REVUE THOMISTE JUILLET - SEPTEMBRE 20 Il Liminaire 355 A. CONTAT L'étant, l'ess

REVUE THOMISTE JUILLET - SEPTEMBRE 20 Il Liminaire 355 A. CONTAT L'étant, l'esse et la participation selon Cornelio Fabro 357 A. A. ROBIGLIO Phénoménologie et ontologie: Cornelio Fabro et l'Université de Louvain 405 C. FABRO Saint Thomas, maître ès liberté 437 Ph.-M. MARGELIDON Bulletin de christologie (II) 453 Recensions Écriture sainte 481 Histoire des doctrines 490 ÉCOLE DETHÉOLOGIE - TOULOUSE REVUE THOMISTE Fondée en 1893 Publiée par les Dominicains de la Province de Toulouse. Paraît quatre fois l'an en fascicules de 180 pages environ. Rédaction et Administration École de théologie - 1, impasse Lacordaire - BP 84102 - F-31400 Toulouse Tél. : +33 (0)5 62173126 / +33 (0)952376640 Fax: +33 (0)5 62173161 abonnements@revuethomiste.jr redaction@revuethomiste.jr Site internet: http://www.revuethomiste.jr Directeur: Serge-Thomas Bonino, o.p. Comité de rédaction: François Daguet, o.p. - Henry Donneaud, o.p. - Gilles Emery, o.p. - Thierry-Marie Hamonic, o.p. - Thierry-Dominique Humbrecht, o.p. - Benoît-Dominique de La Soujeole, o.p. - Philippe-Marie Margelidon, o.p. - Gilbert Narcisse, o.p. - Emmanuel Perrier, o.p. - Luc-Thomas Somme, o.p. Conseiller d'édition: 1. Faye Recensions: Édouard Divry, o.p. (recensions@revuethomiste.jr) JUILLET - SEPTEMBRE 2011 - TRAVAUX RECENSÉS AGOSTINI (1.), L'Infinità di Dio (J. Golfin) . . . . . . . . . . 513 ALPI (F.), La Route royale, Sévère d'Antioche et les Églises d'Orient (E. Divry) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 499 Aux origines de l'école catholique de Tübingen (I. Golfin) . . . 517 BAUER (W.), Orthodoxie et hérésie aux débuts du christianisme, Seconde édition (D. Vigne). . . . . . . . . . . . . . 491 Bou MANSOUR (T.), Saint Paul dans la patristique syriaque (D. Vigne) 496 CASSINGENA-TRÉVEDY (Fr.), Les Pères de l'Église et la liturgie (J.-M. Boudaroua) . . . . . . . . . . . . . 490 CLAYTON (P. B.), The Christology of Theodoret of Cyrus (Ph.-M. Margelidon) . . . . . . . . . . . . 453 Communio (La) en los Padres de la Iglesia (D. Vigne) . 496 Composition (The) of the Book of Psalms (R. Silly) . . 485 Berdmans (The) Dictionary of Barly Judaism (R. Silly). 488 DENEKEN (M.), Johann Adam Mahler (J. Golfin). . . 517 EUSÈBE D'ÉMÈSE, Commentaire de la Genèse (R. Silly) 486 HURTADO (L. W.), Le Seigneur Jésus-Christ (Ph.-M. Margelidon) 460 Interprétations de Moïse, Égypte, Judée, Grèce et Rome (R. Silly) 481 ISABELLE DE LA SOURCE (Sœur), Lire la Bible avec les Pères: t. 7. Jérémie (D. Vigne) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 490 (suite du sommaire à la page 3 de la couverture) l'étant, l'esse et la participation selon Cornelio Fabro 1. Cornelio Fabro et la question de l'être D ANS SA PREMIÈRE œuvre majeure, le jeune Thomas d'Aquin note que « l'étant ne dit pas la quiddité, mais seulement l'acte d'êtrel ». Assurément, l'adverbe exclusif seulement a ici une portée sémantique, et non pas directement métaphysique, puisque l'étant inclut toujours une quiddité; et c'est pourquoi le Docteur angélique précisera, au faîte de sa carrière, que l'étant n'est rien autre que ce « qui est (quod est) », de telle sorte qu'il signifie synthétiquement et la chose (quod) et son acte d'être (esse)2. Mais cela n'empêche pas que ce par quoi l'étant est un étant est bien l'esse, et non la quiddité: « L'étant se dit comme ce qui a l'esse3• » Dans cette perspective, la question qui commande la science de l'étant en tant qu'étant, c'est-à-dire - pour saint Thomas et ses disciples - la métaphysique, ne saurait être que celle-ci: « Qu'est-ce que l'esse de l'étant? » Comme de nombreux travaux l'ont établi au cours du siècle dernier, ce questionnement oppose d'emblée l'ontologie thomasienne à celle de la tradition essentialiste qui descend de Scot à Wolff, et qui conditionna si fortement les destinées philosophiques de la modernité4 • 1. S. THOMAS, In l Sent., dist. 8, q. 4, a. 2, ad 2 (éd. Mandonnet) : «Ens autem non dicit quidditatem, sed solum actum essendi, cum sit principium ipsum. » 2. Cf. ID., Expositio Libri Peryermenias, Lib. 1, lect. 5 (Marietti, n° 71 [20]) : « Ens nihil est aliud quam quod est. Et sic videtur et rem signiflcare, per hoc quod dico quod et esse, per hoc quod dico est. » 3. ID., Sententia super Metaphysicam [en abrégé: In Metaph.], Lib. XII, lect. 1 (Marietti, n° 2419) : « Nam ens dicitur quasi esse habens. » 4· Cf. par exemple Gustav SIEWERTH, Grundfragen der Philosophie im Horizont der Seins- differenz, Gesammelte Aufsatze zur Philosophie, Düsseldorf, Schwann, 1963, p. 176-208; et RT 111 (2011), p. 357-403 REVUE THOMISTE Pour un Suarez, par exemple, dont l'influence fut considérable, l'étant qui spécifie la métaphysique consiste en l'essence « réelle », c'est-à-dire apte à existerS, ce qui revient à transformer la science de l'étant en inves- tigation de la quiddité qui peut avoir l'être, et donc à expulser l'esse hors du domaine de la philosophie première, ou du moins à le rejeter à sa pé- riphérie. En réaction contre cette « obnubilation de l'être », Heidegger a voulu, comme chacun sait, remettre l'appartenance mutuelle de l'être (Sein) et de l'être-là (Dasein), c'est-à-dire de l'homme, au cœur de la réflexion sur l'étant (Seiendes). Il en résulte que la question directrice de la métaphysique, ou plutôt de la pensée (Denken), porte à nouveau sur l'être de l' étant 6 , mais d'une manière profondément marquée par la révolution transcendantale kantienne, puisqu'elle reste fermée à la transcendance de l'Esse subsistant et créateur. L'itinéraire métaphysique de Cornelio Fabro le conduisit très rapi- dement à relire avec un regard neuf l'ensemble du corpus thomasien, pour lui poser dans toute sa radicalité la question sur l'esse de l'étant, ce qui l'amena par la suite à prendre position aussi bien sur ce qu'il appellera le « fléchissement formaliste» de la scolastique, même tho- miste, à partir de la fin du Moyen Âge 7 , que sur l'œuvre du penseur de la Forêt-Noire qu'il jugera fortement stimulante quant à sa probléma- tique, mais « élusive et décevante» en définitive quant à ses résultats B • bien sûr Étienne GILSON, L'Être et l'essence, Paris, Vrin, 32008, p. 124-186. 5. Cf. F. SUAREZ, Disputationes metaphysicae, disp. II, sect. 4 (ed. Vivès, t. 25, Paris, 1861, n° 5, p. 89) : « Dico secundo: si ens sumatur prout est significatum hujus vocis in vi nominis sumptae, ejus ratio consistit in hoc, quod sit habens essentiam realem, id est non fictam, nec chymericam, sed veram et aptam ad realiter existendum. » 6. Cf. par exemple Martin HEIDEGGER, Einführung in die Metaphysik, Tübingen, Nie- meyer, 51987, p. 24; trad. fr. : Introduction à la métaphysique, Trad. de Gilbert Kahn, Paris, Gallimard, 1980, p. 43-44 : « Nous demandons: "Pourquoi y a-t-il de l'étant et non pas plutôt rien ?" Dans cette question aussi il semble bien que nous nous en tenions à l'étant, et que nous évitions les vaines et creuses spéculations sur l'être. Mais que nous demandons-nous à proprement parler? Pourquoi l'étant comme tel est. Nous cherchons le fondement du fait que l'étant est, et de ce qu'il est, et du fait qu'il n'y a pas plutôt rien. Nous questionnons au fond vers l'être. Mais comment? Nous questionnons vers l'être de l'étant. Nous questionnons l'étant quant à son être. » 7. Cf. Cornelio FABRO, « L'obscurcissement de l'esse dans l'école thomiste », Revue tho- miste 58 (1958), p. 443-472. Le lecteur trouvera une bibliographie complète des écrits du P. Fabro sur le site internet Cornelio Fabro - Pensatore essenziale (URL = http://www.come- liofabro.org/default.asp.) On tirera grand profit de l'autobiographie intellectuelle posthume: C. FABRO, Appunti di un itinerario, Versione integrale delle tre stesure con parti inedite, Segni, EDIVI, 2011; ainsi que de Rosa GOGLIA, Cornelio Fabro : profilo biografico, cronolo- gico, tematico da inediti, Note di archivio, testimonianze, Segni, EDIVI, 2010. 8. Cf. C. FABRO, « Il ritorno al fondamento. Contributo per un confronto fra l'ontologia di Heidegger e la metafisica di S. Tommaso d'Aquino », dans Il Problema deI fondamento, L'ÉTANT, L'ESSE ET LA PARTICIPATION SELON CORNELIO FABRO La grande valeur spéculative de l'œuvre du P. Fabro tient, dès lors, à la confrontation serrée qu'il pratique toujours entre les trois approches de l'être que nous venons d'esquisser. À ce propos, il faut souligner que l'attention privilégiée que notre auteur accorde à l'esse de l'étant ne doit initialement rien à Heidegger, puisqu'elle remonte à une dissertation sur le principe de causalité rédigée en 1935, sur un sujet proposé à un concours de l'Académie de Saint-Thomas, dans un contexte on ne peut plus étranger à la Seinsfrage soulevée dans les mêmes années par le rec- teur de l'Université de Fribourg-en-Brisgovie. Dans son étude, le reli- gieux de vingt-quatre ans montrait que le « principe de raison d'être », selon lequel « tout ce qui est a sa raison d'être », n'éclaire pas vraiment uploads/Philosophie/ 2011-l-x27-etant-l-x27-esse-et-la-participation.pdf

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