21 Introduction Notre travail d’études et de recherches porte sur la pensée mé

21 Introduction Notre travail d’études et de recherches porte sur la pensée métaphysique de Martin Heidegger et rentre dans le cadre de l’histoire de la philosophie moderne. Le sujet qui capte notre attention est exactement ceci : Déréliction et Facticité chez Martin Heidegger. Sous les sentiers brouillés au cours des âges par les marches et les démarches, les allées et venues vers des enseignants et des étudiants, les déceptions, les illusions, les déconvenues, le combat pour la survie alimentaire, financière et matérielle, les farces de l’intégration, le délit de faciès et les difficultés de tous ordres de l’immigré dans cette France, qui, jadis belle dans ses vertus morales et humaines, accueillante, digne et reconnaissante de son histoire lointaine et moderne ( je veux parler des bâtisseurs et des combattants- libérateurs à visages multicolores ), où, aujourd’hui, malheureusement pour certains et heureusement pour d’autres, depuis la seconde moitié de l’année 2002 plus précisément, la pseudo maîtrise de l’immigration est devenue, avec de grands échos, un programme de gouvernement jalonnant toutes sortes de piétinements des droits élémentaires de l’humain (détérioration galopante du traitement des infortunés de l’aventure…), sur-plantant du coup, en le mettant en biais, le véritable défi du progrès économique que le peuple français appelle de tous ses vœux, capable d’oxygéner les systèmes social et sanitaire par la création de nouveaux emplois en rehaussant ces nombreux « salaires de fauves » …, j’ai essayé de vous produire ces modestes pages sur le sujet de ma thèse, sujet que j’ai pu comprendre et traiter grâce aux thèses et commentaires que j’ai lus et aux débats (séminaires, cours, colloques) auxquels j’ai pu prendre part, sans oublier cette variété d’ouvrages heideggériens et périphériques que j’ai eu à lire, pour certains et juste à feuilleter, pour d’autres. Cette présentation de mon travail répond à des questions à la fois théorique, si tant est que l’on puisse parler de théorie chez Heidegger, que pratique en ce qui concerne l’élaboration de la thèse elle-même. En ceci, elle n’est pas seulement la présentation d’un travail académique, elle se veut aussi rendre compte de la manière dont naît l’intérêt pour un thème de recherches et de la manière dont on peut le vivre et l’exploiter. J’ai voulu que ces années passées à élaborer une réflexion à partir de l’œuvre de Heidegger, soient aussi une façon de vivre cette réflexion et d’en retrouver les aspects dans la vie elle- même, c’est-à-dire dans la manière de travailler aussi bien que dans les cours que je dispenserai, à coup sûr, par exemple et j’ai, tant bien que mal, conçu ces articulations comme une sorte d’harmonisation dans le fil de ma réflexion. 22 La connaissance d’un auteur nécessite que l’on s’arrête dans son œuvre pour en explorer les multiples aspects et leur coordination. Elle nécessite aussi que l’on connaisse le contexte dans lequel il a produit, c’est-à-dire, l’environnement, le contexte historique et culturel, a fortiori quand cet auteur a consacré son œuvre à la question de l’Être. C’est dans cette optique que j’aurais aimé, si j’avais eu les moyens, me rendre régulièrement à Fribourg, dans les couloirs de l’Université ou sur la place de la Cathédrale, l’été où le soir les habitants se rassemblent pour écouter la musique et boire le vin local (selon les échos que me renvoie un correspondant), aller à Messkirch, traverser la forêt noire, découvrir le fameux éclair d’Héraclite, voir le musée et les archives, assurément intéressantes et importantes (on y trouve par exemple une lettre adressée par Heidegger au gouvernement nazi pour demander que le Professeur Husserl puisse rester dans ses fonctions), Constance, les bords du lac, le foyer Conradin où Heidegger passa sa jeunesse et qui est maintenant une maison de retraite pour des personnes qui ont pu connaître Heidegger dans leur prime jeunesse. Cet arrière-plan est primordial et l’on ne pourrait pas comprendre Heidegger, du moins sa pensée si l’on n’a pas essayé de se familiariser avec les lieux où il a vécu et avec la culture germanique, voire romaine germanique. C’est ce que j’ai tenté de faire à ma façon, pas en me déplaçant physiquement mais en pensées et spirituellement, au contact de ses œuvres, en travaillant les textes, les idées, en les faisant résonner, en se les appropriant. La remise en question de la notion d’être et de son rapport avec le temps, est le problème fondamental de la pensée philosophique de Martin Heidegger –le problème ontologique. La manière dont l’homme se trouve amené au centre de la recherche, est entièrement commandée par la préoccupation fondamentale qui consiste à répondre à la question : « qu’est-ce qu’être ? ». D’abord assistant et disciple de Husserl, Martin Heidegger (1889-1976), philosophe allemand du vingtième siècle, a été profondément influencé par les concepts fondamentaux du « fondateur » de la phénoménologie. Mais il est avant tout et de manière essentielle, un lecteur attentif des penseurs grecs, Platon et Aristote, certes, mais surtout les Présocratiques (Parménide et Héraclite, tout particulièrement). Né dans le Grand Duché de Bade, Martin Heidegger est professeur titulaire à l’université de Fribourg à partir de 1928. En 1933, il est élu recteur de cette université. Hitler est alors chancelier de l’Allemagne. Après quelques mois de coopération sur le plan administratif, il donne sa démission en 1934 (cet épisode administratif mais, très certainement aussi politique, lui sera très souvent 23 reproché. Heidegger a appartenu au parti nazi jusqu’en 1945). Interdit d’enseignement en 1946, Heidegger reprend, en 1951, son enseignement à Fribourg. Il est mort en mai 1976 et repose dans le cimetière de Messkirch, son pays natal. Pour nos travaux, nous nous appuierons particulièrement sur son ouvrage fondamental de 1927 (Être et Temps), tout en ayant, bien attendu, une vue synoptique sur ses œuvres essentielles. Dans Être et Temps, Martin Heidegger tente de partir de la vérité de l’être – et non plus de la vérité de l’étant – pour déterminer l’essence de l’homme, elle-même désignée comme Da-sein au sens clairement fixé à ce terme. Le tome I de « Être et Temps » dont quelques pages constituent la clé de voûte de notre travail, est, pour l’essentiel, un exposé sur l’interprétation du Dasein axée sur la temporellité et l’explication du temps comme horizon transcendantal de la question de l’être ou si l’on veut, plus simplement, une analytique du Dasein. Il est constitué de quatre vingt trois paragraphes regroupés en deux grandes sections. Toutes les deux comprennent chacune six chapitres. La première fait cas de l’analyse fondamentale préparatoire du Dasein. La deuxième, quant à elle, donne une réflexion sur la notion de Dasein et Temporellité. Il n’y a pas de rupture d’une section à l’autre, mais continuité dans le sens d’un approfondissement. Avec la deuxième section, nous franchissons le seuil de l’ « ontologie fondamentale ». L’analytique existentiale continue, mais de manière plus ontologique. Le fil conducteur qui confère sa cohérence à l’œuvre est, ne l’oublions pas, la recherche du sens de l’être. Mais la question : « Que signifie être ? » devient maintenant plus spécifique ; elle prend plus de poids. Ainsi, la deuxième section aborde la question du sens de l’être en général dans l’horizon du temps ; Dans une perspective ontologique, elle aborde trois thèmes : la mort, l’existence authentique et la temporalité. En quel sens l’aspect ontologique s’approfondit-il ? En ce sens que la mort concerne l’existence authentique, alors que le « on » inauthentique ne meurt pas. La mort se présente donc comme le phénomène le plus important de l’ontologie. Quant à l’existence inauthentique, elle est tellement absorbée par le divertissement qu’elle est incapable de se poser la question : que signifie être ? Ce n’est qu’en allant au- delà de la vie quotidienne que nous nous éveillerons à cette interrogation, par la connaissance de notre propre mort. La mort doit donc s’affirmer comme un existential, c’est-à-dire comme faisant constitutivement partie de l’être du Dasein. La mort s’inscrit dans le Dasein comme une possibilité. Elle peut donc être envisagée ontologiquement. 24 L’analytique existentiale, qui consiste en l’examen des structures d’être de cet étant appelé Dasein, se présente comme une voie d’accès au sens de l’être (Être et Temps, § 2). L’intention de Heidegger était, dès le départ, de passer de l’élucidation de l’être de l’étant à celle de l’être en général. C’est la raison pour laquelle il a pris soin de définir sa recherche comme « une avancée en direction du concept d’être, et ce, par le chemin d’une interprétation spéciale d’un étant déterminé, le Dasein, à partir duquel doit être conquis l’horizon nécessaire à une compréhension possible de l’être. » (Être et Temps, § 8). En fait, tout se passe comme prévu. L’analytique existentiale s’achève sur la définition de l’être du Dasein comme totalité articulée et unifiée par le « souci ». Celui-ci apparaît comme une structure unifiante. Mais nous ne savons pas encore, à la fin de la première section, ce qui constitue ontologiquement l’unité de cette multiplicité. C’est la deuxième section qui se consacre à remonter du résultat de l’analytique existentiale à son fondement : « uploads/Philosophie/ 2009-roy-ema-pascal-dieudonne-these-pdf.pdf

  • 20
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager