1 LA CONNAISSANCE DE DIEU 1. La connaissance de Dieu d’après Calvin 2. La tenta

1 LA CONNAISSANCE DE DIEU 1. La connaissance de Dieu d’après Calvin 2. La tentation du doute 3. L’incompréhensibilité de Dieu 4. La connaissabilité de Dieu 5. Dieu est connu par sa révélation 6. Dieu peut être connu 7. Nous connaîtrons Dieu correctement grâce à sa révélation spéciale et à notre régénération « Les réalités fondamentales de la religion chrétienne et de la théologie sont Dieu, la révélation et la foi. Ce sont là des postulats prima principia, sur lesquels la structure de la foi chrétienne est élevée. Ils constituent par conséquent les trois principes fondamentaux de la théologie chrétienne », écrivait le professeur H. Bavinck. Dieu est le principium essendi de la théologie chrétienne (principe de l’être). La révélation (l’Écriture) est le principium cognoscendi externum de la théologie (principe de connaissance externe). La régénération (foi) est le principium cognoscendi internum de la théologie (principe de connaissance interne). 1. Dieu est le principe essentiel du monde et de la connaissance de l’homme, concernant le monde et concernant Dieu. Non seulement nous devons notre existence à Dieu, mais aussi notre connaissance ultime de Dieu dérive de la connaissance que Dieu possède de lui-même. Notre connaissance de Dieu est la réflexion (imparfaite et sujette à des limitations de la vie créée) de la connaissance que Dieu a de lui-même. Que nous fassions de la théologie, à savoir la connaissance de Dieu, trouve son explication en Dieu qui se connaît; car il est un être conscient qui a réparti la connaissance de sa personne à ses créatures. C’est là le sens de notre principe de l’être. 2. La question suivante est : Comment atteindre une telle connaissance de Dieu? La réponse est par la voie de la révélation. Tout être conscient et rationnel est connu en se révélant à d’autres. Dieu aussi se révèle à ses créatures rationnelles. La seule manière dont nous puissions avoir connaissance de Dieu est par son autorévélation. Tel est l’unique principe de connaissance de Dieu, le moyen d’atteindre sa connaissance. Cette révélation est générale et spéciale, dans la nature et dans l’Écriture. Celle-ci interprète celle-là. 3. Cette connaissance de Dieu, qui est objectivement contenue dans la révélation divine, pour devenir une connaissance pour nous doit être appréhendée et vécue dans notre conscience. Cela s’effectue seulement à travers l’illumination de l’Esprit de Dieu. Le cœur de l’homme doit être régénéré, ce qui veut dire qu’elle s’exprimera par la foi, confirmée par le témoignage du Saint- Esprit. Par conséquent, la foi par laquelle nous appréhendons la révélation objective de Dieu devient le principe interne de connaissance. Il est le principe par lequel l’homme appréhende la 2 révélation objective de Dieu. Dans cette révélation subjective, le cercle est formé et la voie par laquelle l’homme atteint la connaissance de Dieu (théologie) est tracée1. 1. La connaissance de Dieu d’après Calvin Calvin ne s’est jamais détaché de la grande tradition de théologiens qui l’avaient précédé et nullement des grandes confessions de foi œcuméniques. Il s’est abondamment référé à Augustin de même qu’aux Pères grecs du 4e siècle, plus particulièrement à Athanase, célèbre par sa lutte pour la défense de la foi orthodoxe. Il convient donc d’approcher la théologie de Calvin en tenant compte de ses sources théologiques; d’autre part et avec un égal soin, en tenant compte des grandes transformations culturelles et scientifiques de son époque. Calvin a pleinement participé à son siècle. Il emprunta les outils nouveaux pour forger une pensée rigoureuse. Son époque fut aussi privilégiée pour l’avoir compté parmi les plus illustres et originaux penseurs et comme l’artisan incontesté d’une culture intellectuelle toute nouvelle. Selon le réformateur, la foi chrétienne est possible par la connaissance intuitive de Dieu, cependant uniquement grâce à la médiation de sa Parole. La connaissance de Dieu est acquise dans une expérience immédiate de sa présence personnelle, mais cette expérience est causée par Dieu en personne. Dieu lui-même est l’agent qui provoque sa propre connaissance et nous la communique. C’est la raison pour laquelle Calvin commence son Institution de la religion chrétienne par l’étude de la connaissance de Dieu. On s’étonne qu’il ne l’aborde pas à la manière directe comme le faisaient des théologiens avant lui. Le fondement de cette connaissance ne consiste pas en une série d’arguments en faveur, comme preuve de l’existence de Dieu. Sur ce point, il se sépare de Thomas d’Aquin, lequel avait poursuivi le même objectif, toutefois partiellement seulement. Thomas d’Aquin se demandait au début de sa Somme si l’existence de Dieu allait de soi, question intellectuelle et théorique, mais non biblique. Calvin présuppose cette existence de Dieu sur le terrain même dont le Docteur angélique (Thomas) avait refusé la validité, c’est-à-dire que l’homme a une connaissance innée de l’existence de Dieu. Bien entendu, Calvin ne tenait pas cette connaissance pour une cognitio Dei, une véritable, suffisante et claire connaissance de Dieu (plutôt une notitia Dei, bien que réelle). Pour le réformateur, il existe un sentiment, plus ou moins conscient, ou bien une idée, qui admet et reconnaît qu’il existe un Autre, en dehors du monde des hommes. Cette connaissance de l’existence de Dieu est innée et elle reste l’un des attributs nécessaires de l’homme. Connaissance que l’on n’acquiert pas à l’école, mais que tout homme apprend dès sa naissance. Une telle connaissance et le culte d’adoration qui l’accompagne rendent l’homme véritablement supérieur aux bêtes. Avant même le naturaliste Buffon, Calvin aurait pu dire que l’homme est un animal religieux. Ce qui est remarquable encore, cette connaissance reste indélébile, car ni le temps ni même le désir perverti de l’homme de s’aliéner de Dieu pour s’assurer une prétendue liberté ne sauront la déraciner. Cependant, le problème de la connaissance de Dieu est étroitement lié à celui de la révélation de Dieu. Il est exact qu’en dehors de la foi chrétienne, la révélation est propre à d’autres religions. Mais il est significatif que, d’une manière très particulière, ce soit dans le christianisme que le mot de révélation reçoive une interprétation rigoureuse associée à la connaissance de Dieu. Dieu est à la fois l’objet et le sujet de la révélation. La foi chrétienne et biblique regarde en Dieu qui se fait connaître comme le seul vrai Dieu en opposition à tous les faux dieux créés par l’esprit et la main de l’homme. « L’esprit de l’homme est une boutique et de tout temps pour forger idoles », écrivait le réformateur. Le Dieu qui se révèle est le seul; à côté de lui il n’y a en pas d’autres. Il est connu d’une manière qui correspond parfaitement à la révélation de sa personne. 1 Herman Bavinck, Gereformeerde Dogmatiek, Vol. 1, p. 528-670. 3 Parce que le problème de la connaissance de Dieu est celui de sa révélation, l’étude de sa connaissance ne devait pas commencer par une enquête sur sa nature. Une fois que le problème de la révélation a été posé et qu’il a reçu la réponse adéquate sur la base du témoignage biblique, le problème de la connaissance de Dieu à son tour reçoit une réponse adéquate. À cette condition, nous savons ce qu’est la vraie connaissance de Dieu. Dans le premier livre de l’Institution, il en pose le principe fondateur. À peu près toute la somme de notre sagesse consiste en ces deux parties : En connaissant Dieu, nous nous connaissons aussi nous-mêmes. Calvin a commencé par étudier non pas la connaissance de Dieu, mais sa révélation. Bien que l’Institution de la religion chrétienne traitera de la connaissance de Dieu dans ses divers aspects, il n’entreprendra pas de traiter celle-ci en l’isolant de la révélation. Dieu est incompréhensible pour le cœur humain, car le péché a obscurci l’entendement humain, et plus particulièrement son approche de Dieu. À tous les niveaux, Dieu transcende l’homme. La nature divine ne peut être atteinte par notre compréhension. Si Dieu se laissait examiner par l’homme, cela laisserait entendre qu’il s’est totalement et sans réserve abandonné à lui. Il compromettrait sa souveraineté en se laissant manipuler par les caprices insensés du pécheur. Mais c’est dans la passion de la seconde personne de la sainte Trinité que précisément Dieu renoncera à sa liberté et s’abandonnera totalement entre les mains des créatures rebelles. Ajoutons que même en dehors de toute idée de péché, Dieu ne serait pas totalement accessible à l’homme. Il est transcendant. Bien qu’il existe en soi, c’est seulement par sa révélation qu’il est connu de l’homme pécheur. Dès lors, la part de l’homme consistera à l’accepter par la foi, à écouter la Parole, à recevoir son salut. Le mouvement en sera descendant, à partir de Dieu vers l’homme, non pas ascendant, partant de l’homme pour atteindre Dieu. Pour Calvin ainsi que pour toute théologie évangélique, pour l’Écriture tout entière, le problème de la connaissance de Dieu est associé à celui de sa révélation. Il ne faudrait pas s’étonner de l’insistance avec laquelle Calvin rappelle certains actes de Dieu par lesquels celui-ci prend l’initiative, notamment en ce qui concerne la prédestination et la justification du pécheur. Dieu qui se révèle attend non pas notre compréhension en uploads/Philosophie/ aaron-kayayan-la-connaissance-de-dieu.pdf

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