L’ENVIRONNEMENT, L’HOMME & L’ÉTHIQUE ISLAMIQUE Syed Nomanul Haq Ibrahim Özdemir

L’ENVIRONNEMENT, L’HOMME & L’ÉTHIQUE ISLAMIQUE Syed Nomanul Haq Ibrahim Özdemir CILE / Tawhid Mise en page et couverture : Emmanuel Balan Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction réservés pour tous pays. © CILE, 2017 ISBN : 978-2-84862-406-8 Noms Formes isolées Transcription hamzaء ’ alifاâ bâبb tâتt thâثth (anglais) jîmجj hâحh (point en dessous) khâخkh dâlدd dhâlذdh râرr zâyزz sînسs shînشsh sâdصs (point en dessous) dâdضd (point en dessous) tâطt (point en dessous) zâظz (point en dessous) ‘aynع ‘ ghaynغgh fâفf qâfقq kâfكk lâmلl mîmمm nûnنn hâهh wâwوw, û yâيy, î Table de translittération Les trois voyelles longues : â, î, û sont transcrites avec accent circonflexe. SOMMAIRE Préambule. .....................................................................................7 Notice biographique des auteurs. ............................................13 EXAMEN DE QUELQUES RESSOURCES RELIGIEUSES ET ÉTHIQUES POUR ABORDER LES GRANDES QUESTIONS ENVIRONNEMENTALES CONTEMPORAINES Syed Nomanul Haq Où en sommes-nous alors ?..............................................25 L’injustice commise envers soi-même, la confiance et les lois de la nature : le Coran comme source d’éthique environnementale.........................................31 Le principe de non-séparation entre l’environnement divin et l’environnement naturel : la métaphysique coranique de la nature. .......................37 Les implications morales signifient-elles l’octroi à la nature de pouvoirs débridés ?.....................41 Sommaire 5 L’humanité : une entité responsable de la nature. ..............45 La nature : incarnation des lois cosmique, guidée et miséricorde...................................................51 Équivalences métaphysiques : prophétie-nature, révélation-nature..............................55 REPENSER LES RELATIONS ENTRE L’HOMME ET L’ENVIRONNEMENT Ibrahim Özdemir Introduction. ....................................................................59 Problèmes majeurs et pouvoir politique ou politique de la puissance.........................................65 La source des valeurs morales et la responsabilité humaine.........................................71 La relation entre l’homme et la nature..............................75 La consommation irréfléchie et le gaspillage.....................81 La conception coranique du monde.................................87 PRÉAMBULE Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux Le Centre de Recherche sur la Législation Islamique et l’Éthique (cile) a le plaisir de mettre à la disposition des lecteurs cette série de livrets qui comprennent une sélection de travaux de recherche et de communications présentés lors des rencontres scientifiques organisées par le cile. À travers ces livrets, le cile s’efforce de mettre en place une pla- teforme de ressources méthodologiques dans le but d’atteindre le principal objectif de la fondation du Centre, en l’occurrence le projet de « réforme radicale ». Sous cet angle, la réforme radicale à laquelle le cile aspire tourne autour d’un concept fondamental, à savoir « l’inno- vation transformationnelle » (at-tajdîd at-tahawwulî). Un tel concept transcende l’innovation, ainsi que l’interprétation juris- prudentielle subséquente (ijtihâd) faite à partir des sources de la loi islamique. Ces deux activités tendent à maintenir la réalité telle quelle, à se contenter de l’évaluer en vue de s’y adapter, et à porter des jugements sur ses composantes partielles au moyen des cinq normes prescrites par l’Islam. Ces normes recouvrent les concepts suivants : le devoir, l’obligation (al-wâjib, al-fard) ; le recommandé (al-mandûb, al-mustahabb) ; le licite (al-mubâh, al-halâl) ; le réprouvé, le détestable (al-makrûh) et, enfin, l’interdit (al-harâm, al-mahzûr). L’environnement, l’homme et l’éthique islamique 8 Par conséquent, il ne s’agit là, en fin de compte, que d’une « interprétation jurisprudentielle évaluative » (ijtihâd taqyimî). En revanche, l’innovation transformationnelle souhaitée trans- cende cet espace intellectuel pour introduire une innovation réelle et, de là, permettre une interprétation jurisprudentielle des textes religieux. Cette interprétation doit tendre conjointe- ment à envisager la réalité de manière critique et à travers des procédés intellectuels, de sorte à pouvoir la réformer, voire la reconstruire, si cela s’avère nécessaire. En outre, ce processus associant l’innovation transformationnelle à l’interprétation jurisprudentielle est de nature à proposer des solutions alter- natives aux lacunes entachant la réalité vécue. De même, ce processus cherche à créer, à tous les niveaux, de nouveaux moyens, modèles et procédés qui permettraient d’atteindre les objectifs moraux propres à cette réalité. En somme, loin de s’arrêter aux causes superficielles, la réforme radicale souhaitée se propose d’aller au cœur des questions portant sur la morale et les finalités qui lui sont afférentes, dépassant ainsi les éléments particuliers, pour porter l’intérêt sur les fondements théoriques et les cadres de référence. En vue d’introduire une réforme radicale au moyen d’une innovation et d’un effort d’interprétation jurisprudentielle transformationnelle, il faudrait que l’autorité morale fasse l’objet d’un partage de tâches, et donc d’une responsabilité assumée conjointement par les savants religieux et les hommes de science étudiant à leur manière la réalité. Toutefois, si les spécialistes des textes religieux détiennent, dans de nombreux cas, le pouvoir d’émettre des jugements sur la réalité en se fondant sur des faits minutieusement décrits Préambule 9 par les scientifiques, la question est tout autre lorsqu’il s’agit d’entreprendre des efforts d’interprétation jurisprudentielle et d’introduire une innovation transformationnelle. En effet, pour qu’une entreprise pareille aboutisse, une com- préhension approfondie et globale de la religion et de la réalité s’avère nécessaire. L’on ne saurait se contenter d’être versé dans les sciences religieuses et de détenir une connaissance formelle, ou partielle, de la réalité vécue pour pouvoir initier une réforme transformationnelle, à moins que celle-ci soit accompagnée d’une connaissance de notre réalité. Compte tenu du progrès scientifique contemporain, cette démarche ne peut être entreprise qu’en impliquant les scientifiques spécialisés et les professionnels. Le processus de construction de la réalité sur les fondements de la morale et des valeurs islamiques doit s’appuyer sur une compréhension approfondie et complète des faits réels. Cet effort permettrait l’identification des causes ayant perturbé les fondements de l’éthique et incité l’homme à se cantonner à des domaines marginaux de l’activité humaine. De plus, cette démarche devrait aussi permettre la mise au point de méthodes alternatives et de procédés innovants, fondés solidement sur des connaissances scientifiques liées à la réalité. Sans renier les efforts authentiques, la diligence et l’évaluation des savants religieux à cet égard, nous soutenons que ni les jurisconsultes musulmans, ni les scientifiques proprement dits ne sauraient, à eux seuls, se prévaloir de détenir une connaissance exacte de la réalité ou d’assumer la responsabi- lité des réformes dans la société. Dès lors, aucune de ces deux catégories ne devrait s’attribuer le privilège exclusif de détenir L’environnement, l’homme et l’éthique islamique 10 l’autorité d’innovation et d’interprétation jurisprudentielle liée à l’évaluation du réel, même si les savants religieux peuvent, dans une certaine mesure, assumer une telle autorité. Ainsi s’explique la rencontre des scientifiques préoccupés par la réalité avec des spécialistes des textes religieux au sein des activités scientifiques organisées par le cile. Toutefois, tous ces chercheurs y avaient pris part non pas dans l’intention de procéder à une évaluation stricto sensu de la réalité, en se référant aux experts, en cherchant à savoir comment s’y adapter, et en émettant des jugements sur cer- tains de ses aspects et manifestations dans le but de déclarer la réalité « licite » ou « illicite ». En effet, les événements du cile favorisent plutôt l’initiation d’un dialogue ouvert entre les savants religieux et les professionnels spécialisés. Ces deux groupes peuvent discuter ensemble des meilleurs moyens pour engager des réformes radicales et recommander des solutions qui seraient à la fois inspirées des principes islamiques et corro- borées par la connaissance scientifique. Le travail conjoint des savants religieux et des hommes de science constitue un point de départ méthodologique fondamental pour l’innovation transformationnelle. Mais ce travail n’est pas la seule condition requise pour opérer une telle innovation qui reste fonction, en effet, de nombreux facteurs, dont la plupart touchent aux méthodes, théories et objectifs des sciences. C’est ainsi que les méthodes scientifiques traditionnelles de la sharî‘a n’excluent pas la mise en place et l’initiation du genre d’innovation souhaitée. Mais, dans le même temps, les sciences modernes n’accordent pas une place de choix à la morale, étant donné que la préoccupation morale, pour elles, n’est pas une question fondamentale. Préambule 11 La question morale est plutôt placée en marge des préoccu- pations de la science et n’est évoquée qu’après la formation des disciplines scientifiques. Dans le droit fil de cette idée, il faudrait également soulever la question de la division des sciences, aussi bien religieuses que modernes, et leur tendance excessive à la spécialisation minutieuse, sans pour autant que les domaines de spécialité ne soient associés aux grandes questions revêtant une dimension mondiale. Indéniablement, ces cas de figure sont susceptibles d’entraver la communication entre scientifiques dans divers domaines et de torpiller leurs efforts pour développer une approche épis- témologique leur permettant de mobiliser leurs connaissances pour promouvoir l’éthique. Le défi à relever ne consistait donc pas uniquement à rassem- bler des hommes de sciences de spécialités et d’arrière-plans différents pour travailler ensemble et apporter leurs contribu- tions. Le défi véritable consistait, par-dessus tout, à déstabiliser les zones de confort scientifiques de ces experts et les porter à aller au-delà des systèmes épistémologiques régissant leurs connaissances. Le but ultime de ce défi est de concevoir de nouveaux systèmes et de nouvelles méthodes permettant de déployer l’effort d’innovation souhaité. Dans l’effort de développer des activités de recherche spéciali- sées pour faciliter et examiner la communication entre savants religieux et scientifiques, le cile a organisé un séminaire fermé entre le 4 et le 6 janvier 2014 à Doha, capitale du Qatar, afin d’examiner les défis contemporains soulevés par la question de l’environnement, dont la relation entre l’environnement et uploads/Philosophie/ 7-envir-homme-140x215.pdf

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