DEFINITIONS DE QUELQUES NOTIONS ET TERMES RELEVES DANS L’ŒUVRE DE FRITHJOF SCHU

DEFINITIONS DE QUELQUES NOTIONS ET TERMES RELEVES DANS L’ŒUVRE DE FRITHJOF SCHUON Schuon, le plus grand métaphysicien du XXème Siècle, a excellé dans la rectitude et la précision des notions et des termes qu’il nous a livrés dans son œuvre. La plupart de ces notions se trouvent surtout dans son livre : « Logique et Transcendance », livre qu’il considérait être de première importance pour ceux qui s’intéressent à la vérité et à son actualisation. Nous relèverons, en outre, d’autres définitions dans quelques autres œuvres. 1. La Sophia Perennis : c'est connaître la Vérité totale et, par voie de conséquence, vouloir le Bien et aimer la Beauté ; et cela conformément à cette Vérité, donc en pleine connaissance de cause. La Sophia doctrinale traite du Principe divin d'une part et de sa Manifestation universelle d'autre part : donc de Dieu, du monde et de l'âme, en distinguant dans la Manifestation entre le macrocosme et le microcosme ; ce qui implique que Dieu comporte en lui-même - extrinsèquement tout au moins - des degrés et des modes, c'est-à-dire qu'il tend à se limiter en vue de sa Manifestation. C'est là tout le mystère de la divine Mâyâ... 2. Le Bien : c'est a priori le Principe suprême en tant que quintessence et cause de tout bien possible ; et c'est a posteriori, d'une part ce qui dans l'Univers manifeste le Principe, et d'autre part ce qui ramène à celui-ci ; En un mot, le Bien est tout d'abord Dieu lui-même, ensuite la "projection" de Dieu dans l'existence, et enfin la "réintégration" de l'existencié en Dieu... 3. La Beauté : elle relève de l'Infinitude, laquelle coïncide avec la divine Félicité envisagée sous ce rapport, Dieu est Beauté, Amour, Bonté et Paix, et il pénètre tout l'Univers par ces qualités. La Beauté, dans l'Univers, est ce qui révèle la divine Infinitude : toute beauté créée nous communique quelque chose d'infini, de béatifique, de libérateur. L'Amour, qui répond à la Beauté, est le désir d'union, ou l'union elle-même... 4. La Bonté : elle, est le rayonnement généreux de la Beauté ; elle est à celle-ci ce que la chaleur est à la lumière. Étant Beauté, Dieu est par-là même Bonté et Miséricorde; nous pourrions dire aussi que dans la Beauté, Dieu nous prête quelque chose du Paradis ; le beau est messager, non seulement d'Infinitude et d'Harmonie, mais aussi, comme l'arc-en-ciel, de réconciliation et de pardon. À un tout autre point de vue, la Bonté et la Beauté sont les aspects respectivement "intérieur" et "extérieur" de la Béatitude, alors qu'au point de vue de notre précédent distinguo, la Beauté est intrinsèque en tant qu'elle relève de l'Essence, tandis que la Bonté est extrinsèque en tant qu'elle s'exerce sur les accidents, à savoir les créatures. Dans cette dimension, la Rigueur, laquelle relève de l'Absolu, ne saurait être absente : intrinsèquement, elle est la pureté adamantine du divin et du sacré ; extrinsèquement, elle est la limitation du pardon, due au manque de réceptivité de telles créatures. Le monde est tissé de deux dimensions majeures, la rigueur mathématique et la douceur musicale ; les deux s'unissant dans une homogénéité supérieure qui relève de l'insondable Être même de la Divinité. En réalité, la gnose est essentiellement la voie de l’intellect et, partant, de l’intellection : le moteur de la voie est avant tout, l’intelligence, non la volonté et le sentiment. La gnose se caractérise par son recours a la métaphysique pure : distinction entre Âtmâ et Mâyâ et conscience de l’identité potentielle entre le sujet humain, jivâtmâ, et le Sujet divin, Paramâtmâ. La voie comporte, d’une part, la « compréhension » et, d’autre part, la « concentration »; donc la doctrine et la méthode. Quant au gnosticisme, qu’il se produise en climat chrétien, musulman ou autre, c’est un tissu de spéculations plus ou moins délirantes d’origine souvent manichéenne et c’est une mythomanie qui se caractérise par un mélange dangereux de concepts exotériques et ésotériques. Sans doute, il y a là des symbolismes qui ne manquent pas d’intérêt – le contraire serait étonnant – mais on dit que « le chemin vers l’enfer est pavé de bonnes intentions », on pourrait dire tout autant qu’il est pavé de symbolismes. 5 L’Esotérisme : Peut être défini soit sous son aspect doctrinal, soit sous son aspect méthodique. Le premier concernant la Vérité perçue par l’intelligence, le second la voie vécue par l’âme et la volonté. Dans son expression doctrinale la plus directe l’ésotérisme est un discernement fondamental entre la Réalité absolue et infinie et les réalités relatives. La notion d’ésotérisme évoque beaucoup moins la supériorité intellectuelle que la totalité de la vérité et les droits imprescriptibles de l’intelligence toujours dans le climat d’un rapport humain, donc vécu avec le ciel. Il n’y a pas de connaissance sans objectivité de l’intelligence, or l’ésotérisme par ses interprétations, ses révélations et ses opérations intériorisantes et essentialisantes, tend à réaliser l’objectivité pure ou directe. Le mot « ésotérisme »- selon son étymologie désigne la gnose en tant qu’elle est de facto sous-jacente des doctrines religieuses, donc dogmatiques. La doctrine métaphysique ou ésotérique s’adresse à une autre subjectivité que le message religieux général : celui-ci parle à la volonté, et à l’homme passionnel, et celle-là, à l’intelligence et à l’homme contemplatif. L’aspect intellectuel de l’exotérisme est la théologie, tandis que l’aspect émotionnel de l’ésotérisme est le sens de la beauté en tant qu’elle possède une vertu intériorisante; beauté de la nature et de l’art et aussi, et même avant tout, beauté de l’âme, projection lointaine de la Beauté de Dieu. 6 Mystique et mysticisme : Ces termes désignent tout contact intérieur et non exclusivement mental, avec les réalités indirectement ou directement divines ; ces mots évoquent avant tout, une spiritualité d’amour. L’association d’idées avec « l’irrationnel » est évidemment abusive; l’intuition spirituelle n’est pas irrationnelle, elle est supra-rationnelle. 7 Occultisme : le terme « occulte » tire son origine des vires occultae, c'est-à-dire des forces invisibles de la nature et des occulta, des secrets relevant des anciens mystères. En fait l’occultisme moderne se réduit grosso modo à l’étude des phénomènes extra-sensibles, étude de plus aléatoires en raison de son caractère, tout empirique et de l’absence précisément de toute doctrine de base. L’occultisme s’étend de l’expérimentation pure et simple jusqu’aux spéculations et pratiques pseudo-religieuses ; de là à qualifier « d’occultisme » toute ou méthode authentiquement ésotérique, il n’y a qu’un pas, qui a été franchi par ignorance, indifférence ou négligence, et sans scrupule, ni vergogne par ceux qui ont intérêt à une semblable dépréciation. C’est comme si l’on qualifiait les vrais mystiques d’occultistes sous prétexte qu’eux aussi s’occupent de l’invisible. 8 Syncrétisme : Ce mot, qui signifie une combinaison de plusieurs systèmes de pensées, et une fusion de plusieurs éléments culturels hétérogènes, a été appliqué à tort et à travers à tout savoir spirituel rendant compte, à la lumière perçue directement de notions appartenant à des traditions diverses ; or autre chose est de fabriquer une doctrine en assemblant tant bien que mal des idées éparses et autre chose est de reconnaître la Vérité une dans des doctrines diverses. 9 Le Relativisme réduit tout élément d’absoluité à la relativité, en faisant une exception parfaitement illogique avec cette réduction même : Il consiste même à déclarer qu’il est vrai qu’il n’y a pas de Vérité, ou qu’il est absolument vrai qu’il n’y a que du relativement vrai. L’axiome du relativisme est « qu’on ne peut jamais sortir du subjectif humain », cependant l’animal vit sa subjectivité, mais ne la conçoit pas puisqu’il n’a pas comme l’homme le don de l’objectivité. Toute idée se trouve réduite à une relativité soit psychologique, soit historique, soit sociale. Le relativisme engendre l’esprit de révolte lequel est une maladie dirigée contre le ciel. Le Relativisme Moral est proprement odieux, parce que si vous dites que Dieu et l’au-delà sont réels, c’est que vous êtes lâche, ou malhonnête, ou infantile ou honteusement anormal; si vous dites que la religion n’est qu’une tromperie, c’est que vous êtes courageux, honnête, sincère, adulte tout à fait normal. Si tout cela était vrai, l’homme ne serait rien, il ne serait capable ni de véracité ni d’héroïsme ; et il n’y aurait personne pour le constater, car on n’extrait pas un héros d’un lâche, ni un sage d’un faible d’esprit, même pas par « évolution ». 10. La Psychanalyse : élimine les facteurs transcendants essentiels à l’homme et ensuite remplace les complexes d’infériorité ou de frustration par des complexes d’aisance et d’égoïsme, elle permet de pécher calmement, avec assurance, et de se damner avec sérénité. La psychanalyse a réussi à pervertir l’intelligence, en donnant lieu à un « complexe psychanalytique » qui corrompt tout. S’il est possible de nier l’absolu de bien des façons, le relativisme psychologiste et existentialiste le nie dans l’intelligence même; celle-ci se fait pratiquement dieu, mais au prix de tout ce qui fait sa nature propre, sa valeur, son efficacité; elle devient « adulte » en se détruisant. Le Relativisme Psychologiste et Existentialiste, uploads/Philosophie/ definicion-schuon.pdf

  • 36
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager