recours au coaching dans l’entreprise. Craindre que le coaching relève de la thérapie c’est se focaliser sur un problème qui fait lui-même problème. Oui, le coach n’est pas un thérapeute lorsqu’il exerce sa posture pour le compte d’un tiers (le coaché), dans le cadre d’une demande instituée par l’entreprise. Non que l’entreprise doive ignorer l’univers de la psyché du sujet et de ses conséquences dans le cadre du travail. Non ! La question est éthique : en quoi une organisation (entreprise) a le droit ou le devoir de décider que tel salarié relève de la thérapie, en raison d’un objectif professionnel délicat, à enjeux, ou d’une difficulté majeure et avérée du salarié dans son contexte professionnel. Oui, le coach a recours à une posture thérapeutique dans le cadre du coaching. Avoir une posture thérapeutique permet de travailler au niveau de profondeur suffisant, en s’inspirant des concepts parce qu’ils offrent un cadre approprié qui, lui aussi, est éthique et pas seulement technique ou méthodologique. Par exemple, la direction de la thérapie. « Laisser venir à l’esprit, et dire à quelqu’un, choisi et investi comme thérapeute, tout ce que l’on pense, comme cela vient, sans souci de critique rationnelle ni de convenance… » Une séance de coaching ne ressemble pas à un entretien de diagnostic d’un mécanicien – expert, c’est- à-dire qui sait à la place de l’autre. Le coach est garant du cadre du processus et du déroulement du processus : que le coaché puisse s’y mouvoir avec sa liberté, sa légitimité, son expérience, ses sentiments, ses questions, son désir, tout cela représentant non pas un idéal, mais les fondements sur lesquels le coaché pourra à terme (du coaching) et dans un autre cadre (que celui de la séance) entreprendre un changement et une action appropriés. Le coach n’a à se préoccuper de l’augmentation de la vitesse demandée par la hiérarchie que comme information sur la nature de la demande (quelle est le genre de demande faite au coaché et pourquoi cela est arrivé, pourquoi a-t-on recours à un coaching pour « régler ce problème »). Le coach n’a pas à définir le bon rythme, ni la bonne vitesse car il n’a pas à prendre la place de la hiérarchie du coaché. Le coach prend donc la seule posture légitime qui lui revienne : créer un espace et un temps d’écoute, de questionnement, d’analyse, d’expérimentation, de résolution au bénéfice du coaché. Eh bien, cet espace et ce temps institué en un nombre de séances et une durée globale sont ni plus ni moins qu’une posture thérapeutique. Prendre une posture thérapeutique ne veut pas dire faire de la thérapie (ou de la cure analytique) et c’est le métier, la clinique du métier, la pratique professionnelle du coach, son éthique qui feront qu’il pourra ou saura créer ce cadre dans lequel il y aura des permissions (le travail individuel initié par la coopération coaché – coach) et des protections (le coaching professionnel n’a pas de finalité thérapeutique, donc « guérir »). La causerie du coaching. « Laisser venir à l’esprit […] tout ce que l’on pense, comme cela vient, sans souci de critique rationnelle ni de convenance. […] Découvrir de soi-même et de son fonctionnement psychique habituellement occultés ou sous-estimés ». La vie courante de l’entreprise est rythmée par de la rationalité. Cette rationalité est légitime, toutefois elle n’est pas absolue puisqu’elle est contingentée par les différents acteurs de l’entreprise (tous ceux qui concourent à ses finalités et ont une action dans l’organisation). La place des sujets – salariés est définie par une position et du pouvoir, un rôle à jouer et des responsabilités, et par voie de conséquence, des attendus de performance qui s’expriment tout autant par des compétences clés que par des objectifs individualisés (entretien annuel d’évaluation ou de performance). Or, par son imprégnation humaine, l’organisation est contingentée (influencée) par la rationalité de l’individu (du sujet – salarié) dans des phénomènes interindividuels et collectifs. Un exemple uploads/Management/ la-causerie-du-coaching.pdf
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- Publié le Dec 08, 2022
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